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Karate Tiger 2

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Karate Tiger 2

Titre original :No Retreat No Surrender 2 : Raging Thunder

Titre(s) alternatif(s) :La panthère du kickboxing, Coeur de kickboxer (Québec)

Réalisateur(s) :Corey Yuen

Année : 1989

Nationalité : Hong Kong / Etats-Unis

Durée : 1h32

Genre : Pif ! Paf ! Boum !

Acteurs principaux :Max Thayer, Cynthia Rothrock, Hwang Jang Lee, Matthias Hues, Loren Avedon

Nikita
NOTE
2.75/ 5



Un massacre. « Karaté Tiger 2 » m’a massacré le cerveau. Au propre comme au figuré. Physiquement, tout d’abord, et d’une manière qui n’a rien à voir avec la qualité intrinsèque du film : j’ai en effet l’honneur d’avoir acheté la VHS d’occasion la plus pourrie du monde, dont l’image ignoble m’a littéralement fusillé les nerfs optiques et vrillé les cellules grises de mille piques enflammées. Au figuré ensuite, car, si j’en juge par le plaisir que j’y ai pris, le pur caractère régressif de ce film bourrinissime a dû me faire perdre quelques points de QI tout en me berçant d’une délicieuse béatitude nanarde.


Jaquette québécoise...


...et affiche égyptienne.



Précisons tout de suite que le film n’a strictement aucun lien avec le premier « Karaté Tiger », déjà réalisé par le Chinois Corey Yuen, et qui voyait l’affrontement entre un jeune artiste martial américain (Kurt McKinney) et un méchant champion soviétique (Jean-Claude Van Damme, alors inconnu). Les deux films ont failli cependant former un tout : originellement un film d’action exotique, le second long-métrage avait été adapté pour constituer les retrouvailles des adversaires du premier film, gentil américain et méchant soviet s’affrontant cette fois dans le contexte d’une aventure guerrière à la Chuck Norris. Mais Van Damme, sa notoriété naissante lui donnant des ailes, préféra passer des rôles de méchant à ceux de protagoniste plus vertueux en tournant « Bloodsport », et persuada Kurt McKinney de refuser également. Le changement des deux acteurs principaux, Loren Avedon remplaçant McKinney et Matthias Hues prenant la place de Van Damme, aboutit à un changement de noms des personnages, ce qui fait que les deux films n’ont, à l’arrivée, strictement rien à voir.



Mais ce n’est là qu’un détail de plus qui fait le charme de l’un des nanars d’action les plus furieusement et joyeusement primaires qu’il m’ait été donné de voir depuis longtemps. Bien que le rythme connaisse quelques baisses ici et là, l’aventure est suffisamment entraînante pour nous laisser le sentiment d’un film génialement bourrin, où rebondissements et bastons se succèdent et s’entremêlent pour former une véritable tornade qui fracasse tout sur son passage. Ici, on est dans le film d'action « pur et dur » par excellence : on tape et on tire dans le tas jusqu’à épuisement total du casting, des figurants, et de l’énergie du spectateur. Last man standing ! Les dialogues sont à l’avenant, qui, de « saloperie de merde ! » (la première réplique) en « magnez-vous la rondelle ! » participent d’un joyeux nivellement par le bas.





Le protagoniste, interprété par Loren Avedon, s’appelle ici Scott Wylde, jeune artiste martial américain propre, beau et bien élevé, qui se rend en Thaïlande pour retrouver sa fiancée, fille d’un riche émigré vietnamien. Le temps de fêter leurs retrouvailles et de découvrir la cuisine locale au cours d’une scène hautement comique, la jeune fille est enlevée, Scott se voyant lui-même soupçonné par la police thaïlandaise.


Scott découvre les joies de la gastronomie thaïlandaise. Ouaff, ouaff !



Il se trouve que le père de ladite fiancée, louche trafiquant d’armes, fournissait les rebelles Khmers Rouges du Cambodge voisin, au grand déplaisir du Vietnam communiste. La fiancée de Scott a donc été enlevée par les rouges, qui la détiennent désormais en pleine jungle. Ne faisant ni une ni deux, Scott échappe à la police thaïlandaise qui souhaitait le rapatrier, et, faisant fi de la raison d’Etat, entreprend d’aller tirer lui-même son aimée des griffes communistes. Pour ce faire, il va demander l’aide d’un de ses copains, qui se trouve vivre en Thaïlande : le vétéran du Vietnam Mac Jarvis.



