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Hurlement II


Hurlement II

Titre original :Howling II

Titre(s) alternatif(s) :Howling II: ...Your Sister Is a Werewolf, Horror, Stirba the werewolf bitch

Réalisateur(s) :Philippe Mora

Année : 1985

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Relou-garou

Acteurs principaux :Reb Brown, Christopher Lee, Sybil Danning, Marsha A. Hunt, Annie Mac Enroe

Stirba
NOTE
4/ 5


Il fut un temps où Christopher Lee devait crever la dalle. Ou prendre 8 acides dans son café. Toujours est-il qu’il s’est trouvé embarqué dans l’un des films d’horreur les plus improbables et les plus ratés de tous les temps, j’ai nommé Hurlement II. Au bout du premier jour de tournage, il a dû se rendre compte qu’il aurait mieux fait de se casser les deux jambes plutôt que de s’engager à tourner dans ce film. Peut-être était il désintoxiqué. Mais le mal était fait, il devait jouer aux côtés de Sybil Danning et Reb Brown (excusez du peu, question acteurs nanars, ces deux spécimens font partie des incontournables) dans un film d’horreur au scénario incroyablement crétin.


Dans le fond, Christopher Lee vient soudain de se rendre compte dans quoi il joue. Reb Brown, comme d'habitude, ne s'est encore rendu compte de rien.


Commençons par le commencement. Le sujet du film, une fois résumé, donne à peu près ceci : deux hommes et une femme doivent retrouver le maître des loups-garous pour stopper l'invasion galopante à travers le monde. Et ce maître (ou plutôt cette maîtresse) se trouve où, à votre avis ? Qui a répondu en Transylvanie ? Gagné. Bon début : des clichés vampires sont calqués dans un film de loups-garous [Note de Nanarland : déjà présents dans les livres de Gary Brandner dont sont adaptés les films].



Après un générique nous montrant des gargouilles et autres têtes de mort (haha ! Vous avez peur, hein ?) sur fond de thème musical punko-new wave abominable, Christopher Lee s’essaie à l’exercice de style « Alfred Hitchcock présente ». Le réalisateur use dès le départ des moyens les plus pitoyablement ratés pour essayer de créer une atmosphère de peur, en pure perte.


Quand Christopher Lee nous fait une introduction au film, on écoute religieusement. Note : le squelette est là pour nous rappeler qu'en fait il faut avoir peur.


Au début du film lui même, on voit une présentatrice télé se transformer en loup-garou en direct live on the TV et se faire aussitôt descendre. C'est une manière de faire le lien avec le premier film de la série (je reviendrai sur les transformations et les costumes plus tard, parce que c’est pas triste). Elle meurt, affaire classée. Sauf pour notre vaillant Reb Brown et la nénette potiche de service, respectivement frère de la présentatrice défunte et heuuu … journaliste, faut bien qu’on lui trouve une fonction. Sont pas bêtes, les deux, ils se doutent qu’il y a anguille sous roche, mais pensent à une maladie bizarre.


Faut dire avec des maquillages pareils, c'est loin d'être gagné !


Lors de l’enterrement, toc toc badaboum, voilà qu’arrive notre Christopher Lee : son rôle, c’est de tout savoir (Pourquoi ? Parce qu’il a des pouvoirs télépathiques ou un truc du genre ). Celui-ci, qui trimballe d’un bout à l’autre du film une mine déconfite traduisible par un « Mais qu’est-ce qui m’a pris de jouer là dedans ? », les invite chez lui où il leur révèle qu’il en sait ‘achement long. Primo, il annonce sans ambages « votre sœur est un loup-garou ». Pour le tact, vous repasserez. D’un autre côté, notre Reb Brown a l’air vraiment bouleversé d’entendre ça : il …. lève mollement un sourcil, en fait non même pas, il exprime le mieux ce qu’il sait faire, à savoir qu’il est perpétuellement aussi inexpressif qu’une tanche. Je crois bien qu’il se surpasse dans ce domaine, même dans Yor il fait moins carpe, c’est dire ! Ensuite, Christopher Lee leur révèle que tous les 10 000 ans les loups-garous reviennent et s’emparent du monde à la pleine lune.


