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Furious

(1ère publication de cette chronique : 2012)
Furious

Titre original : Furious

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Tim Everitt & Thomas Sartori

Année : 1984

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h10

Genre : Casse-noisettes

Acteurs principaux :Loren Avedon, Simon Rhee, Howard Jackson, Phillip Rhee, Arlene Montano

Yatta-Man
NOTE
5/ 5


12 ans. Voilà désormais 12 ans que votre site préféré existe. Quand vous l'aviez découvert, vous aviez quoi ? A peine 20 ans ? Vous sortiez du lycée, ou vous y entrez pour certains. Autant dire que ça date. Et sur une période aussi longue, Nanarland a tout vu, a fouillé les contrées les plus reculées du cinéma, a fouiné dans les caves des plus obscurs vidéo-clubs, a voyagé très loin pour ramener les pépites les plus aberrantes possibles. 12 ans après avoir ouvert la boîte de Pandore cinématographique, que peut-il bien rester à découvrir ? Certes, le nanar a encore aujourd'hui ses héritiers, ses réalisateurs inconscients, toujours debout, pour que perdure la tradition. Mais en matière de « découverte », que peut-il bien rester ? De genre complètement nouveau, j'entends, de film qui n'a pas d'antécédent ou qui remettrait toute notion du nanar en question ? A chaque nouvelle trouvaille, on se dit qu'on arrive au bout... Quelle erreur ! Car s'il y a bien une chose dont peuvent se vanter les nanars, c'est qu'avec eux, les surprises n'ont jamais de fin...


Alerte, présence d'un taux élevé de nanardise au squeelomètre, fuyez pour votre vie, alerte…



Alors, lisons un peu ce scénario...


Que se dit-on lorsque l'on voit la jaquette de Furious ? Encore un film de Chinois mal fringués qui se tapent sur la gueule au prétexte d'un scénario inexistant et/ou incompréhensible ? Un de plus ? C'est bon, j'ai déjà vu tous les Godfrey Ho, et même un Miami Connection n'arrivera pas à me surprendre ! Alors déjà d'une, tu vas changer de ton avec moi, sinon c'est pas de sortie et pas de voiture pour frimer en teuboi le week-end prochain. Secundo, mate le film, et après on en reparle ! Car si la nanarologie n'est jamais avare en surprises, Furious en est un digne mètre-étalon ! Loin d'être un simple tatane-movie qui offrirait un enchaînement précaire de bastons en mousse chorégraphiées avec des pieds de paraplégiques et assaisonnées d'innombrables défauts techniques - tels un montage hasardeux ou la présence de l'ombre de l'équipe technique pratiquement un plan sur 3 - Furious est une expérience quasi-indicible dont l'intérêt, tout comme la vérité, est ailleurs...


The Evil Mustache.





Et si je peux me permettre cet emprunt au célèbre slogan de X-Files, ce n'est pas un hasard. Retournons à cette jaquette, voulez-vous ? Intéressons-nous au résumé du verso : « Des aliens agressifs aux pouvoirs mystiques ont pour but de dominer la race humaine. Simon, aidé de son maître spirituel, possédé par de mystérieux pouvoirs, vont faire face à ces phénomènes étranges... De l'action propre pour toute la famille ». Certes, la jaquette indique juste en-dessous que le métrage est déconseillé aux moins de 16 ans, mais bon, passons... Déjà, il va nous falloir faire confiance à ce résumé, parce qu'à l'écran, c'est beaucoup moins clair. Vous aurez pourtant noté que les ennemis du héros ne sont pas d'anodins péquenots, mais bien des extra-terrestres ! Qui, bien sûr, pratiquent les arts martiaux, un art cosmique ancestral qu'ils ont sans doute dû importer en Asie lors de la nuit des temps, mais ça, le gouvernement s'est bien chargé de nous le cacher, si vous voyez ce que je veux dire. Puisque la jaquette nous dit que ce sont des aliens, on va les croire hein, même si absolument rien dans le film ne nous indique qu'ils en sont réellement, excepté peut-être leurs costumes d'usine nucléaire trop larges.


Q : Are we not men ? A : We are totally ridiculous aliens.



Le nouvel animal du Diab' !


Une fois Furious démarré, plus rien ne va pouvoir arrêter la machine à nawak qui tourne dès lors à plein régime... De la première à la dernière minute du film (générique inclus !), le film ne cessera de surprendre par ses choix aussi étonnants qu'aberrants. Une solide expérience du nanar aura beau avoir affuté vos capacités à repérer certains gimmicks, à anticiper certains poncifs, vous pouvez être assurés qu'ici, 9 situations sur 10 vont vous prendre totalement au dépourvu. Que ça soit par leur absence de logique, leur déroulement amené n'importe comment, le ridicule des situations, les réactions surgies de nulle part, l'étrangeté hypnotique d'une mise en scène délirante... Furious est une véritable spirale sans fin dans l'absurdité et la transe hypnotique. Une ambiance favorisée par la quasi-absence de dialogues, les bruitages artisanaux, la musique classique qui tourne en boucle (et n'est jamais raccord avec l'image) et un rythme étiré jusqu'au point de rupture qui vous pète à la tronche. Quant au scénario, d'une obscurité insondable qui le dispute aux grands fonds marins, il semble avoir été conçu par un enfant de 7 ans nourri avec 5 kilos de sucre.


