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Contrat pour la mort

(1ère publication de cette chronique : 2010)
Contrat pour la mort

Titre original :Bruce the Super Hero

Titre(s) alternatif(s) :Super Hero

Réalisateur(s) :Bruce Le

Année : 1979

Nationalité : Etats-Unis / Philippines / Hong-Kong

Durée : 1h29

Genre : Tant va le Bruce à Le qu'à la fin il se casse

Acteurs principaux :Bruce Le, Bolo Yeung, Mike Cohen, Kong Do, Lito Lapid, Azenith Briones

Kobal
NOTE
1/ 5





Manille, tard le soir. Susan, jeune antiquaire, est mortellement molestée par une bande de voyous. Ce banal fait divers aurait pu sombrer dans l'oubli à tout jamais, s'il n'avait initié une réaction en chaîne dont l'aboutissement tragique allait être... La colère de Bruce Le ! Car la défunte était la cousine (préférée ?) du Petit Dragon alternatif qui n'a alors plus le choix : il doit venir nettoyer les bas-fonds manillais afin de restaurer l'honneur familial.



Bruce the Super Megalo.


Rien que ça.


Dick Randall, l'homme qui a inventé le concept de "nanar international".



Responsable du drame, la Société du Dragon Noir serre les fesses. Elle convoque immédiatement une assemblée extraordinaire du syndicat international du crime afin d'éclaircir le scénario et d'établir un plan d'action. Chinois, Japonais, Italiens et Mike Cohen sont là. La situation est la suivante : de par son héritage, Susan possédait le manche d'un poignard qui contient une carte au trésor. Cette carte décrit en effet l'emplacement de lingots d'or volés pendant la 2nde Guerre mondiale aux Américains par les Nippons, et cachés aux Philippines. Las, nulle trace du manche chez Susan. Cependant, des sources inconnues prétendent qu'avant de trépasser, celle-ci aurait confié une clé à un valeureux quidam qui lui était inutilement venu en aide.


Martel (Azenith Briones, obscur gweilo à l'intrigant prénom) n'est pas du genre à se mettre lui-même en tête.


Don Astasio Killiam (Mike Cohen) motive les troupes : "Rappelez-vous ce qui est arrivé à Chicago, à New York... Corsica ! Si vous n'apportez que vos muscles ici, vous n'allez attirer d'abord à vous que catastrophe, massacre, pauvreté."


Rappelons que Mike Cohen a connu la célébrité pour son rôle de Le Parrain dans le roman-photo du Rôdeur. Cette œuvre littéraire a d'ailleurs été adaptée en film sous le titre "Laser Force".



Le temps est donc venu de lancer "l'opération contre tous les pays d'Asie". Non, je ne sais pas ce que c'est. Ça se traduit essentiellement à l'écran par un prudent attentisme qui consiste à engager des tueurs et à les faire s'affronter dans des arènes, histoire de bien s'assurer de leurs compétences à casser du sbire de manière divertissante (et se la jouer "Opération Dragon" du pauvre). En effet, les héros font tout le boulot pour retrouver le trésor, alors pourquoi se casser la tête. A la rigueur, la Société du Dragon Noir veut bien participer à l'effort en leur envoyant de temps à autres quelques figurants à latter, ça stimule toujours.


En sicaire de la mafia, nous retrouvons le sympathique Bolo Yeung, incontournable second couteau du cinéma asiatique. Ici, il incarne un expert en karaté du nom de Peter Sales. Sa spécialité : tuer des zébus à coups d'atémi. D'où son surnom fort à-propos de "tueur de zébus".



La preuve en images.


Autre tueur de la mafia et autre second couteau, Kong Do (alias Tao Chang). On le retrouve dans une palanquée de films, dont les bruce flicks "Enter 3 Dragons", "Le Cri qui tue", "The Clones of Bruce Lee", "Black Kung Fu contre Hong Kong Connection"...



Tournons-nous alors vers la coalition anti-crime et pro-vengeance. D'un côté, nous avons le fameux quidam du début. Il se fait appeler Rocky le Boxeur (l'étalon philippin, c'était déjà pris), vit chichement et se serait bien passé de toute cette histoire. D'autant qu'il doit compter son bien-aimé père comme victime collatérale de la crapulerie locale. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Interpol, décidément de tous les bons coups, lui tombe sur le râble afin de lui mettre un bon coup de pression. Résultat, c'est lui qui doit faire avancer le film.


Rocky le Boxeur est interprété par Lito Lapid, prolifique acteur philippin à la filmographie impressionnante (il tournait encore en 2006). Il est actuellement Sénateur, après avoir été Gouverneur de Pampanga pendant 10 ans. Un mélange des genres courant aux Philippines : Joseph Estrada, autre acteur célèbre, a été lui-même président du pays de 1998 à 2001, avant d'être victime d'une procédure d'impeachment puis d'être gracié d'une condamnation à la prison à perpétuité. Un vrai serial !



Bah oui, parce que pendant que le pauvre Rocky doit se triturer les méninges et se dépatouiller de sa relation amoureuse naissante avec l'agent Platine, qu'est-ce qu'il fait, le Bruce Le ? Et bien j'ai envie de dire, comme d'hab' dès qu'il vient à Manille : il fait la tournée des discothèques afin d'écouter des remakes philippins de tubes disco (en l'occurrence, Hot Stuff). A sa décharge, c'est un passage obligé de tout film tourné sur l'archipel. A croire que c'était une condition dictée par le ministère du tourisme. Boîtes de nuit glauques aux spots flashy et musique disco, les deux mamelles économiques des Philippines.


