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La Guerre des espions

(1ère publication de cette chronique : 2009)
La Guerre des espions

Titre original : La Guerre des espions

Titre(s) alternatif(s) :Bastos, ou ma sœur préfère le Colt 45

Réalisateur(s) :Jean-Louis Van Belle (sous le pseudo Henry Boyer)

Année : 1972

Nationalité : France

Durée : 1h20

Genre : Schizo-freine, tu vas dans l'mur !

Acteurs principaux :Marcel Zanini, Jacques Balutin, Pierre Doris, Félix Marten, Martine Kelly, Michèle Delacroix, Pierre Bonnet, Philippe Castelli.

Zord
NOTE
5/ 5

- Alors là, tu 'ois, dans le film, la fille demande la clé du douze... et le majordome de l'hôtel lui tend une clé de 12...

Et pis, à un autre moment, tu 'ois, y'a un type qui dit : « si je reste ici une seconde de plus, je vais exploser », un autre type lui répond : « allez donc exploser ailleurs ». Le premier type sort du bureau et là, on entend un grand « boum » et le gars, il revient noirci au milieu d'une épaisse fumée...

Pis là, tu 'ois, le héros, à un moment, est au téléphone. Il ne capte plus la communication et dit « Oh non, ça a coupé ». Il tire alors sur le fil du combiné qui, effectivement, a été sectionné...

Tu 'ois, en parlant de téléphone, y'a aussi une scène avec un type qui attend un coup de fil. Le gars dit : « ça vient ce coup de téléphone ? » et là, l'autre le frappe avec le combiné...

Dans la cuisine, tu 'ois, le cuistot est en train d'enguirlander son commis et lui demande de monter les œufs en neige. Et juste la scène d'après, tu vois, on voit le commis dans un téléphérique alpin en train de monter sur les pistes en chantonnant : « je monte les œufs à la neige... »

Pis alors, tu 'ois, y'a le héros qui s'occupe à entortiller une pelote de ficelle devant une fille. À c'moment là, le frère de la fille intervient et dit : « ça suffit, arrêtez de peloter ma sœur !... »

Alors, tu 'ois, y'a un moment où on voit un policier en faction. Un carton annonce : « poulet faisant sa ronde quotidienne », et là, en fond sonore, on entend « cot cot cot... »

Et pis là, y'a un gars qui...


STOOOOP !




Forcément, ce genre de gag visuel nécessite un petit complément d'information par écrit...


Ouf. Du calme. Respirons un grand coup et reprenons un instant nos esprits. Ne nous faisons cependant pas trop d'illusions, le reste de la chronique et, surtout, le visionnage du film, nous les fera perdre à nouveau. Les quelques phrases citées ci-dessus résument assez bien ce que donnerait une tentative de résumé oral de quelques-uns des innombrables « gags » qui parsèment « La Guerre des espions » de Jean-Louis Van Belle, au rythme d'environ un toutes les trois secondes. Qu'on se rassure : les deux secondes intermédiaires ne sont pas perdues pour autant, occupées qu'elles sont par, au choix : un gag visuel raté, une grimace, un jeu de mot consternant, une didascalie totalement à côté de la plaque à l'attention du public ou encore l'apparition d'un phylactère au-dessus de la tête de l'un des personnages censé résumer ses pensées de façon... hem... disons « comique ».


Un tir atomique menace votre cerveau : « La Guerre des espions » est apparue. – La Presse –


... et cela de manière parfaitement constante, rythmée comme du papier à musique, de la première seconde de métrage jusqu'à la toute dernière, ne laissant, lorsque le salvateur carton « Fin » apparaît enfin à l'écran, qu'une masse organique de spectateurs hagards, pantelants, l'écume au bord des lèvres, les yeux exorbités devant tant d'absurdité à la seconde, le corps crispé par les tressaillements nerveux et poussant de petits gloussements hystériques interrompus, de temps à autre, par quelques hurlements sourds, mis K.O par ce qui semble être un subtil mélange d'uppercuts de Mike Tyson et un shoot massif de brown sugar.

Vous qui introduisez cette cassette dans votre magnétoscope, abandonnez toute espérance.

