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Ator


Ator

Titre original :Ator l'invincibile

Titre(s) alternatif(s) :Ator l'aquila battante, Ator the invincible, Ator the fighting eagle

Réalisateur(s) :Joe D'Amato, (sous le pseudo de David Hills)

Année : 1982

Nationalité : Italie

Durée : 1h38

Genre : L’homme qui se tire plus vite que son ombre

Acteurs principaux :Sabrina Siani, Edmund Purdom, Miles O’Keeffe, Laura Gemser, Dakkar, Ritza Brown

Nikita
NOTE
3/ 5

Ator et à raison. Ator et à travers. Mouahahaha ! Hem, désolé. Il fallait que ça sorte, mais rassurez-vous : le film vaut nettement mieux que ces piteux jeux de mots. « Ator », de Joe D'Amato, c’est toute une époque révolue au parfum musqué et capiteux. Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, où les Italiens copiaient littéralement tout ce qui marchait au box-office international et nous offraient plein de merveilles aussi dégoulinantes de kitsch que des bonbons au suif.



Ator, c’est un peu le fils bâtard et indigne de « Conan le Barbare», le croisement douteux entre un chanteur hippie interlope et un guerrier hyperboréen. Avant tout, c’est Miles O’Keeffe, la plus belle gravure de mode du cinéma bis des années 1980, le Tarzan qui se faisait voler la vedette par Jane, le héros soldé par excellence !


Quelques éclairages à la Mario Bava pour cacher la misère.



Ator, c’est avant tout un concept : le petit Jésus croisé avec Conan. Mais sans le charisme de l’un ni la puissance de l’autre. Si, si : car le film débute par une scène piquée sans la moindre vergogne aux Evangiles. Comme nous l’apprend une voix off pompeuse, le grand prêtre de l’araignée opprime le peuple depuis mille ans. Le guerrier venu l’affronter a été vaincu, mais une prédiction annonce la venue de son fils, Ator qui, lui, vaincra le despote. Sans faire ni une ni deux, le grand prêtre de l’araignée envoie ses sbires à la recherche du nouveau-né. Mais Ator est sauvé de ce nouveau massacre des innocents par une sorte de sorcier patibulaire nommé Griba (interprété par Edmund Purdom), qui le confie à des parents adoptifs.



Le méchant grand prêtre (Dakkar, vu également dans « Zombie Holocaust »)


Edmund Purdom est… MOUMOUTE-MAN ! (et fausse-moustache-man, aussi, tant qu'à faire)



Ator grandit et devient Miles O’Keeffe, une sorte de statue grecque au charisme d’endive et au look à mi-chemin entre le chanteur de glam-rock et le mannequin pour magazine gay de bas étage. Ator en pince pour sa sœur Sunia : ce grand niais va donc demander à papa la permission d’épouser soeurette, avant d’apprendre l’heureuse vérité. Sunia n’étant que sa sœur adoptive, on va pouvoir les marier ! Ouéééé !





L’inceste, c’est cool !


D’allégresse, les villageois interprètent une danse nanarde.



Mais voici que la cérémonie est interrompue par les chevaliers de l’araignée, qui massacrent les villageois, laissent Ator sur le carreau et enlèvent Sunia. Revenu à lui, Ator jure d’en découdre avec les salopiots, qui ont donc réactivé la prophétie sans le faire exprès. Notre héros tombe ensuite sur Griba, qui va lui apprendre à se battre, puis l’envoyer à la recherche du bouclier-magique-qui-rend-invincible pour aller ensuite crever la paillasse au grand prêtre de l’araignée.


Ator, le héros qui frappe ses ennemis dans le dos ! (c’est sa spécialité, vous allez comprendre pourquoi)





Rien de vraiment révolutionnaire dans ce scénario, qui pique à peu près toutes les ficelles connues des récits de chevalerie et d’heroic-fantasy. Le nanar ne tient pas vraiment dans la nature des ingrédients utilisés, mais bien dans leur préparation : scènes de bataille dirigées n’importe comment, costumes ultra-kitsch tous droits sortis de « Monty Python Sacré Graal », scénario aux trous tellement vastes qu’on dirait le grand canyon.


Les « chevaliers qui disent Ni » chers aux Monty Pythons.



Mais la cerise confite sur ce gâteau bien moelleux, c’est Miles O’Keeffe.



Tout juste révélé par un « Tarzan l’homme-singe » où la vedette était en fait tenue par Bo Derek, interprète de Jane, Miles se vautrait dès son second film dans les délices du cinéma bis italien. Il y était tout à fait à sa place. D’une photogénie indéniable, notre homme est par contre l’un des barbares invincibles les plus niaiseux de toute l’histoire du cinéma. Malgré sa musculature parfaitement ciselée, Miles O’Keeffe a plutôt l’air, dans son accoutrement de peau de bêtes, d’une grande chochotte permanentée qui craindrait de se casser un ongle.



Car un élément vient biaiser la vision de ce film, d’une manière tout à fait décisive. Miles O’Keeffe a en effet laissé parmi les cinéastes l’ayant employé (Bruno Mattei notamment) le souvenir d’un acteur peu héroïque, doublé pour la moindre scène d’action un peu mouvementée. Or, pour qui dispose de cette information, le visionnage d’ « Ator » devient un vrai délice : il est parfaitement évident que Miles est totalement inactif ! S’étant paraît-il montré d’assez bonne volonté pour répéter les scènes d’action, notre héros n’en interprète pas moins ses duels avec une conviction de patronage, portant chaque coup quasiment au ralenti. Les affrontements physiques le mettant en scène sont, de plus, réduits au strict minimum. Ce n’est pas Conan le barbare, c’est Choupette la grande fragile !


