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Be Somebody… or Be Somebody’s Fool

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Be Somebody… or Be Somebody’s Fool

Titre original : Be Somebody… or Be Somebody’s Fool

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Jeff Margolis

Année : 1984

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 0h52

Genre : Pédagogie nanarde

Acteurs principaux :Mr T, New Edition et une ribambelle de kids chloroformés

John Nada
NOTE
4.5/ 5


Le livre tiré de l'émission !


Attention attention, vous êtes en train de vous lancer dans la lecture d’une chronique tout à fait exceptionnelle, sachez-le, « exceptionnelle » non pour ses qualités stylistiques certes éclatantes mais parce que l’œuvre dont il est question ici… n’est pas un film.






Ca y est, j’anticipe vos « quoi ?!? Mais je croyais que Nanarland c’était le site des mauvais FILMS sympathiques, l’autre hé !! » indignés, et je vous réponds que oui mais merde, souvenez-vous des conseils de Jean-Claude, open your mind, le monde est vaste, le monde est riche et le nanar est ce fougueux petit cheval blanc qui ne supporte ni enclos ni barrière.




Temporairement frappés d’aboulie, nous nous sommes posé la question figurez-vous (chronique ? pas chronique ? quelqu’un reveut des chips ?), jusqu’à ce que, réunie pour l’occasion en séance plénière, la section grenobloise de la Nanarland Team décrète finalement à l’unanimité que oui, « Be Somebody or Be Somebody’s Fool » devait intégrer le site d’une façon ou d’une autre, et c’est à moi qu'est revenu l’insigne honneur de m’acquitter de cette mission.


La chorale du bonheur.


Alors ce truc, c’est quoi ?
Il s’agit d’un programme éducatif pour enfants et préadolescents de 1984 animé par Mr T.
Le Mr T de L’Agence Tous Risques et de Rocky 3 ???
Oui oui, celui-là même. 52 mn de pédagogie nanarde pure et dure baignant dans une esthétique 80’s à s’en faire péter les yeux (une grave rechute après 15 années de sevrage pour mes nerfs optiques, jadis complètement accrocs aux coloris fluo). Une K7 magique qui a dû faire la joie de bien des MJC des Etats-Unis durant cette folle décennie, du moins celles qui étaient alors assez fortunées pour se payer un magnéto VHS ou un Betamax.


Pendant 52 mn, Monsieur Té pousse l’altruisme pédagogique plus loin que ce que tous les parents, grands frères et animateurs de quartiers pourront jamais imaginer.





Morceaux choisis :
Joselito et sa mère se disputent en gros plan. Immédiatement, Mr T vient s’interposer en expliquant à Joselito que non non non il ne doit pas être méchant avec sa maman, parce que d’abord sans elle il n’existerait même pas. Joselito n’a pas le temps de répliquer qu’il n’a jamais demandé à venir au monde que le colosse s’empare d’un micro et entonne un hymne oedipien à la gloire de sa matrice, sourcils arqués et voix de crooner d’arrière-cour façon Barry White du pauvre (« Mother… I always loved her… there is no other… so treat her right, treat her right, yeah ! »). Judicieusement agrémentée de savoureuses illustrations de tendresse maternelle, dire de cette séquence qu’elle laisse sur le cul explose toute notion d’euphémisme.


« Hey wait a minute ! Don’t bring anyone mother into this ! She ain’t here ! And without your mother, you wouldn’t be here. So remember : when you put down one mother, you put down mothers all over the world ! »



« Take care of your mother, you only got one ! »



« oOOOo Mother… »



Si tu ne veux pas subir ma rage, avec maman tu seras sage !


Autre séquence phare, le chapitre intitulé « Peer Pressure » (la pression exercée par l’entourage). Carlito joue avec ses amis. Enthousiaste, plein de vie, il semble être le plus jeune du groupe, alors que ses camarades, eux, ont déjà de bonnes têtes de pré-adolescents, l’âge bête où l’on cherche à s’encanailler pour en imposer aux autres. Le malaise s’installe peu à peu chez le spectateur, qui pressent le pire. Confirmant ses craintes, l’un des garnements sort soudain UNE BIERE, une autre exhibe UNE CIGARETTE. Le visage de Carlito se décompose.


