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The Clones of Bruce Lee

(1ère publication de cette chronique : 2005)
The Clones of Bruce Lee

Titre original : The Clones of Bruce Lee

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Joseph Kong

Producteur(s) :Dick Randall

Année : 1980

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h28

Genre : Raël n'a rien inventé

Acteurs principaux :Bruce Le, Bolo Yeung, Bruce Leung, Dragon Lee, Bruce Lai, Bruce Thai, John Benn

Shimano
NOTE
4/ 5


« "The Clones of Bruce Lee" est le "Plan 9 From Outer Space" du cinéma de Hong Kong ». La phrase n'est pas de Christophe Lemaire mais de kungfucinema.com. Face à une telle affirmation, qui voudrait remettre en cause tout un pan du cinéma asiatique, difficile de ne pas rester perplexe. Après visionnage, autant le dire tout de suite : il existe bien pire en la matière, mais ce film reste tout de même une référence tant il se révèle mauvais.

 


Dans l'univers sans scrupules mais néanmoins sympathique de la Bruceploitation, « The Clones of Bruce Lee » fait quasiment figure d'ovni. En effet, là où la plupart de ces films tentent de faire passer de pseudos Bruce Lee pour le vrai aux yeux du public, « The Clones of Bruce Lee », comme son nom l'indique, n'a pas pour but de tromper le spectateur : il y aura du faux Bruce Lee, et à foison !

 


En matière d'imitateurs du petit Dragon, le producteur Dick Randall (grand génie qui financera par la suite des chefs-d'oeuvre comme « Supersonic Man », « For Your Height Only » et « Bruce Contre-Attaque ») et le réalisateur Joseph Velasco alias Joseph Kong (collaborateur régulier de Bruce Le pour qui il réalisera plusieurs films) ont mis le paquet. Certes, point de Bruce Li, peut être trop cher et trop prestigieux, ni de Bruce Baron (qui, à cause de sa moustache vigoureuse, n'a aucune ressemblance avec Bruce Lee), ni de Bruce Campbell (heu... je finis la chronique et je sors...) mais… Bruce Le. Oui Bruce Le qui, s'il ne s'exprimait pas qu'à base de petits cris absurdes, serait presque un bon fils spirituel de Bruce Lee.

Dans cette épique aventure, l'épauleront tout de même pas moins de trois autres fakes, certes moins connus car moins charismatiques, à savoir Bruce Lai, Bruce Thai, et Dragon Lee. Ajoutez à cela le massif Bolo Yeung et de supers acteurs hauts en couleurs comme Tao Chiang et la légende est en marche...


Bruce Le, sûrement sous amphétamines.



Dragon Lee, sûrement celui qui en rajoute le plus.



Bruce Lai, sûrement recalé pour la nuit des sosies d'Evelyne Thomas.

Autant les autres films du genre essaient de se présenter comme de fringants films de kung-fu en repompant le patronyme de Bruce Lee dans le titre et en usant de superbes affiches trompeuses, autant « The Clones of Bruce Lee » passerait presque pour un nanar volontaire dans la mesure où l'on sait déjà que Bruce Lee ne sera pas dans le film. L'histoire est l'image même de ce qu'est la bruceploitation : Bruce Lee est mort, vive les faux Bruce !


Pour comparer, on peut apercevoir Bruce Lee dans ce film sous formes d'images d'archives.

Le scénario, loin des fresques à la Godfrey Ho, se tient sur une page. A sa mort, Bruce Lee est cloné par un scientifique à la demande du SBI, les services secrets britanniques. A partir de là seront créés trois Bruce Lee dont le but est d'éliminer le démoniaque Docteur Ny (lointain cousin asiatique du Docteur No) qui cherche à conquérir le monde avec un super désherbant à base de saumure et des hommes qu'il transforme en bronze (!).

On démarre donc à l'hôpital où le petit Dragon est admis d'urgence au service de réanimation. Malheureusement pour lui comme pour ses millions de fans, il décède, la faute peut-être à un matériel vétuste et une équipe médicale nanar peu compétente. Son ADN est prélevé par le scientifique John Benn (joué par... John Benn, un Occidental habitué du circuit) pour le compte d’un certain Monsieur Collin, qui travaille au SBI, Special Branch of Investigation, pour la Grande-Bretagne.


Vu la gueule du staff, comment donner un espoir de survie à Bruce Lee ?



Les deux seuls Occidentaux du film : le scientifique et l'agent secret britannique.

