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L'Ile des Komodos Géants


L'Ile des Komodos Géants

Titre original :Curse of the Komodo

Titre(s) alternatif(s) :Prédateurs mutants

Réalisateur(s) :Jim Wynorski (sous le pseudo de Jay Andrews)

Année : 2004

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h27

Genre : Komodo Massacre

Acteurs principaux :Gail Harris, Melissa Brasselle, William Langlois

Rico
NOTE
3/ 5


Mine de rien, on est en train de revivre un âge d’or du film d’animaux géants.
Il y eut les années 50, avec ses vraies bestioles filmées en gros plans sur des maquettes (voir des photos pour les plus impécunieux), les années 60, avec ses animations image par image saccadées, les années 70, avec ses transparences aux couleurs baveuses, les années 80, avec ses animatroniques approximatifs et ses maquillages au latex, puis d'un coup plus rien. Le trou. Le désert de Gobi, nacache, rien… Les années 90 furent un désastre pour l’amateur de bébêtes survitaminées. On pouvait croire le genre définitivement enterré sous les tombereaux de slashers débiles post-Scream ou de complots gouvernementalo-extraterrestres post-X-Files qui ont encombré nos vidéo-clubs ces dernières années. Quand soudain, timidement, les bienfaiteurs de chez Nu Image montrèrent la voie du renouveau : Eh les gars, regardez, on s’est acheté un Mac et Photoshop ! On va faire des images de synthèse !


La jaquette japonaise en rajoute beaucoup dans le militaire, rien de ce viril débarquement n'apparaît pourtant dans le film.


On ne célébrera jamais assez le travail de pionnier d’Avi et Danny Lerner. « Spiders », « Octopus », « Shark Attack » : ils ont prouvé qu’avec un minimum de talent, d’idées et de compétences informatiques (bon, un strict minimum s’entend) on pouvait faire de nouveau progresser la cause animale sur nos écrans. D’où un retour en force ces dernières années du direct-to-video de monstres ringardos tourné pour pas cher. Aujourd’hui, l’immense révolution de l’image de synthèse bricolée maison permet à n’importe quel tâcheron de faire son Spielberg amateur. Le film d'attaque d'animaux géants est de retour ! Dans la foulée de ces deux précurseurs, tout un tas d’opportunistes ont repris leurs cours de biolo (on dit SVT maintenant) pour trouver un nouvel animal prêt à boulotter de la blonde à gros seins.
Relativement épargné jusqu’alors par cette frénésie du film d’attaques animales, le varan de Komodo se la coulait douce sans avoir excité outre mesure les imaginations. On peut évoquer pour mémoire l’insipide « Komodo » de Michael Lantieri en 99, aux vertus soporifiques largement dénoncées par tous les imprudents qui s’y sont risqué.
Ce qui fait d’ailleurs fort peu de monde, se sont dits les exécutifs de chez « Royal Oaks », qui sont loin d’être des glands et qui usinent ordinairement des petits téléfilms de commande pour les chaînes câblées américaines. Regardez-moi cette grande gueule pleine de dents, ce physique râblé, cette propension à cracher du venin corrosif sur tout ce qui bouge... Ce serait dommage de laisser dormir une bestiole avec un potentiel pareil. Varan de Komodo mon ami, nous allons faire de toi une star. Allez hop, on met Stevie Wonder à l’infographie et roule ma poule…


La star du film !


