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Ballistica


Ballistica

Titre original : Ballistica

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Gary Jones

Année : 2009

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h27

Genre : Gun-katastrophe

Acteurs principaux :Paul Logan, Martin Kove, Andrew Divoff, C.B. Spencer, Robert Davi

Rico
NOTE
3/ 5

« - Gary mon pote, avec l’équipe de production, on a un projet génial et on cherche un réalisateur à la hauteur. On va révolutionner le film d’action. Défoncer Matrix… Imagine… Nos personnages ils vont être entraînés à utiliser leurs armes à feu au corps à corps comme si c’était une technique d’art martial…
- Cool ! Je vois ça d’ici ! On va faire ça aux oignons, il me faut des instructeurs hongkongais pour entraîner les acteurs, des chorégraphes, des experts pyrotechniques, des systèmes de câbles pour amplifier les mouvements, une équipe de retouches numériques…
- Euh en fait, on a loué un entrepôt, tu commences à tourner demain… »


On a parfois tendance à dire qu’il faut que le temps ai fait son ouvrage pour qu’on apprécie complètement les qualités nanardes d’une œuvre. Mais il est toujours plaisant de voir aussi des films récents qui, dès leur sortie, s’avèrent instantanément grotesques. Ballistica, sorti à la sauvette dans les vidéo-clubs américains il y a huit ans, est de ceux-là. Mais au moins lui accorderons-nous le fait d'avoir vraiment voulu nous offrir une série B sincère, à l'heure où le cinéma d'exploitation est gangrené par un cynisme à la Sharknado qui consiste essentiellement à jouer sur le côté stupide de ces films pour mieux flatter par la connivence un public devenu trop blasé.
Film d’action bourrin sur une vague trame d’espionnage, nous suivons les aventures très balisées de Damian Sloan, super espion de la CIA à la recherche d’une bombe à micro impulsion qu'un groupuscule terroriste russe, "La Main de la Vérité", entend bien utiliser en Amérique. Un truc miniaturisé d’une puissance incommensurable capable de vous faire imploser comme du popcorn. Alors qu’un problème de fuites semble paralyser l’agence, Sloan ne peut compter pour mener à bien sa mission que sur une blonde scientifique qui sait comment désamorcer cette arme ultime. Face à lui, une ribambelle d’hommes de main et d’espions russes et chinois bien décidés à récupérer l’objet à leurs profits. Le tout dans une atmosphère de trahison au plus haut niveau et d’agents triples ou quadruples à tous les étages.


L'espionnage moderne : en gros y en a qui se tapent tout le boulot sur le terrain pendant que le reste de l'équipe est sur Snapshat ou Candy Crush au bureau.


Je vous la ferai simple sur un scénario bien bateau mais au rythme convenablement soutenu qui aligne réglementairement tous les poncifs du genre. Ses scènes d’infiltration dans des usines qui se terminent forcément en fusillades, ses contrechamps sur des centres de commandement remplis de techniciens qui regardent leurs ordinateurs d’un air soucieux, ses éliminations de gardes interchangeables, ses hommes de main qui tombent par grappes, ses poursuites en bagnole avec explosions en images de synthèse rajoutées en post-prod… Et ce n’est pas le petit twist en mousse (que je ne révélerai pas mais qui, par la force des choses, sera un peu divulgaché par les images de cette chronique) qui sauvera l’ensemble.



Des poursuites en voiture qui ne nous épargnent aucun poncif ou explosion numérique.






La bombe à micro-impulsion en action. Des effets impressionnants.


Jusque-là c’est du classique, rien en apparence pour faire sortir ce film du lot. Et pourtant, un détail vient rapidement changer la donne et faire passer ce petit produit d’action calibré direct to DVD à un tout autre niveau. Notre super espion, ainsi que quelques-uns de ses adversaires les plus coriaces, pratiquent un art martial bien particulier : le ballistica.
Ah le ballistica… la fausse bonne idée qui se transforme en sortie de route aussitôt mise en œuvre.
Un style complexe et redoutable inventé par un transfuge du KGB qui nécessite de faire corps avec son arme à feu pour non seulement l’utiliser comme une extension de ses poings lors des combats, mais aussi devenir plus rapide que les balles adverses et esquiver les tirs de l’adversaire à la vitesse de l’éclair. La science mortelle du Ballistica, comme l’annonce sentencieusement notre héros : vous pourriez passer une vie à l’étudier et au final ne rien avoir appris…
Sauf que dans la réalité il s’agit surtout de tournoyer dans tous les sens en agitant les bras pour esquiver les tirs de dizaines d’adversaires et les abattre d’un coup d’une précision imparable sans même les regarder.


