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L'Attaque du Requin à Deux Têtes

(1ère publication de cette chronique : 2012)
L'Attaque du Requin à Deux Têtes

Titre original :Two Headed Shark Attack

Titre(s) alternatif(s) :Sharks, silencieux et mortels

Réalisateur(s) :Christopher Douglas Olen-Ray

Année : 2012

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h27

Genre : 1 corps, 2 têtes, pas de cerveau

Acteurs principaux :Carmen Electra, Brooke Hogan, Charlie O'Connell, Gerald Webb, David Gallegos

Kate Vs Gemi
NOTE
5/ 5


Attention, chef-d’œuvre !!!
Inutile de peser les mots, de prendre des pincettes ou de choquer la Denise, "L'attaque du requin à deux têtes" explose le pont-levis et pénètre de façon éhontément hardie dans la forteresse du nanar, y hissant son pavillon tout en haut de la tour, même s'il n'est pas improbable qu'il en sera décroché dans un avenir proche par d'autres concurrents, bien que la bataille sera rude.
Christopher Douglas Olen-Ray (le fils de Fred, ce grand pourvoyeur en friandises déviantes depuis le début des années quatre-vingt et lui-même réalisateur d'un récent "SuperShark" de bon niveau de bêtise assumée) signe ici un monument de n'importe-quoi qu'il semble de toute façon impossible de prendre au sérieux, ou alors les producteurs de The Asylum mériteraient vraiment d'y être enfermés.
Si les responsables du studio nous avaient déjà épatés avec leur innombrables et improbables attaques d'animaux exagérément géants, il fallait toujours composer avec un humour certes douteux mais indéniablement prégnant. Aussi, la plupart du temps, ces films étaient mauvais comme le désastreux "Mega Piranha" incapable de prêter à rire de lui-même et se suivant douloureusement dans une indifférence vulgaire. Fort heureusement, les plus amusants "Megashark contre la pieuvre géante" , "Megapython contre Gatoroïd" et, plus proche de nous, "Megashark (l'increvable requin nucléaire) contre le crocosaure" rassuraient sur l'ambition de The Asylum de devenir le porte-étendard de la série Z ouvertement parodique à base de monstres mutants. D'autant plus que la concurrence est bien agressive puisque d'autres sociétés de production se disputent le marché et les "Sharktopus", "Supershark" et tout dernièrement l'hilarantissime "Sand Sharks, les dents de la plage" tiennent la dragée haute aux films produits par le brave David Michael Latt (plus que la super skunk).
Mais l'asile de fou vient de frapper un grand coup car non seulement "L'attaque du requin à deux têtes" bouscule ses rivaux sans complexes, mais il vient en plus s'imposer dans le classement de tête du cinéma involontairement drôle et définitivement attachant. Et il est grand temps de rentrer dans le cœur du sujet.


Nos gens, le gros trou.



Pourquoi vaut-il mieux prendre une petite laine avant de se battre ?
Parce que le tweed aide chaque attaque.