Aux commandes du projet, on retrouve le réalisateur tout terrain Jim Wynorski. Jimmy, c'est 64 films au compteur en 20 ans de carrière, ce qui fait une moyenne de 3,5 par an, alors ne vous étonnez pas s’il n’a pas toujours le temps de fignoler. Un type bien ce Jim Wynorski, d'ailleurs, lui qui a dévoué son existence à l’étude circonstanciée du plan nichon. Utilisant de nombreux pseudonymes pour camoufler sa frénésie de tournage, il s’est surtout spécialisé dans le thriller cochon (voir « Les Yeux du Désir », chroniqué ici même) et dans le film d’horreur de commande, qu’il signe généralement « Jay Andrews ». Ses derniers titres de gloire tournent autour de la série « The Bare Wench Project », parodie fumeuse et dévêtue de « Blair Witch » qui tape quand même ses 5 épisodes avec des titres aussi définitifs que « Scared Topless » ou « Nymphs of Mystery Mountain ».
Jimmy nous emmène donc ici sur une île hawaïenne fort sauvage où, comme de juste, l’armée se livre à des expériences sur des varans de komodo, histoire comme d’habitude de créer l’arme parfaite patati patata… Bon, vous voyez le topo, le genre d'histoire indémodable qu'on nous ressert depuis 50 ans de films de monstre… et ben devinez quoi : ça leur échappe !! Mais ils ne comprendront donc jamais les militaires américains ! Ca leur fait combien de milliers de projets expérimentaux foireux qui se sont libérés en bouffant tout le casting ? A croire que les monstres commencent toujours par manger les scénaristes compétents... Enfin... Donc les bestioles rendues géantes par on ne sait trop quel procédé commencent par boulotter les membres d’un commando chargé de liquider la question, puis s’en prennent aux scientifiques en poste sur l’île, retranchés dans une maison entourée d’un solide appareillage électrique seul à même de repousser les attaques des gros lézards.


Quelques bâtons, de la lumière bleue et c'est parti...


Le casting constitue d'ailleurs un bel aréopage de clichés sur pattes puisqu’on trouve, dans le désordre, le patron du projet bouffé par les remords après que ses recherches aient été détournées pour des finalités guerrières, son assistante un peu sévère secrètement amoureuse du savant, quelques bellâtres de gardes dont le baroudeur à la mâchoire carrée et à la barbe de trois jours savamment entretenue ou encore la fille dudit savant qui passe son temps à hurler très fort et à prendre des bains. D’ailleurs c’est pas tout ça mais il est temps d’un PLAN NICHON !!!


Glori Ann Gilbert, la fille du professeur, qui ferait bien de vérifier plus souvent son bronzage.


Pendant ce temps, une équipe de bras cassés emmenée par un culturiste et sa copine à gros seins qu’on croirait sortis d’un film de chez Sidaris, fuient en hélico après le casse fort sommaire d’un casino. Se posant en catastrophe sur l’île précitée, ils rejoignent les scientifiques déjà en place, les valoches bourrées de billets sous le bras.


Sur IMDB, certains comparent le charisme du casting à celui d'un porno. Ce qui n'est d'ailleurs pas totalement faux pour certaines des actrices...


Après quelques tergiversations et quelques attaques qui entraînent les premières compressions de personnel, tout ce petit monde décide d’unir ses forces le temps de trouver un moyen de s’enfuir de l’île. D’autant que, détail cocasse, le varan sécrète un liquide visqueux qui a la curieuse propriété de transformer quiconque le touche en une sorte de simili zombi agressif qui n’a plus dès lors que l’envie de se faire manger par le monstre.


Mattei's spirit not dead !


Pendant ce temps, à l’état major de l’armée, on commence à établir un plan pour éliminer toute trace du projet secret et éradiquer la menace komodesque. Le bombardement au napalm semble tenir la corde. Mais il est vrai que c’est un indémodable.


Le méchant militaire de service.


On le voit, Wynorski, qui a aussi torché le scénar sur un coin de table le week-end précédent le tournage, ne gagnera pas un Oscar pour son histoire qui semble être une compilation de trente années de mauvais clichés du film de série B. Mais bon, on n’est pas là pour voir une histoire tordue à la Charlie Kaufman ou à la Darren Aronofsky mais bien pour déguster un bon gros film de bébête où un gros sac à main sur pattes bouffe les trois quarts du casting.
Tiens, ben pour la peine : PLAN NICHON !


Subtil, le plan nichon style concours de T-shirt mouillé. Melissa Brasselle, une habituée de chez Wynorski qui sait comment mettre ses atouts en avant.