Jean-Louis Van Belle était déjà parvenu à revisiter le mythe du vampire de manière historique... euh, hystérique, pardon, dans son « Sadique aux dents rouges » qui alternait entre schizophrénie, philosophie existentialiste et couleurs chiasseuses. Avec, sa « Guerre des Espions », l'Auteur (qui ne saurait être désigné autrement qu'avec une majuscule) signe en 1972 ce qui constitue sa première (et, semble-t-il, unique) participation au domaine de la comédie. Une comédie non-sensique, maniant un humour absurde et décalé. « La Guerre des Espions » est au comique de l'absurde ce que la « Cantatrice Chauve » aurait été si Eugène Ionesco, au lieu de se contenter d'être un simple sac à vin, avait carburé régulièrement au mélange crack /amphèts / spécial K / ecstasy.


Le tragique de l'absurde...


D'un certain point de vue, cette volonté de produire une comédie « absurde » et « décalée » est parfaitement réussie. Objectivement, elle ne ressemble à rien de ce qui a pu être fait avant dans ce domaine. Subjectivement, le souci, c'est que ce film est tellement décalé que le spectateur a l'impression que lui-même, son téléviseur, son magnétoscope, son salon, son immeuble, sa ville, son pays, sa planète et, pour tout dire, son univers entier, viennent subitement de subir un décalage de 100 000 années-lumières sur la gauche alors que la note d'intention et l'inspiration comique de l'Auteur, elles, sont restées solidement ancrées au point d'origine.


Après avoir joué dans ce film, cet homme ne pense qu'à aller se livrer à la gendarmerie.


Aussi déconcertant que cela puisse paraître, l'impression globale se dégageant de cette « Guerre des espions » donne le sentiment d'une folie grave canalisée cependant par le plus minutieux des horlogers helvètes. Pour tout dire, c'est à la fois extrêmement bien construit et fabuleusement con tout en même temps. Certains ont voulu comparer le style de Van Belle à celui de Philippe Clair alors qu'il en est l'exact opposé. Si Clair laissait ses acteurs largement improviser dans le cadre d'une histoire globale, Van Belle, lui, a construit son scénario avec une régularité et une cohérence de métronome. Aucun gag ne fonctionne, et pourtant, la continuité de ceux-ci est impeccable et s'inscrit parfaitement dans la construction du récit. Tous les ressorts comiques sont navrants, et pourtant, il n'y a, à aucun moment, la moindre trace d'improvisation dans le scénario. Tout semble avoir été minutieusement écrit, minuté, intégré, conçu, préparé, inséré avec soin dans un enchaînement visuel et narratif qui n'est pas sans rappeler certaines bandes dessinées de Goossens (les moins bonnes, de préférence).



« La Guerre des espions », première œuvre de la comédie psychiatrique qui enferme le spectateur dans sa propre machine-monde d'humour absurde, foutraque et, surtout, non-drôle, du moins au premier degré. Van Belle s'impose comme un Jigsaw de la pensée cinématographique concevant des pièges mortels pour la santé mentale de ses spectateurs. « Combien de neurones êtes-vous prêts à sacrifier pour voir le générique de fin » ?

Et, à la limite, ça fout les boules. Si, si, pour de vrai. Parce que si Van Belle avait jusqu'alors évolué dans le milieu semi-amateur du bis, du porno ou du mondo, « La Guerre des Espions » est, dans sa carrière, ce qui ressemble le plus à un vrai film professionnel, avec un budget, sinon conséquent, du moins suffisant pour se doter de quelques acteurs connus du grand public comme Pierre Doris, Marcel Zanini, Philippe Castelli ou Jacques Balutin et, surtout, d'une tête d'affiche en la personne de Félix Marten.


Imperturbable Philippe Castelli.


Marcel Zanini, traître cauteleux. C'est après l'avoir vu dans ce film que son fils, Marc-Edouard Nabe, s'est mis à haïr l'humanité et a entrepris la rédaction de son essai « Au régal des vermines ».


Gimme five, Pierrot !


Certes, aujourd'hui plus personne ne se souvient de Félix Marten en dehors des plus de 65 ans, mais à l'époque, cet acteur, chanteur, compositeur et amuseur public à l'image de dandy british furieusement décalé était une personnalité du Music-Hall. Ayant tourné dans les années 1940 et 50 avec Louis Malle, Henri Verneuil ou Sacha Guitry, de mauvais choix artistiques le jetèrent par la suite, lors des décennies qui suivirent, entre les mains moites de Sergio Gobbi ou de Jean Rollin. Ce qui ne l'empêcha pas pour autant de faire des apparitions dans des films de Christian Lara ou Denys de la Patelière à la même période. Son dernier film en tant qu'acteur sera « Il y a des jours et des lunes » de Claude Lelouch en 1989. Il décèdera trois ans plus tard. L'étrange concours de circonstances par lequel celui qui était alors une figure connue et reconnue se retrouva en tête d'affiche d'un film du réalisateur de « Paris Interdit » ou « Pervertissima » reste encore inexpliqué à ce jour et confirme, tout au moins, que Van Belle disposait d'un budget relativement coquet accordé par des producteurs inconscients, qui avaient pourtant théoriquement lu les scripts qu'ils leur avait présenté.