Grâce à son stroboscope, notre scientifique va créer trois clones de Bruce Lee, à savoir Bruce Lee n°2 (Bruce Le), Bruce Lee n°3 (Bruce Lai), et... Bruce Lee n°1 (Dragon Lee), dans cet ordre. Tel un hypnotiseur, il leur fait faire ce qu'il veut, il suffit juste qu'il leur parle dans un micro. Je ne suis pas docteur en sciences ni expert en clonage, mais il me semble que le principe du clone est de ressembler en tous points à l'original. Le fait de faire un film de Bruceploitation en mettant en scène un seul faux Bruce Lee passe encore (on se dit : tiens ? Il a changé Bruce Lee !), mais en caser plusieurs dans le même film vire au gag burlesque. Le problème est qu'en plus de ne pas se ressembler, ces Bruce contrefaits sont de vraies loques. Autant ils ont pu vaguement hériter du physique de Bruce Lee, autant le charisme et le talent n'y est pas.


Oui, Monsieur Randall, je crois que ça ne va pas aller, votre stroboscope, on n'y croît pas une seconde. Ah, en plus je parle dans un faux téléphone !



Si cela a marché sur Bruce, pourquoi pas chez les Raëliens ?



John Benn, très mauvais en scientifique (ou très mauvais tout court).


Bruce Le, avec 2 grammes d'alcool dans le sang.

Solution : entraînement solide avec le grand Bolo Yeung, et cassage de planches, briques et personnages. Après un démarrage un peu lent (faut bien poser l'histoire afin de saisir qui est qui), les scènes d'entraînement, premières séquences montrant nos Bruce en action, assurent au film des passages forts jouissifs. On sombre ici dans le cabotinage extrême, le grand n'importe quoi... et ça dure dix bonnes minutes ! C'est à se demander si Jacques Vabre n'a pas sponsorisé le film tant Bruce Le semble surexcité. A l'inverse, le "coach" Bolo Yeung semble ailleurs, signe que la motivation n'y est probablement pas. Autre détail significatif de nanardise : la bande-son. Ici, pas la peine de chercher loin, Sylvester Stallone aussi aimait castagner dans le vide, s'entraîner en forêt... la BO de "Rocky" fera parfaitement l'affaire (on retrouve aussi le thème des "Guerriers de la nuit" de Walter Hill).


Alors comme ça, on veut me voler la vedette ? A la limite OK, pas de problème...


La vraie différence entre Le et Lee : le second n'aurait pas eu besoin que l'on lui pré-casse sa planche...



...bah ouais forcément tout devient plus facile !



Bien sûr, sur ce coup-là, je ne peux rien prouver...



...enfin quand même !

Le Bruce n°1, en revanche, sait déjà se battre et se fait donc dispenser du passage chez Bolo. Il se fait engager en tant qu'acteur, mais officieusement enquête sur un trafic. Il est un peu dommage de voir ce clone agir en solitaire : au final, il faut attendre le dernier tiers du film pour le voir intervenir auprès de ses "frères". De plus les scènes de Dragon Lee sont indépendantes de la trame du scénario, à tel point que l'on se demande si elles ne sont pas là uniquement pour lui faire de la promo pour les films à venir. Pour ce qui est de son jeu d'acteur, Dragon Lee surjoue comme c'est pas permis. Autant Bruce Lee pourrait rigoler dans sa tombe à la vue d'un Bruce Le sous caféine, autant la vue de Dragon Lee pourrait lui donner l'envie de coller des baffes. En conséquence j'éprouverais presque de la sympathie pour Bruce Le, même s'il crie moins que d'habitude, comme s'il savait que la star, c'est Dragon Lee. Le troisième larron, Bruce Lai, est plutôt discret et discipliné, pour de pas dire mou et sans une once de charisme.

Le film nous gratifie par ailleurs d'une scène fort sympathique : un entraînement avec Tao Chiang dans la continuité de celui avec Bolo Yeung. Avec son pyjama mauve et ses mimiques de combat, cet acteur dégage un style digne des plus grands. Egalement connu sous le nom de Donald Kong, il passera comme bien d'autres chez Godfrey Ho, notamment dans « Diamond Ninja Force », aux côtés de Richard Harrison et Shô Kosugi.


Toi, tu m'énerves !



Au programme, maniement de Rubiks'cub invisible.



Tao Chiang, excellentissime, avec sa gestuelle inimitable.



Appréciez le look du réalisateur, en particulier la casquette "Paris".

Les deux autres Bruce, eux, sont envoyés à Bangkok pour accomplir leur mission. Vous avez peut-être remarqué que cinq Bruce figurent au casting, alors que les clones ne sont que trois, et même si le corps du Bruce Lee du début du film est encore un autre fake. Entre alors en jeu Bruce Thai, dans le rôle de Chuck (!). Il est leur guide en Thaïlande. Je ne comprends pas pourquoi ils ne l'ont pas pris en tant que clone, dans la mesure où finalement il s’avère plus ressemblant que d'autres copies. La distribution compte un cinquième autre faux Bruce, en la personne de Bruce Liang alias Bruce Leung, qui ne joue pas non plus un rôle de clone (il fait une apparition dans le rôle de l'un des adversaires de Dragon Lee). Etrangement, la distribution occidentale rate l'occasion de le créditer correctement : Liang est cité au générique sous son nom chinois de Siu Lung Leung.

