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Batman & Robin

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Batman & Robin

Titre original : Batman & Robin

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Joel Schumacher

Année : 1997

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 2h05

Genre : Batman & Robin font la gay-pride

Acteurs principaux :Arnold Schwarzenegger, George Clooney, Chris O'Donnell, Uma Thurman

Wolfwood
NOTE
1/ 5


Nous sommes en 1997. Après deux épisodes signés Tim Burton et un troisième opus de Joel Schumacher, Hollywood décide de concocter un nouvel épisode du justicier masqué. Après Michael Keaton et Val Kilmer, ce sera au fringuant George Clooney d'endosser le costume de l'homme chauve-souris, le bon Joel restant aux commandes. Toutefois, un doute assaille nos amis les producteurs : la licence n'est-elle pas trop sombre pour le jeune public, fidèle à la série animée et friand consommateur de figurines et autres gadgets colorés ? Ni une, ni deux, nos amis décident que ce quatrième opus sera encore plus ouvertement orienté "grand public". Nous n'allons pas être déçus...

 
Tim Burton jouait la carte de l'anti-manichéisme ? Jouons la carte de l'anti-Tim Burton et misons gros !


Le film démarre plutôt fort, avec un mélange improbable de séquences à mi-chemin entre le Sentaï nippon et une production Marc Dorcel. L'habillement de nos héros (appelons-les encore ainsi pour le moment) est déjà digne d'une transmutation des "Power Rangers" mais nous avons droit en prime à quelques gros plans outranciers sur les parties intimes de George Clooney et Chris O'Donnell.



"Oh ! Vous avez vu ça ?!
- De quoi Joel ? De quoi ?
- Son cul"


Comme toujours, un vilain pas beau menace Gotham City et nos héros s'en vont lui tataner les gencives. Le méchant en question, c'est Mister Freeze, interprété par un Arnold Schwarzenegger en roue libre (nous reviendrons plus tard sur le "jeu" des acteurs, car il mérite vraiment qu'on s'y attarde). Ce dernier a besoin de diamants pour survivre, les pierres précieuses constituant la source d'énergie de sa combinaison. Comme les diamants ça coûte des sous, il les vole. Nos justiciers décident d'intervenir et rivalisent avec le glaçon friandise de blagues plus pathétiques les unes que les autres. Nos deux guignols costumés (notez que nous ne les appelons déjà plus "héros") affrontent alors une tripotée de sbires du givré de service, avant que Batman ne décide de s'occuper du super vilain qui parviendra toutefois à s'échapper au terme d'une poursuite hautement abracadabrantesque, point d'orgue d'une escalade progressive sur l'échelle du n'importe quoi.


Un des sbires de Freeze, sorte de Jason Vorhees du pauvre. A noter en arrière-plan la trace que Robin a laissée dans la porte en passant à travers avec sa moto (?)


En parlant de surenchère, attaquons-nous maintenant à l'un des gros problèmes de ce film : l'interprétation. Bien que les acteurs principaux aient à peu près tous prouvé, a priori ou a posteriori, qu'ils pouvaient être bien meilleurs que ce que laisse présager le film, on a la sensation que tous se sont passés le mot pour jouer plus mal les uns que les autres. On passera vite sur les rôles secondaires que sont ceux du Commissaire Gordon (vision très différente de l'original mais à la limite déjà présente dans les films de Burton), d'Alfred (le plus crédible, et c'est bien ça le problème), du savant fou créateur de Bane (qui a dit "stéréotype" ?) et le personnage de Elle Mac Pherson (non, je ne mélange pas avec Alicia Silverstone, Elle est là elle aussi) qui ne sert strictement à rien de tout le film. Passons également sur le clin d'oeil "l'hommage" à Orange Mécanique, l'apparition d'un illustre rappeur ainsi que nos amis policiers, gardiens et scientifiques qui ont tous oublié leur talent aux vestiaires.


Notre savant fou et ses mécènes ou le jeu des 7 clichés.


Tout ceci est trop affligeant, je préfère mourir…


Non, nul besoin de chercher la ringardise du côté des figurants et des seconds couteaux tant les premiers rôles en irradient à eux seuls toute la pellicule.




Commençons par George Clooney. Bien que ça aille un peu mieux pour lui depuis, il semblait alors ne pas s'être totalement remis de son personnage sympa du Docteur Douglas Ross de la série "Urgences". Ainsi, là où Batman est sensé être un individu ténébreux, froid et torturé, Clooney se lâche totalement et rend le personnage blagueur, cool et foncièrement décontracté du slip. Dans le genre, il est d'ailleurs magistralement secondé par un Robin au bagou tapageur (Chris O'Donnell, insupportable). Chaque fois qu'ils apparaissent ensemble sur un plan, on se croirait revenu à la grande époque d'Adam West et Burt Ward. Non pas que cette période soit si sujette à discrédit mais le problème est que si dans la série et le film des années 60 le côté kitsch était disons assumé, ici ce n'est visiblement pas toujours le cas.


