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Kickboxer from Hell


Kickboxer from Hell

Titre original : Kickboxer from Hell

Titre(s) alternatif(s) :Zodiac America 3 : Kickboxer from Hell

Réalisateur(s) :Godfrey Ho

Année : 1991

Nationalité : Hong-Kong

Durée : 1h30

Genre : Saint Seiya : le cycle d'Hades II

Acteurs principaux :Steve Brettingham, Mark Houghton, Sooni Shroof, Wayne Archer, Roger Bingham

Plissken
NOTE
3.5/ 5

Au début des années 90, évolution des modes oblige, Godfrey Ho s’est grandement intéressé au kickboxing. Nous allons présenter ici l’épisode qui doit bien être le plus barré de tous.
Parfois, quand je lis des articles ou des critiques (souvent de "fans" et non d’experts), je peux voir ça et là qu’on accuse le réalisateur hongkongais de prendre quelques substances illicites. Ceci expliquerait ce talent pour nous sortir des histoires fortement hallucinées sans que cela ne le dérange plus que ça.


Bah moi, après avoir vu Kickboxer from Hell, il me paraît évident que le type n’est pas un drogué. Parce que… bon… qu’on dise que "sans air, les oiseaux ne pourraient pas voler" lorsque l’on est sous les effets de la drogue, je trouve ça normal. Qu’on se mette à courir après des éléphants roses et croire qu’on plane avec des ptérodactyles quand on est sous l’influence de substances illicites, je peux aussi le concevoir. Par contre, écrire, réaliser puis distribuer Kickboxer from Hell… même sous les effets des pires drogues… bah ça… je n’arrive même pas à imaginer que ce soit possible. Même Van Damme au top de sa dépendance, même Doc Gynéco après son millième pet’ de la journée, même Lance Armstrong après son 7ème Tour de France victorieux auraient pu voir que Kickboxer from Hell est encore plus débile que le plus débile des bad trips.
Non… Godfrey Ho n’a rien d’un drogué. Certes, il a sûrement été fortement inspiré par l’appât du gain mais même l’amour du pognon facile ne me semble pas pouvoir expliquer cette aptitude innée à tourner de telles inepties. Godfrey Ho est une immense énigme que Kickboxer from Hell creuse encore plus. Et ce film… je m’en vais vous le narrer. Ah tiens, d’ailleurs le générique commence, regardons un peu.


Zodiac America 3 ? Zodiac America 3 ??? Mais il entend quoi exactement en associant les mots "Zodiac" et "America" ? Et puis ce 3 là, d’où qu’il vient ? Vous avez vu le 1 et le 2 vous ? Bon au moins, dans le titre, y a "Kickboxer from Hell". Ca au moins, je comprends. Et si y a vraiment du kickboxeur qui vient de l’Enfer, moi, j’suis preneur. Bon alors, allons un peu plus loin dans le générique. Tiens, y a une jeune femme en détresse. Elle s’enfuit. Elle a peur. Elle crie.

 


Bah vous savez quoi ? Bah moi, j’parie qu’elle est poursuivie par un kickboxeur de l’enfer. De toute façon, j’pense pas qu’elle soit poursuivie par un zodiaque américain. On est dans une forêt et les zodiaques, c’est plutôt sur l’eau. Du coup, je mise sur un kickboxer de l’enfer. Ah attendez, on voit le poursuivant. Ah et ils sont plusieurs. Euh mais… attendez… kécécékessa ?


Mais kécécé ?

 


Mais kécécékecetruc ?

 


Mais kécécékecetruc ???


Alors… est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer pourquoi y a des types maquillés comme dans Braveheart et portant un sac à patates en guise de pull dans mon film ? Oui, bon, d’accord. On est dans un Godfrey Ho. Et niveau costumes, en témoigne sa période ninja, on n’est pas toujours hyper fashion. Mais bon… au moins… si on a un peu le sens de l’imagination, les ninjas, ils ressemblaient à des ninjas. Des ninjas sous acide certes, ou des ninjas de cour d’école. Mais des ninjas quand même. Mais là… c’est quoi ces trucs-là ? C’est quand même pas des démons de l’enfer ça ? Des échappés de l’asile tout au plus. Mais des créatures de l’enfer… qui plus est adeptes du kickboxing ? J’ai du mal à y croire. Ah attendez ! Y a un blondinet qui apparaît. Là, je parie qu’on est dans la partie "America" du titre.