On est quand même là pour pouvoir se délecter des effets spéciaux. Si la bestiole est relativement soignée en elle-même, on n’est loin de pouvoir en dire autant des incrustations face aux acteurs live. Ceux-ci, déjà mauvais comme des cochons la plupart du temps, gesticulent et défouraillent comme des malades sans jamais recharger face à un lézard plutôt amorphe qui se contente de grogner et d’ouvrir le bec lorsqu’il ramasse des dizaines d’impacts en pleine poire sans jamais avoir la moindre marque.


C'est bien gentil de jouer l'incruste mais quand même, faudrait tâcher de faire un peu mieux la prochaine fois.


Si certaines scènes de nuit ou en mouvement (comme la poursuite entre le pick-up et le monstre tortillant du cul) tiennent vraiment bien la route, d’autres font franchement pitié, notamment le final.


Les acteurs, eux, en font des caisses pour pallier le stéréotypage forcené de leurs rôles, peu aidés il est vrai par des dialogues bien débiles.
« - Vous avez peur ?
- Non je suis trop furieux pour avoir peur »

En guise de conclusion, il faut bien avouer que Wynorski connaît son métier quand il s’agit de jongler avec un petit budget. Faisant de la belle image (quelques scènes de jungle, de cascades et de volcans en arrière plan sont de toute beauté), même si son île du Pacifique a très largement été reconstituée dans un arboretum de Los Angeles, Jim sait mettre très en valeur le peu qu'il a. Maniant largement le stock-shot dès que l’armée est censée entrer en jeu, il se plante un peu, détail ballot, dans les plans des avions qui changent parfois de modèles d'une scène à l'autre. Il se permet même quelques gags référentiels, comme cette scène où le militaire responsable du projet avoue avoir eu l’idée de ses monstres après avoir vu un film à la télé !


Malgré quelques longueurs, « L’Ile des Komodos Géants » fait partie de ces purs plaisirs nanars new look qui refleurissent en ce moment, tels « Ptérodactyles » ou « MosquitoMan ». Evidemment, l’esthétique trop propre et trop actuelle peut rebuter l’esthète fan du vintage. Mais moi je veux bien faire le pari que dans 20 ans, si ça se trouve, nos enfants traqueront nos actuels DVD de supermarché à 1,99 € comme nous chérissons nos VHS des 80’s. Le sein siliconé, le bouc et le piercing seront la moustache et la mulette du futur…
P.S. : Succès de vidéo-club, le film a déjà sa suite en chantier, toujours sous la houlette de Jim Wynorski. Et comme les affrontements de stars sont à la mode, nos komodos vont aller compter fleurette à une autre vedette de vidéo-club : "Komodo vs Cobra". Je sens que ça va être du haut de gamme.
Addendum postérieur... En fait non, je dois déchanter après avoir vu "Komodo vs Cobra": Wynorski s'est contenté de photocopier rigoureusement son premier film. Mêmes péripéties, mêmes lieux de tournages, mêmes acteurs (quand bien même il étaient censés être morts dans le premier) avec juste Michael Paré et un cobra géant en plus.
Franchement, on atteint là un niveau de fainéantise cinématographique qui fait peur !



- Rico -

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Malgré un passage fort récent sur la chaîne de la TNT W9 et, semble t-il, une première fois sur M6, le film n'a d'abord eu droit qu'à une minable sortie en kiosque chez "Phoenician", dans une version recadrée à la tronçonneuse avec juste la VF.


Il est ensuite sorti sous le titre "Prédateurs mutants", toujours en 4/3 avec VF seulement...


Sinon, le DVD américain distribué par "20th Century Fox" se trouve sur le net pour pas très cher. Par contre, pas la queue d'un bonus hormis la bande-annonce, et même pas de VF pour les Québécois. Pffff...
Toutefois, comme il est sur le catalogue des possessions M6, on peut être quasi certains de le revoir un jeudi ou un samedi soir sur cette même chaîne. D'autant que dernièrement on l'a vu ressortir en coffret de luxe avec le rigolo "Mosquito" et l'amusant "Ice Spiders" (où des araignées mutantes attaquent une station de sports d'hiver, film sympa mais qui joue hélas un peu trop sur le second degré pour mériter sa place chez nous).