"Batman ! Alfred est malade !"


"Ce n'est rien Robin, injecte-lui 2 mg de lidocaïne et fait un pontage. Si ça marche pas on intube."


"Euh... George, t'es plus dans Urgences !"


"Je sais"


Passons aux méchants... et là mesdames et messieurs, le gros morceau : Arnold Schwarzenegger, tout d'abord. Ce dernier joue la carte de la dérision à fond les ballons et en fait des gigatonnes (son interprétation à elle seule vaut le détour). Au même niveau ou presque, on retrouve Uma Thurman et là, au vu de ses autres prestations, on peut émettre quelques doutes légitimes quand à sa sobriété lors du tournage. Son personnage frôle la schizophrénie et au concours "Je suis en roue libre et j'en fait des caisses", Uma se lance à corps perdu dans la bataille avec une puissance d'autodestruction qui fait frémir. Le personnage de Bane, quand à lui, ne mérite même pas qu'on en parle, relégué qu'il est au second plan et dont les répliques commencent toutes invariablement par (ou se limitent à) "BEUARGHHH". Une grosse source de déception pour les fans du comic-book, dans lequel Bane est quand même autrement plus subtil.


Mais c'est lui… c'est… le White Fire ! ooOoh Whiiite Fiiirrre ! ! !


Bane.


Les subtiles références.

 

Uma Thurman carburant au pot belge.


Le jeu d'acteur est fantastique mais attention, ce n'est pas tout.

Ainsi tout le monde sur le plateau a participé à cette folie furieuse et on a droit pêle-mêle à : des dialogues navrants au possible, bien relayés il est vrai par une VF qui fusille (le « Freeze ! T'es givré » que lance Batman n'étant qu'une réplique parmi tant d'autres mais tellement représentative du genre d'humour mis en avant pendant tout le film), des éclairages très flashy (du vert pour Ivy, du bleu pour Freeze et du… mauve pour nos amis), des décors en carton, au propre comme au figuré (c'est peut-être aussi dû a la mise en scène mais on a bien du mal à sentir le gros budget en dehors des acteurs) des bruitages que n'auraient pas renié Tex Avery, et des costumes… moulants.


Regardez-moi cette gêne.


Attention ! Ivy veut conquérir la planète avec des plantes mutantes en plastique !!!


Euh, Joel… j'te jure, ça va se voir que ce sont des Majorettes tes voitures.


L'histoire n'arrange pas grand chose non plus : des vilains pas beaux veulent imposer leurs idées, les héros enquêtent et découvrent leurs agissements au prix de déductions dont seul un esprit supérieur peut suivre le cheminement. Par exemple quand Batman découvre qu'Ivy a fait évader Freeze, en visionnant la vidéo-surveillance d'Arkham :


Gordon : « Avant hier soir, à l'aéroport de Gotham, ces deux passagers sont arrivés par charter d'Amérique du sud. Ils ont envoyé dix des gardiens de la sécurité à l'hôpital et tué un homme d'affaires en lui faisant avaler un poison botanique et volé sa limousine. »


Conclusion de Batman : "Ce sont sûrement les deux bandits qui ont libéré Freeze !"


Y a pas à dire : il est fort ce Batman !


Donc, après avoir découvert les véritables intentions des malandrins, nos justiciers décident d'agir et leur donnent une leçon en sauvant au passage leur ami Alfred, mourant, qui, comme par hasard, est touché du même mal que l'épouse de Freeze. Point final. [Zut ! Sapristi, j'ai vendu la fin ! Oh là, là, mince, c'était pas évident à deviner en plus, vous devez vachement m'en vouloir]

Alors, "Batman et Robin" est-il à oublier ou à ranger uniquement sur les étagères d'un cinéphile averti ? A mon sens : pas vraiment. A vouloir édulcorer le tout à outrance, la production a réussi quelque chose. C'est ainsi que pour la première fois dans un Batman ciné (hors celui d'Adam West) on ne verra pas mourir de super vilains (tout le monde il a le droit de vivre). Ensuite, on se dit que dans de bonnes dispositions les acteurs auraient sans doute pu offrir un bien meilleur spectacle. En effet, avec une bonne dose d'indulgence, les moments d'émotion entre Freeze et sa femme peuvent se révéler touchants, tout comme ceux entre Bruce et Alfred. Hors comparaison avec le comic-book ou les premières adaptations tant cinématographiques que télévisuelles, "Batman & Robin", totalement idiot, est assez plaisant à regarder, et le nanardeur y trouvera son compte.