Fidèles à leurs habitudes, les responsables du studio recrutent des "têtes d'affiche" ayant connu leur petite gloire dans des temps anciens. Après les chanteuses Deborah Gibson et Tiffani, Jaleel White de "La vie de famille" ou encore Ving Rhames et Taryn Manning dans le récent et sympathique "Zombie apocalypse", c'est à Charlie O'Connell (le frère de Jerry) et Carmen Electra qu'ils font appel. Ils misent également sur la jeune Brooke Hogan, que l'on retrouve aussi en mode Christmas Jones dans "Sand Sharks, les dents de la plage" !
O'Connell et Electa incarnent le couple Babbish, professeurs de leur métier (bonjour la crédibilité), prenant en charge un groupe d'étudiants venus apprendre le grand bleu à bord d'un bateau de plaisance, le Sea King, ce qui est tout à fait habituel dans le cadre scolaire américain, j'imagine. Bref, ça bronze, ça s’exhibe en bikini et chemise ouverte sur muscles saillants et huileux et ça entrave que dalle à ce que le pauvre professeur Babbish - en cela mal aidé par une épouse elle-même plus volontiers adepte des bains de soleil en maillot deux-pièces que de la leçon de choses - essaye tant bien que mal de leur expliquer. A l'exception cependant de deux jeunes, Kate et Paul, plus attentifs que les autres. Lui est un geek gringalet et elle une bombe moins bête que ses camarades féminines (qui en tiennent toutes une belle couche et pas uniquement d’auto-bronzant), et qui excite la convoitise de Cole, le costaud de service aux biscottos inversement proportionnels à la taille de son cerveau.
Leur cours en haute mer est interrompu par le cadavre d'un requin blanc de belle taille en partie dévoré, justement par le squale bicéphale du titre que l'on aura aperçu lors du prologue dans toute sa splendeur numérique, boulottant au passage deux skieuses nautiques et les trois occupants du hors-bord qui les tractait. Ce qui élève le nombre de victimes à cinq en l'espace de trois minutes.
Bref, le poisson mort vient heurter la coque du Sea King avant de s'encastrer dans les hélices au point de bien les abimer et de rendre la navigation impossible. Isolés en pleine mer, notre petit groupe est inquiet jusqu'à ce que Kate remarque une petite île à environ un kilomètre de là. Lindsey, la plus cruche de toutes les lycéennes de l'aventure, dont les lignes de dialogues consisteront la plupart du temps à répéter encore plus bêtement et mot pour mot ce que disent ses camarades, distingue même sans avoir besoin d'opticien que l'atoll semble habité, puisqu'elle distingue une petite cabane pourtant invisible à l’œil nu.
A ce sujet, il est important de souligner l'absence du respect des proportions dans la plupart des productions The Asylum. Par exemple, le requin à deux têtes est énorme mais néanmoins capable de nager dans un mètre d'eau sans que personne ne l'ait repéré, tout comme sa taille a tendance à grandir ou à rapetisser selon ses attaques et les endroits où il se trouve. Une subtilité permettant aux scénaristes (soyons indulgents) de le faire intervenir de manière impromptue dans des lieux en apparence inaccessibles. Il est d'ailleurs presque étonnant qu'il ne vole pas ni ne s'exprime dans un langage châtié.


Beauty and the geek.


Carmen Electra, une water prof !


Bref, la fine équipe débarque sur le lopin de terre, pour délester le bateau le temps que Linda, qui fait office de capitaine, répare les avaries. Ce sera aussi l'occasion pour les lycéens/étudiants/collégiens de visiter l'atoll, de découvrir ses richesses et d'éventuellement y trouver des morceaux de métal peut-être utiles pour combler le trou dans la coque. Pour la première fois, Madame Babish prend la parole et, entre deux passages de main dans les cheveux pour se recoiffer (elle le fera une bonne vingtaine de fois durant le film), déconseille sans que l'on sache trop pourquoi à son mari d'aller sur l'île. Mais il ne l'écoute pas et emmène les jeunes sur place. La petite troupe débarque et découvre un endroit visiblement abandonné. Pendant ce temps-là, Carmen bronze sur le pont du bateau, l'occasion d'être filmée sous toutes les coutures et justifier son cachet, tandis que Linda et les deux hommes de main s'occupent des réparations. Les uns triment, les autres pas. La dure loi de la notoriété à Hollywood.
C'est enfin l'occasion, après vingt bonnes minutes de cache-cache pour notre requin à deux têtes (ou nos requins à un corps, c'est selon) de venir semer la pagaille et se restaurer tranquillement sous le soleil des mers de Floride. Se restaurer ? Se goinfrer, oui ! Car le squale a faim et quand il s'attaque à ses victimes, il les broie littéralement avant de les avaler, à la manière des poissons carnivores de "Peur bleue" dont les séquences de festins sanguinaires ont visiblement inspiré celles de "L'attaque du requin à deux têtes", le talent en moins. Et pendant ce temps, le professeur Babish et ses étudiants se rendent compte avec stupeur que l'atoll est maintenu sous l'eau par un ban de corail en train de s'effriter, entraînant la progressive et inexorable plongée vers les profondeurs de la petite île. Et le monstre géant rôde, deux fours béants et six-mille dents acérées prêts à écharper la moindre proie !