Allez hop ! Ils retournent au caveau de la sœur morte en pleine nuit et tombent sur quelques gars avec des barbes de Papa Noël et des griffes en plastoc. De jeunes cons bourrés qui font les clowns ? Non, des loups-garous. Qui poussent des cris de caniches qu'on aurait privés de Canigou. A première vue, la différence jeunes cons / loups-garous n’est pas flagrante, voir ci-dessous.


M'est avis qu'ils ont racheté un stock de masques et costumes du tournage de "La Planète des singes".


Hop une bataille, le loup-garou est à gauche, je tire à droite, c’est un foutoir sans nom. Mine de rien, à trois avec un pistolet, ils arrivent à faire décamper quelques loups-garous. Pas très farouches ni très affamés. La suite des opérations : Christopher Lee décide d’aller terminer sa nuit dans une boîte « branchée » où joue le groupe le plus ringard du coin, qui nous interprète sa chanson innommable pseudo punko new wave. Boîte qu’il sait fréquentée par des loups-garous.


La jaquette québécoise, qui orthographie le film avec un "s" à la fin.


Scène très brève (une seconde !) mais que je trouve hilarante et symptomatique : on le voit enfiler des vêtements qui le feraient passer inaperçu dans cet endroit où la moyenne d’âge atteint péniblement les 20 ans. Il s’agit très certainement d’une scène où Christopher refusait d’enfiler cet accoutrement ridicule, mais où je devine que le chef costumier et le réalisateur lui ont dit « Oh, allez ! Essaie le rien qu’une fois, s’il ne te plaît pas on laissera tomber ».
Sauf que les margoulins ont filmé le moment où Christopher est habillé de pied en cap, et où quelqu’un lui met des lunettes de soleil pour parachever le ridicule (rappelons que la scène se passe en boîte de nuit ). On sent Christopher Lee se dire qu’il a l’air vraiment con, et que même cet essai de costume ignoble le gonfle. Mais, maintenant qu’il a été filmé à l’impromptu dans cet accoutrement, il ne peut plus faire machine arrière : il joue donc une très courte scène où il s’avance au milieu de jeunes habillés tout en jeans, lui, 30 ans de plus avec un costume tout droit sorti d’un club gay de l’époque. Le résultat en image, ça dépasse l'imagination :


Christopher Lee (si, c'est lui) piégé par "Surprise sur prise", la main qui lui a collé les lunettes sur le visage vient de sortir du champ. On le sent, heu… parfaitement à son aise.


La suite : une nana loup-garou excite deux jeunes dans cette boîte, ils s’en vont tout droit dans une bonne vieille usine désaffectée, l’endroit idéal pour faire crac boum hue. Sauf que non : la nana garou s’avance, tourne à gauche droit devant eux, aussitôt l'un des deux se prend une bouteille en verre à l'arrière du crâne. Ils croient que c'est la nana qui l'a lancée. Cherchez l’erreur. Et vlan, vas-y qu'il se prend une poutre (!) en plastoc venue du même endroit. Joueurs mais timides quand même, nos copains garous. Et qui apparaît à l’étage supérieur ? 20 loups-garous qui lancent une caisse en bois de 3 m x 3 m sur un des gars, la caisse de 100 kilos rebondit. C’est ça, le polystyrène… Résultat, les deux crétins se font bouffer ou presque. Le « presque » c'est pour les effets spéciaux et ellipses bienvenues made in Club Dorothée. A noter qu’on a vu à quoi se résume la transformation d’un loup-garou : un plan sur des ongles qui s’allongent, un autre sur des oreilles qui deviennent pointues et un dernier pour des poils qui poussent sur la main. Autant vous dire que ces seuls trois plans serviront de stock-shots à plusieurs reprises pour indiquer que des loups-garous se transforment.



Sur ce, Christopher Lee, à nouveau en habit civil, Reb Brown et la potiche journaliste vont en Transylvanie chercher Stirba, la reine des garous. Parce que oui, qu’on se le dise, la reine des loups-garous vit en Transylvanie avec le gros de ses forces. Curieux, cet air de déjà vu … On voit la nana garou de l’usine désaffectée arriver en Transylvanie, très discrète dans ces contrées : noire, toute de cuir vêtue plus lunettes de soleil. Mais qui est Stirba ? C’est bien sûr notre Sybil Danning préférée, et sa garde robe, heu… disons très particulière.

