Recherche...

Boss'n Up

(1ère publication de cette chronique : 2023)
Boss'n Up

Titre original : Boss'n Up

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Dylan C. Brown

Année : 2005

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Scarfail

Acteurs principaux :Snoop Dogg

Hermanniwy
NOTE
3.5/ 5

- Tribunal de Moyenne Instance de Nanarland, l'audience est ouverte, veuillez vous lever. Monsieur l'huissier de Justice, y-a-t-il des trigger warnings à considérer pour l'audience de ce jour ?

- Monsieur le Président, nous avons trois trigger warnings ce jour.

- Ah tout de même.

- Oui, nous sommes saisis d'un trigger warning pour blaxploitation de type hood, lié au tournage du film jugé ce jour par une bande de gros potos à Snoop Dogg, dont l'intention manifeste était de baigner toute la pellicule dans la culture noire américaine jusqu'à la plus extrême limite. En application de la jurisprudence "Tha Eastsidaz : Le Dogg se déchaîne" le trigger warning doit être impérativement considéré dès la présence de Snoop Dogg au générique.

Un film tourné en Snoopacolor.

Mais même sans cela des éléments tels que le langage de hood cryptique, les yo yoo frère en fin de phrase et la présence de bon gros son West Coast auraient exigé l'application de ce trigger warning.

- Madame le Procureur de la Nanarclique a une observation ?

- Pourriez-vous définir la présence de "bon gros son West Coast" sur ce film ?

La première chanson du film, sobrement intitulée : "Une culotte propre".

- Et bien en dehors du générique de début et de fin, le film compte plusieurs scènes et interludes chantés. Enfin rappés. Avec des chaînes en or de 1m40 de long et des dames qui font "owwwyébébi" en léchant des faux diamants. Et en ayant l'air de vouloir lécher autre chose après.

Le clip de fin.

Un - deux - trois - quaaatre - et on étire on étire on tient les filles - cinq -  six....

- Merci monsieur l'huissier, nous comprenons.

- Nous avons ensuite un trigger warning lié aux dialogues, le film étant rempli de langage fleuri, en contravention avec l'ordonnance 1957-4-9 alinéa 3 du code de procédure nanarde qui inclut dans ce cadre, je cite "tout terme énoncé avec surjeu éhonté et se référant aux mamans, à la couleur de peau, au goût de la personne visée pour les kikis ou les frifris, ou à la taille du kiki ou du frifri". Nous avons également relevé un certain nombre de mots en N.

"Pimps as themselves" car le film se vante de faire apparaître dans la scène du "trophée des players" de véritables souteneurs certifiés de la vraie vie.

Le dernier trigger warning porte sur, euh, la place de la femme dans le film.

- C'est en rapport avec les 300 manifestantes "Nous Toutes" devant le Palais de Justice ?

- Oui Monsieur le Président.

- Elles ont apporté... euh... beaucoup de pancartes ?

- Je le crains, Monsieur le Président. Et des sécateurs, Monsieur le Président.

- C'est si grave que ça ?

- Pour parler en termes purement juridiques, ça pue grave du cul, Monsieur le Président. C'est même carrément chaud patate niveau respect de la femme.

Une femme chaudement habillée, selon les standards du film.

- Eclairez-nous...

- Ben c'est toutes des putes, Monsieur le Président.

- Toutes ?

- Toutes même maman. L'enquête youtube nous a fait parvenir un montage très amusant de Boby Junior reprenant toutes les séquences où on appelle une dame une pute, et il dure beaucoup trop longtemps pour un seul film. Et tous les personnages féminins travaillent dans la prostiputition, même les avocates. Et tous les personnages masculins vivent de la prostiputition des personnages féminins. Et ils interdisent à des dames de les regarder dans les yeux ou de leur parler sans autorisation sous peine de mandales, au point qu'on se croirait dans un film d'exploitation cradingue.

Maquereau, un métier poisson, un métier passion.

- Meeeerci monsieur l'huissier, je vais reprendre le scénario et récapituler les faits. Ah, au fait, j'avais oublié de le préciser tout à l'heure mais vous pouvez vous asseoir.

Donc, le film Boss N' Up présente, dans un lieu non précisé mais étant en tout cas bien West Coast, et à une date inconnue mais n'étant pas couverte par la prescription... A vue d'oeil je dirais 1990 ? Le greffe confirme ?

- Sortie US en 2005 et sortie France en 2007 Monsieur le Président, mais c'est les costumes qui font ça.

Snoop est doute dans son manteau-avalanche.

- Ah c'est vrai qu'il y a grave de la sape. Bref le film présente le personnage principal de Cordé Christopher, employé de libre-service en grande surface.

Humble employé de grande surface...

Cordé se fait prendre la tête par son boss

Quand soudain apparaît la femme de sa vie !

La femme de sa vie. Pardon.

Cordé va développer un syndrôme de Scarface et connaître une ascension fulgurante dans le monde du crime sous le patronage d'un certain... Orange Juice.