Mais nous étions en 1972, quatre ans après Mai 68. L'époque était folle, tout semblait alors possible. Le Flower Power allait entraîner la paix dans le monde, le pompidolisme triomphant semblait destiné à régner pour mille ans, la guerre du Vietnam ne serait qu'une promenade de santé, on pouvait croiser de vrais communistes de moins de soixante-dix ans dans les rues des grandes villes, Jacques Chirac n'avait aucune raison de se méfier d'un jeune lycéen d'origine hongroise qui gravitait dans les cercles estudiantins proches de l'UDR et la « Guerre des Espions » allait faire se gondoler la France entière !


Félix Marten, impérial.


Il faut dire qu'on prenait beaucoup de drogues dans les années 1970...


Une mise en abîme intéressante : Marten s'enterre lui-même, conscient d'enterrer sa carrière en même temps.


Passons rapidement sur le scénario, qui n'est, de toutes façons, qu'un prétexte à l'accumulation de gags navrants et de numéros d'acteurs les plus improbables qui soient. Le Professeur Meier (Marcel Zanini) a dérobé les plans de sa propre machine infernale, le T-14, et compte bien les vendre au plus offrant lors d'une transaction organisée dans un hôtel d'Avoriaz appartenant au « Pacha » (Pierre Bonnet, comédien non professionnel et handicapé moteur déjà vu dans « Tendre Papa » alias « Les Singes font la grimace » du même Van Belle, film dont il était en fait l'assureur !), un caïd de la pègre qui servira d'intermédiaire. Pour récupérer le fameux dossier, le SDECE exfiltre Peter Finshh (Félix Marten), un gentleman-cambrioleur professionnel, sorti de prison pour reprendre l'affaire en mains. Accompagné de sa fidèle Intérim (une potiche mise à sa disposition par les services secrets français), il est donc mandaté pour récupérer le T-14 au milieu d'une cohorte d'espions (enfin quatre... un allemand, un écossais, un grec et un breton) à Avoriaz. Au final, ce sont les services chinois (totalement absents du film jusqu'au dénouement) qui mettront la main sur le dossier, mettant tout le monde d'accord du même coup. Probablement un hommage aux « Barbouzes ».


Hahahaha ! « Le Ministre de l'Intérieur obligé d'appeler de l'extérieur »... Huhuhu ! Mine de rien, Van Belle prophétisait le phénomène des portables avec trente ans d'avance !


Voilà. Avez-vous bien saisi le scénario ?

Parfait. Merci désormais de n'en tenir aucun compte : il n'a plus aucune importance dans la suite des évènements.


Arrête de m'jouer du violon, je sais que t'as réintégré l'milieu !


Le film présente l'originalité de s'ouvrir, non sur le début de la narration, mais sur la projection de presse du film. Une projection de presse où, outre la présence des acteurs du film dans leur propre rôle, on croise Jacques Balutin, dans le rôle du critique Jacques Borgniol-Valchoze (une référence au très réel Jacques Doniol-Valcroze, acteur, réalisateur et fondateur des « Cahiers du Cinéma »), Pierre Doris incarnant le réalisateur et Maurice Biraud alias « Jérôme Nimo, le critique à la plume sévère ». Si Jean-Louis Van Belle profite de cette scène d'introduction pour égratigner à la fois la critique « intello » et les agents du Ministère de la Culture, il donne d'entrée de jeu le ton de son film avec un monologue de Maurice Biraud, justifiant son retard à la projection par un accident de vélo :

« Excusez-moi, je suis en retard. C'est d'ailleurs pour ça que je ne suis pas en avance, mais il a fallu que je répare à la Porte de Pantin. Je descends pour poster un pneu et je retrouve le mien crevé. Et le pneu arrière pour tout arranger ! Ce n'est pas commode de démonter une roue arrière avec la chaîne et le pignon... Et après, il a fallu que je repère le trou dans la chambre à air. Deux, y'en avait ! Heureusement, le deuxième trou était dans le même que le premier, alors ça m'a fait gagner du temps, d'autant que je n'avais qu'une seule rustine. Mais vous savez ce que c'est : il faut gratter, il faut coller, le temps de remettre le pneu, de remonter la roue... Enfin bon, je m'égare, là. Je m'égare du Nord, d'ailleurs. Je vous dis ça parce que j'aurai mieux fait de prendre le train. »




Avoriaz, nid d'espions.


