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Le Colosse de Hong Kong

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Le Colosse de Hong Kong

Titre original :Xing Xing Wang

Titre(s) alternatif(s) :Le colosse du Congo, Goliathon, The Mighty Pekin Man

Réalisateur(s) :Meng-Hwa Ho

Année : 1977

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h26

Genre : Destructeur

Acteurs principaux :Evelyne Kraft, Danny Lee, Theodore Thomas, Steve Nicholson

LeRôdeur
NOTE
4/ 5


Dans les Indes himalayennes, un gigangrotesque gorille terrorise la population en écrasant des maquettes de paillotes et en éboulant du carton-pâte sur la tête de pauvres figurants.

The Giant Bonhomme en Mousse : l'horrible invasion.

Piétinage de maquettes.


Une équipe de Hongkongais décide de s'en aller capturer l'affreux afin de l'exposer dans un cirque. Il est rapidement décidé que le chef de la mission sera un certain Johnny car c'est un grand aventurier et qu'il a un prénom de héros. Johnny, qui passe son temps à se torcher au cognac dans des bars interlopes depuis qu'il a découvert que sa femme couchait avec son frère, se laisse rapidement convaincre de prendre la tête de l'expédition :

"- Johnny, je viens vous demander de vous charger d'une grande expédition dans la jungle indienne, dites moi que vous acceptez !
- D'accord !"

Et hop ! C'est parti ! Au moins ici on ne perd pas son temps en dialogues stériles.

Johnny : notre héros.


L'expédition se rend donc benoîtement à la chasse au gorille géant dans des carrioles tractées par des bœufs, quand soudain surgissent des stock-shots d'éléphants diffusés en accéléré. Pas de problème pour Johnny ! Rompu qu'il est au combat contre des stock-shots d'éléphanteaux, il a tôt fait de sortir son équipe de ce mauvais pas. Ouf !

Le convoi.

Une attaque de stock-shot.

Les cowboys du far east.

BANG ! Meurt maudit stock-shot d'éléphanteau !


Et puis c'est un tigre qui s'attaque au convoi. Devant la menace, les membres de l'expédition ont le réflexe qui s'impose : ils sautent à pieds joints dans un petit carré de sables mouvants qui a l'air d'avoir été creusé spécialement pour eux par la production.

Oh ! Un tigre !

Vite ! Sautons à pieds joints dans les sables mouvants !


Un figurant s'oppose courageusement au tigre mais n'ayant pas l'expérience de Johnny, il se fait boulotter une jambe. Devant cette faillite complète, Johnny est contraint d'intervenir pour neutraliser le fauve mangeur d'homme qui se révèle assez lymphatique, en définitive. Re-ouf !

Un figurant attaqué par une réplique du tigre en mousse.

AAARGHL !

Johnny maîtrise l'horrible bête.


Enfin, après quelques péripéties dans la jungle hostile, l'expédition arrive près du repère du singe, remontant la piste de la bête grâce aux larges empreintes qu'elle a laissées dans la vase, un peu comme on fait dans les films de gorilles géants.

L'empreinte du colosse.


Le lendemain matin, ah que Johnny a l'idée d'aller faire un tour tout seul sur la petite colline, là bas, dans le fond. Et ce, sans aucune justification scénaristique autre que celle de marcher dans l'herbe. C'est alors qu'il est subitement arraché du sol par une main velue du ciel. Damned ! C'est le COLOSSE (pas encore) DE HONG KONG !!! Parvenant à se libérer, Johnny s'enfuit dans la jungle mais, poursuivi par une incrustation menaçante de gorille en mousse, il semble bien courir vers la mort certaine qui est dans son dos.

Attention Johnny ! Y'a une bête !

Cours Johnny ! Cours !


On croit notre héros perdu quand soudain, coup de théâtre : une jolie blonde plus ou moins vêtue d'un pagne déboule telle une furie et s'interpose entre l'homme et la bête. Oui, vous l'avez tous reconnue : c'est elle, c'est Tarzanne, la soeur à Christophe Lambert.

Et en plus, elle fait super bien de la liane.


De son vrai prénom, Samantha, voici l'horrible histoire qu'elle nous mime : alors qu'elle survolait la jungle avec ses parents un soir d'orage, la jeune Samantha vit son avion s'écraser. Seule survivante du désastre, elle fut recueillie par le colosse de Hong Kong qui lui voue désormais un amour indéfectible. Depuis, elle vit les joies simples de toute survivante de la jungle qui se respecte, comme Zembla mais en mieux roulée : elle parle aux animaux, embrasse les tigres et se nourrit de noix de cocos qu'elle va décrocher elle-même en grimpant à l'arbre pendant qu'un caméraman vicelard filme sous son pagne (eh non ! désolé, vous ne verrez pas les caps ! pas de ça chez nous !).