 


Vu sa couleur de cheveux, c’est sûrement un chevalier au service d’Athéna. Ceci expliquerait alors la partie "Zodiac" du titre. Mais attention, il défend la demoiselle (mais j’crois pas que ce soit Athéna) et croise les guiboles avec les… les… les trucs là.

 

 


Le blondinet gagne ! J’suis sûr que c’est le héros ! Attendez, le truc qui s’est fait poutrer veut dire quelque chose ! Il empêche même ses acolytes d’attaquer ! Kécekidi ?
- Leave him for Lucifer ! (Laissez-le pour Lucifer !)
Oh sacré bordel de nom de Dieu de fils de pute. Mais alors ces machins-là c’est vraiment les kickboxeurs de l’enfer à la solde de Lucifer ?!? Ah bah merde, en Enfer, on se maquille et on bouffe plein de patates ! Wahou ! Comment il est engagé le film !

 


C’est quand même plus ce que c’était l’Enfer.


Et donc, une fois cette introduction lancée, on va passer à l’histoire suivante. Car, comme vous vous en doutez, Kickboxer from Hell (alors qu’ils sont plusieurs) est un 2-en-1 comme Godfrey (alias Alton Cheung d'après le générique) sait nous les offrir. Le film asiatique qu’il va violer sans vergogne sera donc un film d’horreur hongkongais. Les sites spécialisés en ont retrouvé la trace : The Obsessed signé Mak Pang-Chin en 1975 avec Nora Miao.


Le VCD hongkongais du film original.


The Obsessed raconte l’histoire d’une femme qui emménage avec son mari, qu’elle vient tout juste d’épouser, dans une maison où vont se dérouler de drôles d’événements. Il s’agit d’abord de petites mésaventures sans gravité, qui vont crescendo au fur et à mesure que le métrage avance. La structure est somme toute classique et on retrouve les éléments représentatifs du film de maison hantée. Ainsi, le mari éternellement sceptique qui dit à son épouse qu’elle était sans doute en train de rêver quand elle affirme avoir entendu dans la nuit une horloge qui ne fonctionne plus depuis des années. Ou qui dit que la femme translucide qui se trouve à côté de son épouse sur une photo récemment prise n’est due qu’à l’incompétence du photographe et que, sérieux, faut qu’elle arrête avec ses histoires saugrenues. Il ira même jusqu’à l’emmener chez un docteur pour l’interner quelques jours parce que bon, le mariage a été une étape émotionnelle si forte dans sa vie qu’elle en a des hallucinations. Bref, le bon vieux rôle du mari totalement incrédule du bon vieux film d’épouvante qui ne bronchera même pas quand il se fera lui-même agresser par le fantôme, et qui ne trouvera absolument pas bizarre que sa maîtresse (parce qu’il a une maîtresse) se fasse éjecter par la fenêtre alors qu’elle est complètement nue. Un suicide qu’il dira.


Si vous entendez le générique de Magnum dans votre tête, c’est normal.

 





Dites, vous pensez pas que le réalisateur devrait suivre un stage Photoshop avant de sortir le film ?


N’oublions-pas le personnage central de cette intrigue. La mariée. Qui ne demandait rien à personne et qui, après avoir déménagé de chez elle où elle coulait des jours paisibles, va se retrouver harcelée par une saloperie d’esprit vengeur.


Ma mère m’avait bien dit de ne pas me marier avec lui et qu’il me causerait tout plein d’ennuis.

 





Godfrey Ho a beau avoir trouvé des Kickboxeurs américains (et zodiaques !), le duel entre la mariée et la robe restera LA baston du film.


Y a aussi ce personnage de la petite vieille. La servante de la maison. Elle est là depuis pas mal de temps. Elle est témoin de tous les trucs hyper zarbes qui se passent dans la demeure. On sait qu’elle sait tout plein de choses. Mais elle ne dit jamais rien. Ça, c’est sans doute dû au fait que si elle parlait hyper tôt et qu’on libérait l’âme en peine du fantôme… bah y aurait plus de film. Alors elle ferme sa bouche et elle attend que les trois-quarts du film soient passés avant de causer.