 

Vous comprenez mieux pourquoi le choix du réalisateur s'est porté sur Sybil, hein ?


Les trois compères arrivent donc dans un petit village d’Europe Centrale qu’on croirait sorti de Willow, avec une petite fête bon enfant : normal, on s'amuse bien dans un pays plein de loups-garous qui dévorent des auto-stoppeurs allemands habillés en Tyroliens. Christopher Lee cherche des complices pour attaquer le château de Stirba, il trouvera son bonheur auprès d’un curé, de quelques figurants et de la version locale de Passepartout (« Fort Boyard » n’existait pas encore, ceci explique peut-être cela ).
Reb Brown et la pot… pardon la journaliste cherchent un hôtel. On leur donne d’office la chambre 666 (quoi de plus normal, l'hôtel est pas plus grand qu’une bête maison à un étage). Les deux neuneus ne tiquent pas bien sûr... S'ensuit un dialogue finement ciselé entre Reb Brown et la femme (Qui s'appelle au fait Annie Mc Enroe et qui a fait une carrière tout ce qu'il y a de plus médiocre en jouant des troisièmes rôles dans un tas de trucs sans intérêt). Voilà ce que ça donne grosso modo :
Annie : Elle est belle cette chambre.
Reb : Oui.
Annie : Et les gens sont accueillants.
Reb : Oui.
Annie : Oh oui prends moi.
Résultat :


Personne ne résiste au charme oeil torve / mâchoire serrée de Reb Brown, pas même une potiche.


Voilà pour la première touche de sensualité. La nuit tombe, Christopher Lee a ourdi son plan d’attaque et rejoint Reb Brown, toujours aussi inerte, et sa potiche. Pendant ce temps les loups-garous hurlent à la pleine lune, non sans avoir partouzé dans l'aprèm. Ou plutôt trois acteurs nu(e)s avec quelques poils rajoutés se grognent dessus et se montrent les dents dans un lit. Voilà pour le sexe. Ah si, Sybil / Stirba arrache sa belle robe à décolleté noire et montre ses seins, deuxième moment de sensualité.


Ze scène où Sybil déchire sa robe !

 


Ladite partouze, de quoi vous dégoûter d'aller en club échangiste loup-garou, ça (Sybil au milieu).


La grande attaque arrive, et le fourbe Passepartout mène nos héros et les gentils figurants dans un guet-apens. Si je vous dis guet-apens et loups-garous, à quoi pensez vous ? Grands balèzes de 2m20 et 150 kilos qui décapitent la troupe en 5 secs ? Perdu. C'est plutôt un gars du gabarit de Nicolas Sarkozy avec une barbe postiche qui suit les gars en marchant sur la pointe des pieds. Bien sûr la transformation des quelques garous se résume encore une fois aux mêmes trois plans. Bordel général, 2 - 3 morts parmi les gentils figurants, 12 parmi les loups garous. Normal, Christopher Lee a dégainé sa grenade à eau bénite, qui transforme un chtit loup garou en champignon atomique.


Une attaque de loups-garou c'est ça. Quand je vous parlais de "La Planète des singes"


Où l'on apprend qu'il n'est pas prudent d'aller affronter Sybil / Stirba quand on est un simple curé (Sybil lâche sa terrible chauve-souris en plastoc sortie de son sceptre qui vous bouffe le visage). Gros plan sur le visage du curé mort, l'acteur a oublié qu'il était mort, ses yeux bougent encore.
Diantre ! La potiche journaleuse se fait kidnapper ! Oh non ! On l'attache à un poteau dans des catacombes, et un loup-garou lui passe un peu de sang sur le corps et pis s'en va ! Horrible…




La potiche fait tout ce qu'elle peut pour avoir l'air effrayé mais quand on voit le loup-garou, vague sosie de Bernard Campan...


C'en est trop ! Christopher Lee va affronter Sybil Danning : eh ben il se trouve que Stirba / Sybil et Christopher sont frère et soeur. On sait tous que les histoires de famille ça peut mal tourner, surtout quand le contentieux date de 10 000 ans. J'vous l'dis tout de suite, c'est Christopher Lee qui gagne en cinq secs, certainement désireux d'arrêter au plus vite de traîner son visage qui porte toujours les stigmates de la douloureuse question : "Mais qu'est ce que je fous ici ?". Reb, mâchoire carrée et droit dans ses bottes, sauve sa dulcinée.


