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Day of the Warrior

(1ère publication de cette chronique : 2008)
Day of the Warrior

Titre original : Day of the Warrior

Titre(s) alternatif(s) :L.E.T.H.A.L. Ladies : Day of the Warrior

Réalisateur(s) :Andy Sidaris

Producteur(s) :Andy Sidaris

Année : 1996

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h36

Genre : Les Bronzés jouent du flingue

Acteurs principaux :Gerald Okamura, Julie Strain, Rodrigo Obregon, Ted Prior, Marcus Bagwell, Kevin Light, Christian Letelier, Julie K. Smith, Shae Marks, Raye Hollitt

Nikita
NOTE
3/ 5

Un véritable auteur se reconnaissant théoriquement à la cohérence de son univers ou de ses thématiques, on ne saurait contester cette qualification à Andy Sidaris, auteur de « Malibu Express », « Savage Beach », « Fit to kill » ou « Piège Mortel à Hawaï » : le poète de l’action débile et sexuée mérite incontestablement sa place au panthéon des artistes inspirés, aux côtés de Federico Fellini, Salvador Dali, Blaise Cendrars et Jesus Franco. Soleil, flingue, poitrines charnues ou siliconées, belles bagnoles, l’univers de Sidaris a la séduction d’un rêve de beauf, l’attrait d’un James Bond « Deschiens », la fraîcheur d’un nanar aussi décomplexé que déchaîné, la plénitude d’un monde construit avec la même amoureuse méticulosité que les « Rougon-Macquart » de Zola ou qu’un épisode de « Salut les Bidasses ! ».




Cette dame est une analyste financière.



« Day of the Warrior », avant-dernier long-métrage de Sidaris, met en scène une branche des services secrets, l’organisation L.E.T.H.A.L. (« mortel », pour les non-anglophones), dont les critères de recrutement semblent exclusivement basés sur le look des candidats. A l’exception de quelques secrétaires et comptables vaguement entraperçus dans le décor, tous les agents opérationnels de L.E.T.H.A.L. sont en effet pourvus de physiques, au mieux de surfeurs californiens, au pire d’acteurs de films pornographiques. Certes, cela ne devrait surprendre personne dans un film réalisé par Andy Sidaris, mais le passage des ans accentue cette caractéristique, au point de donner à « Day of the Warrior » l’allure d’un défilé de freaks atteints de degrés variables de malformations, dues à l’excès de silicone dans les mamelles, à des bronzages trop intensifs ayant résulté en une insolation permanente ou à un niveau plus ou moins élevé d’imprégnation alcoolique constante.


"L.E.T.H.A.L.", ça veut dire ça.











Le bal des couillons.


Pour être clairs, disons que les super-agents de Sidaris, perpétuant la tradition du « héros crétin » déjà sensible dans « Malibu Express », ressemblent autant à des espions de haut niveau que Dolph Lundgren à un papou, le contraste tragique entre les comédiens et leurs rôles apparaissant très nettement dans les scènes de briefing, censées mettre en présence des professionnels chevronnés, mais ressemblant plutôt, au final, à des engueulades de lycéens mal embouchés.






Tiger (Shaun Marks) : cette femme est un super-agent hautement qualifié.



Le superviseur de l'organisation et sa tête de gozo.



Willow Black (Julie Strain), la chef des opérations.


L’organisation L.E.T.H.A.L. est dirigée par une femme, la sculpturale Willow Black, incarnée par la grande brune Julie Strain, déjà actrice chez Sidaris dans « Fit to Kill », « Opération Panthère Noire » et « Dallas Connection », et qui joue cette fois un rôle de gentille : fidèle à ses conceptions néo-féministes, Sidaris glorifie sans ambages son héroïne, présentée comme une femme d’action volontaire, au charme agressif et décomplexé. Faisant du vélo d’appartement en maillot de bain panthère dans son bureau de dirigeante des services secrets ou commandant d’une main de fer son escouade d’agents composée de bimbos siliconées et de culturistes bronzés, Willow Black est une sorte d’héroïne sidarisienne absolue, à laquelle Julie Strain apporte une séduction à la fois sauvage et enjouée, qu’agrémente sa tendance à cabotiner de temps à autres comme une malpropre. Wonder Woman sous cocaïne à la superbe crinière brune, Julie Strain est l’âme de « Day of the Warrior », auquel elle apporte un indéniable plus en matière de charme comme de folie.






"Chef, voici un rapport urgent sur la sécurité nationale".


Si Willow Black est, grâce surtout à son interprète, un personnage assez haut en couleurs, on reste pour le moins pantois devant la fantaisie de son équipe, dont les membres ont la particularité commune d’employer, pour leur travail d’agents secrets, les couvertures les plus improbables qui soient : strip-teaseuse, couple d’acteurs porno et même, pour l’indispensable Gerald Okamura, imitateur d’Elvis Presley dans les casinos de Las Vegas, les agents de L.E.T.H.A.L. sont les espions les plus improbables jamais vus depuis longtemps. Affublés de noms de code aussi classieux que « Cobra », « Tiger », « Scorpion » ou « Shark », nos héros se trimbalent des dégaines pas possibles, ressemblant davantage au personnel d’un salon de massage interlope qu’à des succédanées de James Bond. Le tout est encore aggravé, chez les femmes, par la profusion de nichons siliconés à donf', notamment chez Julie K. Smith (« Cobra ») et Shae Marks (« Tiger »), qui portent de véritables ballons de foot sur la poitrine. En comparaison, Julie Strain apparaît comme une Sidaris Girl à l’ancienne, élevée au grain, avec rien que du naturel.