« Non mais tu comprends, Sabrina, faut que je fasse attention, je suis hémophile… »



Mais tant qu’à avoir un héros mollasson, autant l’enfoncer jusqu’au bout en lui adjoignant un sidekick féminin plus dynamique que lui : c’est chose faite avec le personnage de Sabrina Siani, interprète d’une guerrière amazone qui va accompagner Ator dans sa quête.


L’inimitable moue de Sabrina Siani, venant de comprendre qu’elle devra se farcir toutes les scènes d’action.



Sans se forcer particulièrement, Sabrina en fait nettement plus que Miles dans les scènes de baston, jusqu’à l’apothéose du film, qui voit notre héros se barrer en courant (il part à la poursuite du grand méchant) en laissant une nana se battre à sa place contre plusieurs balèzes armés jusqu’aux dents.


Ator daigne se battre lui-même, mais ça ne va pas durer.


Remarquez, elle aussi, elle frappe ses adversaires dans le dos.



Miles n’est bien sûr pas le seul acteur à ne pas correspondre à l’image héroïque que le cinéma donne de lui, mais l’indigence générale de l’univers du film ne laisse pas au personnage la moindre chance de crédibilité, son inutilité flagrante crevant littéralement les yeux.

En résumé, nous avons un héros qui, pour parler clairement, n’en fout pas une ramée : il se bat contre son ombre (et parvient à se faire désarmer), se planque lâchement derrière son bouclier magique pour foudroyer les méchants sans avoir à se battre, et ne montre un peu de courage que quand il s’agit d’attaquer des aveugles (les sbires du temple, qui se guident à l’odorat) ! Mieux que « Vulcan Dieu du Feu » qui s’en prenait à des nains : la prochaine fois, pour montrer qu’il est super fort, Ator se battra avec des culs-de-jatte.

Ajoutons quelques petites friandises, glanées ici et là dans ce classique de l’heroic-fantasy nulle :

Une scène torride où Ator fait le sexe avec une sorcière interprétée par Laura « Black Emanuelle » Gemser, qui se révèlera en fait vieille et moche une fois son sortilège dissipé (séquence totalement piquée à « Conan le Barbare »).



Une araignée géante en peluche, tellement moche que Joe D’Amato n’ose même pas la montrer clairement en entier…




…et dont la toile est composée de cordes de chanvre.


Edmund Purdom, le has-been à la triste figure, dont l’air compassé semble cacher une vraie déprime existentielle d’acteur dans la débine.


« Je voudrais vous-y voir, avec un casque pareil ! »



Des décapitations de mannequins en mousse.




Highlander n'a rien inventé...



Un ourson qui suit nos héros, apparemment dans le but de copier également « Dar l’Invincible » et ses animaux savants.



Le cerveau du groupe.



Un méchant d’une extrême passivité, qui passe son temps à faire joujou avec des araignées apprivoisées au lieu de se bouger un peu pour rattraper Ator.



Ajoutons des stock-shots d’éruption volcanique, la physionomie de Sabrina Siani (qui reprend à peu de choses près le rôle de Sandahl Bergman dans « Conan… »).



Tout ça, entourant un héros qui réussit à se faire désarmer en se battant contre son ombre...



...et vous avez une ringardise du plus bel effet, prête à triompher sur les marchés internationaux. Le succès fut d’autant plus au rendez-vous que le film connut trois suites (en comptant une suite « officieuse », « Ator le Guerrier de Fer », sans grand rapport avec les autres), chacune brandissant bien haut le fier pavillon du nanar transalpin.


Une photo qui ferait presque illusion s'il n'y avait pas à l'arrière plan un figurant qui n'a vraiment pas la tête de l'emploi.



Malgré un rythme parfois légèrement languissant, « Ator » se laisse suivre avec grand plaisir, redoublé quand on se rend compte de la mollesse de Miles O’Keeffe dans un film pourtant à sa gloire. Un vrai porte-étendard de l’heroic-fantasy à l’italienne, à ne surtout pas négliger dans les futures encyclopédies du cinéma nul !
- Nikita -
Moyenne : 3.14 / 5
Nikita
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
3.25/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
Labroche
NOTE
3/ 5
Peter Wonkley
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Barracuda
NOTE
2.5/ 5
Hermanniwy
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Trois éditions VHS pour ce film, mais pas encore de DVD français. Les versions "Fil à Film", "RCV/Atlas Vidéo" et "RCV/Réflex Vidéo production" utilisent la même affiche pour leur jaquette. Vous devriez donc pouvoir l'identifier facilement au détour d'un Cash Converter. A défaut, les chaînes câblées de notre beau pays le diffusent assez fréquemment.



Dernièrement sont sorties trois éditions DVD à bas prix de ce film. L'une aux Etats-Unis chez "Pro-Active Entertainment", la deuxième au Canada chez "Legacy Entertainment" le tout en zone 1 uniquement en anglais. Enfin en Europe on le retrouve en Grande-Bretagne chez "Hollywood DVD" en zone 2 anglais. C'est rigoureusement le même à chaque fois.