Et là, le bonheur du nanardeur ne connaît plus de bornes, car ledit Mac est interprété par l'immense…





Max Thayer, le plus jovial acteur américain du cinéma bis asiatique, illumine littéralement de sa présence cette coproduction américano-hongkongaise, bouffant tout l’écran dès qu’il apparaît. Plutôt svelte, en forme éclatante, Max ne gonfle malheureusement pas les joues dans ce film, mais cette relative déception est gommée par une prestation totalement (et volontairement) désopilante ! Max en fait littéralement des mégatonnes en baroudeur rigolard, roulant des yeux, cigare au bec, vêtu d’ignobles chemises hawaïennes, buvant (pour de vrai) du sang de serpent, et prenant visiblement un plaisir extrême à sa prestation d’acteur. Le revers de la médaille est que, dès qu’il apparaît à l’écran, le pauvre Loren Avedon cesse tout simplement d’exister !




MAX THAYER en plein bras-de-fer.


Scott ! Salut, mon pote !


T’as le look, coco !


MAX THAYER boit du sang de serpent.


Ca fait du bien par où ça passe ! Il est fort, ce MAX THAYER !



Comédien sympathique mais sans grand charisme, Loren Avedon (par ailleurs le neveu du célèbre photographe Richard Avedon) est un artiste martial très convaincant, mais ressemble davantage à un gentil jeune homme inoffensif qu’à un héros de film d’action. Avec sa tête de Tom Cruise, Loren n’est pas un acteur si mauvais que cela, mais montre assez rapidement ses limites dès qu’il doit exprimer des émotions intenses. Ce qui est fâcheux, car les scènes d’action, qui sont précisément celles où il assure le mieux, sont régulièrement gâchées par un cabotinage intempestif et des grimaces un peu maladroites.




Cynthia Rothrock, la schtroumpfette du kickboxing.



Le duo devient trio quand se joint à nos deux aventuriers la pilote d’hélicoptère Terry, interprétée par Cynthia Rothrock. Terry se trouve être l’ex de Mac, et les deux ne vont pas cesser de se chamailler pendant toute la mission, ce qui nous vaut des dialogues d’une finesse éléphantesque.




Scène de ménage en plein ciel.


J'en peux plus de cette gonzesse, je saute de l'hélico !



On notera que Cynthia Rothrock, amenée par la production de Hong-Kong, était alors une star en Asie, mais pas dans son pays natal. Ce qui fait que, contrairement à ce que l’affiche (sans doute retravaillée par la suite) tente de nous faire croire, Cynthia ne joue pas comme à son habitude une artiste martiale invincible, mais un personnage plus « normal », une jeune aventurière qui, par ailleurs, excelle aux arts martiaux. Mais elle est très loin d’être autant mise en valeur que l’on pourrait s’y attendre et s’avère, une fois de plus, un peu sous-employée. Davantage utilisée comme comédienne que comme combattante, Cynthia Rothrock avait encore des progrès à faire en tant qu’actrice. Elle est néanmoins très sympathique, et contribue à piquer encore un peu plus la vedette à Loren Avedon. A noter tout de même que la VF l’affuble d’une voix haut perchée ultra-vulgaire (quelque chose comme Ginette Leclerc enrouée, ou Jackie Sardou jeune), ce qui contribue à nanardiser pas mal de ses scènes.



Mais le véritable atout nanar du film n’apparaît qu’à la moitié du métrage. Voici en effet que survient l’affreux soviétique Youri, entraîneur du camp militaire secret où est détenue, en pleine jungle, la fiancée de Scott. Succédant à Jean-Claude Van Damme dans le rôle du méchant soviet, le body-builder allemand Matthias Hues est tout simplement PHENOMENAL ! Ce colosse épais comme trois armoires, sorte de Godzilla teuton, compose un personnage de brute sadique si caricatural qu’il transforme une bonne partie de ses scènes en véritables parodies !






