Recherche...

Massacre au Village


Massacre au Village

Titre original :Shaolin Chastity Kung Fu

Titre(s) alternatif(s) :Ninja et les Disciples du Temple Shaolin, Ninja et les Disciples du Temple

Réalisateur(s) :Robert Tai

Année : 1981

Nationalité : Taïwan

Durée : 1h30

Genre : Kids Versus Molosses

Acteurs principaux :Alexander Lou, Alan Lee, Tong Lung, Chang Chi Ping

Drélium
NOTE
3/ 5



Nous sommes en 1981, Robert Tai n’est pas encore tombé dans la vague ninja qui va bientôt déferler (vague dont il revendique la paternité soit dit en passant). A cette époque, il travaille encore pour la Shaw Brothers en tant que chorégraphe pour les kung-fu Shaolin de Chang Cheh mettant en scène ses amis d’enfance, les Venoms (« Five Venoms » et « Crippled Avengers » pour les plus célèbres). Il découvre aussi à l'époque les écrits et le cinéma martial japonais, notamment la série des « Street fighter » avec Sonny Chiba et, plus tard, les films traditionnels de ninja tel « Samurai Spy », qu’il trouvera intéressant mais bien trop mou à son goût, ce qui le décidera à réaliser sa première véritable incursion ninja : le futur « Shaolin Vs Ninja ».

En attendant, le voici à pied d’œuvre pour sa deuxième réalisation qui nous intéresse ici, un kung-fu qu’il produit lui-même à Taiwan avec sa bande déjà bien constituée de solides athlètes aux trognes réjouissantes, et en tête de liste son héros à lui, son disciple devant l’éternel, le survitaminé Alexander "Viens-là-que-j’te-rétame" Lou.


Gnnnnnnnnnnnnnnnnou !! C'est qui le plus saillant ?!



Robert Tai n’aime pas trop rigoler mais doit aussi s’accommoder de la vague "kung-fu comedy" qui est à son sommet avec Jackie Chan et ses compères. « Chastity Kung Fu » (le titre original) se veut donc d’avantage porté vers la comédie que de coutume, et le résultat n’en est que plus improbable. Il nous a concocté, pour commencer, un scénario qui atteint les sommets du ridicule avec des enfants qui vont apprendre à faire du cirque pour vaincre des grosses brutes épaisses et bariolées qui constituent tout simplement le plus beau bestiaire taiwanais qu’il m’ait été donné de voir.


Regardez-moi cette grappe de Taïwanais, du premier choix à peine sorti de l'étable !



Tout commence par notre jeune Alexander Lou montrant ses muscles et son bronzage à la population d’une minuscule bourgade perdue dans la montagne. Une scène directement piquée à la série « Street Fighter » citée plus haut et prétexte, déjà, à une forte dose de cabotinage bon enfant. Notre héros chope un taureau par les cornes, histoire de montrer qu'il est bien le Obélix du village sous les hourras des kids. Enfin quand je dis taureau, comprenez plutôt une vachette anorexique droguée qui peine à bouger d’un poil.


Alexander Versus la bête sauvage et indomptable, ça c'est ce qu'on appelle prendre le taureau par les cornes ! (Mais y va me lâcher ce con ?!)



C’est bien gentil tout ça mais il s’agirait de ne pas rigoler trop longtemps. Robert est un disciple de Chang Cheh, autant dire que la violence cheap et la peinture rouge, il en raffole. Pour cela, il a amoureusement imaginé une bande de 9 démons sévissant dans la campagne et qui s’approchent bientôt dangereusement du village. C’est l’heure d’une attaque bestiale qui décidera même les titreurs français à utiliser ce pur instant "Taien" comme titre : le Massacre au Village, mam’zelle !

L’amateur peut dès lors admirer le spectacle qui s’offre à lui : un festival décérébré de baffes sanglantes qui giclent en plein sur l’objectif, de décapitations à la masse pointue disproportionnée, de tueries rigolardes, avec comme point d’orgue ce pauvre villageois tenu à bouts de bras qui se fait littéralement déchirer en deux sur le crâne d’un molosse en costume de Spartacus. Que dire aussi du grassouillet maquillé en panda, du barbu en costume de Tarzan, du nain teigneux (eh oui, eh oui, mesdames et messieurs, il s’agit bien de la première apparition à l’écran du fantasmagorique nain teigneux de « Ninja the Final Duel », j’ai nommé Alan Lee !) en pyjama rayé armé d’une griffe de bronze et adepte des 3 vrilles et 5 saltos pour esquiver un coup, du mastodonte à couettes, du borgne d’1m50, ou de l’excellent râleur (Yeung Hung, lui aussi ami des Venoms) aux sourcils à faire pâlir Emmanuel Chain… Rien à dire, une telle galerie de méchants c’est du pur bonheur !



