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Fair Game

(1ère publication de cette chronique : 2002)
Fair Game

Titre original : Fair Game

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Andrew Sipes

Année : 1995

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Parce qu'elle le vaut pas bien

Acteurs principaux :Dan Hedaya, William Baldwin, Cindy Crawford, Steven Berkoff, Salma Hayek, Jenette Goldstein, Christopher McDonald

Labroche
NOTE
1/ 5


Il est un dicton qui dit que « tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se casse »… Et il illustre parfaitement Fair Game. Ce film ne recule en effet devant aucun poncif, aucun stéréotype, aucun cliché honteusement et régulièrement réutilisé depuis l’aube du cinéma. Il est de toute façon clair que l’unique argument de vente de cette tartouillade est la présence du plantureux modèle, « top » à l’époque, Cindy Crawford.


Un genre de dream team...


Tous les éléments qui composent Fair Game forment un patchwork consternant de caricatures usées jusqu’à la corde. C’est précisément là que réside tout l’intérêt de ce nanar, qui a quand même tendance à flirter dangereusement avec le navet : iI regorge de tant de clichés qu’il pourrait servir de cas d’école en montrant ce qu’il ne faut plus faire quand on est, comme toi Andrew Sipes, un jeune réalisateur bourré de tal… euh… d’énergie.


Cindy, ma grande, on va faire de toi une star !


Déjà, réfléchis bien avant de faire un film mettant en scène un policier aux méthodes particulières qui ne travaille qu’avec son partenaire, cet équipier à qui il dit tout, avec qui il s’entend comme un frère, avec qui il partage le même marchand de hot-dog au coin de la rue, et qui généralement se fait dessouder comme un bleu au bout de trois minutes de film pour fournir un motif de vengeance au héros. L’autre alternative est le policier qui ne travaille qu’en solo (il dit ça en général après que son partenaire se soit fait allumer).

 


Le style Joel Silver : toujours faire exploser le décor avant de partir


Réfléchis encore si tu penses unir ce policier à une personne qui lui est diamétralement opposée, celà a déjà été fait, refait et surfait (quel est donc le tout premier buddy movie ? Et le premier buddy cop movie ?). On a uni le jeune Riggs à un policier noir à six jours de la retraite dans L'Arme Fatale, Eddie Murphy et Nick Nolte dans 48 heures et sa suite, on a imposé Will Smith à Tommy Lee Jones dans Men in Black, et ce sont ici les cas les plus digestes « d’unions d’opposées ». Je pensais personnellement que le fond du gouffre avait été atteint avec les duos homme / chien (Tom Hanks dans Turner & Hooch, Chuck Norris dans Top Dog) ou lorsqu'on avait abouché Jackie Chan et Chris Tucker dans les Rush Hour... et bien non. J’ai vu la dernière fois dans notre merveilleux vidéo-club un film relatant la difficile collaboration d’un flic et… d’un gnome remonté des égouts ! (Upworld, si vraiment vous êtes arrivé à ce niveau d’hébétude cinématographique). Dans Fair Game, c’est à une avocate que le flic est uni de force, et m’est avis que si on lui avait demandé, il aurait préféré un chien car, contrairement à Cindy Crawford, il existe des chiens qui savent jouer la comédie.

 


" Allez Cindy, cambre un peu le buste pour montrer que t'as peur... ça y est... tu vois quand tu veux !"


Attention jeune réalisateur, cesse aussi d’idéaliser l’ordinateur. De nos jours, beaucoup de chaumières en sont équipées et nombreuses sont les personnes y ayant accès régulièrement, maintenant les gens savent ! Dans Fair Game tu verras le dernier échelon de la vision caricaturale de l’ordinateur portable. Les méchants sont équipés d’un ORDINATEUR et dès lors, tout leur est permis : Cindy retire des thunes au distributeur et ils la repèrent direct, grâce à l’ORDINATEUR. Cindy loue une voiture et eux sont tout de suite au courant, c’est normal puisqu’ils ont un ORDINATEUR... D’ailleurs ils nous prouvent que, quand on est méchant et qu’on a un ORDINATEUR, on est potentiellement très dangereux : on peut même pirater les satellites du Pentagone en un tournemain !

 


Encore un Baldwin, charismatique comme une livre de foie de veau (je croyais que le Canada les avait tous bombardés ceux-là...)


Je lis tout de même dans tes yeux candides, jeune réalisateur, que tu tiens à ce que les méchants de ton film utilisent cette formidable machine… Je dis OK, mais de grâce, montre une utilisation cohérente de cet objet ! Ne nous montre plus le méchant prodige tapant sur le clavier à toute berzingue alors que c’est juste un logiciel avec des images qui tourne à l’écran ! Est-il besoin, en outre, de rappeler que donner systématiquement la nationalité russe à tes méchants n’est pas non plus la meilleure idée pour les rendre crédibles ?

