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L'Attaque de la moussaka géante


L'Attaque de la moussaka géante

Titre original :I Epithesi tou gigantieou mousaka

Titre(s) alternatif(s) :The Attack of the giant mousaka

Réalisateur(s) :Panos H. Koutras

Année : 2000

Nationalité : Grèce

Durée : 1h36

Genre : Désastre gastronomique

Acteurs principaux :Yannis Aggelakis, Christos Mantakas, Themis Bazaka

Nikita
NOTE
0.75/ 5


Dans le top 5 des requêtes que des internautes envoient régulièrement à Nanarland, les demandes de chronique de « L’Attaque de la moussaka géante » figuraient en bonne place : elles seront désormais satisfaites. Ayant de lointaines origines grecques, il était naturel que je fût chargé de m’atteler au visionnage / chroniquage de cette production de nos amis hellènes. Une partie de la team Nanarland ayant été déçue par l’objet, j’étais également le seul volontaire. Malgré les avertissements de l’équipe grenobloise qui dénonçait le tout comme un affreux navet, je m’y collais et tel est mon verdict personnel : un « nanar volontaire » trop mal maîtrisé pour être réussi, des passages ennuyeux, mais également quelques scènes plutôt efficaces dans le domaine du kitsch, et suffisamment de gags pour regretter que le film ne soit pas plus abouti.


Une partie du statut culte de « L’Attaque de la moussaka géante » tient sans doute à son côté légèrement homosexuel sur les bords et à la présence d’un certain humour « queer » dont je dois avouer qu’il me laisse un peu de marbre. Heureusement, l’intérêt de l’œuvre ne tient pas qu’à cela : ce film grec est surtout l’un des pastiches de S-F les plus lamentables depuis les pires guignolades de la Troma. Débordant d’un mauvais goût à peu près aussi constant que la pauvreté du budget, cette parodie est, malgré le semi-amateurisme de sa mise en scène (le tournage en DV donne aux images un côté « brut de décoffrage » souvent désagréable à l’œil), un concept suffisamment intéressant pour permettre de disserter sur le concept de « nanar volontaire ». Une parodie de mauvais film est-elle nécessairement un mauvais film ? On serait tenté de le croire en voyant cette œuvre…



« L’Attaque de la moussaka géante » a pour douteux protagonistes : un trio de travestis athéniens, dont Tara, héroïne boudinée du film ; un scientifique homosexuel, vêtu comme ses assistants d’une magnifique blouse rose, et travaillant au centre de recherches cosmiques ; et enfin, les pilotes féminines d’une soucoupe volante dont Ed Wood eût été jaloux.




Suite à une opération de téléportation hasardeuse, l’esprit d’une des aliennes se trouve coincé à l’intérieur d’une part de moussaka abandonnée par un gamin dans un pré. La part devient rapidement géante et se met à ramper vers Athènes, projetant des geysers de sauce mortelle sur son passage : la Grèce est-elle condamnée à la destruction ? (Faut pas qu’ils comptent sur les Turcs pour leur envoyer Cüneyt Arkin à la rescousse).





En prenant pour héros un scientifique homosexuel à la tête d’un laboratoires de chercheurs tout aussi invertis que lui, un travesti évaporé et une journaliste télé sans aucun scrupule, le film prend délibérément à contre-pied le style des protagonistes des œuvres de science-fiction traditionnelles. Un détournement gentiment transgressif des codes narratifs allié à un humour doucettement cynique font par moments de « L’Attaque de la moussaka géante » un pastiche assez réjouissant, pour peu que l’on apprécie un humour noir pas toujours finaud.



Pfff, on va encore dire que les Grecs sont tous pédés…



Un homme et une femme, chabadabada...


Mais la principale vedette d’un film parlant d’une attaque de moussaka géante ne peut être que la moussaka elle-même : cette part de gratin géant, se déplaçant à travers Athènes à une vitesse d’escargot paralytique tandis que les passants terrorisés réussissent, on ne sait comment, à se faire tout de même écraser, nous vaut quelques beaux moments de ridicule comparables à ceux de « Le Retour des Tomates Tueuses » et de ses suites. Les films de monstres géants des années 1950 sont gentiment parodiés et des effets spéciaux magnifiquement nuls donnent lieu à quelques brefs morceaux de bravoure nanars.







La télé suit le trajet de la moussaka à travers Athènes.


Malheureusement, le film souffre nettement d’un manque de rythme probablement consécutif à une absence de maîtrise de la part des auteurs : de nombreuses scènes s’étirent trop en longueur et le comique de répétition n’est pas toujours très efficace. Parodie ou non, réussir une bonne comédie réclame un certain sens du rythme et un scénario efficacement construit. Ici, trop de flottements dans la narration, trop de séquences inutiles ou pas assez drôles empêchent le film de prendre son envol et donnent globalement l’impression d’un sympathique court-métrage que l’on aurait péniblement voulu rallonger pour arriver à une heure et demie. De plus, le côté "queer" de la chose finit par devenir quelque peu agaçant, donnant au film l'allure d'une oeuvre un peu ghettoïsante, faite avant tout pour faire rire quelques clients des bars interlopes d'Athènes.
C’est fort dommage, car les acteurs jouent efficacement le jeu, avec une mention spéciale pour Yannis Aggelakis (Tara le travesti) et Themis Bazaka (la journaliste télé), deux personnages comiques assez réussis. Par contre, les séquences mettant en scène un politicien grec arriviste et sa femme américaine cocaïnomane (allusion à l’épouse américaine de l’ex-premier ministre grec Andreas Papandreou ???) donne lieu à une sorte de satire socio-politique convenue qui tombe à plat au-delà de la frontière grecque.


Malgré son aspect mal maîtrisé, oscillant entre le professionnalisme et l’amateurisme (dans le mauvais sens du terme), « L’Attaque de la moussaka géante » demeure tout de même un spectacle relativement sympathique, à condition de ne pas en attendre une révolution de l’art cinématographique. Plus frais par moments que certaines productions Troma, cette étrange parodie grecque n’emporte pas complètement l’adhésion, mais constitue un objet assez singulier pour mériter l’attention. Son côté "gay-friendly", pour ne pas dire plus, a cependant beaucoup joué pour un statut de culte que l’on s’accordera à trouver surestimé : car, en fin de compte, qu'est-ce qu'un film "culte", sinon un film décrété tel par quelques apôtres de la branchitude ? De là à dire que les penchants sexuels éclaboussant fortement la thématique de « L’Attaque de la moussaka géante » ont beaucoup fait pour gonfler la renommée de l'oeuvre, il n'y a qu'un pas que nous ne franchirons pas, afin d'éviter toute poursuite pour homophobie aggravée. A voir avec indulgence, par ceux qui apprécient les films avant tout pour leur étrangeté, et en tenant bien compte du fait qu’il faudra zapper certains passages inintéressants. On constatera cependant que, pour ce qui est de fabriquer du nanar, la Grèce demeure malheureusement à cent lieues de la Turquie. L'histoire a de ces bizarres injustices, même si certains Grecs particulièrement chauvins en seront rassurés sur l'état de leur culture nationale.



- Nikita -
Moyenne : 0.39 / 5
Nikita
NOTE
0.75/ 5
Labroche
NOTE
0/ 5
Kobal
NOTE
0/ 5
Zord
NOTE
1.5/ 5
Drexl
NOTE
0/ 5
Wallflowers
NOTE
0.1/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation
Le film a été édité en DVD par Studiocanal. (merde quoi, la classe !)