« Quoi ? Le communisme, c’est dépassé ?! Répète un peu, pour voir ! »



Qu’il jette un espion aux crocodiles, brutalise sa jeune captive ou ricane sardoniquement, Matthias Hues est un véritable méchant de comic-book, si outrancier qu’on s’attend à tout moment à le voir quitter l’écran pour regagner les planches de sa BD !















« Karaté Tiger 2 », au-delà du côté plus ou moins caricatural de ses personnages, tire sa force nanarde de sa nature même de coproduction entre Hong Kong et les USA : le côté un peu « bas du front » des actioners américains se trouve ici mélangé à l’aspect « too much » de l’action hong-kongaise, créant un effet parfois schyzophrénique, comme si Chuck Norris se trouvait brutalement transposé dans un Jackie Chan période « Opération Condor ».









Le film comporte plusieurs séquences d’action tout à fait réussies, comme le combat des héros contre des méchants déguisés en moines bouddhistes, ou l’affrontement entre Cynthia Rothrock et Hwang Jang Lee (alias Wong Cheng Lee), éternel méchant du cinéma de HK vu par ailleurs dans «Ninja Terminator» et «Bruce contre-attaque», qui joue ici un sbire de Matthias Hues.


« Viens le dire ici, que je porte une perruque ridicule dans Ninja Terminator ! »



Mais ces éclairs de compétence ne peuvent rien contre la nature purement basse du front d’un scénario dont le seul objectif est de fracasser joyeusement tout ce qui se trouve à l’écran, sans se soucier une minute de crédibilité. Il faut voir Loren Avedon, échappant dans un aéroport à la police thaïlandaise, s’enfuir en faisant par-dessus les avions des sauts en moto totalement inutiles !











Il faut voir surtout le combat final entre le même Loren et un Matthias Hues totalement déchaîné : les dix dernières minutes du film en constituent en quelque sorte l’apothéose. Les deux adversaires se castagnent en rivalisant de grimaces et en poussant des « beeuaaaaaaaar ! » à faire pâlir Sylvester Stallone ! Matthias Hues devient pour l’occasion un pur boss final de jeu vidéo, s’interrompant même en cours de combat pour éclater d’un rire sadique (mouahahahaha !).
Totalement démesurée, cette baston m’a pour ainsi dire achevé, hébété de bonheur que j’étais de voir un combat à la fois si nanar (de par l’outrance de l’action et des acteurs) et si réussi (car le vétéran Corey Yuen sait filmer les bagarres). Nanardise extrême et compétence filmique s’allient ici pour donner un final véritablement explosif à un film qui n’en méritait pas moins : le comble étant atteint quand Loren Avedon se tire d’un mauvais pas en fracassant un portrait de Lénine sur la tête de son méchant adversaire communiste ! Quand le symbole politique rencontre l’action nanarde, ça déménage !









Phénoménalement primaire mais fabuleusement jouissif, « Karaté Tiger 2 » est une sorte d’aboutissement ultime du film d’action eighties, où la pure bourrinade américaine se trouve transcendée par la folie hong-kongaise, dans un feu d’artifice nanar, délectable au premier comme au second degré, en fonction de l’état de régression dans lequel on se trouve ! A voir, ne serait-ce que pour le plaisir d'admirer un Max Thayer à son zénith piquer la vedette à la totalité du casting ! Tudieu, quel charisme !!


MAX THAYER se concentre avant l’action.


MAX THAYER corrige un sbire. Quel homme, ce MAX THAYER !



Une fois de plus, MAX THAYER est le plus fort ! Bien joué, MAX THAYER !



Je tiens à me confondre en remerciements envers Le Rôdeur pour ses sublimes caps ! Merci également à J-L de HK Cinemagic.
- Nikita -

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Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Les éditions "Prism Leisure" se montrent de plus en plus généreuses. Dans leur dernière fournée de DVD louches, le chasseur des bacs à soldes le plus persévérant pourra trouver « Karaté Tiger 2 » (La contre-attaque !).

Que les nostalgiques de la VHS se rassurent : que ce soit du recto au verso de la jaquette, ou bien de la qualité de la copie : tout a été conservé dans un pur souci de professionnalisme. Un « Must Have » à posséder absolument ! Attention néanmoins, il semble qu’il ne soit pas trouvable partout. Mais un Max Thayer, ça se mérite !

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