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Metalstorm, la tempête d'acier


Metalstorm, la tempête d'acier

Titre original :Metalstorm : the destruction of Jared-Syn

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Charles Band

Année : 1983

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h24

Genre : Le nanar post-nuke sifflera trois fois

Acteurs principaux :Jeffrey Byron, Mike Preston, Tim Thomerson, Kelly Preston

Nikita
NOTE
2.25/ 5


Si nul ne se plaint aujourd’hui des triomphes des premiers « Star Wars » et de « Mad Max 2 », il ne faut pas oublier qu’ils auront eu le mérite de décomplexer des sacrés ringards. La remise à la mode de la science-fiction nous aura valu une flopée de bisseries diverses et variées, le plus humble artisan du cinéma espérant voir la fortune au bout de son film de S-F tourné dans les faubourgs de Naples. Parmi le fleuve des sous-productions qui espéraient ramasser les miettes des modes de la S-F et du post-apocalyptique, « Metalstorm » occupe une place particulière : il s’agit en effet de l’un des plus ambitieux du lot (promo grandiose lors de la sortie en salles), faisant figure de film de prestige dans la carrière de son réalisateur-producteur Charles Band. En outre, « Metalstorm » surfait sur la mode, au début des années 1980, des films en relief : « Les Dents de la mer 3 », « Vendredi 13 3 », autant de chefs-d’œuvre qui firent rapidement du retour de la 3-D une mode mort-née, « Metalstorm » se chargeant en quelque sorte de lui donner le coup de grâce.


Si « Star Wars » recyclait avec bonheur (entre autres) les conventions du récit de chevalerie, « Metalstorm » se veut le pendant post-apocalyptique du western, dont il réutilise largement l’esthétique. L’action se déroule dans un univers désolé, sillonné par des véhicules tunés : quelques détails du dialogue nous indiqueraient qu’il s’agit bien de la Terre après un quelconque cataclysme, et non d’une autre planète.




Si c'est pas la fin du monde ça y ressemble.


Mais, comme beaucoup d’éléments du récit, ce détail demeurera dans un relatif flou artistique. Le héros, Dogen, est un « ranger », chargé de maintenir l’ordre dans les territoires les plus hostiles : les tribus de mutants s’agitent en effet sous l’impulsion d’un sombre comploteur du nom de Jared-Syn. Ce dernier, secondé par son fils Baal – qui a pour particularité d’être un semi-robot particulièrement moche – a pour ambition de se faire élire chef des tribus, ce qui l’aidera à contrôler le cristal du pouvoir de Seth, un gros bidule en plexiglas, qui lance de temps à autres des rayons lasers nanars.


Jared-Syn (Mike Preston).


Baal (R. David Smith, qui joua plus tard... un rôle de robot dans « A.I. » !).


Le tout, j’imagine, pour devenir maître du monde, ou de ce qu’il en reste. Je suppose. C’est pas sûr. Car tout stagne dans le nébuleux, l’imprécis, le flou. Pourquoi Jared-Syn est-il si méchant ? (« Parce que ! » Ok, mais ce n’est pas une réponse). Pourquoi Baal est-il un à moitié robot et a-t-il l’air plus vieux que son père ? A quoi sert ce putain de cristal de Seth, qui se révèlera plus qu’inutile dans le récit ? Quels sont les pouvoirs mentaux de Jared-Syn, qui lui permettent apparemment de nourrir le cristal avec les âmes de ses victimes, et dont il ne fera plus jamais usage passé la moitié du film ? Pourquoi le film s’appelle-t-il « Metalstorm, la tempête d’acier », alors qu’il n’y a pas de tempête, et assez peu de métal ? Qui a égaré les feuillets du scénario ?


Autant de questions sans réponse. C’est comme ça, on est prié d’accepter l’univers de Metalstorm tel qu’il est. On est également prié de ne pas embêter Charles Band avec la cohérence de son scénario, c’est déjà assez dur comme ça de faire un film ! Je voudrais vous y voir !


Kelly Preston, qui devint ensuite madame John Travolta.


Metalstorm est donc un western : le ranger est une figure classique de héros de western, les tribus de mutants figurent les indiens, incités à la révolte par un fourbe. Il n’y manque même pas la ville malfamée et le vieux prospecteur. Sauf qu’à trop vouloir reprendre les figures imposées du genre, Charles Band a oublié de se construire un scénario valable, au point que son film semble copié des pires westerns ultra-basiques tels que les produisaient les studios de série B hollywoodiens. Les personnages sont désespérément à la recherche d’une quelconque épaisseur, à commencer par le héros, Dogen : Band a en effet eu la brillante idée de confier le rôle principal de son film à Jeffrey Byron, sans doute l’un des jeunes premiers les plus insipides et antipathiques de l’arrière-ban hollywoodien.