Ou bien encore de courir face à l’ennemi en vidant son chargeur tout en faisant de petits sauts de cabri sur les côtés pour éviter ses tirs.


A la base, le film a tenté de surfer sur le succès de Matrix et surtout d’Equilibrium de Kurt Wimmer au début des années 2000. Un film un peu oublié aujourd’hui mais qui à l’époque avait été célébré comme le renouveau du cinéma d’action. En effet le filmage des scènes de combats et notamment des fusillades au tournant du millénaire était en train de se chercher. Deux modes diamétralement opposées existaient dans les productions d’action. L’une était de filmer celles-ci à la Jason Bourne : caméra portée à l’épaule pour coller aux personnages, cadrages saccadés et tremblotants pour faire ressentir le côté chaotique des combats (la célèbre shaky cam qui a ravagé Quantum of Solace), montage hyper rapide pour être pris dans l’intensité de l’action. Sauf qu’entre les mains de réalisateurs pas trop doués, ça devenait vite une bouillie visuelle permettant essentiellement de camoufler l’absence totale de préparation du combat. Oui Olivier Megathon et ton Liam Neeson qui dans Taken 3 met 15 plans en 7 secondes pour sauter une barrière, c’est à toi que je parle !
L’autre solution était de mettre en valeur l’esthétisation des combats. L’idée centrale d’Equilibrium, c’était de revenir à la fluidité et à la beauté des séquences d’affrontements héritées du cinéma hongkongais et de Matrix en introduisant un concept novateur : le gun kata. Imaginez que les flingueurs fassent du kung-fu tout en tirant au revolver. Sauf qu’évidement, c’est beaucoup plus compliqué que de secouer sa caméra dans tous les sens. Equilibrium bénéficiait d’un chorégraphe martial expérimenté, de temps d’entraînement importants pour préparer les acteurs aux combats, d’une équipe technique compétente, d’effets spéciaux permettant d’enrober les choses.
Dans Ballistica, ils se sont dits, bon ben fastoche, on va faire la même chose et on va créer notre propre style de gun kata...


Bon alors c'est quoi ce Ballistica dont tout le monde parle ?

Tu vas voir je vais te faire une démonstration, c'est super impressionnant...







Ah ouais... Bon ben je crois que je vais me remettre au krav-maga plutôt...


Sauf que dans Ballistica y a pas tous ces moyens. Au mieux peut-on s’offrir un bout de ralenti un peu clipeux et quelques balles moches en images de synthèse à esquiver. Le reste, ben ce sont les acteurs qui vont jouer les toupies folles pour nous faire avaler ces gunfights avant-gardistes.



Et malgré toute la bonne volonté du casting ça ne suffit pas. Mais vraiment pas…
Certes, les acteurs principaux ont l'air de se donner à fond mais bon, même en sachant faire la roue un flingue à la main et en plissant les yeux pour avoir l’air concerné, il est difficile pour eux de rester crédibles et de faire passer le côté novateur et excitant de telles chorégraphies artisanales. Passons rapidement sur la blonde C.B. Spencer qui n’a fait qu’une petite carrière dans divers téléfilms et attardons nous un instant sur Paul Logan, qui porte sur ses viriles épaules l’ensemble du film dans le rôle de Damian Sloan. Lui vous l’avez déjà vu. Un type qui a quasiment débuté chez Andy Sidaris (Return to Savage Beach), qui a son rond de serviette chez The Asylum (Mega Piranha, The Terminators) ou chez Jim Wynorsky (L’île Des komodos géants, Vampires in Vegas).


Mais si mesdames, vous me connaissez....


C’est peut être l’une des figures les plus emblématiques du nanar new look des années 2000. Belle gueule de héros à l’ancienne, physique impeccable, vraie présence à l’écran, background dans les arts martiaux, ce type semblait taillé pour briller à la télé voire même à Hollywood. Mais non, il est devenu le tough guy qu’on appelle systématiquement quand on veut tourner un blockbuster avec moins de 200 000 $ de budget. Ça doit nourrir suffisamment son bonhomme parce que rien qu’en 2017 il a enquillé pas moins de 8 films et semble avoir trouvé sa niche écologique à latter du zombie communiste créé par Staline (Code Red) ou du mutant cannibale en forêt (The Horde)...



