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Donjons & Dragons

(1ère publication de cette chronique : 2000)
Donjons & Dragons

Titre original :Dungeons & Dragons

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Courtney Solomon

Année : 2000

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h50

Genre : Fumble

Acteurs principaux :Thora Birch, Jeremy Irons, Zoe Mac Lellan, Marlon Wayans

Gottorb
NOTE
2/ 5

En jeu de rôle, un fumble est un échec critique, le pire tirage aux dés, entraînant en règle générale des résultats catastrophiques.


Un très méchant magicien (joué sans retenue ni conviction par Jeremy Irons), après neuf mois d'expériences, le sacrifice de 2473 vierges, et la capture d'un dragon (après la mort de 1297 gardes dans l'histoire) essaye son nouvel objet magique : un bâton de contrôle des dragons. Son plan est de contrôler les dragons de ce monde grâce à lui et de s'emparer du pouvoir par la force. Malheureusement, son bâton ne fonctionne pas : il est obligé de tuer le dragon (selon une méthode Copyright Luke Skywalker (c) 1983) en lui faisant tomber une porte sur la figure... Pas de problème, il va passer au plan B.

Jeremy Irons, acteur mercenaire spécialiste de l'europudding et des rôles de méchant dans des blockbusters faisandés.


Le plan B est plus simple : il va convaincre le grand conseil des magiciens que l'impératrice (une enfant de 12 ans) veut les détruire en établissant l'égalité entre les mages et les roturiers. Cela va ainsi entraîner une guerre civile au cours de laquelle il pourra vaincre l'impératrice et prendre le pouvoir. Ce qu'il souhaite, c'est que l'impératrice rende au conseil son bâton à elle, qui contrôle les dragons d'or.


Thora Birch. Pour elle l'année 2000 sera celle de "Donjons & Dragons", "Ghost World" et "American Beauty".


Euh... Impératrice vous avez des cornes dans le dos...


Le conseil étant composé de vieux mages gâteux, il lui suffit de deux discussions et de 3 jours pour provoquer la guerre...


Un conseil qui a l'air aussi éveillé que notre Sénat.


Afin de lutter contre le méchant sorcier, un vieux sage conseille à la reine de trouver un antique bâton qui permet de contrôler les dragons rouges. Evidemment, le méchant a vent de ce plan et envoie son âme damnée (un gros guerrier top balaise, qui souffre d'une légère infirmité : il ne sait pas courir) tuer le mage, et récupérer le bâton.


Bruce Payne, un spécialiste des rôles de méchants nanars.


Le mage est donc en train de consulter l'antique parchemin qui indique où se trouve le bâton de contrôle des dragons rouges, aidé en cela par la bibliothécaire de l'école de magie (magicienne niveau 1), mais le parchemin est codé grâce à un sort très ancien que même le mage (magicien niveau 172) ne connaît pas.


Les PJs (personnages joueurs) : la cosplay team...


C'est à ce moment-là que les deux héros principaux, deux voleurs, décident de cambrioler l'école de magie. Après avoir escaladé la façade de 853 m, ils rentrent par la fenêtre ouverte du 212ème étage et se retrouvent dans la réserve juste à côté de la bibliothèque...

Evidemment, étant voleurs niveau 1 tous les deux, ils font un boucan de tous les diables et la petite magicienne les surprend. Grâce à un sortilège de corde magique, elle réussi à les capturer.


...Où on comprend au détour d'un plan que la différence de taille entre un nain et une elfe n'est pas respectée.


C'est à ce moment-là que le grand méchant attaque le mage (oui oui, au milieu de l'école de magie). Avec ses gardes il le rosse sans problème et la petite magicienne arrive sur ces entrefaites (suivie par les deux voleurs enchaînés). Elle récupère le parchemin, étourdit les méchants avec un sort, puis crée une porte dimensionnelle et s'enfuit. Les méchants la poursuivent mais elle parvient à rejoindre les égouts avec les deux voleurs, et un nain (de 1m65 environ) qu'ils ont réveillé en passant. Le méchant étant incapable de courir, il ne parvient pas à les rattraper.