Quand on se moque de lui avec des boulettes de semoule et de farine...
on le charrie aux quenelles.


Quand le bus a plus de points avec de la moutarde à base d'extraits de flotte sale...
Car mène en Maille eau de bain.


Attention aux spoilers !!!
La tentation serait grande de vous dévoiler tout le film, tant pratiquement chaque minute contient quelque chose d'amusant, ou selon les sensibilités, de navrant. Mais je ne résisterai pas à la tentation de vous résumer quelques événements importants du film dont le non-sens tutoie la perfection.
- Les trois jeunes qui ont décidé d'un plan à trois au bord de l'eau tandis que Bruce et son frère jumeau sont dans les parages (lol).
- Kate qui gifle Lindsey sans raison (lol).


"- Je te tiens, tu me... PAN ! - Ben j'avais même pas rigolé ! - J'ai anticipé, petite maligne."
(A noter la réaction de Cole le costaud en chemisette bleue, irrésistible !)


- Le professeur Babish qui se fait mal à la jambe ("Mais il saigne !") et qui émet des gémissements chaque fois qu'il pose un pied devant l'autre (lol).
- Anne Babish, qui les avait prévenus qu'il ne fallait pas s'aventurer sur l'atoll, mais qui y renvoie les deux garçons venus ramener le professeur sur le bateau (lol).
- Lindsey qui trouve un pistolet surgi de nulle part (lol).
- Cole qui préfère sauter d'un hors-bord poursuivi par le monstre pour tenter sa chance à la nage (lol).
- Kate qui est désignée pour aller réparer le bateau alors qu'elle est terrifiée par l'eau, mais a néanmoins décidé de s'inscrire à un cours en pleine mer, et qui bien sûr remonte à bord avec son pire ennemi, le fourbe Cole (loool).
Note de la Rédaction : sous la pression de Kate Vs Gemi, l'auteure de cette chronique, nous cédons ici exceptionnellement à la mode du lolage (là où les exégètes du langage SMS objecteraient sans nul doute qu'un WTF serait plus pertinent). Que les amateurs de beau langage - Morsay en tête - nous le pardonne.


"- J'm'ai fait mal ! J'm'ai fait mal !"


"- Ça vous dit une petite partie d'Halooooooo !"


"- Tu es vraiment sûre que tu as besoin de bouteilles ?!!"


- Les étudiants qui disparaissent les uns après les autres sans que personne ne s'en inquiète (lol).
- Les jeunes qui trouvent deux bateaux de l'autre côté de l'île et qui cherchent à les réparer alors qu'ils sont venus avec deux autres bateaux à quelques centaines de mètres de là en parfait état de fonctionnement (lol).
- Les jeunes qui voient des mains coupées flottant dans l'eau à des centaines de mètres de là (lol).
- Il suffit d'un ou deux violents coups de queue contre la paroi de l'atoll pour que le poisson le fasse s’effondrer sous les flots (lol).
- Un tsunami encore plus dévastateur que celui de décembre 2004 apparaît sans crier gare (lol).
- Le requin est emporté par le tsunami et en profite au passage pour dévorer un couple d'amoureux désespérés (lol).


Les amoureux qui s'bécotent sur les bancs publ...aaaaargh !


- Les survivants qui préfèrent rester dans l'eau alors que la terre ferme est à quelques mètres derrière eux (lol).


Et si on restait dans l'eau plutôt que de grimper sur les rochers à trois mètres derrière nous ?


- Rien de tel qu'un t-shirt mouillé pour servir de torche (lol) !
- La petite brune qui colle aux basques de Kate durant tout le film, et qui décide subitement de devenir héroïque et de se sacrifier alors qu'on ne lui a tout simplement rien demandé (lol).


- Hé ! Hé ! J'peux devenir ta copine, dis ? Tu veux bien, dis ? S'teuplaît, dis !
- Pfffffff...