Tout commence lorsque Billy découvre par hasard une Budweiser et un paquet de cigarettes neufs dans une poubelle…


Très vite la bière circule de main en main, la dévergondée exhale longuement la fumée de sa clope avec une fierté belliqueuse, indécente, on devine déjà sur son visage la moue vulgaire de la future pute camée, celle dont on ramassera un jour le cadavre aux bras piquouzés dans un caniveau de la banlieue Est de L.A. Carlito refuse courageusement, autour de lui la mauvaise graine insiste, tente de le corrompre par la force, Carlito résiste, il résiste mais pour combien de temps encore ?


« Everyone of us wants to be accepted by the group. But that doesn’t mean you have to accept everything the group does. »


Le spectateur s’insurge, c’est l’innocence même que l’on tente de pervertir, vas-y Carlito, tiens bon ! Surgis de nulle part, les Jackson Five du pauvre (le groupe New Edition, consternant) font encore monter la tension d’un cran, « Peer pressure, oh peeeeer pressure » miaulent-ils en improvisant une chorégraphie pas très recherchée à quelques mètres du drame.


Sur le plan musical, outre les zigotos sans malice de New Edition, soulignons la participation providentielle de Ice T, décidemment dans tous les bons coups à cette époque (« Breakstreet 1 & 2 »).


L’instant est on ne peut plus grave. Carlito est à la croisée des chemins, à la fourche du « Y » de la vie, face à un choix qui déterminera le reste de son existence. Déjà la catin lui introduit une cigarette dans la bouche. Carlito est au bord du gouffre, sur le point de basculer dans un engrenage infernal. Le temps s’arrête. Le spectateur retient son souffle. Alors Carlito aperçoit son ange gardien, Mr T, oui Mr T qui, bras croisés et sourcils froncés en un regard hautement désapprobateur, lui donne le courage et la force de dire NON. Carlito se dégage, se lève dignement et s’en va comme un petit prince. Carlito est un winner. Bravo Carlito.


Abjecte tentative d’avilissement d’une essence virginale, insoutenable corruption de la pureté incarnée… Carlito, petit ange, RESISTE, leurs âmes à eux sont déjà damnées !



J’adore la dernière vignette (Oh mon Dieu, qu… qu’avons-nous fait ?)


52 minutes de pur bonheur, vous dis-je. Un enchâssement intensif de vidéo-clips flashy gorgés d’une bonne volonté désarmante et de « problèmes » inévitablement abordés sous le prisme implacable du manichéisme (Bien / Pas bien). Des problèmes auxquels Monsieur Té apporte des réponses simples assénées comme autant de vérités inoxydables (l’intraitable « Anger : use it, don’t lose it ! », le classique « Treat you mother right » ou le plus cocasse « Everybody gotta wear clothes. If you don't, you could be arrested »).



« Xena and Zena [are dressed up] for that exciting walk to the grocery store. »





« And here's Marta, our subway sweetheart. Taking the A-Train to fashion (…) With her mustard socks and her ketchup sash, she is a real hot dog. »



« Jeff ! Who's the hippest cat in town. Ain't no doubt when Jeff's around. With pants pegged tight and hair and fitness, he is the eighties nod to fitness splendour… Stay cool, Jeff ! »



« Athena combines the very best of East and West ! »



« Here is Janine, cool as a peppermint ice cream ! »



Reconnaissons que si certains conseils du colosse au grand cœur font sourire (celui qui consiste à exécuter une figure de breakdance lorsqu’on trébuche dans la rue, histoire d’éviter le ridicule d’une chute), d’autres font mouche par leur bon sens. « Calvin Klein ne porterait jamais votre nom à vous sur ses vêtements », explique t-il à sa cour de mouflets, « alors pourquoi est-ce que vous porteriez le sien sur les vôtres ? ». Un conseil que seraient bien inspirés de suivre tous les lascars qui braillent à l’envi qu’ils « niquent la société » mais qui, sur la question des marques, se révèlent souvent les plus serviles commercialement parlant. En substance, Monsieur Té nous explique que « les marques, c’est nul » et on le croit volontiers… jusqu’à la séance suivante qui le montre arborant un énorme logo Adidas !