Samantha mime un avion.


Johnny flashe instantanément sur cette femme si désirable et si bien maquillée, pour une sauvage. Pour la peine, il va se charger de lui faire découvrir la civilisation en la violant dans une grotte (non, non, n'insistez pas ! pas de caps !) et ce, après le clip-émotion de circonstance où les deux tourtereaux se courent après cheveux-z'au-vent et font tournoyer des panthères au ralenti. C'est beau, l'amour.

Samantha et son manteau de fourrure vivant.


L'amour c'est beau, mais comme chacun sait, ça attire les serpents (si, si ! relisez la Bible !). Et de fait, un cobra vient mâchouiller la jambe à Samantha d'une manière impromptue. Johnny extrait le venin en suçotant l'intérieur de la cuisse de sa copine qui pousse des petits cris orgasmiques de douleur qui ne trompent personne : c'est une manière habile de contourner la censure pour nous caser une scène crypto-érotique sans trop susciter de questions chez le public le plus jeune et on s'en félicite (bon OK ! vous l'aurez voulu ! voilà des caps…)

- " Dis papa, qu'est-ce qu'il fait le monsieur ?
- Et bien heu... il extrait le venin du serpent de la cuisse de la dame !"

-" Et pourquoi elle crie comme ça la dame ?
- Bah heu... c'est parce qu'elle a très mal ! "


Samantha sera sauvée grâce aux soins buccaux prodigués par Johnny et grâce également au colosse qui connaît parfaitement le secret des plantes médicinales. Une preuve supplémentaire que les gorilles géants ont des gènes en commun avec Rika Zaraï.

 


Puis, Johnny et Samantha décident de quitter la jungle pour la civilisation. Le temps de dire au revoir à des copains éléphants, et pouf ! les voilà partis. Le colosse les suit jusqu'à un village où il re-terrorise la population et se fait capturer par les Hong kongais qui l'enchaînent à un bateau selon un mode opératoire qui ne nous sera pas dévoilé (comment une poignée d'explorateurs réussit à transporter un animal de plusieurs milliers de tonnes à travers la jungle ? C'est l'énigme récurrente de tous les films de gorilles géants). Quoiqu'il en soit, le colosse de Hong Kong arrive à Hong Kong, d'où son nom. Placé en cage, on l'exhibe dans des stades où on l'oblige à lutter contre des camions miniatures.

Le colosse est prisonnier.

Le colosse lutte contre des camions.


Le drame survient lorsqu'un méchant Chinois tente d'arracher le soutif en peau de bête de Samantha (non, non ! ça suffit comme ça les caps !). Le colosse, fou de jalousie, se libère de sa cage et s'en va casser un nombre impressionnant de maquettes d'immeubles pendant que Samantha se réfugie en haut d'un lampadaire.

Le colosse bousille des maquettes.

Le colosse attend le bus.


Tout se passe bien pour le colosse qui ratatine tout d'un air jovial. Malheureusement, il semble bien que les gorilles géants lâchés dans une ville soient condamnés à reproduire sans cesse les mêmes erreurs : en effet, le colosse à l'idée – le croirez-vous – d'aller se percher avec sa blonde en haut d'un building (m'enfin, il va jamais au ciné ou quoi ce colosse ? ça fait depuis 1933 que tous les gorilles géants se font avoir comme ça !). Mitraillé par des hélicos puis incendié, le colosse n'en réchappera pas. Sa copine Samantha non plus d'ailleurs, et ce malgré les efforts de Johnny pour empêcher les militaires d'allumer le feu.

Le colosse lutte contre un hélicoptère.

La mort du colosse.


Tant pis pour toi, colosse ! T'avais qu'à être moins Kong...

Produit par les Shaw Brothers Studio en 1977, The Mighty Peking Man est, tout le monde l'a deviné, un décalque maladroit du remake de King Kong de John Guillermin sorti deux ans plus tôt. Il constitue par ailleurs l'un des rares films de monstres en provenance de Hong Kong. Ce genre (appelé KaiJu) était jusque là une spécialité japonaise, popularisée par la firme Toho (Godzilla, Mothra...) et son réalisateur vedette Inoshiro Honda, l'empereur du costume en latex, du décor peint et de l'écrabouillage de maquettes (on n'utilisait que très rarement l'animation en stop-motion et les monstres mécaniques dans le Kai-Ju asiatique, contrairement à la tradition américano-européenne). Ayant bénéficié d'un budget sans doute confortable par rapport à la production locale, le résultat n'en est pas moins catastrophique malgré l'implication d'une équipe japonaise enrôlée pour l'occasion. A force de vouloir trop imiter son modèle, le film s'expose de lui-même aux comparaisons peu flatteuses et se réduit en définitive à un plagiat fauché, King Kong moche, aux transparences bâclées, dans lequel un comédien déguisé s'amuse à broyer de la maquette. Comme dans toutes les bonnes séries Z, il reste malgré tout suffisamment d'idées déviantes, de plans mal foutus et de développements scénaristiques hasardeux pour surprendre et contenter le nanardeur. Entre les emprunts au western, à Simbad, Daktari et autres Tarzan, le jeu assez lamentable des comédiens et les trucages moisis, il y a de quoi passer un bon moment !