Jeffrey Byron, le Michael Sopkiw du pauvre.


Incapable d’assumer une autre expression que la bouche crispée et les yeux écarquillées, Jeffrey Byron est une véritable calamité ambulante, qui nous ferait considérer Miles O’Keeffe comme un immense acteur et Michael Sopkiw comme un comédien avant-gardiste incompris (Note de Rico : d'autant qu'il y a une franche ressemblance physique entre les deux acteurs et que Byron arrive à être encore moins expressif et charismatique que Sopkiw, ce qui tient du tour de force !). Autant dire qu’il se fait totalement piquer la vedette par Tim Thomerson, qui interprète son sidekick à la manière du Capitaine Haddock. Bon acteur éternellement bloqué dans les séries B, Thomerson a pour habitude d’éclipser assez facilement ses partenaires : ce pauvre Jeffrey Byron n’a littéralement pas une chance !


Tim Thomerson.


Si le scénario et l’interprétation accusent quelques faiblesses, il ne faudrait pas non plus oublier la mise en scène et les effets spéciaux. Plutôt fonctionnelle, la réalisation de Charles Band bute sur un écueil technique essentiel : comme il a été dit plus haut, le film était projeté à l’origine en relief. La caméra s’attarde donc sur des objets et éléments du décor ou de l’action (roues de voiture, rochers, etc.) qui rejailliront particulièrement en 3-D. Or, à la vision du film en copie « normale », ces effets de mise en scène tombent complètement à plat, créant au contraire un effet de bric-à-brac et de désordre complètement bizarroïde.



Qu'est ce qu'il a mon maquillage ?


Techniquement, le film souffre également d’un budget que l’on devine relativement réduit : maquillages et effets spéciaux ont en effet très mal vieilli, une bonne partie des trucages étant d’ailleurs déjà obsolète en 1983. Citons notamment les horribles transparences lors de la poursuite finale en scooter volant entre Dogen et Jared-Syn : on a vu mieux dans certains épisodes de « San Ku Kaï » ! Les maquillages de la tribu des « cyclopes », plutôt réussis dans l’absolu, souffrent quant à eux de leur conception à l’économie, puisque les cyclopes sont tout simplement… des borgnes !



Metalstorm souffre d’un problème de rythme, le récit comptant dans la première partie plusieurs passages à vide. Néanmoins, sa vision est conseillée du fait de son esthétique furieusement kitsch, et d’un scénario si basique qu’il semble avoir été écrit en dix minutes par le neveu de Charles Band qui voulait prouver à tonton que le nanar, on a ça dans les gènes ou on ne l’a pas ! Le manque total de consistance des personnages ne les empêche pas d’être drôles : Jared-Syn est ainsi un méchant totalement inefficace, qui prend la fuite au moment où il a sous son contrôle le cristal qui lui permettrait de foudroyer toute l’assistance et où le héros vient justement de perdre le gadget qui le protégeait. Allez comprendre !


Il faut dire qu’il n’est pas très bien secondé, avec Baal, qui semble avoir été bricolé avec des vieilles pièces de tondeuse à gazon et un tuyau de poêle, et des sbires si incompétents qu’ils auraient du mal à trouver du boulot comme figurants chez Godfrey Ho !



Dogen démonte Baal d’un seul coup d’épaule : les cyborgs made in Taïwan, c’est vraiment de la camelote !


Malgré ses petites longueurs, Metalstorm est donc conseillé comme témoignage d’une certaine époque du nanar eighties : sans qu’il s’agisse là d’un premier choix, on peut prendre un net plaisir aux déambulations hagardes de Dogen, un héros tellement nul qu’il ne pouvait être pour Jared-Syn qu’un adversaire à la hauteur. A regarder sans remords si l’occasion s’en présente.

- Nikita -
Moyenne : 2.21 / 5
Nikita
NOTE
2.25/ 5
John Nada
NOTE
2/ 5
Labroche
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
MrKlaus
NOTE
2/ 5
Wallflowers
NOTE
2.25/ 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
On l'aura longtemps attendu mais le film a fini par ressortir en Blu Ray chez "Shoot Factory" y compris dans une version 3D ! Une belle édition avec en bonus un documentaire de 40 mn avec Charles Band et les principaux acteurs du film qui revient sur sa conception.


Par contre tout cela est uniquement en anglais. Chez nous on patientera toujours avec les VHS d’époque ("Canal Vidéo" en France, "New York Vidéo" en Belgique) et les rediffusions sur les chaînes câblées.

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