Recherche...

Mutronics

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Mutronics

Titre original :Guyver

Titre(s) alternatif(s) :The Guyver

Réalisateur(s) :Screaming Mad George & Steve Wang

Année : 1991

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h32

Genre : Aliens nés

Acteurs principaux :Mark Hamill, Michael Berryman, Linnea Quigley, Jack Armstrong, Vivian Wu, Jeffrey Combs, David Gale

Alcatel
NOTE
2.5/ 5


Affiche Allemande.


Attention, la starwarsite (dans une de ses variantes causée par le bacille appelé markus hamillis) est une maladie contagieuse ! Les sujets touchés ont en effet une curieuse propension à développer le symptôme dit de "l'introduction spatiale". Dans Laserhawke, c'est une voix off et des vaisseaux qui s'approchent de la Terre. Dans The Guyver, alias Mutronics, nous avons droit à un beau texte introductif sur fond étoilé, histoire qu'on sache bien que Mark Hamill joue dans le film et que nous avons ni plus ni moins affaire au successeur de Star Wars !


Eh ouais, c'est la classe.

Accessoirement, on en apprend un peu sur le scénario... et ça n'a strictement rien à voir avec ce qui va se passer dans le film : tout ça n'est qu'un prétexte pour coller des aliens idiots et un homme bionique ! On apprend ainsi que des aliens colonisent plus ou moins la Terre, qu'une arme secrète (le fameux Guyver) a été cachée chez nous et qu'ils doivent mettre la main dessus.


The Guyver c'est moi, et faut pas venir me baver sur les rouleaux.


Le film s'ouvre sur une course-poursuite entre un scientifique, le Dr. Tetsu Segawa, et des méchants. Segawa cache the Guyver avant qu'on le rattrape et qu'on l'éviscère proprement. "On", ce sont les aliens, menés par un Michael Berryman qui cabotine comme il sait si bien le faire, avant de se transformer en gros monstre en caoutchouc sans crier gare ! Euh oui, les aliens ont habituellement forme humaine, histoire d'être tranquille avec les flics. Ils peuvent massacrer n'importe quel humain en deux secondes, mais c'est rien, l'invasion ça sera pour plus tard.

Bouh !

 
Bien que très costauds, les aliens sont parfaitement ridicules. Ils ne ressemblent à rien du tout sinon à des comédiens masqués et patauds, ce qui n'arrange pas leur affaire quand on leur demande de se battre (c'est-à-dire sans arrêt). Les bastons sont chorégraphiées de telle sorte que les persos sont balancés à cinq mètres de distance pour chaque coup donné, avec force "whoosh" sonores pour essayer de donner les change, mais on n'y croit pas une seconde. Les effets spéciaux sont craignos, on devine que les comédiens couverts de prothèses en latex sont ultra limités dans leurs mouvements, et la réalisation ne parvient pas un instant à conférer du rythme à ces empoignades balourdes et pour tout dire gentiment consternantes...

 
Un caméo de Linnea Quigley dans son rôle fétiche de Scream Queen.


Tout le drame de cette scène d'introduction donne le ton de ce mélange de genres, qui veut qu'un dessin animé japonais connu soit adapté dans les studios américains. La course-poursuite fait penser à un thriller ricain standard. Mais les aliens persistent à se croire drôles et multiplient les gags de BD, qui relèvent généralement du comique pénible, le zénith de la gêne étant atteint avec le monstre gangsta-rappeur.



Personne ne s'énerve et y'aura pas de blessés ! Rayez mon nom du générique, vous ne me méritez pas ! Attention, j'suis armé !


C'est là que Mark Hamill intervient : agent de la CIA (au sujet d'une affaire extraterrestre ?! Mmh, c'est pas un boulot pour la NSA plutôt ?), il a assisté, impuissant, au meurtre du scientifique Segawa qu'il devait rencontrer et va en toucher deux mots à sa fille, la candide Mizky. Laquelle a un boyfriend, Jack Armstrong, le vrai héros de l'histoire, parfait stéréotype du blondinet adolescent promis à un parcours initiatique d'une terrifiante banalité. C'est d'autant plus flagrant qu'il se fait aplatir aux arts martiaux dès sa première scène, on devine la suite...


Cheveux blonds et dents blanches : oui, c'est bien moi, le héros américain auquel le public des 14/16 ans va devoir s'identifier. Pas gagné.

  
Foire au latex !


Max Reed / Mark Hamill emmène Mizky sur le lieu du meurtre (est-ce bien prudent ?). Sean Barker / Jack Armstrong les suit discrètement, un peu trop curieux. Oh ! Une étrange boîte dans les ordures. Tiens, les aliens, rabroués par leur chef alien-PDG sous sa forme humaine (David Gale, CABOTINANT comme c'est pas permis), cherchent justement la même. A partir de là, une course-poursuite va s'engager. Trop tard pour eux, Sean découvre le secret qu'elle recèle : l'artefact alien qui le transforme en THE GUYVER, sorte de super-héros bionique invincible (c'est-à-dire l'acteur avec un casque et un uniforme intégral en latex).

 


David Gale et Michael Berryman sont-ils de vrais aliens ? La question peut se poser...



Alien, Episode V : Return of the face-hugger, mais celui-là fait plus de bien que de mal.


