Recherche...

Bruce Contre-Attaque

(1ère publication de cette chronique : 2002)
Bruce Contre-Attaque

Titre original :Xiong Zhong

Titre(s) alternatif(s) :Bruce Le Strikes Back, The Ninja Strikes Back

Réalisateur(s) :Bruce Le, André Koob et Joseph Kong (alias Joseph Velasco)

Producteur(s) :Jean-Marie Pallardy, Dick Randall

Année : 1982

Nationalité : France / Italie / Hong Kong

Durée : 1h24

Genre : Kung Fu nanar

Acteurs principaux :Jean-Marie Pallardy, Hwang Jang Lee, Bruce Le, Bolo Yeung, Dick Randall, Harold Sakata, Casanova Wong, Chick Norris (Corliss Randall), André Koob

Labroche
NOTE
3/ 5


Rares sont les VHS à si haute teneur en nanardise par centimètre de bande… Le "premier kung-fu français", « Bruce Contre-Attaque » alias « La Revanche du Ninja » est réellement hallucinant, ne serait-ce que par sa fiche technique. Le casting est des plus improbables, et le générique reste à lui seul un moment de bonheur :


« Bruce Contre-Attaque » en version anglaise sous-titrée islandais.

 


L'affiche turque.


« Bruce contre-attaque », alias « La Revanche du ninja », est un film réalisé par Bruce Le, avec Bruce Le lui-même, mais aussi une certaine Chick Norris et Jean-Marie Pallody, … Oui vous avez bien lu, il n’y a aucune coquille (sauf pour Jean-Marie Pallardy, dont on a dû maquiller le nom pour ne pas dénoter). Ajoutez-y encore Bolo Yeung (qu'on ne présente plus), Harold Sakata (inoubliable méchant dans « Goldfinger »), Hwang Jang Lee, Casanova Wong et vous aurez un casting comptant ce qui se fait de mieux en matière d’acteurs de série B, la crème des crèmes ! Ici, tout ce que le cinéma d’action des années 1960-70 a produit est maladroitement recyclé dans un fourre-tout assurément jouissif !



Bruce Le. Une petite boule de nerfs qui démarre au quart de tour !

Harold Sakata et Bolo Yeung jouent les vilains de service.


Pour aller vite et vous mettre l’eau à la bouche, il faut savoir que Bruce Le n’est qu’une pâle copie de l’original, mais en beaucoup plus hystérique. Je dirai tout simplement que c’est un petit psychopathe aux nerfs à fleur de peau qui passe son temps à hurler de manière déraisonnablement stridente. On a connu l'acteur plus sobre, mais il se montre ici comme une sorte de caricature exacerbée de l'hilarante mode de la "Bruceploitation".







Festival Bruce Le (Part I) !


Le scénario, assez incompréhensible, mouline à toute allure tous les clichés possibles de la série B aventureuse. Une sorte de course-poursuite internationale sans queue ni tête prétexte à nous saturer les zygomatiques de castagne bon marché et de femmes dénudées. Le film se déroule en Italie, puis en France et se termine du côté de Hong Kong. Bruce Le est trahi par sa bande et doit aider la police à retrouver la fille d’un ambassadeur, enlevée par un méchant chinois. S'ensuivent des bastons invraisemblables et des retournements de situation désopilants, filmés d'une caméra à la fois approximative et hystérique : Harold Sakata ressort son chapeau-frisbee mortel, Bruce Le règle à la fin ses comptes avec Hwang Jang Lee dans le Colisée, en un plagiat totalement éhonté du final de « La Fureur du Dragon », tout y passe !


1er « plan nichon » après seulement 4 mn de métrage… (le record sera battu dans un autre film avec Bruce Le, « La Filière Chinoise »).



Lâche-moi les jarretelles ! (il s’agit d’un film avec Edwige Fenech et Aldo Maccione ! la classe !)



Bruce vole au secours des potiches à un rythme soutenu.


Les scènes d’action sont tout simplement phénoménales : du kung-fu chorégraphié à la va-comme-j'te-pousse tête, filmé un peu n’importe comment... parfois la caméra ne suit pas l’action et l’on se retrouve à contempler un arbre alors que l’on aperçoit un coude qui dépasse sur la gauche (recadrage approximatif de l'éditeur vidéo ? C'est probable).






Bruce Le affronte Harold Sakata, qui en remet une couche dans le rôle du méchant jamesbondien que tout le monde connaît. Le tout sur une musique de James Bond évidemment !


Un cran est encore franchi lorsque les héros sont attaqués par des ninjas. On saute alors à pieds joints dans le surréalisme le plus total : les guerriers encagoulés ont en effet la faculté de disparaître n’importe quand, faculté synonyme de scènes maladroites faites de raccords incertains pour simuler la disparition.


Le repos du guerrier... Sea, sex and sun !




Une décapitation ninja… Nette et sans bavure (pauvre mannequin !).


Notre Jean-Marie Pallardy national (co-producteur du film) fait quant à lui une sympathique apparition dans le rôle d’un réalisateur de film X parisien impliqué dans l’enlèvement. Poursuivi par Bruce Le, il kidnappe un enfant dans le métro. Toujours un régal, surtout quand on aperçoit un papy tout sourire, s’imaginant déjà raconter à sa femme qu’il a assisté au tournage d’un film, tandis que Jean-Marie Pallardy menace de trancher la gorge d’un enfant sous ses yeux.


Excédé que le grand public ne reconnaisse pas son talent, Jean-Marie Pallardy pète les plombs et prend en otage un pauvre enfant innocent…



…sous le regard amusé des figurants. Pauvre John-Mary, personne ne te prend au sérieux !



