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Un Gratte-ciel en otage


Un Gratte-ciel en otage

Titre original :Skyscraper

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Raymond Martino

Année : 1997

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h35

Genre : Die Hard Discount

Acteurs principaux :Deron McBee, Anna Nicole Smith, Charles M.Huber, Calvin Levels, Jonathan Fuller

Wolfwood
NOTE
2/ 5

Il faut savoir persévérer. Voilà sans doute la devise de PM Entertainment, grande productrice de films à petit budget qui, si elle reste plus friquée que d'autres, n'en reste pas moins l'une des firmes les plus prétentieuses de la série B, tentant vaille que vaille de copier ses voisins fortunés malgré une bonne dose d’incompétence. De toute évidence, il semblait peu raisonnable de vouloir calquer le cultissime « Piège de Cristal » en confiant le premier rôle à une actrice élue pire révélation de l'année aux Razzie Awards à peine trois ans plus tôt. C'est pourtant bien ce que le duo Merhi/Pepin, toujours loin de la Comté, s'est obstiné à faire avec ce « Gratte-ciel en otage ».

Pour mettre en place ce projet, les responsables se sont basés sur un scénario sans grande imagination. Celui-ci nous parle d'une bande de terroristes cherchant à mettre la main sur une arme de haute technologie. Après avoir commis diverses exactions à la cohérence parfois obscure, notre troupe de zouaves débarque à l'intérieur d'un building où se trouve un processeur indispensable à leur projet. Néanmoins, une personne va se retrouver sur place par hasard et dès lors tout tenter pour libérer les otages présents sur les lieux.


Allô la police ? Passez-moi McClane, on est dans la merde.

Hélas pour eux, ce n'est pas Bruce Willis et son marcel qui vont débarquer mais Anna Nicole Smith et son sous-tif. Quoique, quand je parle de sous-tif, j'extrapole un brin car notre héroïne se donnera souvent à voir dans le plus simple appareil. Quitte à embaucher une playmate comme premier rôle, autant rentabiliser le matériel, n’est-ce pas ? C’est ce qu’a dû se dire le réalisateur Raymond Martino, qui propose ici un étalage de nudité avec autant de scrupules qu’un maquereau de bas étage. C’est simple, tout est prétexte à exhiber la plastique généreuse d’Anna Nicole Smith, de la classique scène de douche à la rêverie érotique, telle cette séquence où, pourtant en pleine tension dramatique, la demoiselle se remémorera une de ses cabrioles avec son fiancé. Un grand moment qui donnera lieu à un savoureux bagage de clichés propres au cinéma érotique.


Oh oui, faisons l'amour tout habillés dans les champs…



Anna Nicole Smith : ceux qui l'aiment prendront l'arrière-train.

Nonobstant cette louable prédisposition à exposer ses atouts corporels pour oui ou pour un non, le défaut majeur d'Anna Nicole tient à ses qualités d'actrice, qui oscillent entre le très limité et le particulièrement exécrable. Semblant ignorer qu'il existe un gouffre entre prendre la pose pour des magazines et jouer la comédie face à une caméra, Anna Nicole affiche devant l'objectif les mêmes petites moues boudeuses que sur papier glacé. De ce fait, la voir jouer les pin-up au beau milieu d'un gunfight aura tôt fait d'anéantir le peu de crédit que l'on pouvait accorder à sa prestation. Et comme le scénario lui demande aussi de faire autre chose que dessouder du térro, la moindre scène de ménage avec son chéri devient vite un numéro de grimaces involontaires particulièrement ridicules, nous faisant constater qu'il y a un monde, que dis-je, une galaxie entre ce que fait notre héroïne et le métier d'actrice.


La minute blonde.