Mais pourquoi qu'elle gueule encore au milieu de la nuit celle là ! Ma mère m’avait pourtant bien dit qu’elle me causerait que des ennuis !

 


- J’ai encore été attaquée, je te dis que y a un esprit qui en a après moi !
- Raah, en plus elle est complètement secouée, j’aurai dû épouser sa sœur !

 


Vous êtes bien conscients que je bosse ici depuis 50 ans et que si vous me demandez ce qui s’est passé, je suis en mesure de répondre ?


Et puis y a le rôle de celui qui s’y connaît vachement en fantômes. Qui sait qu’ils existent et qui chient à la gueule de tous ceux qui n’y croient pas. Le genre de type qui dit : « Ne vous inquiétez pas, je vais chasser cet esprit malveillant » et qui, 5 minutes plus tard, va te dire : « Oh putain, celui-ci est super puissant. Je crois que je ne peux rien faire. La solution viendra de vous. » Bon, à la rigueur, lui, il est pas trop mal parce qu’il s’habille comme Dracula dans ses séances de spiritisme.


Une conversation dont Godfrey Ho a le secret.

 


Afin de réveiller les esprits, il est important que vous répétiez tous avec moi la formule magique. Allez, tous après moi.

 


Céla céla céla Salsa Du Démon ! Tubudu tubudu tubudu tut tut ! Salsa du Démon !


Enfin, bien entendu, nous avons le fantôme. L’âme égarée qui ne veut pas encore rejoindre le royaume des Cieux parce qu’elle a connu une mort injuste et/ou qu’elle a encore 2-3 trucs à faire. Ici, le fantôme prend les traits d’une femme qui tantôt prend un bain, tantôt dirige une robe de mariée par télékinésie pour attaquer la maîtresse de maison ou qui, parfois, mange de la pastèque. Bah ouais… c’est un film de Godfrey Ho quand même.


Hey Godfrey, j’ai trouvé un vieux film d’horreur asiatique où un fantôme bouffe une pastèque à un moment, ça t’intéresse ?
- UNE PASTEQUE ? JE DOIS ABSOLUMENT VIOLER CE FILM !

 


Bizarre, ce pommeau de douche.


Bon, je me moque, je me moque mais, cette fois encore, la partie asiatique ne constitue pas le principal intérêt nanar du film. Y a bien quelques défauts amusants par ci par là mais pas de quoi se taper le cul par terre. En fait, le seul gros aspect nanar que l’on pourrait tirer de cette partie, c’est que ça n’a absolument aucun rapport avec la purée. La partie occidentale et la partie asiatique ne sont absolument pas en adéquation et ce coup-ci, Godfrey ne fournit quasiment aucun effort pour les relier. Certes, on prétexte bien que la nouvelle mariée de la partie asiatique et la demoiselle en détresse de la partie occidentale sont deux anciennes nonnes qui ont jadis houspillé Lucifer, mais ça ne colle pas vraiment. En quoi l’histoire d’un esprit ne voulant pas rejoindre le monde des morts avant d’avoir accompli sa vengeance peut-il être connecté à des scènes de kickboxers, joués par des semi-clodos mal maquillés dans un sous-bois ? C’est extrêmement étrange de regarder deux histoires qui, non seulement ne sont absolument pas liées scénaristiquement, mais en plus appartiennent à deux genres qui ne s’accordent pas du tout. Pour comparer encore une fois avec les films de ninja, aussi bien la partie occidentale qu’asiatique restent dans la tatanerie. Nous avons d’un côté des ninjas occidentaux qui se tatannent à coups de katanas et de shurikens, et de l’autre des Asiatiques qui se tatannent à mains nues. Seul un film de tatane peut s’accorder avec un film de tatane, c’est une règle inébranlable du cinéma. Or là, on alterne entre le film de kickboxing et le film d’épouvante. D’un côté, nous avons une nonne qui supplie un champion américain de kickboxing de l’aider à lutter contre les sbires de Lucifer et de l’autre, une bonne vieille histoire de maison hantée. Est-ce que dans Amityville on a des scènes où Van Damme vient poutrer des hommes en papier bulle ? Est-ce que dans L’Exorciste on peut voir Steven Seagal mettre une branlée à des Hommes-Singes ? Est-ce que dans Poltergeist, le tourment de la jeune fille est ponctué par une Cynthia Rothrock qui viendrait casser leur bouche à une horde de Gary Daniels en kilt ? Et bah non, y a rien de tout ça. Et c’est vachement mieux comme ça. Alors moi je dis qu’un type qui prend un film d’épouvante et qui y insère ça et là des scènes où un blondinet dégomme des sacs à patates ambulants, c’est de la pure bêtise et que y a de quoi se payer une bonne tranche de rigolade.