A droite Orange Juice, votre personnage préféré pour ce film.

Et se frotter à un rival du nom de Mint Condition.

Mint Condition et sa hoe viennent chercher Snoop à domicile, ignorant que c'est son p*tain de supermarché.

Un peu de silence dans la salle, c'est son nom et je vous demanderai de le prononcer avec autant de conviction que les doubleurs.

Ah mais c'est Scruncho ! Ça va Scruncho ?

Cordé Christopher va donc profiter du magnétisme étrange qu'il semble exercer sur les femmes pour séduire en 4 minutes au rayon pain de mie une dame peu farouche nommée Chardonnay, devenir son pimp (ce qui est apparemment comme un maquereau mais en vachement plus classe, encore que l'enquête n'a pas réussi à déterminer en quoi, exactement, c'est vachement classe d'être un pimp alors que, au fond, ça consiste à frapper et menacer des meufs et à boire des coups pendant que son cheptel turbine), et consituer un empire de luxure avec de plus en plus de dames peu farouches, qu'il arrive à chiper aux autres pimps en faisant semblant de les aimer et en les frappant un peu moins.

Cordé et son troupeau.

Son ascension sera couronnée par le trophée du meilleur pimp lors du Bal Annuel des Players, là encore l'enquête n'a pas réussi à prouver qu'un tel évènement existe vraiment mais après tout les Molières tiennent toujours la rampe  donc pourquoi pas. Il finira par avoir des problèmes de management de son personnel, tomber véritablement amoureux de Chardonnay et s'aperçevoir de la vanité du monde, ce qui est interdit dans le Code du Pimp que tout le monde respecte scrupuleusement. Il finira donc en prison, et le film s'achève alors qu'il refait le coup du magnétisme primal sur son avocate et débute une nouvelle carrière lucrative de sangsue. 

Prestation non couverte par l'aide juridictionnelle.

L'enquête a révélé en fait tout un sous texte initiatique et quasiment religieux, le film s'ouvrant sur le commandement d'un énigmatique "Code du Pimp".

Une entrée en matière directe.

OJ, Maître Jedi du Stupre, Sensei de la main au cul.

Il semblerait que nous ayons affaire à une bande particulièrement organisée et parfaitement hiérarchisée, avec son mentor initiateur (osons même le mot : son prêtre), et son initié dépassant le maître dès lors qu'il sait canaliser son pouvoir. En véritable anachorète des claques, Cordé finira même par renoncer à son royaume et à dispenser sa sagesse aux jeunes initiés, comme consultant formateur en maquerellerie. 

Alors les jeunes, ça pimpe ?

 Bon, le dossier étant clair, écoutons à présent Madame le Procureur pour ses réquisitions ?

- Monsieur le Président, je n'irai pas par quatre chemins, je demande la peine de mort par oubli pour ce film. Je fonde ces réquisitions sur l'absence totale de sens artistique pour un film qui a visiblement été fait à l'arrache un vendredi soir par une bande de potes raides comme des cierges, dans un nuage de ganja suffisant pour fumer l'intégralité des saumons de Norvège. La sympathie que tout être humain éprouve pour ce vieux roublard fumé de Snoop Dogg, qu'on sent malheureusement impliqué dans le projet - et qui n'en est pas à son coup d'essai - cette sympathie, disais-je, est très très écornée par la misogynie et la putophobie absolument délirantes du projet. Derrière ce film, il y a toute une idéologie absolument revendiquée de contrôle de la femme par l'homme, une glamorisation de l'esclavage sexuel et de la criminalité, et tout cela avec une absence totale de distance ou de remise en question.

Filmer la sensualité, un art difficile.

Boss'n Up est plus crapoteux qu'un mondo bas de gamme ! Assez de laxisme, et si vous voulez qu'on vous l'explique plus clairement je vous indique que les représentant(e)s du "Strass" et de "Nous Toutes" sont sur le point de prendre la salle des Pas Perdus aux forces de l'ordre et de construire un bélier improvisé avec les bancs. Je rapelle à votre tribunal la scène dite de "l'entraînement des gagneuses", qui font de la cardio en révisant les tarifs de la passe sur un discours motivationnel de Chardonnay les encourageant à dépasser toute la concurrence pour enrichir leur mac !


Elles ont Bac Pute Deux.

On a enregistré des plaintes de dizaines de personnes se plaignant d'être restées bloquées, et de ne plus pouvoir parler normalement pendant plusieurs dizaines de minutes après un simple visionnage ! Vous entrerez donc en voie de condamnation pour les délits de foutage de gueule aggravé en récidive après Eastsidaz, détournement de budget, surjeu offensif, utilisation prohibée de scènes musicales, et malpropreté généralisée, et vous procèderez au classement du film à une note inférieure à 1/5 avec mention de son caractère impropre au nanardeur sensible.