Monologue, semble-t-il écrit par un mauvais imitateur de Raymond Devos (ceux qui, par comparaison, font passer l'original pour drôle) qui, à lui seul, donne bien le « ton » du film. Mais s'il n'y avait que ça. Si le début de la « Guerre des Espions » reste compréhensible (le SDECE organise l'évasion de Finshh avant de lui confier pour mission de récupérer le T.14), l'arrivée de tout ce petit monde à la station de ski correspond au début du grand n'importe quoi. Chaque scène est désormais une espèce de petit sketch (totalement raté, par ailleurs), mettant en scène quelques-uns, voire l'intégralité des protagonistes dans un non-sens bordélique qui choquerait même le plus déjanté des Monty Pythons sans que cela soit drôle pour autant. Que se passe-t-il exactement pendant cette moitié de film ? Impossible à dire. On y voit les personnages soliloquer sur des sujets abscons via des dialogues évoquant une piètre imitation d'Audiard, danser, chanter, sautiller sur place, faire du ski, de la luge, chevaucher des saints-bernard, courir après un figurant dans un costume d'ours blanc ou organiser un tango impromptu au beau milieu d'un gunfight... Tout au plus comprend-on que Finshh tombe amoureux de Bastos, la sœur du Pacha, et que le savant joué par Zanini préfère se rendre sur place pour assurer lui-même la négociation de son invention avec les espions - au vu et su des agents du SDECE et des gendarmes présents, mais bon... Qu'importe ! À partir de là, plus rien n'a la moindre importance. Le champ de perception du spectateur est distordu, son œil devient torve et il commence très naturellement à percevoir des formes étranges issues des quatrièmes et cinquièmes dimensions à la limite de son champ de vision. La chanson « Paradis artificiels », une ode au LSD et à la fumette susurrée par Martine Kelly, permet cependant de mieux comprendre où l'Auteur a puisé son inspiration.




Espions internationaux faisant une démonstration stupéfiante de camouflage.


Van Belle reste cependant un artiste complet et il n'est donc pas étonnant que le casting soit en parfaite conformité avec la trame du film. Autrement dit : du grand n'importe quoi. Après avoir choisi la distribution de son « Sadique aux dents rouges » dans l'aile des grands dépressifs d'un quelconque asile miteux, c'est probablement au sein du département « hystérie profonde » du même institut qu'il a sélectionné les acteurs de « La Guerre des espions ». À l'exception des quelques têtes d'affiches qui restent tout de même des comédiens professionnels et assurent le minimum syndical (si l'on met de côté Zanini, absolument exécrable !), les anonymes du casting semblent totalement calquer leur jeu sur les stars du moment. Ainsi, les filles se contentent de faire la moue dans de mauvaises imitations de Brigitte Bardot période « lolita boudeuse » alors que leurs homologues masculins ont tendance à systématiquement singer Louis de Funès. En étant tout à fait honnête, Félix Marten s'en tire plutôt bien en trimballant sa grande silhouette de dandy décalé « so british » durant toute la durée du film. De la même manière, Pierre Bonnet reste acceptable dans un style de sous-Gabin jouant du sous-Audiard. Tout le reste, en revanche, part à vau l'eau.


From Savoie with Love.


La fameuse Bastos, qui préfère le Colt 45. Notez bien qu'aux Etats-Unis, le Colt 45 est aussi un whisky particulièrement fort et bon marché. Ceci explique peut-être cela...


Etant chafouin, je dois bien avouer que si le casting est globalement catastrophique, l'un des acteurs se détache particulièrement et constitue mon coup de cœur, mon petit chouchou : celui-là même qui interprète l'espion allemand, revêtu d'un uniforme de la Wehrmacht. À l'image des DJ provinciaux animateurs de bals de village qui compensent la faible qualité de leur équipement technique par un « gros son », lui compense son piètre jeu d'acteur par une sur-expressivité. Qu'il roule des yeux en imitant un accent allemand de bazar (qu'il n'a d'ailleurs pas dans toutes les scènes où il apparaît), récite des odes à la grandeur d'une race saine ou sautille comme un dément sous prétexte que « l'instinct, c'est capital », la palette de son jeu se décline comme une sorte de mélange entre le syndrome de la Tourette et la danse de Saint-Guy. Dommage que son identité nous soit, à l'heure où nous écrivons ces lignes, inconnue, car il transforme n'importe quelle scène dans laquelle il apparaît en une espèce de happening post-dadaïste qu'on imaginerait très bien dans un festival de théâtre de rue, entre un spectacle de djembé solidaire et un show de mimes faisant des démonstrations citoyennes de sauts à l'élastique en soutien aux Ouïgours opprimés.