Julie K. Smith et sa paire de flotteurs.







Des agents bien couverts.


Il faut dire que, du côté des méchants, nous sommes tout aussi bien lotis : L.E.T.H.A.L. a en effet maille à partir avec une redoutable organisation criminelle dirigée par un certain « Warrior » (ou « Supreme Warrior », quand il est de bonne humeur). Ledit Warrior est un ancien catcheur, devenu par la suite agent de la CIA (grâce à ses compétences de lutteur, dit-on) et qui, réduit au chômage par la fin de la Guerre Froide, s’est reconverti en criminel international. Cumulant des activités de trafiquant de drogue, de bijoux et d’objets d’art, le Supreme Warrior est également producteur de porno, et grenouille dans la traite des blanches : il lui manque tout juste une activité de syndic de copropriété pour réaliser le grand chelem en matière de malhonnêteté. S’il n’est pas le plus mauvais comédien du film, le catcheur Marcus « Buff » Bagwell réalise, dans le rôle du Supreme Warrior, une prestation absolument ineffable, cabotinant avec un plaisir visible, tout en se baladant en pagne en exhibant des muscles huilés à mort, en une vision bouleversante d'érotisme.








Le Supreme Warrior dans toute sa splendeur.


Le récit tourne autour d’un piratage réalisé par l’organisation du Warrior au sein du système informatique de L.E.T.H.A.L. : grâce à une taupe au sein des services secrets (l’identité du traître n’est révélée qu’à la fin, mais un simple travail de déduction suffit au spectateur pour l’identifier assez facilement au bout des deux tiers du film), le Warrior est sur le point de se procurer la liste des agents de L.E.T.H.A.L., y compris ceux infiltrés dans sa bande. Willow Black et son équipe entreprennent alors d’agir, pour prévenir leurs hommes et tenter dans le même temps de démanteler l’organisation du Warrior. Sans entrer dans les détails, disons que la manière de procéder de nos héros va être des plus improbables, rattrapée heureusement par le modus operandi particulièrement burlesque des méchants.

Si le Supreme Warrior est un caïd de la pègre assez improbable, il n’est en effet pas aidé par ses sbires, car les méthodes de recrutement de son organisation semblent aussi déconcertantes que celles de L.E.T.H.A.L. : il choisit ainsi, comme nouveaux responsables d’une partie de ses opérations et tueurs chargés de liquider les agents infiltrés, deux espèces de crétins incompétents, hommes d’affaires boursicoteurs à la manque, que l’on n’imaginerait pas embauchés ailleurs que dans un cirque de dernière catégorie. Les deux andouilles, méchants aussi crédibles que Jacques Legras en Chinois dans « Mon Curé Chez les Thaïlandaises », vont multiplier les pitreries tout au long du film, en agrémentant leurs scènes d’un cabotinage particulièrement crispant, à nous faire croire qu’on s’est trompés de film et qu’on regarde « Arrête de ramer, t’attaques la falaise ! ».




Pipo et Mollo dans la mafia.


Méchants et gentils rivalisent de toutes manières de crétinerie et de nullité, interprétant dans des décors écrasés de soleil des bagarres et des gunfights à l’idiotie extrême : tous les personnages visent comme des patates, et tirent droit devant eux comme au stand de tir, donnant l’impression d’un concours de pigeons d’argile entre deux bandes de copains pas très finauds et défoncés au rosé.








La méthode Sidaris apparaît ici de manière assez claire : ne pouvant prétendre concurrencer directement le modèle dominant hollywoodien, le réalisateur en présente une version distordue et déformée, amenée aux limites de la parodie volontaire par une absence notable de sérieux. Néanmoins, si le film est manifestement conscient de sa bêtise, il serait hasardeux de le ranger dans la catégorie moyennement bien définie des « nanars volontaires » : bien qu’empreint d’humour, « Day of the Warrior » reste avant tout un film d’action premier degré, et accumule les techniques narratives foireuses et les scènes lamentables, se rangeant sans complexes dans la catégorie du nanar le plus effréné. Andy Sidaris a beau ne pas se prendre au sérieux, il ne tourne pas pour autant des parodies, car c’est bien dans la cohérence intime de son œuvre que va se nicher toute sa beauté.






Produit par maman et fiston, écrit et réalisé par papa : du vrai cinéma familial.