- Des réquisitions claires Madame le Procureur, la parole est maintenant à la défense, Maître, nous vous écoutons.

- Il y a vraiment des réquisitions qui laissent perplexes. La simple lecture du dossier fait saliver ! Un film de Snoop Dogg ! Mais je vous renvoie à la mirobolante chronique d'Eastsidaz pour vous faire une idée du monde parallèle dans lequel entre le spectateur ! Quel étalage de costumes, de mauvais jeu, de personnages charismatiques et de répliques finement ciselées !

Cordé, déguisé en triple Père Noël gigogne, accepte le trophée du Meilleur Pimp.

Quelle plongée dans un univers complètement fantasmé et ridicule, dans cette reconstitution de carton-pâte (littéralement d'ailleurs pour plusieurs décors) à peu près aussi véridique qu'un peplum bas de gamme ! Vraiment, c'est une proposition digne des plus grands nanars, et là où Madame le Procureur voit le sexisme et la violence des mondos ressurgir dans ce film, j'y vois pour ma part ressurgir son inventivité, sa capacité à réinventer de toutes pièces un univers alternatif totalement cramé et à le présenter sans rougir comme la vérité crue.

Cordé montre à son mentor son nouveau chapeau en polystyrène.

Alors certes, certes, CERTES, ça passe par le fait de dénuder l'intégralité du casting féminin jusqu'au string-paillettes et de considérer (avec une outrance que certains trouveront scandaleuse, mais que beaucoup trouveront hilarante) les prostituées comme de jolis animaux qu'on doit tromper, soumettre et dompter. 

Et pressurer et insulter. Et mépriser. Et opprimer. Et exploiter. Et frapper un peu aussi. 

Certes. 

Déjà c'est pas dit qu'elles aiment pas ça.

La preuve : Chardonnay kiffe son premier soir de trottoir et fait coucou à son mac

Mais si cela nous vaut une séance de training montage de prostitution et non pas une ni deux mais TROIS scènes chantées musicalement aussi faibles qu'elles sont visuellement fortes, alors je dis, oui, je dis que le jeu en valait bien la chandelle. 

Le satin rouge, accessoire incontournable de l'amûûûr !

Y'a quand même des ponts entre hood et incels concernant la vision de la femme.

Et qui peut oublier cette scène absolument légendaire du championnat annuel du meilleur pimp ? Car c'est bien ce que Madame le Procureur propose, vouer à l'oubli le trophée du meilleur Pimp décerné à Cordé lors d'un bal légendaire où se succèdent des régiments de tronches de cake certifiées ISO3001, enroulées dans des costards de mafieux daltoniens et des boas à plumes !




Je vous rappelle que ce sont de vrais pimps labellisés, trouvés dans leur état naturel.

Vouer à l'oubli les tenues de Snoop Dogg ! 

Entre les mecs et les meufs, je ne sais absolument pas quelle est la température dans cette pièce.

Par contre un p'tit peu juste ta veste, Mint Condition.

Et comment ne pas faire justice au véritable entraînement de maquereau stagiaire, d'apprenti proxo, de padawan du lupanar que suit Cordé sous la tutelle d'Orange Juice, incarné avec un sérieux papal et une présence débordante par un hiératique et sculptural Hawthorne James, présence encore sublimée par un doublage qui lui fait cracher ses consonnes comme s'il leur en voulait personnellement ? Effet conjugué du doublage et du mixage ? Toujours est-il que l'entendre prononcer les simples mots "une Bonne Pute" est un plaisir toujours renouvelé, qui vous demandera peut-être de régler les basses et de recoller un peu de papier peint après coup pour en profiter pleinement.

L'instant Surjeu et Orthophonie avec Hawthorne James




Je demanderai donc à votre tribunal un classement de 4/5, sachons vivre, que diable ! Et sachons prendre la juste mesure d'un film généreux dans son rythme, excentrique dans son visuel, distrayant dans son propos, enhousiaste dans sa forme, mémorable dans sa musique, sublime dans son doublage, et, il faut le dire, parfaitement crétin sur tous les plans. 

- Merci maître. Après cette touchante plaidoirie, le tribunal ne va pas délibérer, et laisse comme d'habitude libre cours au spectateur pour se forger son idée, malgré les risques de choc traumatique inhérents à l'oeuvre. La séance peut commencer !

- Hermanniwy -
Moyenne : 3.50 / 5
Hermanniwy
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Le film est sorti à l'époque en DVD en France chez "Frak Vision", label autoproclamé spécialiste des cultures urbaines, sous 3 visuels différents mais contenant globalement la seule chose qu'on attend d'une bonne hoe: un choix de langues.

Une édition platinum existe, ajoutant le CD de Rythm & Gangsta de Snoop en bonus.

Outre ces DVD trouvables aisément d'occasion (même si on voit les prix flamber sur certains sites en ligne), le film figure au moment où nous écrivons ces lignes au catalogue de "Prime Video".