J'en passe et des pires.
"2-headed shark attack" est truffé d'invraisemblances et d'incohérences, mais qui ne nuisent jamais à sa progression, et le caviardent au contraire de beaux moments d'anthologie. Honnêtement, le film de Christopher Olen-Ray en remontre à la plupart des nanars existants et atteint à plusieurs reprises les cimes (Philippe Castelli n'était pas disponible) de classiques comme par exemple "Crocodile Fury", ce qui n'est pas rien.
The Asylum se fiche de tout, à partir du moment où leurs productions font parler d'elles et se vendent de par le monde (ce qui est généralement le cas). Une politique qui les pousse à jouer la carte de la surenchère dans la bêtise et les séquences hautement improbables. Ici, le montage est complètement raté. Certes, le film s'avère bien rythmé et jamais ennuyeux, mais les faux raccords sont légions, et il n'est pas rare de distinguer la civilisation au détour d'un plan alors que le Sea King et ses occupants sont supposés être perdus au milieu du grand nulle part. Les monteurs n'hésitent jamais non plus à nous resservir le même plan plusieurs fois d'affilée, quitte à fausser la chronologie des événements. Ainsi, une victime se fera happer par les quatre mâchoires voraces et dans l'image suivante, la bestiole cannibale est filmée les gueules vides et comme par magie, l'infortuné morceau de viande humaine se retrouve instantanément dans le troisième plan !

(...) (...)
Un plan répété au moins trois fois (au moins trois fois !) (au moins trois fois !).


La mise en scène est du même acabit. Pas de tarabiscotages à la David Fincher ou à la Zack Snyder : dans "L'attaque du requin à deux têtes", Christopher Olen-Ray, bien conscient qu'il ne remportera aucun Oscar pour son film, suit ses personnages sans prendre la peine de s'attarder sur un angle de vue spectaculaire. Ici, quand la terre tremble, la caméra tremble. Quand le squale attaque, la caméra tremble. Quand rien ne se passe, la caméra ne tremble pas. Net, clair et précis. Aussi, lors d'un passage dialogué entre plusieurs acteurs, Olen-Ray se contentera de passer d'un personnage à l'autre sans perdre de temps à monter ses séquences. Tourné durant la deuxième semaine du mois d'août 2011 en Floride pour une sortie programmée en Janvier dernier, "L'attaque du requin à deux têtes" a été bien vite mis en boite. Ainsi aura-t-on l'impression d'assister à la projection d'une sorte de nouveau film d'Ed Wood, comme si ce dernier était revenu d'entre les morts. Ainsi, les décors sont étriqués, une cabane avec une lance de pèche et deux ou trois pots de terre cuite symboliseront l'ancienne civilisation disparue de l'atoll, l'île n'est pas la même selon les plans (l'absence de palmiers à un endroit tandis qu'ils ont miraculeusement poussé entre deux prises est à ce titre significative), le "2-headed shark" (dont on ne connaitra jamais les origines) n'est parfois pas entièrement finalisé, une sorte de voile se sang de synthèse vient masquer certaines attaques du monstre en partie cachées par manque de budget et quand ce dernier dévore en gros plan ses victimes, les pontes de The Asylum se sont royalement fendus d'un créature de latex aux dents toutes molles,enfin pas dans son intégralité puisque seules les deux têtes ont eu droit à ce traitement de faveur.


La isla bonita... la bonita isla ?


Le plastique, c'est fantastique. Le caoutchouc super mou-oooou !