Des p'tite pépées philippines...


...qui passionnent Bruce Cheng (Bruce Le).


L'aéroport de Manille est un autre lieu de prédilection pour Bruce.



Bon, ne soyons pas rude. Reconnaissons à Bruce Le qu'à chacune de ses apparitions, il assure une séquence de baston. C'est son truc, la baston. Par contre, l'enquête, non, très peu pour lui. Même que ses bastons n'apportent aucun indice, non, c'est juste pour le plaisir du travail de tatane bien fait. Et une fois que c'est fini, il se casse, on ne le voit plus jusqu'à la prochaine altercation. Même quand il retrouve enfin Rocky le Boxeur, il lui fout sur la goule avant de comprendre son erreur... et de disparaître à nouveau en lui laissant encore une fois tout le taf.


Il faut toujours en venir aux mains avant de pouvoir se les serrer.



Alors le Bruce, il a beau jeu de se mettre en avant et de s'auto-proclamer "le prince du kung-fu". Certes il réalise, chorégraphie, produit, etc., certes c'est son premier film derrière la caméra, mais nous, on nous vend du Bruce Le et au final, on a droit à du Rocky ! A ce compte-là, fallait aller jusqu'au bout et titrer "Rocky le Boxeur the Super Hero", non ?
Et puis je veux pas critiquer le travail technique de monsieur Le, mais niveau montage, c'est pas trop ça. Pourquoi assiste-t-on deux fois à la même révélation par Interpol devant un Rocky toujours aussi surpris ? Mh ? Le ? Ah bah il a encore filé le bougre !


C'est pas la peine de nous faire ton regard de chien battu.



C'est pas tout ça, mais pendant qu'on cause, le scénario progresse et le trésor est enfin découvert dans une grotte manillaise. Mais c'était oublier le syndicat du crime qui se décide enfin à intervenir en larguant une cargaison de combattants improbables et vaguement inter-ethniques. Car aux Philippines, tout ne finit pas en chansons mais bel et bien en bastons. Heureusement pour Bruce qui peut enfin servir à quelque chose : c'est distribution générale et généreuse de bourre-pif jusqu'à un ultime affrontement 100% nanar.



Exotisme au pays du karaté (y'a même un sous-Jim Kelly !).



Car son dernier adversaire ne se remet pas d'une précédente défaite face au petit prince (l'occasion d'un flash-back mal introduit) et il a en conséquence peaufiné sa technique de la boxe du serpent. A savoir qu'il se bat... avec une main serpent. Ou un gant-chaussette/arme de guerre traditionnelle et méconnue, je ne sais pas trop, il doit y avoir une métaphore quelque part. En tout cas, Bruce Le, ça ne l'émeut pas plus que ça, et il se met à bouger frénétiquement les bras. Qu'est-ce que... Va-t-il se transformer en ninja ? Ah non, il fait sa danse préparatoire à la pratique de la boxe de l'aigle. Et bien oui, l'aigle est le prédateur naturel du serpent, et pour les incrédules, Bruce a même prévu d'insérer du snuff animalier afin d'illustrer sa baston. Alors certes, ce genre de procédé est fortement critiquable, mais je dois avouer que cela surgit avec une telle soudaineté que les défenses éthiques n'ont pas le temps de s'ériger face au rire.


Le poing du serpent ! Y'a un p'tit côté "Edward Penis Hands".


Hop, contre-attaque de l'aigle !


Ou plutôt du faucon, mais on va pas chipoter.


La mort de l'escargot ?



Alors, "Contrat pour la mort", nanar ou pas ? Et bien j'assumerai ma nature normande en vous répondant "p'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non". Car ce film ne dépareille pas vraiment du tout-venant de la production est-asiatique de l'époque, avec ses acteurs indolents et son squelette scénaristique justifiant vaguement ses scènes d'action martiale. Mais l'ambiance si singulière à ce type de cinéma, le plaisir de retrouver Bolo qui éclate un zébu, les dialogues d'une nullité presque candide et la présence, bien que vaporeuse, de Bruce Le offrent de bonnes raisons de se laisser convaincre, en toute connaissance de cause (comprendre que c'est un film parfait pour égayer son repassage). Et puis cet aspect bruceleploitation est, somme toute, assez fascinant. A quand un revival ?




Allez, autant conclure sur un festival Bruce Le.


Et une caps bonus, prise par hasard alors que notre gaillard tourne un peu trop vigoureusement la tête.


- Kobal -
Moyenne : 1.25 / 5
Kobal
NOTE
1/ 5
Rico
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Le film est trouvable en DVD dans des éditions américaines, mais le format semble souffrir d'un méchant recadrage (ça se voit sur mes caps).

En France, il faut se tourner vers la VHS, avec l'éditeur Market Video qui a eu le mérite de conserver le format cinéma.


La VHS française.


La VHS américaine et son Bruce de couverture, ni Lee ni Le.


Un DVD américain qui reprend le visuel de la VHS en y ajoutant en arrière-plan un combat dans une piscine de slime.


Un autre DVD américain.


Une VHS allemande qui s'en tient au Bruce AOC.