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7 Aatankwadi


7 Aatankwadi

Titre original : 7 Aatankwadi

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Harvinder Pal

Année : 2005

Nationalité : Inde

Durée : 2h30

Genre : Démence du bout du monde

Acteurs principaux :Avinash Wadhwan, Shahbaz Khan, Imran Khan, Yusuf Baba

Nikita
NOTE
4.5/ 5

Je tiens à déclarer en ces lieux mon amour inconditionnel pour « Bollywood ». Qu’est-ce que Bollywood ? Pour ceux qui l’ignoreraient encore, ce mélange de « Bombay » et « Hollywood » est le nom générique donné à l’industrie cinématographique de l’Inde, qui compte parmi les plus actives du monde (900 films par an au bas mot). Loin des cinéastes d’art et d’essai comme Satyajit Ray, le cinéma populaire indien, longtemps méprisé en Occident, se distingue par une durée moyenne supérieure à celle des films occidentaux (2h30 au minimum), ainsi que par la présence quasi-obligatoire de séquences chantées et dansées : le film se doit en effet d’inclure le plus d’éléments possibles pour plaire à tout le monde, au risque de ressembler, vu d’Occident, à une pizza tutti quanti quelque peu indigeste. C’est en tout cas un cinéma d’une étonnante richesse, que Nanarland ne pourrait prétendre à embrasser dans son entier.


Au passage, le titre signifie littéralement "Les 7 terroristes du Cachemire".


Drexl s’était déjà demandé, dans sa critique de « Kranti », si un film de Bollywood, compte tenu de la distance culturelle, pouvait ou non avoir sa place en ces lieux. Les Indiens n’ayant pas la même notion du kitsch, voire du ridicule, que les Occidentaux, la question pouvait en effet se poser.


Oh ! Les fantômes gloutons de Pac-Man !


Elle ne se pose plus à la vision de « 7 Aatankwadi », l’un des thrillers les plus violemment débiles que votre serviteur ait eu l’occasion de voir depuis très longtemps. Le vendeur indien m’avait pourtant prévenu : « C’est pas très très joli film, ça ». Il ignorait ma perversion cachée… « 7 Aatankwadi » (« 7 terroristes ») est un véritable coup de poing dans la gueule, un bras d’honneur intégral à toute notion de mesure et de bon goût cinématographiques, un assaut contre tout concept de crédibilité et de sobriété, le tout agrémenté d’une sauce bollywoodienne mal dosée. On ne remerciera jamais assez les Indiens pour leur absence de complexes : la folie n’est pas morte au cinéma, elle prospère encore du côté de Bombay !







Un générique, heu… typiquement indien. Vous noterez le caractère particulier des sous-titres français, qui ont visiblement, au niveau de la rédaction, des problèmes de syntaxe et, au niveau de l’affichage, des problèmes avec les caractères accentués.


« 7 Aatankwadi » aborde le sujet brûlant du terrorisme en décrivant les méfaits d’un dangereux islamiste pakistanais, Jageera, recherché par les polices de 21 pays : arrivé dans un des Etats de l’Union Indienne, Jageera défie le Premier Ministre au cours d’une conversation téléphonique en le menaçant de tuer toute sa famille. Mais la tentative d’assassinat de la fille du ministre échoue grâce à un héroïque médecin, le Dr Suraj. Le frère de Jageera, chargé de l’opération, est tué par la police.


Des islamistes très discrets.



Admirable raccord : le héros sort… d’une voiture vide !

Cüneyt Arkin peut aller se rhabiller !


Félicité par le premier ministre, le Dr Suraj refuse cependant la protection de la police. Une fois rentré chez lui, il a la bonne surprise d’assister au retour de sa femme, qui l’avait quitté peu de temps auparavant.


Scoop : les héros de films indiens ont des goûts de chiottes !

Joli (hum) travail sur les couleurs.


Mais les époux sont interrompus en pleine roucoulade par… Jageera en personne ! Désireux de venger son frère, mais cherchant également un abri pour lui et sa bande, Jageera prend le Dr Suraj et sa femme en otage dans leur maison. La tension ne va pas tarder à monter…



Jageera (Shabhaz Khan, le meilleur acteur du film).

Cette femme en mini-jupe est… une terroriste islamiste !

Le pervers de la bande : cet acteur est énorme.