Arf, mais oui, il faut faire une comédie, revenons donc à nos gamins, seuls survivants du massacre qui vont bientôt suivre l’enseignement d’un vieux maître Shaolin, grand parmi les grands, capable de casser un caillou (évidemment prédécoupé) entre deux doigts. Après un discours plein de sagesse nanarde, la préparation physique des jeunots bat son plein. Au menu : bain d'eau glacée, massage pour la circulation, exercices de souplesse, bref une vraie recette de cuisine concoctée par le maître Shaolin, toujours aussi impassible et merveilleusement doublé de surcroît (petit spoiler, ce dernier se fera d'ailleurs exploser le crâne sous un rocher, fascinante ironie de la vie…).


L'art Shaolin vous permettra bientôt de claquer des doigts avec un caillou dans la main...



Suivez la leçon du Maître Shaolin :



Avec la régularité d’un métronome, le reste du film verra les mouflets accomplir leur vengeance, via une succession de scènes où chaque molosse à un neurone va avoir droit à son traitement de faveur perso : une pyramide humaine tout d’abord, qui ne sert strictement à rien à part éberluer la troupe de barbares qui poussera alors son jeu dramatique au sommet. S’ensuit une partie d'élastique avec les filles qui battent la mesure à fond la caisse pour le Tarzan qui, cruelle douleur, perd la cadence. Le Spartacus débordé par une technique de drapeaux dont il ne voit pas la couleur, le panda ridiculisé dans les hautes herbes à qui on balance des boulettes dans le cul, le crâne d’acier aux sourcils imposants rossé par un disciple Shaolin aussi zen que sanglant, etc.


Hey là mais non mais attendez mais oh non là pas comme çaaaaaa !



Tout cela sans compter le méta bad chef des 9 démons libéré d’une cage au cours d’une scène précédant le massacre au village qui vaut elle aussi le détour, la petite famille japonaise qui traîne dans le coin histoire d’ajouter une dose d’exactions, la jeune villageoise habile comme le chevreuil et bien entendu le retour tant attendu d’Alexander, tout excité de jouer son premier final contre le méta bad chef (qui n’est autre que son frère dans la vraie vie, Tong Lung, le bad guy en forme d’armoire normande déjà vu dans « Mafia Vs Ninja »).


Bleuuaarrr !


Saleté de marmots !!




Ouuuh, là j'ai vraiment envie de...



Là où réside la véritable différence entre un film comme « Massacre au village » et la tonne de kung-fu bis insipides du même genre, c'est l'enthousiasme avec lequel Robert Tai filme. Pas de moyens... pas grave, on prend des briques et des brocs, on rameute tous ses amis, on les maquille, on les déguise et les présente vite fait au début du film, Chinois, Japonais, pillards, Shaolins, gamins, le plus possible pour obtenir une belle galerie, afin qu'au final tout ce beau monde se tape dessus dans des duels sans fin. On enchaîne un max de plans speedés (pour l'époque, c'est simplement remarquable), on y ajoute des situations farfelues relevées de violence gratuite et on essaie au maximum de varier du début à la fin pour faire passer le tout. Précisons qu’à la différence de ses futurs films de ninjas, « Massacre au village » est moins porté sur la tatane pure et s’étale généreusement en action "comique" débile, mais ces gamins et leurs techniques de cirque sont heureusement très singuliers dans le paysage du kung-fu de seconde zone.


Ahahaha ! J'ai un petit chapeau, mais j'ai de belles dents.



Les sources de jubilation que procure « Massacre au village » sont nombreuses : un montage typique du réalisateur lorsqu'il est en forme (rapide à l'extrême, foutraque voire incompréhensible), une VF aux petits oignons, des dialogues nanars par camions et pas mal d’autres trucs dingues en réserve, comme le chant pastoral des enfants ou la drague entre le fils japonais et la jeune villageoise habile comme le chevreuil. Bref, c'est très, mais alors très crétin, complètement fauché, mauvais à souhait, mais c’est aussi et surtout admirablement rythmé, saignant, original, personnel et complètement déjanté, avec ce côté no limit et cette folie douce qui rendent si sympathiques certains mauvais films.


C'est qui l'plus fort ?!




Mais viens là que j'te corrige !


- Drélium -
Moyenne : 2.75 / 5
Drélium
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
2.5/ 5
Kobal
NOTE
2.75/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Réédité chez nous pour le bonheur de ceux qui veulent découvrir facilement un aperçu de Robert Tai à l'oeuvre en DVD dans la collection arts martiaux chez "Fravidis". Plus en magasin mais trouvable en vente sur le net. VF au poil, image pas top mais largement potable et résolution honnête qui plus est.




Le DVD américain de chez Wu-Tang.



Pour les nostalgiques de la VHS, signalons que le film était initialement sorti en France chez l'éditeur "Interpix Video / Cobra" sous le titre "Ninja et les Disciples du Temple".