Pourtant, l'honnêteté m'impose de souligner qu'elle n'est pas la seule à jouer comme un pied. A peine meilleur, on ne peut pas dire que le reste du casting brille par sa légèreté et pour un peu, on se demanderait si la présence sur le plateau d'Anna Nicole Smith n'a pas totalement désinhibé l'ensemble des comédiens, se disant que de toute façon, ils ne pourraient pas être plus mauvais même en faisant n'importe quoi. Le premier à pâtir de ce relâchement est sans aucun doute Charles M.Huber, interprète de Fairfax, le chef des preneurs d'otages, lequel semble incapable d'aligner une réplique sans se décrocher la mâchoire. Surjouant comme un diable sorti de sa boîte, notre grand méchant prend son devoir très au sérieux pour motiver ses troupes, alignant rictus, rires sardoniques et crises de colère outrancières avec une conscience professionnelle proprement admirable. Certes, on a vu cabot plus régulier mais ses poussées de surjeu atteignent des sommets. D'autre part, les amateurs d'armoires à glace seront ravis de voir apparaître au générique le nom de Deron McBee. Inusable second couteau dans bon nombre de téléfilms et séries télé, l'ami Deron profite comme toujours de ses passages à l'écran pour en faire des tonnes dans le registre du gros baraqué qui cogne sans réfléchir. On regrettera tout de même que son personnage n’est pas été mis un peu plus en avant, sa prestation étant l’une des plus discrètes du film. Enfin, quand je dis "discrète"…


Deron McBee donne tout ce qu'il a pour garder son titre de cabotineur numéro un…



…mais ne peut rien contre son boss en plein état de grâce.

Dans un registre différent, on retiendra aussi la performance de Jacques, l'informaticien du commando, lequel poussera le vice jusqu'à baragouiner quelques répliques dans notre langue, au point d'apparaître aussi crédible que Dolph Lundgren en ambassadeur du Togo. Au-delà de la prononciation hasardeuse, on se demande tout simplement si l'acteur qui incarne ce rôle comprend un traître mot de ce qu'il dit, car si certaines de ses répliques font vaguement illusion, d'autres ne sont ni plus ni moins que du charabia, cet élément apportant un petit crédit supplémentaire au film pour peu que vous le regardiez en VO. A noter d'ailleurs que si la transcription française zappe totalement cette particularité, les quelques bêtises assénées par nos amis doubleurs durant le film contrebalancent un peu cet oubli. Enfin, ne reste plus qu'à évoquer le cas des seconds rôles qui se trouvent être tous plus à la ramasse les uns que les autres, notamment les autres acolytes de Fairfax qui forment une des escadrille les plus bigarrées de l'histoire du cinéma d'action.


Jacques (Jonathan Fuller) dans l'un de ces moments crédibles. Et pour cause, il ne parle pas.



Des sbires au top de la discrétion.

Malgré cela, le piètre jeu des acteurs n'est pas la seule raison de la présence de ce film sur Nanarland. Ainsi, comme nous l’expliquait déjà la chronique d'« Hologram Man », chez PM Entertainment on aime les explosions, l'action spectaculaire semblant être le moteur de cette firme. Le souci, c’est lorsqu'on n'a pas un budget à la hauteur de ses prétentions. Ainsi, alors qu'un plan extérieur nous promet un vrai beau building, le contenu de ce dernier laisse pour le moins songeur lorsqu'on découvre terrifié une pièce meublée par un chef décorateur dépressif, ne cherchant même plus à cacher qu'il n'a eu qu’une poignée de dollars pour aménager une salle d'interrogatoire. Peu avares en petites économies, les gars de chez PM n'hésiteront pas non plus à nous resservir plusieurs fois les mêmes séquences durant le film ou à sacrifier par le feu un mannequin, dont la rigidité laisse supposer qu'il n'est même pas en mousse.


Alors crapule, avoue : où t'as planqué les meubles ?



Ceci est un laboratoire high-tech. Si si, je vous assure, mettez-y un peu du votre ou on va pas s'en sortir.

Cette envie de toujours en faire trop avec peu de compétences et de moyens transparaît également lors de certaines scènes d'action, tellement excessives qu'on les dirait sorties d'une parodie. La plus marquante intervient lorsqu'un des protagonistes tente d'échapper aux terroristes, suite à un échange de mallettes foireux. Ainsi, après avoir essuyé diverses rafales de coups de feu, échappé à plusieurs tirs de lance-roquettes à bord d'une auto en flammes, puis balancé son véhicule à travers un camion avant de se faire percuter par une autre voiture, c'est assez naturellement qu'il prendra ses jambes à son cou pour grimper quatre à quatre tous les étages d'un immeuble, pour finalement se faire tuer de trois balles et terminer sa course plusieurs mètres en contrebas. Y a pas à dire, on est vraiment bien peu de chose face aux dures lois de la gravité. Ajoutez à toutes ces séquences une musique toujours trop prétentieuse pour la misère qui défile devant nos yeux et vous comprendrez que la moindre scène d'action se vautre assez rapidement dans le ridicule.