Le groupe de héros est maintenant constitué. Nous y trouvons un voleur de niveau 1 (le héros, mais on découvrira plus tard qu'il est multiclassé guerrier niveau 53), un voleur de niveau 0 (et élément comique du film), une magicienne de niveau 1, et un nain guerrier (de niveau indéterminé) qui doivent maintenant récupérer le bâton.

Justin Whalin, anciennement Jimmy Olsen dans la série Loïs & Clark : Les Nouvelles Aventures de Superman.


Marlon Wayans (Requiem for a Dream, Scary Movie), toute grimace dehors.


S’ensuit une série de poursuites, de combats et de pièges foireux, jusqu’au combat final, avec les héros aidés de la magicienne d’une part, face au grand méchant et ses sbires de l’autre.


Le clou du spectacle : des attaques de dragons. La seule scène à peu près réussie du film (NDLR : pour rappel nous sommes en 2000).


Difficile de voir ce film autrement qu'une vraie insulte pour les amateurs d’heroic-fantasy et de jeux de rôles. Outre un jeu d'acteur particulièrement mauvais (même Jeremy Irons joue son rôle avec la conviction d'une grenouille), on peut noter les points suivants :

- L'ami du héros (le voleur niveau 0) fait penser à Jar Jar Binks en moins intelligent mais en plus intelligible.

- Il n'y a pas un seul combat contre des monstres de tout le film. Les seuls monstres que l'on voie sont les dragons (mais personne ne les combat), et des beholders qui courent après des cailloux.

- Dans l'équipe en réalité il n'y a qu'un seul héros qui fait toute l'aventure. En gros, si le film était un jeu de rôle sur table, quatre joueurs sur cinq s'ennuieraient mortellement.

- Les donjons sont très très petits : le labyrinthe des voleurs a trois salles en enfilade, le château du méchant deux couloirs, deux salles, et une terrasse en ruine, et le donjon du dragon deux couloirs et une salle. Assez misérable.


La garde personnelle de chez Michou.


- Etant donné les distances entre les différents sites (deux villes humaines, une ville elfe, un donjon avec des trésors fabuleux, un château de la garde pourpre) et qu'ils explorent tout à pied en trois jours, le pays doit avoir la taille du Liechtenstein... Il y a quand même quelques centaines de dragons qui y vivent.

- L'école de magie est particulièrement vide et mal protégée : deux voleurs minables parviennent tout de même à escalader toute la façade, entrer par effraction, faire un bruit d'enfer, dévaliser une réserve sans essuyer une seule attaque magique.

- Les nains sont affreusement maltraités : on les présente comme des personnes d'1m65, avec une grosse barbe, râleurs, qui mangent salement, sont malades sur un cheval et, comble du comble, sont incapables de combattre correctement.


Nain et rouquin.


Ce film, en ciblant volontairement les pré-adolescents et les enfants avec son scénario bébête, son humour gnangnan et ses péripéties désuètes, n'exploite en rien l'univers sombre de Donjons et Dragons. On est, hélas, beaucoup plus proche de « Xena La Guerrière » que de « Willow », la référence du genre au cinéma, en attendant bien sûr la trilogie du « Seigneur des Anneaux » de Peter Jackson.


Kristen Wilson, entre deux films "Docteur Dolittle" qui se la joue "elfe des bois".


L'exploitation de la licence aurait mérité un travail plus rigoureux sur le scénario, et globalement une atmosphère plus sombre. Ici on a droit à un film au look Playmobil, mou, lisse et surtout incroyablement crétin, avec une histoire d'une linéarité et d'une prévisibilité extrême, de mauvais décors en carton-pâte et des costumes en plastoc. On se demande, mis à part les personnages du nain, de l'elfe et des quelques dragons disposés ça et là, à quoi sert le nom Donjons et Dragons.

Les personnages sont parfois lâchés en pleine campagne ou dans des ruines de château, débitant des dialogues mal écrits et ineptes. Cela sent à pleine truffe le mal torché, le fini en vitesse. Le réalisateur, sans doute pas plus mauvais qu'un autre, ne peut pas faire grand chose pour sauver les apparences. Les effets spéciaux sont incroyablement mal intégrés et les acteurs semblent jouer à celui qui cabotinera le plus – un concours gagné haut la main et ex-aequo par Jeremy Irons et Marlon Wayans (un des trois frères à l'origine de « Scary Movie ») dans des registres opposés.


