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Intikamci (Turkish Road Warrior)


Intikamci (Turkish Road Warrior)

Titre original : Intikamci (Turkish Road Warrior)

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Çetin Inanç

Année : 1986

Nationalité : Turquie

Durée : 1h23

Genre : Allez, un p'tit guerrier pour la route !

Acteurs principaux :Hüseyin Peyda, Serdar Kebapçilar, Filiz Taçbas, Sümer Tilmaç, Hikmet Tasdemir, Ümit Acar, Mehmet Samsp

Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Vous l'avez admiré dans "Korkusuz" alias "Turkish Rambo II". Il vous a impressionné par son inégalable maîtrise du lance-roquettes à ressort. Il vous a ébloui avec son fabuleux jeu d'expressions pectorales. Maintenant, il revient et il n'est toujours pas content ! Serdar, la Turquie et Nanarland ont besoin de toi ! Ça va ruer dans les brancards !


Dans les années 80, avec l’explosion du cinéma d’action musclé incarné par Stallone et Schwarzenegger, les producteurs turcs ont cherché à lancer une nouvelle génération d’acteurs à gros biscotos, plus conformes aux attentes du public. Aux dépens notamment de ce pauvre Cüneyt Arkin qui, malgré toute l’affection que ses compatriotes lui portaient encore, incarnait déjà un cinéma daté, avec ses cheveux gris et ses moulinets de bras d’un autre âge. C’est ainsi que Cetin Inanç va dénicher Serdar, alias le Stallone du Bosphore, une petite pépite qu’il dirige dans "Korkusuz" (alias "Turkish Rambo II"), Kara Simsek" (alias "Turkish Rocky"), "Asi Kabadayi" (alias "Turkish Wolverine") et le film qui nous intéresse ici, "Intikamci" (alias "Turkish Road Warrior"). L’ensemble constitue une tétralogie nanarde informelle qui aura permis à Serdar de se faire un petit nom, et à Cetin Inanç de satisfaire sa passion bienheureuse du plagiat shooté à l'acide.


Turkish Big Jim.


Dès la scène d'ouverture, le spectateur prend conscience qu’il regarde un grand film : Wonder Woman fréquente une bande de pseudo hell's angels qui rasent la route en chevauchant leurs 125 et fument de l'herbe sur la pelouse d'un square. Soudain, ils sont attaqués par des ninjas ! Mais ils sont sauvés par l'intervention providentielle de Mad Max, qui latte les encagoulés grâce à son art imbattable du kung-fu psychotique. En remerciement, Wonder Woman se met à engueuler Mad Max et repart faire de la moto avec les bikers. Entre elle et le guerrier solitaire de la route, c'est désormais le coup de foudre... Raconté comme ça, ça parait déjà WTF comme point de départ mais à l'écran, ça nous est présenté le plus sérieusement du monde comme la normalité la plus absolue.


Une super héroïne née pour être sauvage (Filiz Taçbas, déjà héroïne de "Korkusuz").

Faites comme Wonder Woman, les enfants, dites non à la drogue ! Une super-héroïne de touche pas à l'héroïne !Ouééééé ! Un plan nichons !

Wonder Woman violée par un ninja.


Après avoir été le Sly version stambouliote, Serdar endosse donc le look de Max Rockatansky et devient ainsi le nouveau Mel Gibson sauce kebab (le rôle de Turkish Mad Max avait déjà été tenu par Cüneyt Arkin dans le très nanar "Olüme Son Adim", réalisé par devinez qui). Notre héros aura le chic de tomber toujours pile-poil au bon moment pour sauver Turkish Wonder Woman quand celle-ci se trouve dans le pétrin. En fait on apprendra que Turkish Mad Max ne passe pas dans le coin par hasard, il est là pour rendre justice. Serdar revient dans son village pour venger la mort de son père, vilement assassiné par Le Parrain de la mafia qui règne d'une main de fer en maître absolu et incontesté sur la ville.

Incontesté ? Pas tout à fait, car le commissaire de la police locale, flic intègre qui ne s'arrête pas aux amitiés politiques du gangster, aimerait bien pouvoir boucler le despote, d'autant qu'il le suspecte d'être à l'origine d'une série de meurtres inexpliqués (et qui le resteront pour les spectateurs ne parlant pas le turc). De son coté, Turkish Wonder Woman, qui n'est autre que la propre fille du Parrain, s'éprend de Turkish Mad Max et décide de l'accompagner dans sa quête de revanche. Notre héros devra affronter un adversaire coriace en la personne du bras droit du Parrain, une espèce de super tueur professionnel joué par Sümer Tilmaç alias Turkish Jean Reno, moustachu notoire déjà vu dans "Korkusuz", "Kara Simsek" et "Asi Kabadayi" (tiens tiens...).

Turkish Le Parrain (à droite) et ses sbires moustachus font régner la terreur.Heureusement, Serdar en a méchamment dans le slibard !
Une turkish vendetta.Jan Renö en facheuse posture.Hüseyin Peyda, l'acteur fétiche de Cetin Inanç.


Pour illustrer ce western moderne aux enjeux mélodramatiques dignes d'une tragédie grecque, Cetin Inanç insuffle au film son rythme frénétique et ses tics de mise en scène habituels : bande-son ronge-cervelet, zooms incessants, image tantôt sous-exposée tantôt ayant fermenté une semaine dans un baquet d'acide sulfurique, absence de transitions, plans outrés, montage exécuté à la tronçonneuse rouillée… son art avant-gardiste nous fait notamment profiter d'une des scènes de poursuite en bagnoles les plus incohérentes de la création, ainsi qu'un joli accident de voiture mettant en scène le Turkish Interceptor vrombissant de notre guerrier de la route. Toutefois, la musique, intégralement piquée à "Mad Max II", est cette fois-ci utilisée à bon escient et magnifie l'aura "badass" de Serdar.