Le film a fait un bon petit flop, récoltant au passage 11 nominations aux Razzie Awards 1997. L'échec fut tel qu'il fallut attendre un moment pour entendre parler d'une nouvelle adaptation du Dark Knight. George Clooney et Joel Schumacher, qui avaient pourtant signé pour d'autres séquelles, se sont vite retiré du projet, s'excusant même, et assurant que non, ils ne l'avaient pas fait exprès. Pour avoir vu le film, nous avons toutes les peines à les croire.


Ho ! Un hommage à Rabbi Jacob ?


Prise de conscience du scénario.


C'est bon ?! T'as fini de lire cette chronique ? Alors maintenant tu sors !



Addendum :


Le postage de cette chronique sur notre forum a suscité une kyrielle de messages dont la teneur mérite d'être retranscrite ici.

Concernant l'esthétique gay de "Batman Forever" et plus encore de "Batman & Robin", on peut penser que Joel Schumacher en a rajouté un max pour "assouvir" ses propres fantasmes (le réalisateur n'a jamais caché son homosexualité), avec tous ces plans sur les fesses de Batman et de Robin dans leurs combinaisons en cuir moulantes, ultra-suggestives jusqu'au détail qui tue (représenter les tétons sur l'armure des deux héros, c'était son idée !). Une scène totalement inutile montrant Robin embrasser une fille a d'ailleurs été ajoutée pour démentir cette homosexualité qu'on pourrait prêter aux personnages : cette scène complètement gratuite s'était même retrouvée dans la bande-annonce.

(Addendum de l'addendum : Il semblerait que tout cet aspect "gay" ne soit pas vraiment à créditer totalement à Schumacher... voir le lien qui mène à son interview de 2019. Le mystère reste donc entier.)


La belle et la bête.


Plusieurs forumers considèrent ce désastre plus proche du navet que du nanar (personnages sans relief et cabotinage à outrance - avec un Schwarzy en total free style qui essaye de compenser la pauvreté de son personnage par une accumulation de blagues éculées et de jeux de mots ineptes -, scénario incohérent, réalisation putassière, montage catastrophique...), déplorant un nivellement par le bas réduisant à néant tout le travail qu'avait fourni Tim Burton pour "réhabiliter" le personnage de Batman. Un personnage dont la représentation live se résumait alors à un film et une série 60's certes délicieusement kitschs mais difficiles à transcender, plombant le justicier pour les décennies futures. Burton était parvenu à renouer avec le comic-book originel en remettant en avant l'esthétique gothique et sombre ; Joel Schumacher a sabordé la franchise avec une stupéfiante efficacité, à tel point que le projet du 5ème opus "Batman Begins" a très longtemps été sujet à caution, les noms se succédant à un rythme soutenu au poste de réalisateur potentiel.


Après le retour de Robin dans le 3, l'apparition d'Alicia Silverstone en Batgirl dans le 4. Comme disait Mad Movies à l'époque : la famille s'agrandit... à quand Grand-Pa' Bat ?


Il semblerait que Tim Burton ait été évincé de la franchise Batman après le 2, suite non pas aux résultats du film au box office mais à l'échec de la vente de produits dérivés (échec marketing). Les studios Warner s'étaient alors mis en quête d'un partenaire pouvant l'aider à écouler les tonnes de poupées plastique et autres bat-gadgets pour bambins. Ce partenaire fut Mc Donald, d'où le changement de ton de la franchise dès "Batman Forever", le roi du produit dérivé imposant un réalisateur plus consensuel que Burton, à savoir Joel Schumacher. Ce partenariat est d'ailleurs allé beaucoup plus loin puisque les deux sociétés sont devenues actionnaires l'une de l'autre.


« "Batman & Robin", c'est vraiment une atteinte au bon goût. On devrait fusiller le chef opérateur et pendre les décorateurs avec leurs tripes... » (un forumer un tantinet fielleux)


Gros nanar ou gros navet, "Batman & Robin" demeure l'incarnation du blockbuster friqué où le too much tient lieu de scénario et où tout part à vau-l'eau. Un film dont la valeur nanarde devrait substantiellement s'accroître avec les années...

- Wolfwood -
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Wolfwood
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Hermanniwy
NOTE
0.2/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Nous n'avons eu droit pendant longtemps qu'aux seuls DVD simples de chez "Warner Home Video" pour apprécier la saga de l'homme chauve-souris. Puis, en automne 2005 est enfin sorti la tant attendue édition collector des 4 films (même si c'est surtout pour garder les 2 Burton). L'édition se la joue conscensuelle, avec les éternels documentaires sur la création des costumes et des effets spéciaux, quelques scènes coupées et surtout un commentaire de Joel.

Finalement on critique, on critique mais au moins, l'ami Schumacher rassure quand même un peu les hétéros compléxés que nous sommes en nous prouvant que les homosexuels aussi peuvent avoir mauvais goût !