Hommage au soldat nanar inconnu.


Au final, la caractéristique majeure de « La Guerre des espions » est sa croissance bien huilée dans le concassage de neurones, la consternation et le n'importe quoi : on croit avoir touché le fond ? Tout faux ! La scène suivante nous fait découvrir un squelette de tricératops et celle d'après, tâter une nappe pétrolifère ! Le final, pour sa part, touche carrément le noyau terrestre : on croyait candidement avoir tout vu ? Non, car ce roi du twist de dingue qu'est Jean-Louis Van Belle transcende son film avec une course-poursuite finale qui atomise tout ce qu'on croyait avoir vu jusqu'à présent. Tout le casting, espions, savants, cuisiniers de l'hôtel, figurants... se retrouve sur quelques dizaines de mètres carrées de pistes de ski – davantage, c'était impossible : les vrais clients de la station de sports d'hiver sont bien visibles, skiant autour des acteurs ! – et s'entretue gaiement au milieu des tamiseuses à neige. Certains personnages meurent ? Qu'importe ! Un prêtre sort de nulle part, se penche sur le cadavre, le bénit en psalmodiant « miséricorde et résurrection » et voilà notre cadavre ressuscité qui se joint à nouveau à la grande bataille de tartes à la crème. C'est beau, c'est grand, l'encéphalogramme du spectateur est désormais complètement plat. Deux vannes moisies plus tard, le film se termine. L'expérience de l'application pratique de la théorie du chaos au cinéma vient de s'achever. Dans la douleur.


Putain ! C'est la guerre !


Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils tournent !


« La Guerre des espions » est assurément un nanar rude d'accès ! L'équivalent cinématographique d'une Near Death Experience. D'ailleurs, pendant les projections du film dans le petit cercle nanarlandais parisien, certains des spectateurs se sont retrouvés effondrés et épileptiques sur le tapis du salon, tendant leurs mains fébriles vers le plafond en caquetant d'une voix aiguë : « Je vois le tunnel de lumière » ! D'autres prétendent avoir décorporé leur Moi psychique de leur corps physique pour rencontrer l'esprit du Grand Coyote alors que les derniers affirment avoir vu un immense paysage de désert sur lequel se découpait une silhouette en robe de bure leur susurrant mystérieusement : « la Force, Luke... la Force ! »

« La Guerre des espions » reste une sorte de point Omega dans la carrière d'un Nanardeur. Une zone hors du temps et de l'espace, synonyme de non-retour pour les esprits trop terre-à-terre. A l'instar d'un rituel du Peyotl, « La Guerre des espions » ne s'explique pas, elle se vit.

Veuillez laisser tous vos préjugés rationnels au vestiaire.

Ne pas le faire ne serait que préjudiciable.

Fin de transmission...


Un final en forme d'aveu.

- Zord -
Moyenne : 4.00 / 5
Zord
NOTE
5/ 5
Nikita
NOTE
5/ 5
MrKlaus
NOTE
4.5/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation
Sorti au cinéma sous le titre « Bastos, ou ma sœur préfère le Colt 45 », le film a connu une unique sortie VHS (chez Les productions du tigre) sous le titre « La Guerre des espions », dont la jaquette donne un résumé assez fidèle du film (donc incompréhensible au profane). Quelques belles fautes d'orthographe ou de syntaxe constituent un plus-produit intéressant (le « SDECE » écrit « SDEKE » – même si l'un des personnages se nomme effectivement Sdeke dans le film – sans négliger la présence au casting du génial « Jean Castelli » que personne ici n'a oublié). Le film n'a jamais été adapté au format DVD. La Cinémathèque de Toulouse et la Cinémathèque française semblent en posséder une copie (à moins qu'il ne s'agisse de la même circulant entre les deux institutions) et les ont ressorties lors de soirées thématiques consacrées à Jean-Louis Van Belle. En présence de l'artiste, s'il vous plaît !

Bien entendu, cette « Guerre des espions » n'est pas à confondre avec le film homonyme de Masahiro Shinoda, sorti en 2007. À moins qu'il ne s'agisse d'un hommage du cinéma nippon à son homologue français ? On n'ose le croire...