Turkish Interceptor.


Comment on dit "We don't need another heeeerooo !!!" en turc ?


Car il faut bien reconnaître qu'en dépit de son jeu qui se contente d'alterner grimaces et monolithisme catatonique, notre Turkish action star dégage un indéniable charisme, et que le look cuir moulant et clouté lui sied à ravir. Il est vrai que le metteur en scène fait tout son possible pour mettre en valeur notre dur à cuir, le filmant quasi-systématiquement en contre-plongées avantageuses. Et comme notre ami se débrouille bien dans les scènes de castagne, Cetin ne perd pas une occasion d'émerveiller le spectateur en faisant travailler les muscles perpétuellement bandés comme des ânes de son culturiste. Avec une régularité de coucou suisse, notre justicier est donc attaqué toutes les cinq minutes par des sbires moustachus du Parrain, des occasions toutes trouvées pour le bodybuildé Serdar de crisper très fort les biceps et les mâchoires et de prouver qu'il est invincible lorsqu’il s’agit de tabasser des petits vieux gringalets à cheveux blancs, avec une rage hystérique et un style martial rappelant le Cüneyt Arkin des beaux jours.

L'art de mettre en valeur son acteur vedette.

YAYA-YIIIIII !!!

Aucun gros lard ne résiste à Serdar !

Serdar, un malabar qui ne fait qu'une bouchée des vieillards !


Outre qu'il reprend plusieurs éléments de Mad Max (le justicier solitaire parcourant l'asphalte désertique au volant d'un ersatz de l'Interceptor, les looks post-apo de Serdar, de Turkish Jan Renö et de la fille du Parrain, les motards et bien sûr la BO) qui lui ont valu le titre international de "Turkish Road Warrior", "Intikamci" est surtout un film d'action pure et dure à la "Commando", avec l'indispensable assaut final et sa débauche de bourrinage réjouissant. Car Serdar, qui se battait à mains nues jusque là, a opté pour l'utilisation d'une sorte de super fusil d'assaut à pompe, à l'instar de Jan Renö qui lui s'est procuré un gros fusil à lunette.

Entre ces deux machines à tuer, la confrontation promet d'être musclée. Mais outre ce duel méga-viril où nos deux bêtes de guerre rivalisent de testostérone et de roulé-boulé dans les collines, Serdar aura à affronter Le Parrain et son gang, lesquels se feront bien entendu massacrer au cours d'une tuerie frénétique au cours de laquelle Serdar nous offre une imitation de Francis Blanche dans "Les Barbouzes" en accompagnant chaque coup de feu de tics nerveux faciaux. Et quand la police arrive enfin, elle ne peut que faire le décompte des cadavres après le nettoyage en règle de notre Jan Matriz. D'ailleurs, il me faut avouer qu'en l'absence de sous-titres, je n'ai rien compris au dernier quart d'heure qui voit le bras droit du méchant passer du côté des gentils, le héros laisser sciemment son meilleur ami se faire tuer par le méchant sans réagir alors qu'il a son arme braquée sur le vilain, et une série de twists et de révélations à même de désorienter le public non-turcophone. D'ailleurs, il n'est même pas certain qu’un Turc saisirait toute la complexité de ces rebondissements scénaristiques balancés en rafales à la face du spectateur.

L'heure de l'ultime confrontation a sonné entre Turkish Léon et Turkish Mad Max !

Serdar transforme les sbires en steaks tartares.


Notre héros vient de se prendre deux balles de carabine en pleine poitrine et à bout portant mais ça ne l'empêche pas de démolir la face du méchant dans le combat final. Ce serdar, quel gaillard !


En résumé, s'il n'est pas le plus délirant des rip-off du fin renard Cetin Inanç, "Intikamci" s'avère toujours aussi mal fichu et paradoxalement toujours aussi efficace que les autres œuvres du bonhomme. Que l'on parle la langue ou pas, on ne s'ennuie pas un instant devant ce déchaînement de violence filmique et de testostérone qui prouve que le cinéma burné ne connaît pas de frontières, et que la bêtise est une valeur universelle.

 

En bonus, voilà quelques affiches promotionnelles d'époque à encadrer dans votre salon :

 

BEEEEEUUUAAAAAAAAARHH !!!


Icono :
http://sinematurk.com
www.otekisinema.com
http://rakiriot.wordpress.com

- Jack Tillman -

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

"Intikamci" fut transféré sur DVD à partir d'une VHS en format NTSC éditée par "Nedim Video" durant les années 80. La copie est de qualité très moyenne avec une image pas très nette (comme en témoignent mes captures d'écran).
J'ai personnellement vu le film dans une version courte censurant honteusement des passages cruciaux comme une scène hot entre Serdar et Filiz Taçbas, ainsi qu'une autre scène de sexe entre Le Parrain et sa maîtresse, et une séquence où Filiz Taçbas alias Wonder Woman exécute un numéro de danse devant le gang de bikers, passages présents dans la bande-annonce d'époque disponible dans l'onglet "Liens utiles" de la chronique (Serdaar ! Serdaaar ! Intikamci ! Serdaaar !).