Peut-on parler de comédiens dans "L'attaque du requin à deux têtes" ? La question reste posée. Il s'agissait ici de caster de jeunes gens bien faits, des garçons musclés et des filles plantureuses (chassez le naturel, il ne va pas revenir !) et sur ce point, le travail est accompli. Ont-ils du passer des auditions ? Rien n'est moins sûr dans la mesure où ils sont tous presque unanimement mauvais.
Carmen Electra ne sert à rien d'autre que de se montrer en mini-short et débardeur qu'elle enlèvera le temps d'une séquence de bronzage filmée comme une publicité Ultra-brite des années quatre-vingt, ne possède que très peu de lignes de dialogues et les monteurs iront jusqu'à inclure deux fois en moins d'une minute un même passage dans lequel elle hurle à deux jeunes s'approchant en hors-bord de s'éloigner du bateau. Ce n'est pas une répétition de dialogues, c'est juste la même scène incluse deux fois presque à la suite !
Charlie O'Connell n'a pas le talent de son frère Jerry, avec qui il partageait l'affiche le temps d'une saison de "Sliders, les mondes parallèles". C'est un costaud avec une bonne tête carrée d'américain et une voix dont le timbre laisse penser à un attardé mental. S'il est supposé être le héros du film, son rôle s'avère plutôt apathique car, bien vite blessé, il demeure en retrait et ne participe jamais clairement à l'action.
Celle qui va gagner ses galons d'héroïne au fur et à mesure que le film avance, c'est la nouvelle venue Brooke Hogan, fille de Hulk (le catcheur, pas l'autre), chanteuse et apprentie comédienne également vue dans l’ineffable "Sand Sharks, les dents de la plage" qui laisse penser que la demoiselle aime les squales. C'est finalement l'actrice qui s'en sort sans doute le mieux, enfin mieux que les autres en tout cas. Non pas qu'elle mérite un prix d'interprétation mais au moins elle fait l'effort d'essayer de jouer. Son personnage de bimbo qui en a dans la tête est effectivement ridicule, surtout quand elle évoque son trauma lié à la peur de l'eau et des requins, alors qu'elle se retrouve souvent la première dans l'eau ! Une incohérence d'une grande absurdité, mais qui participe pleinement à l'esprit du film.
A ses côtés, David Gallagos est Paul, un geek/nerd chétif qui est la risée de ses camarades mais qui a de la ressource, et qu'il aurait fallu écouter plus attentivement. Le comédien s'en sort relativement bien avec un rôle sobre et en retrait.
On ne pourra hélas, ou au contraire tant mieux, en dire autant de leur camarades, archétypes des lycéens américains comme on en voit des centaines au cinéma ou à la télévision. Ils jouent tous très mal, prennent des poses avec affectation, semblent pour certains peu concernés par les dramatiques événements qui se déroulent sous leurs yeux, tandis que d'autres s'avèrent incapables de réciter correctement leur texte, ou peinent à trouver la bonne attitude à adopter par rapport à ce qu'ils doivent dire, le cas de Corinne Nobili illustrant parfaitement le propos.


Le casting, content de partir se faire dorer la pilule en Floride (photo de tournage).

A taaaable !!!


Mais que les acteurs de "L'attaque du requin à deux têtes" ne soient pas bons n'est absolument pas un problème. Que la mise en scène soit désastreuse, les effets spéciaux ratés (quoique le monstre fait parfois illusion), le montage chaotique et le scénario catastrophique non plus ! Le charme du film réside dans son hilarante ambition évidemment assumée de se tirer une balle dans la nageoire. Dans sa façon d'être grotesque au-delà du raisonnable, de se ficher royalement des conventions et de donner aux spectateurs l'occasion de s'amuser franchement avec un spectacle où il est difficile de s'ennuyer, où l'on s'amuse aux dépends de ce qu'on regarde, où l'on s’embarrasse affectueusement pour les acteurs impliqués dans cette galère, où l'on se repasse en boucle des passages entiers en se tenant les côtes, où l'on guette et traque la moindre erreur à chaque plan... c'est un concentré de bonheur instantané, dépassant les espérances des amateurs de nanars juteux. On en vient même à se prendre d'affection pour ces pauvres requins partageant le même corps, et à souhaiter qu'ils n'aient pas d'indigestion avec tout ce silicone et ces produits dopants avalés l'espace d'une heure vingt-sept. Surtout qu'il est gourmand, le bougre ! Vingt-six victimes au compteur, c'est un bon score.

 

L'INTERVIEW DU REALISATEUR !