Comme toute série B mal fichue qui se respecte, « Day of the Warrior » accumule les ruses grossières pour meubler et gagner du temps de métrage : Sidaris nous sert ainsi des séquences où l’action se résume à Julie K. Smith qui marche dans la rue, ou conduit une voiture, une musique rock tonitruante essayant de nous donner l’impression qu’il se passe quelque chose ; on se croirait presque dans « Super nichon contre mafia ». Mais le film n’en est pas pour autant ennuyeux, ces scènes de remplissage crétines et inutiles pouvant procurer un certain amusement à qui les regarde au second degré : elles ne bouffent par ailleurs pas trop d’espace, l’action reprenant vite le dessus, pour aboutir à un véritable concours de débilité. Tirs de fléchettes explosives, méchants assommés à coups de nichons, explosions diverses et variées (dont un dynamitage de hibou, complètement gratuit), « Day of the Warrior » accumule les scènes crétines pour nous transporter dans un univers au-delà des limites de l’absurde, peuplé de bidoche à l’air et de nichons surdimensionnés, où des ahuris jouent aux gendarmes et aux voleurs en faisant pan-pan dans le vide.

Si la distribution, réussie et plutôt homogène, est constituée d’une belle bande de gogolitos à fond dans leurs rôles, elle est largement dominée par trois des comédiens : nous avons déjà mentionné Julie Strain et Marcus Bagwell, il serait injuste de négliger Gerald Okamura, alias « Elvis Fu », sosie musical d’une improbabilité extrême, qui multiplie les pitreries tout en jouant avec une joie manifeste les mentors asiatiques à la manque. Chaque apparitions de notre ami, complètement déchaîné, met littéralement le feu au film, en apportant une fantaisie extrêmement bienvenue chaque fois que le rythme menace de retomber. Gerald Okamura, cabotin de premier ordre ne se prenant pas au sérieux une minute, est un véritable bonheur pour l’amateur de nanar, tant ses prestations font sombrer les films dans une folie dont on peine à mesurer à quel point elle est volontaire ou involontaire.




Ze star.


Parmi les comédiens, dont aucun ne démérite, que ce soit dans le surjeu effréné (pour les plus doués) ou la nullité ahurie (pour les autres), il faut également citer les numéros, parmi les méchants, de Raye Hollitt, en Cruella musclée, et de Rodrigo Obregon, en trafiquant sud-américain à l’accent hispanique délectable. Que les acteurs semblent s’amuser et nous communiquent leur plaisir, ou qu’ils attirent la moquerie malgré eux, toutes les prestations sont de toutes manières assez ineffables, faisant de « Day of the Warrior » un film appréciable à de multiples degrés.




Raye Hollitt et Rodrigo Obregon.



Ted Prior, le héros de « Ultime combat », ici en mauvaise posture.









Alors tu vois, moi j'ai un gros revolver bien calibré...



Et si on arrêtait de parler de flingues pour passer aux choses sérieuses ?





Et maintenant, un peu de fesse pour vous les grands.


Agrémenté d’un érotisme complètement naze (on croirait parfois retrouver les mythiques secondes parties de soirées des dimanches de M6), mais néanmoins rattrapé par sa bonne humeur (le comble étant atteint dans une séquence « feu de cheminée » où le couple, au lieu de faire l’amour, commence par comparer ses calibres dans une symbolique phallique d’une rare subtilité : heureusement, ils finissent par entrer dans le vif du sujet en se mettant à poil), « Day of the Warrior » va crescendo dans l’absurdité assumée, trouvant son apothéose dans une bataille rangée ne ressemblant littéralement à rien entre les agents de L.E.T.H.A.L. et les méchants au grand complet, tandis que le Warrior en personne affronte sur un ring Julie Strain et Gerald Okamura, dans un combat de catch qui restera dans les annales du n’importe quoi.












Si « Day of the Warrior » est moins fou qu’un « Piège Mortel à Hawaï » , il ne démérite pas pour autant dans l’œuvre d’Andy Sidaris, et a parfois même davantage de rythme qu’un « Malibu Express » : on passe aisément l’éponge sur les quelques coups de mou, et on apprécie sans remords les aventures mirifiquement débiles de Willow Black et ses hommes contre l’affreux Supreme Warrior. Apparemment satisfait de l’univers des « L.E.T.H.A.L. Ladies », Andy Sidaris apportera plus tard une suite au film, dans son dernier long-métrage, « Return to Savage Beach », où les personnages de « Day of the Warrior » rencontrent ceux de « Savage Beach ». Une double suite, donc, pour un double bonheur au pays des amateurs de gros lolos (où le silicone avait fini, hélas, par gagner la partie) et d’action mongoloïde. Sidaris, comme Hemingway, c’est du sexe, du sang et du soleil, mais dans une version totalement « brain dead » : attention, c’est une drogue dure !

- Nikita -
Moyenne : 2.92 / 5
Nikita
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
2.75/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation
Jamais distribué en France (c’est un scandale !), le film n’est pour l’instant pas disponible en DVD zone 2 et ne dispose donc apparemment pas de VF. Les anglophones pouvant lire des éditions zone 1 peuvent cependant se le procurer facilement : il est en effet vendu dans l’un des multiples coffrets Sidaris. En l’occurrence, « Day of the Warrior » est disponible dans le quatrième numéro de la collection « Triple B : Bullets, Bombs & Babes », vendu avec « Do or Die » (« Hawaï Connection ») et « Hard Hunted ».


La VHS allemande.