Un compositeur qui ne vaut pas bien cher.

Cependant, cette surenchère n'est en fait qu'un leurre visant à masquer la vraie carence de ces instants de bravoure, à savoir leur absence totale d'originalité. S'il a déjà été fait cas du véhicule transperçant un obstacle, il faut ajouter à cette liste bien d'autres éléments récurrents. Copain du héros mourrant au bout de cinq minutes, homme torche, défenestrations sauvages… c'est tous les clichés les plus usés du cinéma burné qui resurgissent ici, singés avec une absence de créativité proprement désarmante. On serait même tenter de se demander si les auteurs du script n'avaient pas en tête de faire une poursuite en plein convoi de vitriers, parce que c'est bien le seul stéréotype qui semble avoir été oublié dans le lot. Qui plus est, il reste flagrant que le film ne cache nullement ses références, se permettant de copier presque plan par plan certaines séquences de « Piège de cristal », comme lorsque notre Anna Nicole préférée, après avoir sauté du haut de l'immeuble avec un filin pour seule sécurité, atterrira plusieurs étages en contrebas et tentera de se détacher pour ne pas se faire emporter par le poids de l'objet auquel elle s'était reliée. Ceci n'est bien sûr qu'un exemple, « Un gratte-ciel en otage » promettant d’être savoureux pour tout ceux qui auront une bonne connaissance de la franchise « Die Hard », tant ce petit direct-to-video s'avère incapable de ne pas recopier comme un malpropre ce qu'il vient de reluquer sur la copie de son voisin.


Chef, il y a quelqu'un dans le conduit d'aération, qu'est-ce qu'on fait ?



Hum, sans doute ce pourri de scénariste qui essaye de se tirer. Balancez-y une grenade, il ira pas loin.



Yipikai !!

Pas toujours désopilant, « Un gratte-ciel en otage » est le genre de petite idiotie qui permet rétrospectivement d'apprécier davantage d'autres œuvres plus consistantes. Pourtant, avec son lot d'action riche en énormités, ses acteurs lamentables ou son décalque grossier du chef-d'œuvre de John McTiernan, il serait malvenu de jeter le tout aux orties sans au moins y jeter un oeil. En plus, il permet de mettre à jour une autre facette de la starlette Anna Nicole Smith, décédée en février 2007, et dont on arriverait presque à regretter qu'elle n'ait pu poursuivre sa carrière dans le cinéma. Proie facile des tabloïds jusque dans ses derniers instants, elle démontre ici des capacités qui lui auraient sans doute permis de devenir une égérie du mauvais cinéma sympathique. Sans doute pas la consécration après laquelle elle semblait courir, mais être aimé, même pour ses défauts, ce n'est jamais rien. Alors dans le fond, on peut tout de même remercier PM Entertainment. Car si ce film permet au moins de se souvenir d'elle pour ses talents limités d'actrice plutôt que pour ses frasques, l'effort n'aura pas été vain.

- Wolfwood -
Moyenne : 1.70 / 5
Wolfwood
NOTE
2/ 5
Wallflowers
NOTE
1/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
Drexl
NOTE
1.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation


Diffusé en son temps dans la collection « Hollywood Night » de TF1, « Un gratte-ciel en otage » n'a, à première vue, pas connu de carrière par chez nous, ni en VHS ni en DVD (ou alors, ils sont aussi bien planqués que les missiles de « Rambo III »). Cependant, vous pourrez tout de même le retrouver en VF sur certaines chaînes de la TNT et du satellite qui le rediffuse régulièrement.

Pour un support numérique, il faudra se tourner du côté des Américains qui l'ont sorti à l'unité ou regroupé avec d'autres œuvres de madame Smith, comme « To The Limit », autre petit film d'action que l'on devine guère plus fin.

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