Ce film va faire décoller ma carrière ! J'y crois, j'y crois, j'y crois...


Le scénario étant basique, les seconds rôles assurent le quota de "Mais je le connais lui, c’est machin ! Il a tourné dans… tu sais le film là…" Vous savez, ces têtes connues vieillissantes qui blablatent derrière un bureau pour faire de l’exposition ou rallonger la sauce entre deux scènes d’action. L’amateur de bisseries estampillées années 1990-2000 retrouvera avec plaisir quelques visages familiers comme Martin Kove, vu dans Rambo II ou Karaté Kid et devenu un stakhanoviste des rôles de supérieurs véreux ou de méchants cabotins. Rien que sur Nanarland, il est crédité dans 3 films (Barbarian, Revamped, Insects). Paré d’une fine moustache et d’un gilet à fleurs absolument inexcusable à ce niveau de responsabilité dans un service prétendument secret, il assure son rôle de patron et mentor de notre super agent avec une décontraction rigolarde. Citons aussi l’immense Robert Davi (Piège de Cristal, Permis de Tuer) qui assure sans forcer son rôle de bureaucrate de Washington un peu revêche, ou encore le sempiternel méchant russe Andrew Divoff (Wishmaster, Indiana Jones et le crâne de cristal) qui campe ici Dragomir, la Némésis de notre héros au Ballistica tout pataud…


Balek le dress code de la C.I.A.

Un peu de remplissage à la cool.

Au cas où vous ne vous en doutiez pas, cet homme est un méchant.

Elle, c'est une méchante espionne en mission d'infiltration...


Aux manettes de Ballistica on retrouve Gary Jones, réalisateur tout terrain qui depuis les années 1990 s’est largement illustré dans tous les genres vendeurs dans le domaine du direct to video : Mosquito, Crocodile II, Ghouls, Jurassic Planet et j’en passe des pires. L’animal sait ce qu’il fait et comment le faire pour un budget minimal. Et même si visiblement lui et son producteur et co-scénariste Tony Kandah se sont donnés du mal pour essayer de faire un produit qui en jette, le résultat à l’écran ne suit pas. Ça devait être le film qui devait lancer la société Hollywood Wizard dans la cours des grands… enfin des moyens… des pas trop petits du direct to vidéo. Ça devait...
Ce n’est franchement pas étonnant qu’au final, même s’ils ne l’ont pas produit, le film se retrouve distribué par The Asylum. Et pourtant même les plateformes VOD et les chaînes du câble - généralement peu regardantes sur la qualité de ce qu’elles diffusent tant que ça remplit les catalogues de programmes - ont globalement ignoré ce film. A tel point qu'il est étonnement passé sous les radars de la plupart des amateurs du cinéma d'action, déviants comme nous ou non.
Ce qui est dommage car le film a pour lui d’être vraiment rythmé et sincère dans sa volonté de vouloir créer des scènes d’action un peu stylées, s’éloignant des canons routiniers de ce genre de produits trop calibrés. D'ailleurs ses créateurs laissent clairement la fin ouverte sur une suite possible tant ils semblaient convaincus du potentiel dévastateur au box office de Ballistica. Je crains qu'on doive longtemps attendre la suite des aventures de Damian Sloan sur les écrans... En tout cas les gunfights n'étaient pas plus mal foutus que dans La Tour sombre.


Et si ça marche, on fait toute une franchise ! Moi j'y crois !



- Rico -
Moyenne : 3.13 / 5
Rico
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.25/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation
"The Asylum" a sorti son édition basique américaine multizone et il existe des DVD allemands, brésiliens ou néerlandais qui proposent, outre leurs langues respectives, la version anglaise qui n'est de toute façon pas bien difficile à comprendre.
Pas de sortie française connue pour le moment, cette chronique sera peut-être l'occasion d’éveiller les consciences chez les distributeurs hexagonaux si le cœur leur en dit : on vous met le lien vers le site du producteur sur le côté. Allez, un bon geste !