Allez les kids, faites ce que je dis, pas ce que je fais.



Initiation à la sélection naturelle : dans la jungle urbaine, si t’es un p’tit blanc rondouillard, ça va pas l’faire !




Heureusement Monsieur Té a toujours la solution : il suffit d’utiliser ce paquet de pop-corn pour se lester et travailler son équilibre. Malin !


La question est de savoir si Monsieur Té, parangon de vertu foncièrement sympathique, s’est lancé dans l’aventure « Be Somebody or Be Somebody’s Fool » de sa propre initiative ou s’il a tout simplement répondu à quelque sollicitation bassement commerciale (?) Mon cœur d’enfant me pousse à croire très fort en la première hypothèse, mais j’ai bien l’impression que Monsieur Té arborait quelques chaînes en or supplémentaires dans les dernières séquences…


Dans cette séquence, Monsieur Té nous initie à l’art du rap, car sachez-le : il y a un rap en chacun de nous, il suffit de le trouver.



« Even if you don’t know it, everybody’s got a rap. »



« Rappin’ is like street poetry, allowing you to express your feelings inside. »



BE SOMEBODY ! ! !



Mini bio de Mr T.


De son vrai nom Laurence Tureaud, Mr T est né le 21 mai 1952 dans un ghetto de la banlieue sud de Chicago. Quand il a 5 ans, son père les abandonne, sa mère, ses 11 frères et sœurs et lui. Femme pieuse, Madame T élève seule sa progéniture dans un petit trois pièces avec 87$ d’aides sociales par mois, de l’amour et beaucoup de droiture (« As a kid, I got three meals a day. Oatmeal, miss-a-meal and no meal »). Son influence sur Laurence sera forte (« Any man who doesn't love his momma can't be no friend of mine »). Le quartier dans lequel il grandit est dur, ses frères l’incitent à se muscler pour y survivre (« If you think I'm big, you should see my brothers ! ») et si son adolescence est ponctuellement marquée par de petits écarts de conduite, la crainte du mal qu’il pourrait causer à sa mère si jamais il se retrouvait en prison le tient toujours à l’écart des grosses embrouilles.


Outre ses prestations en tant qu’acteur, Mr T sera prof de gym, membre de la police militaire, garde du corps (de Steve McQueen, Mohammed Ali, Diana Ross…) et surtout catcheur comme partenaire de Hulk Hogan. Un cancer déclaré en 1995 mettra un coup d’arrêt à sa carrière, mais après un long combat Mr T sortira vainqueur de la maladie, allégé de quelques-unes des chaînes en or qui ornaient son cou pour payer son traitement médical (plusieurs kilos de métal jaune d’une valeur totale de 300 000 $ avant sa maladie). Il participe depuis à diverses émissions et publicités et devrait faire une petite apparition clin d’œil dans le film « L’Agence Tous Risques » dont on annonce la sortie pour 2006.




- John Nada -
Moyenne : 3.33 / 5
John Nada
NOTE
4.5/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
4/ 5
Labroche
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
1/ 5
Drexl
NOTE
4/ 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5
Hermanniwy
NOTE
2/ 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

En ces temps où notre belle jeunesse part en vrille et préfère brûler des voitures plutôt que de faire gaiement du hip hop dans les rues en arborant des sourires béats, il serait temps de diffuser le DVD-R de "5 minutes to live" dans toutes les écoles, hélas rarissime depuis la fin de ces passionnés. Heureusement si vous cherhcez un minimum sur Youtube il est disponible en intégralité dans une qualité très VHS vintage.


On se marre, on se marre, mais avouons le, Mr T. Ministre de l'Education ça fait de toute façon plus crédible que tout ceux qui se sont succédé au poste depuis Gilles de Robien.


Encore un accessoire indispensable.