Un film qui tend le baton pour se faire battre.


Cherche pas t'auras pas de points d'expérience pour ça.


On ne s'ennuie pas, mais on n’est jamais transporté comme on devrait l'être au premier degré : on se retrouve au contraire tout à tour consterné et amusé par le manque d’ambition et de crédibilité du film. Donjons et Dragons n'est donc qu'un nanar de plus dans le genre de l'heroic-fantasy, un amuse-gueule pour patienter jusqu'à la sortie française du premier volet de la Trilogie du « Seigneur des Anneaux ».


Note de Nanarland :
Dans son livre « La Grande Aventure du Jeu de Rôle » aux éditions Yinnis, l’auteur Julien Pirou revient sur la genèse du film et donne quelques explications sur le développement du projet qui a mis plus de 10 ans à se concrétiser. Au milieu des années 80, un projet de film D&D est mis sur les rails puis abandonné. Il sera relancé lorsque Courtney Solomon appellera TSR (la société qui édite le jeu de rôle) pour obtenir les droits cinés de la licence. Chez TSR on trouve l’idée bonne et Courtney Solomon, immense fan du jeu de rôle au demeurant, très convaincant. C'est une belle victoire pour cet apprenti producteur qui obtient gain de cause auprès de l'éditeur. Petite info : à l’époque où Courtney Solomon les contacte en 1990, il n'a que 19 ans.

Les problèmes commencent quand la directrice de TSR rejette tous les scénarios qu’on lui propose en mettant son véto. A l’époque les noms de réalisateurs connus (on murmure les noms de James Cameron ou Renny Harlin) plus ou moins intéressés par l’adaptation se succèdent, mais devant la lenteur du projet ces derniers se tournent naturellement ailleurs.

En 1995 Courtney Solomon demande l'aide de Joel Silver qui décide de s'associer avec lui, donnant par conséquent un petit coup d’accélérateur au projet, et il semblerait que c'est à ce moment précis que Jeremy Irons rejoint le navire.

Le hic c’est que deux années plus tard, TSR, au bord de la faillite (dans les années 90, l'industrie des jeux de rôle sur table souffre terriblement de la concurrence des jeux vidéo) est racheté par l'entreprise Wizard Of The Cost. Or ces derniers veulent récupérer les droits ciné au passage, obligeant Courtney Solomon à faire son film rapidement sinon il en perdra les droits. La société New Line acceptera finalement de financer le film, mais vu qu’aucun réalisateur n’est sur les rangs et que la date fatidique approche, le studio demandera à Courtney Solomon lui-même de réaliser le long-métrage, avec le budget et le résultat que l'on connait.

- Gottorb -
Moyenne : 2.00 / 5
Gottorb
NOTE
2/ 5
Mayonne
NOTE
0.5/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
0.5/ 5
Barracuda
NOTE
3/ 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5
Wallflowers
NOTE
1/ 5
Hermanniwy
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Le film existe chez "Warner" en édition simple économique et en double DVD comprenant 11 scènes coupées (quand même, ça donne une idée du charcutage !), un making of, des reportages sur le jeu de rôle, les effets spéciaux... Il manque juste quelques commentaires audio, qui auraient pu être savoureux !

A noter qu'une édition Blu-Ray est également disponible.

 

 

Et quitte à acheter une licence qui coûte des millions de dollars, autant la rentabiliser : un « Donjons & Dragons 2 » est sorti en DVD aux States en 2005. ("Donjons et Dragons : La Puissance suprême" en Français).

 

On ne saurait trop vous conseiller de vous procurer l'édition "double features" blu-ray. Avec les deux opus et leurs bonus généreux dont des commentaires audio (des deux films s'il-vous-plaît) qui ne figurent pas sur la version DVD.

 

Vous pensiez que les producteurs se contenteraient d'un double dragon ? Que nenni. En 2012 "Donjons et Dragons 3 : Le Livre des ténèbres" ("Dungeons & Dragons: The Book of Vile Darkness" en VO) sort lui aussi directement en vidéo. Il est dispo en blu-ray en version  française