 

Du côté des acteurs, on relèvera la présence de Danny Lee dans le rôle du héros, un comédien très utilisé par le ciné hongkongais. Le rôle de la Jessica Lange de service est tenue par la Suissesse Evelyne Kraft, qui débuta dans Meurtre dans la 17ème Avenue, une coproduction franco-italienne de chez Eurociné (décidément, ils sont partout !), on la vit ensuite avec des fausses dents en plastoc dans un Dracula allemand (Lady Dracula), avant de venir s'échouer à Hong Kong où elle tourna également une resucée de Charlie's Angels (Drôles de dames) : Deadly Angels (Les Anges de la Mort).

Le colosse est coquin.


A noter que ce film n'est pas le premier King Kong asiatique de l'histoire. Inoshiro Honda en avait déjà livré deux auparavant, et de manière tout à fait officielle puisque la Toho avait racheté les droits à la firme américaine RKO. L'un, King Kong contre Godzilla, est resté assez mythique avec sa bagarre sur le mont Fuji ; l'autre, King Kong s'est échappé, où le primate affrontait un double mécanique sur la tour de télécommunications de Tokyo, est totalement pitoyable et détient haut la main le record du gorille géant le plus hideux (il louche et il a une fermeture éclair dans le dos !). Il faut rajouter à cette liste une bonne dizaine de sous-produits occidentaux comme Queen Kong mais aussi Kong, King Kong 2, Monsieur Joe ou le parodique Schlock de John Landis. On n'est sans doute pas encore au bout de nos surprises avec les gorilles géants.


L'affiche américaine (Goliathon : Mo-bi-li-sez vous !)

- LeRôdeur -
Moyenne : 4.00 / 5
LeRôdeur
NOTE
4/ 5
Mayonne
NOTE
4/ 5
John Nada
NOTE
4/ 5
Nikita
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
5/ 5
TantePony
NOTE
4/ 5
Labroche
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
Wallflowers
NOTE
4/ 5
Drexl
NOTE
4.5/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Nombreux sont les sites Internet qui citent ce film, devenu au fil du temps une sorte d'icône kitsch. Le Colosse de Hong Kong resta longtemps malheureusement difficile à trouver en VF (la Cinémathèque Française en possède une copie qu'elle projette lors de ses soirées bis).


Et puis les éditeurs DVD furent touchés par la grâce (ou avaient déjà épuisé le catalogue de tout ce qu'ils pouvaient déjà fourguer, allez savoir) et décidèrent de nous offrir le film en copie restaurée VO/VF avec une interview de Christophe Lemaire pour nous mettre en appétit ! Ah les braves gens ! Mais qui sont ces bienfaiteurs de l'humanité que nous les serrions bien fort dans nos bras !
Euh... "TF1 Vidéo"...
Hein ?
Ben si...
En fait je vous rassure, il ne font que distribuer pour l'éditeur "CTV" dans leur collection "Shaw Brothers". N'empêche, ça fait curieux...
Bon ben, je vais aussi leur acheter Dolmen pour les remercier...
Bon, si vraiment vous avez trop honte d'acheter un DVD "TF1 vidéo" vous avez également deux éditions DVD en import américain, dont l'une en Z1 dans la boîte de Quentin Tarantino ("Rolling Thunder Pictures", en fait "Miramax").


Et même, merveille des merveilles, une édition blu-ray chez "Way Go USA". Hélas elle est en zone 1 avec juste un doublage anglais et pas de bonus.


En Asie, le film a fait l'objet de nombreux VCD mais il existe (au moins) deux autres éditions intéressantes en Z3 chez "Intercontinental Video Limited" dans son catalogue de rééditions des films de la Shaw Brothers Studios. On le trouve soit en chinois (traditionnel ou simplifié) soit en japonais. Il y a dans les deux cas des sous-titres anglais et même une interview de Meng Hwa Ho dans la version nippone.


Version japonaise.


Version chinoise.

Pour les collectionneurs invétérés, il reste les cassettes vertes de chez "Socaï" ou "U.S. Vidéo" (la même boîte semble t-il au vu des visuels quasi identiques).

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