Voici la traduction de l'interview du réalisateur Christopher Douglas Olen-Ray, menée par Alex Coare et parue dans le numéro de Mars 2012 de ma revue spécialisée britannique Scream Magazine :
SCREAM MAGAZINE ISSUE 9 :
SM : Chris, pouvez-vous nous raconter comment vous être entré dans l'industrie du cinéma ?
COR : J'ai grandi avec un père célibataire réalisateur. Alors quand tous mes camarades rentraient à la maison, on venait me chercher à l'école et on m'emmenait directement sur les plateaux. J'ai vécu une enfance super et j'ai décidé de la prolonger une fois devenu adulte.
SM : Votre nom est attaché à de nombreux films d'horreur, alors j'imagine que vous êtes vous-même fan du genre. Citez-moi quelques-uns de vos films d'horreur favoris...
COR : Ouais, je suis un gros gros fan. J'ai grandi avec les "Vendredi 13" et la saga des "Freddy". Aussi loin qu'on puisse les aimer, j'adore les versions originales de "La maison de l'horreur" et "Treize fantômes" [signés William Castle, ndcrazy]. Et pratiquement tous les vieux films d'horreur Universal.
SM : Votre premier film pour les studios Asylum était "Megashark versus Crocosaurus". Comment ce projet est venu jusqu'à vous, et avez-vous apprécié de le tourner ?
COR : Au moment où le production a été lancée, je venais juste de terminer celle de "Megapython". J'avais envie de réaliser un film pour ce studio car je me sentais en phase avec leur travail. Avant "Megashark versus Crocosaurus", j'avais déjà mis en scène "Reptilosaurus" et "Megaconda", donc j'étais coutumier des productions à base de gros monstres en CGI.
SM : Votre dernier film pour The Asylum est "2-headed shark attack". C'est vous qui avez eu l'idée du film ou est-ce qu'on vous a soumis le sujet et demandé de le réaliser ?
COR : C'est amusant en fait parce que c'est moi qui ai voulu le faire. J'avais l'impression de ne pas avoir fait un très bon boulot pour eux sur "Almighty Thor" et je voulais une autre chance de montrer que je pouvais me rattraper. L'un dans l'autre, je suis bien plus content de la façon dont celui-là s'est fait.


SM : Il y a eu tellement de films basés sur des attaques de requins ces derniers temps, comme "Shark 3D", "The Reef" et les vôtres. Comment expliquez-vous que les films de requins ou de monstres en général soient si populaires auprès des fans ?
COR : En fait, les films de requins ont toujours été populaires. C'est vraiment la bestiole qui peut et qui veut vous manger. Et ça, ça fait peur à tout le monde. Quand vous vous retrouvez confrontés a des prédateurs de ce genre là, il n'y a pas grand chose à espérer.
SM : Il y a des chances que vous tourniez d'autres films de monstres ?
COR : Pas au moment où je réponds à votre question. J'ai aussi envie de tourner un film d'horreur plus traditionnel, pas un de ceux qui nécessitent obligatoirement des CGI.
SM : Avec tant de CGI dans les ce genre de films, c'est plus amusant à tourner que des effets de maquillage ou de latex ?
COR : (rires)Non ! Pas du tout ! Si j'en avais la possibilité, je tournerais un film sans CGI mais avec un monstre sous costume ou au moins des créatures animatroniques.


SM : Jusqu'à quel point êtes-vous impliqué dans les films que vous tournez pour The Asylum ?Vous occupez-vous également du casting et du montage ?
COR : Et bien, ça dépend de mon emploi du temps. David Michael Latt (l'homme à la tête du studio) m'a laissé très libre dans mon implication sur "2-headed shark attack". Alors oui, je participe au casting et au montage. La seule chose qui m'en empêcherait serait d'être occupé sur une autre production simultanée. Ça peut me bloquer dans le fait de faire partie du processus complet de création.
SM : Quelle est votre scène favorite dans "2-headed shark attack" et pourquoi ?
COR : Il y en a plusieurs. Celle que je garde en tête et la scène avec les deux filles et le garçon sur la plage déserte. C'est plutôt bien fichu mais en fait nous nous sommes retrouvés bloqués sur place toute la journée, à trouver les bons angles de vue et tout le reste, sans savoir quand on allait pouvoir terminer et s'en aller.


