Recherche...

Les Aventuriers de la galaxie

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Les Aventuriers de la galaxie

Titre original :Raiders of Galaxy

Titre(s) alternatif(s) :Megaman

Réalisateur(s) :Johnny T. Howard (mmmh, ça sent le pseudo...)

Année : 1987

Nationalité : Corée du Sud / Hong Kong

Durée : 1h10

Genre : Goldocrade

Acteurs principaux :Des doubleurs cachés sous une ribambelle de faux noms

Nikita
NOTE
3/ 5


« Les Aventuriers du Système Solaire », « Les Protecteurs de l’univers », « Les Défenseurs de l’espace », « Le Sauveur de la Terre », « Le Capitaine Cosmos » et maintenant « Les Aventuriers de la galaxie ». On va finir par croire que les titres des dessins animés produits/distribués (rayez les mentions inutiles) par la société IFD de Joseph Lai étaient répartis entre les films en les mélangeant dans un carton à chapeau, puis en les tirant au hasard. Points communs entre la plupart de ces dessins animés, la nullité de l’animation, la laideur des dessins, et l’extrême simplisme des scénarios fournissent à cette série de films ce que l’on pourrait considérer comme une véritable cohérence artistique. Le "cycle de l’animation naze" de Joseph Lai est d’ores et déjà entré dans la légende de Nanarland, depuis la découverte fracassante et fortuite des « Aventuriers du Système Solaire », au point que le visionnage de chacune de ces perles nous remplit désormais d’espoir et d’émotion.






S’il n’est pas, techniquement parlant, le pire dessin animé de l’écurie IFD, « Les Aventuriers de la galaxie » est probablement l’un des plus distrayants pour l’observateur attentif. Visiblement réalisé par la même équipe harassée et sous-payée que « Les Protecteurs de l’univers », le film qui nous occupe a pour amusante particularité d’accumuler une ahurissante quantité de faux raccords, bizarreries scénaristiques et bugs divers de l’animation qui, cumulés, font s’écrouler comme du vieux carton toutes ses apparences de crédibilité.

Il convient de signaler que « Les Aventuriers de la galaxie » ne se signale aucunement par l’originalité de son scénario, qui semble copié sur celui d’un quelconque épisode de série animée japonaise : suivant les ordres d’un mystérieux empereur galactique, un général extraterrestre planifie une invasion de la Terre. Précisons au passage que le chef des armées aliennes, malgré son look typiquement « not of this earth » (peau bleue, oreilles pointues) répond au nom tout à fait sympathique d’Andrew.


Le Grand Stratéguerre


Hydargos (ou Andrew, si vous préférez…)


A noter que ce genre de patronyme semble fréquent chez les extraterrestres hostiles, comme peuvent en témoigner Alfred (« Les Protecteurs de l’univers ») ou Nicholas (« Les Défenseurs de l’espace »). On ignore quelle raison a poussé les scénaristes à affubler de noms pareils des conquérants galactiques, mais nous ne nous en plaindrons pas.




J’ai attrapé un torticolis !


Fort heureusement, la Terre peut compter sur une équipe de héros, résidents d’un centre de recherches spatiales : on y trouve notamment un super-robot piloté par trois cracks et répondant, selon les scènes et les fantaisies du dialoguiste, aux noms de « Mazinger 3 » (ou « Mazinga 3 » dans la VF), « Super Mazinger » ou « Super Mazinger 3 ». Outre le pillage de Go Nagai, dont les séries « Mazinger Z » et « Great Mazinger » sont plagiées sans aucune vergogne, on notera que les auteurs n’ont fait strictement aucun effort, puisque le robot est très sensiblement le même que le « Mazinger 7 » des « Protecteurs de l’univers », seuls les couleurs et quelques menus détails ayant été changés.


Au centre de recherches vivent également deux enfants, un garçon et une fille, dont on ne saura rien, pas même quel lien de parenté exact les unissent aux héros (sans doute sont-ils leurs petits frère et sœur respectifs, mais on en est réduit aux conjectures) ni pour quelle raison de jeunes enfants sont autorisés à participer à des opérations extrêmement dangereuses. On n’en est pas à ça près.


On ne dirait pas, mais ils viennent de se marrer comme des fous en disputant une chouette partie de base-ball.


Là, ils marchent dans le ciel.


Les robots-domestiques.


Les enfants ont en tout cas nettement plus de personnalité que les trois pilotes de Mazinger 3, qui eux n’ont strictement aucune épaisseur : le triptyque un héros/une nana/un sidekick comique bedonnant est repris sans aucune imagination de « Mazinger Z » ou « La Bataille des planètes », sans que puisse être remarquée aucune autre originalité que le patronyme du sidekick, qui répond au nom de « Piggy » (juré, il s’appelle vraiment comme ça).


La consistance des personnages semble de toutes manières avoir été le cadet des soucis des auteurs : au cours de leur mission, les héros rencontreront un prince galactique censé les aider dans leur combat, et qui s’avèrera à peu près complètement inutile, ouvrira à peine la bouche, et dont le spectateur ne connaîtra même pas le nom à la fin du film. On passe ainsi un bon tiers du métrage à se demander qui est ce personnage, ce qu'il fout là, à quoi il sert, sans obtenir une quelconque réponse.