Celui-là a passé sa date de péremption.

 


Baal a piqué tout le maquillage et Lucifer a dit qu’il voulait pas en racheter. Alors je boude.


Musicalement, l'ami Godfrey, toujours mélomane, pille discrétos la musique d'Halloween de Carpenter ou de l'Exorciste de Mike Oldfield. Tant qu'à faire, autant avoir un bel écrin pour magnifier ses acteurs. Et quels acteurs ! Cette bande de vacanciers occidentaux à qui Godfrey Ho a refilé 6 dollars hongkongais de l’heure pour jouer dans son film va nous offrir un véritable festival de sur-jeu encore jamais égalé dans le monde du 2-en-1 oriental. Parce que les fastes très relatifs de la période ninja sont bel et bien terminés, que les budgets pourtant faméliques de la firme IFD semblent se réduire progressivement, et que les Richard Harrison, Stuart Smith ou autres Bruce Baron ont bien compris qu’il n’y avait pas d’avenir avec le producteur Joseph Lai, Godfrey est en effet allé puiser dans le pire container à gweilos du port asiatique. Y avait sans doute plus qu’eux, des backpackers sans talent et sans amour-propre, pour accepter de revêtir un sac de pommes de terre en guise de costume ! A ce stade-là, on ne peut plus parler d’acteurs. Un gamin de CP à la fête de fin d’année de son école ferait largement mieux que… ça. Ils sont nuls et absolument toutes les situations qu’ils ont à jouer mettent en valeur cette nullité. Ils débitent des répliques absolument affligeantes, affectent des mimiques outrées, agitent les bras et les jambes en guise de chorégraphies martiales, se lancent à corps perdu dans un concours de cabotinage dément… la totalité du casting mériterait un Razzy Award d’honneur pour leur prestation de… 15 minutes. C’est peu, certes, mais ces 15 minutes suffisent à faire de Kickboxer from Hell un des seuls films de la période « kickboxing » de Godfrey Ho à pouvoir rivaliser avec ses meilleurs épisodes ninja. Parce que oui, d’accord, dans les films de ninja, y a des ninjas moustachus en pyjama. Mais ils n’ont pas Lucifer, ni de démons de l’enfer habillés par le primeur du coin ! Oh et puis allez, je vous balance une capture d’écran de Lucifer : je ne peux pas décemment terminer cette chronique sans vous montrer le Démon des Démons dans son antre infernal où même Jésus, Bouddha, Shiva, Mahomet, Moïse,… hésiteraient à entrer tant ça pue le Mal à l’intérieur.
Attention, vous êtes prêt à voir le Mal à l’état pur dans son domaine satanique ?






Oui ! Oui ! Oui ! Je suis Belzebuth !


C’est fou comme 15 petites minutes peuvent rendre un film complètement débile.

- Plissken -
Moyenne : 3.00 / 5
Plissken
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation
Kickboxer from Hell n’est pas sorti en France et c’est tant mieux, car un doublage viendrait gâcher tout un travail aussi parfait dans l'interprétation. Aléas de la distribution, les films de la période kickboxing d'IFD sont moins faciles à trouver que les films de ninja. Sachez que toutes les scènes « occidentales » du métrage sont visionnables sur Youtube. Mais si vous voulez voir l'ensemble du désastre, va falloir passer commande sur le net : outre une obscure édition VHS allemande, on peut le trouver aux Etats-Unis chez "Eden Entertainment Inc" dans une édition qui a fait les beaux jours des bacs à 2 dollars des supermarchés Walmart (visuel en en-tête de chronique).