A partir de ce point du métrage, les Bruce sont affublés d'immondes lunettes de soleil "à la Bruce Lee", dignes des plus grands beaufs d'Allemagne et d’Australie, qui permettent surtout de rendre les clones plus ressemblants entre eux (on ne me fera pas croire que c'est pour se protéger du soleil !)





La partie tournée en Thaïlande nous gratifie selon moi des meilleures séquences du film, contrastant agréablement avec une première partie un peu molle (exception faite de l'entraînement). Nos deux Bruce et Chuck s'activent enfin et l’indigence du budget éclate enfin au grand jour. Car autant les scènes d'entraînement et de combat pâtissent rarement des carences pécuniaires, autant le côté "scientifique" de ce film de kung-fu révèle cruellement l’indigence de la production. Si la séquence du clonage au stroboscope dans une cave était grotesque, les scènes jouées dans le prétendu "laboratoire" du Docteur Ny le sont au moins tout autant.
On retrouve dans la partie thaïlandaise, entre autres :
- La fabrication d'hommes de bronze dans les locaux (je ne peux décemment pas appeler ça un laboratoire), sous l'oeil de l'effroyable Dr Ny :



- Un sbire à moustache et dentition invraisemblables :

- Une tentative d'homicide au couteau en plastique de la part d'une femme nue :

- Des tests de solidité sur les hommes de bronze :

Mais surtout, une séquence de cinq bonnes minutes entièrement constituée de plans nichons et apparentés, bien évidemment d’une exemplaire gratuité, qui intervient au beau milieu de deux plans touristiques de Bangkok :


Image involontairement agrandie.



Magie de la VHS, contrairement aux filles, nos Bruce en slip sont cryptés !



Imaginez sept filles nues sur la plage en train de se malaxer la poitrine, même chez Max Pécas ça ne se fait pas !



Le voyeur de service...



...se fait poursuivre par le gang...


...et bang.



Les Bruce ont suivi la scène, mais décident de ne pas intervenir. Ainsi, même si on s’en doutait, on peut dès lors l'affirmer : la scène est purement gratuite.

Avec leur corps partiellement imbibés de peinture jaunâtre, ces hommes de bronze en slip sont réellement indestructibles, et clone de Bruce Lee ou non, aucun moyen de s'en défaire. Il existe tout de même une solution pour mettre fin à ce carnage (sinon c'est pas marrant), le genre d'antidote imparable mais éminemment grotesque...

Le film va crescendo avec une succession d'affrontements dignes des qualifications des tournois de Dragon Ball : les Bruce contre le Docteur Ny, contre Bolo, les Bruce entre eux et un adversaire final qui, si vous captez bien la chronique, ne doit pas être compliqué à trouver.


Trop facile !



Trop consterné !

Au final, « The Clones of Bruce Lee » reste tout de même un must, sans être pour autant le meilleur dans son domaine. On lui reprochera juste certaines lenteurs. Chorégraphiées par Bruce Le, les scènes de combat ne sont franchement pas excellentes, même si Bolo Yeung et Tao Chiang sauvent la mise. La réalisation est quant à elle déplorable, ce qui, sur ce point, mériterait peut-être effectivement le qualificatif de « Plan 9 hongkongais ». Maintenant comme convenu, je vais sortir.

- Shimano -
Moyenne : 2.92 / 5
Shimano
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
2.75/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
John Nada
NOTE
3.25/ 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

A l'automne 2015, des passionnés espagnols ont proposé en ligne une édition blu-ray splendide, patiemment numérisée image par image à partir d'une copie 35 mm du film. Cette édition comporte des pistes audio en anglais, en allemand et en espagnol sans sous-titres, et n'a été tirée qu'à 100 exemplaires, déjà vendus.

En France, il semblerait que le film n'ait fait l'objet d'aucune édition VHS, ou alors tout au mieux sous forme de jaquette volante. Aucune édition DVD existante ou prévue (espérons que Bach films fera un petit effort).


Le film existe cependant en VHS à l'étranger, comme par exemple en Allemagne, en Italie, et bien sûr aux Etats-Unis.

 


Vous pouvez sinon vous rabattre sur l'édition DVD américaine "Dragon 4-pack" de chez "VideoAsia", qu’il est bien difficile de louper en raison de la présence de Bruce Le en couverture avec ses lunettes immondes. Ce DVD double face rassemble en tout quatre films avec « Bruce's Fist of Vengeance », « Big Boss II », « Bruce Lee's Deadly Kung Fu » et donc « The Clones of Bruce Lee ». Un gros bémol cependant : l'image est de qualité très moyenne, et le doublage anglais, déjà mal fait, est décalé de deux secondes à partir des deux tiers du film.


Sachez aussi que "5minutestolive.com" a édité un DVD-R.

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