Un vigile Ninja extraterrestre ! Et oui !



Suddenly, Guerrier Mongol appears...


Cette chronique me déchire le cœur, car si je crève d'envie de vous parler de plein plein de choses, j'ai également envie que vous découvriez le film avec un œil totalement vierge qui vous permettra d'halluciner de bout en bout, comme ce fut mon cas. Allez, je ne résiste pas à la tentation de vous énumérer quelques perles de ce film qui m'a décidément mis sur les rotules. Revenons une dernière fois à ce fameux scénario. On a pu y lire que le but des Aliens est, bien évidemment, de dominer le monde. Mais comment donc ? C'est là que cela devient génial : en transformant les gens... en poulets ! Non, ne relisez pas cette phrase deux fois, c'est bien leur plan ! Transformer les gens en poulets ! Certes, l'esprit tordu du geek à la cervelle cramée par ce genre de prod' y dénichera un sous-texte exemplaire sur les ravages de l'industrie de la malbouffe, illustration du grand Capital corrupteur des âmes les plus pures. Et quel meilleur exemple que ce vieux sage des arts martiaux qui devient dès lors le manager tyrannique de sa maléfique franchise de restaurants. Cette passion pour les poulets, récurrente au cours du film, donnera d'ailleurs lieu à un déjà mythique combat contre un sous-boss dont l'arme fatale est l'attaque... avec des poules ! Comme dans OSS 117, oui ! Sauf que là, on est plus dans l'esprit Street Fighter ! Ce combat se finit d'ailleurs sur une des scènes les plus hilarantes de Furious, mais pour le coup, je suis obligé de vous en laisser toute la surprise, tellement j'ai encore du mal à y croire. Sachez juste que "bewaaare Simon, he's evil".




Victoire de la musique Plutonienne 1984. Cali l'a ratée de peu.


Mais ne croyez pas que les poulets soient le seul gimmick de ces montagnes russes du WTF. Impossible de passer sous silence le sbire du super vilain qui passe son temps... à faire des tours de magie ! Une question, une action, un truc à faire... Tout passera par un tour de magie qui renvoie Kamel le Magicien à la maternelle des prestidigitateurs. Et surtout, le top, on découvrira l'intervention totalement aléatoire en plein milieu du film d'un groupe de pop-new wave, sorte de sous-Devo extra-terrestre complètement hystérique qui nous joue un morceau à vriller les tympans. Pourquoi ? NO REASON ! Et comble du bonheur, ce groupe revient une ultime fois pour accompagner le générique de fin, et conclure Furious de manière explosive. Littéralement ! Vous pensez que je vous en ai trop dit ? Croyez-moi, vous êtes bien loin du compte. Une fois le doigt mis dans l'engrenage du premier truc insensé, tout monte crescendo, avec moult détails hallucinogènes qu'on ne voit pas arriver, jusqu'à un final apocalyptique digne de X-Or, qui ne retombe pas comme un soufflet de n'importe quoi qu'il a été. Court, mais intense, et surtout complètement débile et surprenant à tous les niveaux (scénar, réalisation, persos, situations... TOUT !), Furious est un nanar complètement stupéfiant et totalement généreux, un véritable must-have surgi d'un néant dans lequel il replonge sans un regard en arrière et que d'aucuns auront pu qualifier de Mad Mutilator du film d'arts martiaux. Tout est dit.


Les nanars ? Pfff c'est pour les débiles. Moi je préfère lire des livres.



Magie et arts martiaux : une image qui résume le film.



Putain, faites gaffe les mômes, ça coûte cher ce matériel...

- Yatta-Man -
Moyenne : 4.40 / 5
Yatta-Man
NOTE
5/ 5
Kobal
NOTE
4.5/ 5
Barracuda
NOTE
4/ 5
John Nada
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
4.5/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

Furious n'est hélas jamais sorti en France. Son édition VHS outre-atlantique est aujourd'hui totalement introuvable. Il semblerait que le film ait surtout connu une mini carrière en Australie, où il est sorti également en VHS et a été projeté plus récemment dans des festivals bis. Redécouvert à la faveur d'Internet, sa renommée underground a permis à Furious d'être finalement édité en DVD en 2015. C'est l'éditeur américain Leomark Studios qui s'y est collé, et ils ont plutôt bien fait les choses : copie remasterisée, commentaire audio du co-scénariste et co-réalisateur Tim Everitt + une interview audio de Tim Everitt (réalisée par Scarecrow Video pour un de leurs podcasts en 2013) et bandes-annonces ciné d'époque.


Le film est également dispo en DVD dans un obscur coffret intitulé « Mega Action Pack » avec pas moins de 10 films au programme. Aucune précision quant au contenu du dit coffret, mais au vu du prix, vous pouvez toujours tenter le coup...