 


Une petite scène de cul avec des plans nichons à foison parce que bon, faut quand même bien que Cindy serve à quelque chose.


Rappelle-toi enfin - et c’est peut-être là le point le plus important - de ne jamais laisser reposer ton film sur les seules épaules d’une star à la mode qui ne soit pas un comédien professionnel ! Les producteurs de Fair Game ont cru qu’ils pourraient faire de Cindy Crawford une actrice. Première erreur : ils ont failli la redoubler en version originale ! [NDLR : il s'agissait en fait de rumeurs à l'époque]

 


Et encore Cindy a eu de la chance qu'en 1991, les images de synthèse soient encore balbutiantes, parce que sinon ils retournaient toutes ses scènes pour la remplacer par une plante en pot en CGI...


Ils ont cru en plus que les gens irraient au cinéma parce qu’elle jouait dedans. Deuxième et fatale erreur, le film s'est avéré un bide retentissant ! Cindy en femme d’affaires, distribuant des feuilles blanches lors d’une réunion pour une pub, on n'y croyait déjà pas… Alors Cindy sautant du ponton de sa maison parce qu’elle explose, Cindy essayant de prendre un air intelligent même sous sa douche, Cindy faisant exploser un bateau et plongeant dans la mer pour sauver sa peau, là on se dit que vraiment, tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle nous les brise.

 


Fair Game, un film qui décoiffe.


Le mieux à faire est encore de louer Fair Game et de te rendre compte du désastre par toi-même. Retiens donc qu'en évitant ou en contournant ces caricatures, tu maximiseras les chances de réussite de ton film. Mais gare ! La route qui te mènera vers la sortie du tunnel du navet ou du nanar est semée d’embûches…

 

Deux performances de haut vol.

 

Addendum Nanarland : Comme le disait Cindy Crawford à l'époque "My ego's going to take a lot of shit, no matter what". Blâmer le Top Model en la considérant comme seule repsonsable de l'échec artistique et commercial de Fair Game serait un peu trop facile. Si on peut juger la présence de Ciny Crawford comme un attribut commercial évident (le générique lui crédite trois maquilleuses ainsi que deux coiffeuses pour le film), il n'a pas été question de la redoubler en post-production comme celà avait été évoqué à l'époque. Par contre son jeu d'actrice (en VO) s'explique quand on lit, toujours dans le générique, l'utilisation d'une "vocal consultant" et d'un "dialogue coach". Notons surtout le fait que tout le developpement du projet n'a pas été simple. William Baldwin a remplacé Sylvester Stallone, qui devait jouer dans Fair Game alors que le rôle féminin n'était pas encore attribué, et le film devait être réalisé initialement par Steven E. De Souza. Finalement il fut tourné par Andrew Sipes, dont ça sera le premier et unique long-métrage. Totalement inexpérimenté et dépassé par les évènements, il aurait coupé toute forme de communication avec le staff après trois semaines de tournage - refusant de fait de donner des consignes de jeu à Crawford pour l'aider et la guider dans ce qui était son premier rôle au cinéma. La sortie du film sera repoussée pour pouvoir tourner de nouvelles scènes suite aux projos tests catastrophiques, éclatant le budget au passage. Le compositeur Michael Kamen sera lui aussi remplacé par Mark Mancina (à qui on doit dans les années 80 la musique de Space Mutiny !), Salma Hayek demandera de re-écrire elle-même ses dialogues tellement ils étaient aberrants, et Dan Hedaya refusera que son nom figure au générique du film. Un naufrage total et commun qui mettra un terme à la carrière de Crawford et de Sipes, et qui écornera grandement celle de William Baldwin, plutôt prometteuse au début des années 90.

 

Le réalisateur Andrew Sipes.

Côté casting, les plus cinéphiles auront reconnu certaines têtes dont :

Steven Berkoff, acteur Anglais qui joue souvent les Russes (méchants).

La bad-ass Jenette Goldstein, connue surtout pour son rôle de Vasquez dans Aliens, de James Cameron.

Dan Hedaya, éternel second couteau à la carrière longue comme le bras.

Salma Hayek, dans un de ses premiers rôles.

- Labroche -
Moyenne : 1.50 / 5
Labroche
NOTE
1/ 5
Mayonne
NOTE
1/ 5
TantePony
NOTE
1/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
Wallflowers
NOTE
0.5/ 5
Drexl
NOTE
1/ 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

"Warner Bros Home Vidéo" a quand même fini par nous lâcher une édition française de ce chef-d'oeuvre. Bon, c'est une édition simple qui, en dehors d'un vaste choix de langues, ne propose rien de transcendant. Dommage, car un making of sur les coulisses de tournage aurait sûrement pu être très drôle.

Attention à ne pas le confondre avec le Fair Game de Mario Orfini sorti en DVD sous le nom de "Mamba", un thriller italo-américain d'excellente réputation où l'arme du crime est un serpent...