Ah grrrr !! Ah grrrr !!


Retour au calme, c'est Halloween, les deux tourtereaux donnent des bonbons à un gamin grimé en loup-garou qui pousse un petit hurlement digne d'un chihuahua enroué. Nullement décontenancés, ils vont féliciter le voisin en leur disant que son fils a un beau déguisement. Ce à quoi il répond "mais je n'ai pas de fils".
Et en avant pour Hurlement III (qui soit dit en passant se déroule sur trois continents avec des kangourous garous très copain avec les Aborigènes, le tout filmé par le même tâcheron, mais en moins marrant) !
Générique de fin : la musique pourrie new wave punk à 2 balles du groupe de la boîte de nuit vient accompagner une sélection des "meilleurs moments" du film, dont la scène où Stirba nous montre son opulente poitrine repassée… 17 fois !!!


On revoit cette scène-là 17 fois, je suis tenté de vous la mettre en 17 exemplaires moi aussi, y a pas de petits profits.


Tout y est, rien ne manque, le ridicule ne tue pas, ni les dialoguistes, ni les acteurs, ni les musiciens, ni le réalisateur, qui s'amuse beaucoup quand il faut passer d'une scène à une autre : au montage, il nous rajoute les effets de fondu les plus ringards qu’il m’ait été donné de subir, l'image se décompose et se recompose en kaléidoscope, en tourbillons, en effets à quatre sous à chaque fois différents pour notre plus grand bonheur.

Question subsidiaire : quels sont les deux seuls moyens de dézinguer un garou ? Oui, le petit brun au fond de la salle ? Grenade d'eau bénite et balles en titane ? Bravo, tu as gagné une tringle à rideaux !

Résumé : avec deux stars du nanar, Reb Brown et Sybil Danning, plus un Christopher Lee qui fait tout pour qu'on comprenne qu'il cachetonne et s'en repent amèrement, plus un réalisateur et des responsables des décors et des maquillages survoltés, on ne peu pas être déçu. Une pierre angulaire du nanar d'horreur, ne serait ce que pour les interprétations.


Mais qu'est-ce que je fous là moi aussi…


Il est à noter que lorsque Christopher Lee dans "Gremlins 2" jouera les savants fous pour Joe Dante, auteur du premier opus, il ira s'excuser auprès de lui pour avoir tourné dans ce film. Le réalisateur Philippe Mora, même s'il porte une lourde part de responsabilité dans la qualité de ce naufrage, n'est pas le seul à blâmer, les producteurs ayant par mesure d’économie largement tripatouillé le film sur la table de montage (et notamment la scène finale où on nous repasse 17 fois la scène où Sybil nous montre ses seins).

- Stirba -
Moyenne : 3.66 / 5
Stirba
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
5/ 5
Mayonne
NOTE
4.5/ 5
John Nada
NOTE
3.75/ 5
Nikita
NOTE
2.75/ 5
Labroche
NOTE
4/ 5
Wallflowers
NOTE
4/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5
LeRôdeur
NOTE
1/ 5
Drexl
NOTE
4/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Personne n’a eu le courage ou l’inconscience de rééditer ce film en DVD en France et c’est bien dommage. Par contre l'éditeur Arrow Video a sorti un double Blu-ray très complet, en VO avec sous-titres anglais, et surtout plein de bonus : des interviews de Reb Brown, Sybil Danning, et des responsables des effets spéciaux Steve Johnson et Scott Wheeler, un commentaire audio du réalisateur Philippe Mora, un autre avec le compositeur Steve Parsons et le monteur Charles Bornstein, des scènes making off, bande-annonce, et surtout une scène d'intro et une fin alternatives.

Côté DVD, il y a une édition simple de chez "MGM" comprenant une piste et des sous-titres français, ainsi que des éditions sorties au Royaume-Uni (chez Optimum Home Releasing) et en Allemagne, mais rien en France donc.

En VHS, de nombreuses éditions aux jaquettes variées se trouvent encore dans vos Cash préféré, comme celle de "Digital master" (collection frisson), de "Continental Picture" ou de "Thorn Emi Video".



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