SM : Avec toutes ces grosses créatures que l'on peut voir dans les productions The Asylum, j'imagine que ce que vous recherchez c'est surtout de procurer un plaisir immédiat aux spectateurs et obtenir de bonnes retombées commerciales, plutôt que de chercher à décrocher des Oscars, non ?
COR : Absolument ! Une fois le film terminé, tout ce que j'espère c'est que le public qui le regardera va l'aimer, rien de plus.
SM : Est-ce que "2-headed shark attack" était un film agréable sur lequel travailler ? Et avez-vous des histoires ou des anecdotes intéressantes à partager avec nos lecteurs ?
COR : Bien-sûr ! "2-headed shark attack" a été tourné à Florida Keys. Nous voulions vraiment que le look du film tranche avec les productions tournées habituellement à Los Angeles. C'était le but recherché et je pense que nous sommes vraiment parvenus à lui donner un look réussi. Il y a quelques anecdotes que les lecteurs de Scream pourraient trouver amusantes. Un jour, nous étions prêts à tourner la scène sur la plage déserte avec tout un tas de monde. On avait décidé de la tourner sur une île située pas très loin et nous sommes tous partis sur place. Seulement, On n'avait pas pensé à la marée ni aux vagues et quand nous sommes arrivés, l'île était submergée ! Toutes les meilleures intentions du monde ne peuvent pas lutter contre Dame Nature… Alors, une semaine plus tard, on a essayé de retourner la scène. On a eu plus de chance cette fois-là. Mais une chose à laquelle on n'avait pas non plus pensé, c'était que les locaux causeraient des soucis au conducteur du bateau. Nous étions supposés rester sur l'île jusqu'au dîner et nous y sommes restés jusqu'à point d'heure. Le producteur a essayé de nous trouver un bateau pour venir nous chercher mais il ne serait pas en mesure d'atteindre l'île avant le coucher du soleil. Le premier assistant a donc du rationner l'eau et les bouteilles de Gatorade !


Un autre problème qui a échappé à notre contrôle était la chapelle que l'on voit à la fin du film. Le département artistique nous avait construit un réservoir en bois avec un revêtement en plastique. On a commencé à le remplir d'eau pour que la chapelle ait l'air inondée. Quelques secondes à peine après que nous ayons commencé à faire couler l'eau, le réservoir à éclaté ! Et on s'est retrouvé devant la planche à dessin pour trouver autre chose. L'équipe de tournage a décidé de construire la chapelle directement dans l’océan. L'effet était super mais au lieu d'avoir douze heures pour tourner la scène, on a dû se dépêcher de la faire en cinq heures. Les gens avaient des avions à prendre et d'autres plateaux sur lesquels ils devaient se rendre (rires) !

SM : (rires) J'espère que vous êtes content de vous en être sorti alors ! Merci de vous être entretenu avec nous, Chris !
COR : C'était un plaisir, aucun problème.




- Kate Vs Gemi -
Moyenne : 4.00 / 5
Kate Vs Gemi
NOTE
5/ 5
Rico
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Pour ceux qui douteraient encore du potentiel commercial de telles ringardises, voici un florilège des affiches du film (sorti carrément en Blu Ray aux States).



L'édition française en tient d'ailleurs une sacrée couche : une affiche suffisamment nanarde signée du distributeur français "Antartic" qui, outre son fumeux slogan "Silencieux et mortels" (comme dans "2-headed fart attack" !?!) omet soigneusement de mentionner qu'il n'y a qu'un requin (enfin, deux en un si l'on préfère) et qu'il à deux têtes !


Bref, avec tout ça, j'espère que vous aurez envie de découvrir ce film magique car "L'attaque du requin à deux têtes" est un chef-d’œuvre, dans son genre certes, mais un chef-d’œuvre tout de même, à consommer sans modération, et qui donnerait envie aux pommes de terre ovipares de donner la vie. Car aileron ! Aileron ! Petite patate pond !
Regardez ce film sinon Kate viendra vous casser la figure !