Ha ha, sacré Jean-Marie !



Non mais qu’est-ce que t’as à rire comme ça, toi !?!



Non arrête Bruce, c’est pas ce que tu crois… quand j’ai vu ce gosse ça m’a rappelé mon film Le Ricain tu comprends…


Décrire toutes les sources de réjouissance de cette rareté relève d’une mission que même Tom Cruise eut trouvée impossible. Insistons tout de même encore sur un point : la musique. Jamais nous n'avons entendu pareil plagiat. Dans le film on trouve pêle-mêle, et tels quels, les thèmes de La Fureur du Dragon et de plusieurs James Bond, c’est dire s’ils n’ont reculé devant rien, car ils ont quand même pris deux des bandes originales les plus identifiables de l’histoire du cinéma ! Egalement reconnus avec certitude : des passages des BO des films de l'époque comme Le Toboggan de la mort (1977), Château de rêves (1978), The Amityville Horror (1979), Hair (1979), ainsi que des versions instrumentales de chansons comme Bridge Over Troubled Water de Simon & Garfunkel. On n'est plus à ça près... A noter que les musiques ne sont pas les mêmes entre la version internationale en anglais et celle en français. On y trouve aussi un certain nombre de morceaux de library music, comme le morceau Kyrie Elei-pop du Pop Concerto Orchestra (version française du film) ou le morceau de disco Life & Fun de Tele Music (version anglaise du film).




Festival Bruce Le (Part II) !


Pour l'anecdote, le premier visionnage de ce film par la team Nanarland, vers 2001 ou 2002, a été effectué sur un rip VHS --> VHS d'une version anglaise sous-titrée en islandais, qui nous avait été envoyée par un fan indécrottable de Jean-Marie Pallardy vivant à Reykjavík. Un grand souvenir !


Hwang Jang Lee, comme souvent dans un rôle de méchant…



Non, cette image n'a pas été retouchée.



Un effet très spécial !


"Bruce contre-attaque" a l'un des génériques les plus dingues du cinéma et ses bizarreries n'ont pas fini d'être énumérées. Une petite confusion a eu lieu notamment à propos du nom « Chick Norris », qui n’apparaît qu’au générique des versions anglo-saxonnes du film. Certains critiques semblaient considérer que Chick Norris est le nom utilisé par Hwang Jang Lee. Nous avons pu depuis établir que Chick Norris est un pseudonyme utilisé par une actrice ("chick" signifiant "gonzesse" en anglais), interprète de la femme-flic italienne, au look très raffiné. Cerise sur le gateau, Chick Norris n'est autre que Corliss Randall, épouse de Dick Randall :


On la voit d’ailleurs donner un coup de tatane à l'occasion :


Un petit détail qui ne fait d'ailleurs qu'ajouter au charme de ce film hors normes... Notons que le réalisateur André Koob et le producteur Dick Randall font par ailleurs chacun une petite apparition clin d'oeil (caméo). Si vous voulez les reconnaître, André Koob joue le policier français qui aide Bruce, et Randall joue le rôle de l'ambassadeur.

Autre anecdote de poids : Gianni Nunnari, futur producteur de "Seven" et de "300", marié un temps avec la top-model Naomi Campbell, aurait commencé comme assistant et figurant sbire sur ce film ! C'est André Koob lui-même qui l'affirme : "A l'époque, il avait une vieille Fiat 500 dont la portière fermait avec un morceau de ficelle, vous pouvez le voir dans le film avec un fusil dans les mains". Comme quoi, le nanar mène à tout !




Gianni Nunnari.


Bruno Zincone est crédité au poste de monteur au générique de Bruce contre-attaque, mais en interview il assure ne pas avoir bossé sur le film, que le montage a sûrement été assuré par un autre monteur qui n'avait pas la carte d'identité professionnelle du CNC, et que Bruno a accepté qu'ils mettent son nom à la place (jusqu'en 2009, il fallait en effet être titulaire d'une carte du CNC pour être crédité). Bruno Zincone a été un collaborateur fidèle de Jean-Marie Pallardy, qui semblait être à l'origine du projet via sa société Les films JMP, avant de devoir refiler le bébé à André Koob.

- Labroche -
Moyenne : 3.08 / 5
Labroche
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Nikita
NOTE
4.5/ 5
Peter Wonkley
NOTE
2/ 5
MrKlaus
NOTE
4/ 5
Barracuda
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5
Drexl
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Devant un tel film, on était en doit d’attendre un feu d’artifice de sorties. Ce fut semble t-il le cas dans le monde où le film fit carrière au ciné et dans une moindre mesure en vidéo.


VHS allemande.



VHS italienne.



VHS américaine, avec un ninja d’opérette.



VHS néerlandaise, avec le même visuel.



VHS norvégienne, avec le même visuel, mais dessiné.


Il n’existe à notre connaissance qu’une seule édition vidéo française, chez "Proserpine", sortie en trois variantes.




Hélas, seuls les Anglais et les Italiens ont pour l'instant daigné rééditer le film en DVD. Les premiers ont sorti chez "Film 2000" un "Ninja Strikes Back" tout simple (piste audio anglaise et basta) où, pour coller au titre, on a crû bon copier-coller le regard de Bruce sur un ninja.


Les seconds, reprenant le titre et le visuel de la sortie ciné d'époque en Italie, ont sorti un ineffable "Bruce Lee vive ancora" (Bruce Lee est toujours vivant !), l'édition ne proposant qu'une piste sonore italienne. Désespérant, le film étant devenu quasiment introuvable chez nous.


Le DVD italien.

Jaquettes en plus