Les boules de pétanque lumineuses du cosmos.


Le prince galactique anonyme (son look rappelle un peu Télémaque dans « Ulysse 31 », mais il doit sûrement y avoir une autre source d'inspiration. Spécialistes de la japanimation, s'il vous dit quelque chose, n'hésitez pas à nous le signaler).


Le véritable intérêt du film tient dans l’accumulation, on l’a dit, proprement ahurissante d’erreurs techniques et de dessins biscornus. Les personnages, extrêmement plats dans leur dessin, se retrouvent bizarrement déformés lorsqu’il s’agit d’exprimer la moindre émotion, ce qui fait de nombreuses scènes un festival de comique involontaire.


Regarde, j’ai les bras qui grandissent !


Et pour les mains, ce n’est pas mieux.


Ciel, je suis stupéfaction !


Go-go-gadgetobras !


Le traître de service, à gauche (on me signale une forte ressemblance avec le héros de « Don Dracula », un manga d'Osamu Tezuka).


« Sergent, arrêtez de me regarder comme ça, vous me faites peur ! Vous devriez arrêter le café. »


Mais l’une des principales attractions des « Aventuriers de la galaxie », ce sont les faux raccords. Ici, une unique scène de moins d’une minute vous est présentée dans l’ordre chronologique. Vous pourrez observer que les héros vous sont présentés comme suit : de gauche à droite, la fille, le héros, le sidekick.


Ici, rien d’anormal, la fille s’adresse au héros, qui se trouve à sa droite :


Là, le sidekick se trouve brusquement à la place du héros :


Tout s’explique, le héros s’était tout simplement téléporté à gauche de la fille !


Personnages mal dessinés à la limite de la difformité, erreurs techniques relevant de l’insanité ou, au mieux, du je-m’enfoutisme le plus radical, scénario proche de la débilité : « Les Aventuriers de la galaxie » accumule tellement les tares qu’il semble avoir été conçu par une équipe d’animateurs stagiaires qui auraient fait le pari d’accumuler le plus de bourdes possibles, en vue de battre un quelconque record professionnel. Le comble est atteint lors du combat de Mazinger 3 contre le robot-molosse des envahisseurs, qui change au moins trois fois de forme au cours de la baston !


Ami lecteur, sauras-tu découvrir où Mazinger 3 a caché sa tête ?




Ici, notre héros a de légers problèmes d’anatomie.






Le chien/sanglier/gnou/girafe mécanique des méchants.


Pour ce qui est du design des personnages, des vaisseaux et des robots, le film enchaîne en outre les plagiats de tout ce que l’animation (essentiellement) japonaise a pu produire : outre Mazinger Z, on reconnaît des emprunts à Albator et Goldorak ; les vrais exégètes de la japanimation pourraient certainement en relever une bonne dizaine d’autres. L'animation américaine n'est pas en reste, puisque, mode des années 1980 oblige, Mazinger Z est ici croisé avec Optimus Prime, de la série « Transformers ».






Simple dessin animé médiocre pour le spectateur distrait, « Les Aventuriers de la galaxie » acquiert, pour l’observateur attentif, une dimension véritablement dantesque, à force de plagiats éhontés, de faux raccords énormes, de balourdises ahurissantes dans l’animation et le scénario. On n’est même plus dans le domaine du bâclage, ce qui s'exprime ici est un foutage de gueule pur et simple à l’égard du spectateur. L’intensité du naufrage fait de ce film un véritable must pour tous les fans d’escroqueries cinématographiques : il va de soi que son visionnage est chaudement recommandé à tous les pervers !


Les pouvoirs de Mazinger 3 sont décidément illimités : voilà qu’il prend appui sur le ciel !

- Nikita -
Moyenne : 3.00 / 5
Nikita
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Pas encore de DVD français pour ce film, naguère sorti en VHS chez l’éditeur pompeusement appelé « American Video » (et mon cul, il est américain ?).



Il existe aussi une édition chez Scherzo, qui ne contiendrait cependant pas toujours le bon film (parfois oui, parfois on tombe, une fois la cassette dans le magnéto, sur le pas du tout nanar "Phoenix l'oiseau de feu" de Osamu Tezuka.



Par contre, un DVD zone 1 du film est disponible dans toutes les bonnes solderies des Etats-Unis, où les petits Américains peuvent l’acheter à 1$ et s’en servir ensuite pour s'initier au tir au pigeon avec papa.



A noter également une édition sous une superbe jaquette volante chez nos amis d'Initial Vidéo, sous le titre de "Megaman" et le ronflant slogan "Il a le mégapouvoir de toute la galaxie" (Carrément ! Megaman, faut pas le faire chier). Le robot présent sur le visuel n'est autre que Voltron, de la série animée homonyme. De là à en déduire que non seulement les éditeurs sont malhonnêtes, mais qu'en plus ils savent ce qu'ils font...





Le film a été édité en DVD en Allemagne et on peut le trouver dans le coffret "Masters of the future", où il est proposé avec "Le Sauveur de la Terre", "Les Protecteurs de l’univers" et "Les Défenseurs de l’espace". Le tout comprend des versions anglaises. De quoi être jaloux de nos amis d'Outre-Rhin.