Bon, le scénario en vaut un autre. Alors, quel est l’intérêt nanar intrinsèque de « 7 Aatankwadi» ? Hé bien, il tient en grande partie dans son exécution. Le réalisateur a visiblement vu de nombreux films hollywoodiens et il a décidé d’en copier tous les tics de mise en scène : le résultat ? Une sorte de mélange dément entre les styles de John Woo, Michael Bay, Quentin Tarantino, et surtout ceux de leurs imitateurs. Une accumulation de zooms avant et arrière, de travellings tournoyants et d’accords de musique tonitruants dès qu’un personnage lève un sourcil. Un type prend un téléphone ? BOUM ! Coup de cymbales et zoom depuis la gauche. Il le porte à l’oreille ? BOUM ! Coup de grosse caisse et zoom depuis la droite. On finit par en attraper mal à la tête. Pour ne rien dire d'une bande-son complètement post-moderne qui semble s'acharner à massacrer les tympans du public, à coups de grosses caisses, cymbales et hennissements de chevaux (?).



Enfin, « 7 Aatankwadi » se distingue par un mauvais goût luxuriant à tous les étages : mauvais goût des décors d’abord. L’intérieur de la maison de Suraj ressemble à un décor de sitcom dont même AB Productions n’aurait pas voulu.


Mauvais goût musical ensuite : le film aligne comme convenu des scènes chantées et dansées, horriblement mal intégrées au reste de l’histoire. Le retour de la femme du Dr Suraj nous vaut une chanson d’amour agrémentée d’un clip indigne des pires roucoulades des années 80, où le héros du film chante en chemise résille.






Intervient par la suite la sœur du docteur, qui se trouve être chanteuse de profession : prétexte à insérer une chanson d’amour pour midinettes, interprétée par ladite sœur, sorte de version bollywoodienne et boudinée de Lorie (ou de Priscilla, car elle est à la limite du nanisme). Epouvantable.









Le fiancé de la sœur.


Le pire est encore à venir avec « Mera Yaar Mobile Wallah », chanson humoristique sur le phénomène du portable. Alors que trois des terroristes sont en route, dans la voiture du Dr Suraj, pour aller enterrer l’un des leurs, ils décident de s’arrêter pour aller en boîte assister au numéro d’une chanteuse. S’ensuit une séquence musicale ahurissante où les trois dangereux islamistes twistent comme des malades tandis que Suraj (qui, rappelons-le, est leur otage), les attend impatiemment (et tout seul !!!) à côté de la voiture ! A part ça, le film est un thriller sérieux.





Les scènes musicales ne sont cependant que la cerise sur un gâteau dégoulinant de crème : on ne compte même plus les scènes grotesques, les faux raccords, les numéros de cabotinage, les excès de mise en scène, les gun-fights mous, les bastons merdiques, les trous béants dans le scénario, dans ce qui constitue un véritable modèle de thriller foireux.


Mais… c’est Jean Yanne !


Toujours ce léger problème de sous-titres.








On reste pantois devant une telle accumulation de n’importe quoi, que les auteurs du film essaient de nous faire gober de force, comme on gave les oies. Le point culminant est atteint avec un final qui tente de rivaliser avec les twists renversants de certains films hollywoodiens, avec pour seul résultat de repousser à l’infini les limites de l’absurde et du grotesque.


Rhaaaaa ! Ces décors !


La mondialisation économique et culturelle nous promet sans nul doute de belles années de nanardise démentielle : la démesure de Bollywood fracasse toutes les limites communément admises du non-sens. Vu d’Occident, les films populaires indiens sont des trésors de kitsch ; autant dire que leurs nanars – car « 7 Aatkwandi » en est un, de très très grosse envergure – pulvérisent tous les records existant.




Scénario à tiroirs réservant au spectateur une surprise lamentable après l’autre, nationalisme outrancier et sans complexes, méchants absurdes, moustaches luxuriantes, tout est réuni ici pour un véritable choc esthétique. Attention, le film dure 2h30, comme la plupart des films indiens : il convient donc de se mettre dans de bonnes dispositions d’esprit. Mais, pour peu que l’on sache l’apprécier, la vision d’une traite de ce film constitue un bouleversement de tous nos critères narratifs, artistiques et intellectuels. On termine le film pantelant et accablé, ou totalement conquis par la débilité de ce que Bollywood peut nous offrir de pire. Une vraie expérience à part.



- Nikita -
Moyenne : 3.71 / 5
Nikita
NOTE
4.5/ 5
Kobal
NOTE
4.75/ 5
MrKlaus
NOTE
3.5/ 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation
Trouvable ou Exotique ? Bon soyons honnêtes, bien qu’ils aient pris la peine de faire un sous-titrage français, vous ne trouverez pas le DVD hollandais de chez "KMI" partout. Essayez les boutiques spécialisées en produits indiens : le film a été édité avec des sous-titres anglais, néerlandais et français. La société qui a édité le DVD fait apparemment de l'import de produits indiens de toute nature, y compris de la bouffe, des fruits et des légumes ! Alors pour une fois qu'on a de l'exotique trouvable en France et en Belgique...
On peut le trouver en Angleterre sous la bannière "Venus Rainbow" ou dans des packs regroupant plusieurs bollywooderies, mais ce serait se priver des sous-titres français...