Il le teste une première fois en mettant la pâtée à une simple bande de loubards, mais on devine que ça va chier dans la colle. On se retrouve dans un hangar avec Max, Sean, et la petite Mizky. Max se fait blesser, c'est pratiquement la fin de son rôle, merci pour la pub, vous pouvez passer à la caisse Mr. Hamill ! Sympa votre moustache en passant. C'est gentil d'avoir fait un petit effort, parce que les autres comédiens ont eux l'air de s'en foutre... On en est à trois-quarts d'heure de film. La quasi-intégralité du reste fait basculer le métrage de la "SF ringarde" au "pur et dur" ! En effet, à partir de là, c'est BASTON NON-STOP entre The Guyver et les aliens !


Gremlins, Episode III : Return of the Grimaçing Clowns.
 

Jeffrey Combs dans son rôle fétiche : le savant fou (il est ici nommé Docteur East, les fans de Reanimator apprécieront le clin d'oeil).

A gauche, Mizky Segawa (Vivian Wu). Le choix d'une actrice japonaise tient sans doute à la présence de producteurs nippons, qui ont investi dans Mutronics et souhaitent le distribuer au pays du soleil levant, mais le rôle de l'actrice ne dépasse jamais le statut de potiche faire-valoir. A droite, l'infâme Fulton Balcus (David Gale et son inoubliable sourire carnassier). A noter que David Gale joue donc le boss de Jeffrey Combs en Dr. East, comme c'était déjà le cas dans Réanimator où Jeffrey Combs jouait le Dr. West. Les deux films ont été produits par Brian Yuzna.


Après une demi-heure de baston aux chorégraphies éléphantesques dans un hangar, on se retrouve dans un laboratoire appartenant au PDG alien : ils ont fait prisonniers Mark Hamill et la Mizky. De nouveau "action non stop", the Guyver est héroïque, on commence sérieusement à s'ennuyer... mais l'attention est éveillée par la séquence la plus nanarde du film : le PDG se transforme en un alien plus gros que tous les autres (normal, c'est le chef), puis c'est au tour d'un Mark Hamill génétiquement modifié de se transformer en insecte géant...


Mon Dieu, quelle déchéance... Argh... George m'avait pourtant bien dit de ne pas accepter n'importe quel projet de sci-fi...

 Du monstre ringard comme s'il en pleuvait.


Bilan d'une heure et demie ? On a passé un moment plutôt sympa, Mutronics accuse quelques longueurs mais offre aussi d'agréables pics de ridicule. On éprouve quand même un peu de peine pour Mark Hamill, qui a choisi la mauvaise croisière et tente d'éviter la noyade alors que le paquebot prend l'eau de tous les côtés. Mutronics sombre de minute en minute, mais l'acteur reste digne et continue à jouer avec professionnalisme, faisant bientôt office de naufragé, ramant avec les mains sur son radeau perdu au milieu d'un océan d'inepties. D'autres acteurs en revanche, parfaitement conscients de ce qu'on attend d'eux, cabotinent avec délectation : c'est en fait le cas de tous les méchants du film, Michael Berryman et surtout David Gale en tête.


Instant tendresse !


Mutronics est une espèce de film hybride, sorte de sentaï de luxe, avec son gros cul en latex coincé entre deux chaises. A mi-chemin entre un épisode des Power Rangers et un creature feature de Brian Yuzna (ici producteur), il ne semble ni vraiment adapté au marché américain, ni vraiment adapté au marché japonais. Dès lors, la vraie question qui se pose, c'est de savoir à quel public Mutronics pouvait bien s'adresser. Il semble avoir été marketé pour surfer sur l'immense succès des Tortues Ninja, et vouloir séduire le public adolescent.  Trop violent et effrayant pour les enfants, bien trop ringard pour les adultes : il reste en effet la tranche des 12-16 ans, voire des 12-14 ans. Et encore, des 12-14 ans  plutôt masculins et pas trop exigeants...

"When Robocop Meets Predator!"... On sent vraiment qu'ils ne savaient pas comment vendre leur came. "Quand les tortues ninja partouzent avec les gremlins" aurait été plus juste.



Dans une interview accordée à Mad Movies (N°154 de juin 2003), le co-réalisateur et maquilleur d'effets spéciaux Steve Wang avait eu l'occasion de revenir sur le tournage de Mutronics :

Mad Movies :Comment s'est partagé le travail entre vous et Screaming Mad George sur Mutronics ?

Steve Wang :En ce qui concerne les créatures, nous supervisions ensemble une équipe de maquilleurs chargés du design (je me suis juste occupé du look du Guyver). En ce qui concerne la réalisation, nous n'avons travaillé qu'une seule fois ensemble, sur la scène du Dojo. George a réalisé tout ce qui se passait dans le bureau de Balcus et dans l'appartement de Mizky, la transformation de Max Reed, le combat avec le Balcus géant et la poursuite dans la ruelle. J'ai mis en scène le reste du film. Nous aurions préféré travailler de concert de A à Z, mais nous manquions cruellement de temps…

Michael Deak, qui a supervisé les effets spéciaux de Mutronics, se paye un petit caméo.

Mad Movies :Pourquoi n'avez-vous pas de nouveau travaillé ensemble sur Guyver 2 ?

Steve Wang :Parce que la production a proposé la réalisation de ce film à George pour un budget de 1,5 millions de dollars, et qu'il a refusé. Mutronics a en effet été réalisé pour 3 millions de dollars, et c'était déjà infernal de boucler un tel film dans de telles conditions. Lorsque George m'a parlé de cette offre, je lui ai demandé si je pouvais réaliser la séquelle seul. Il a accepté en me souhaitant bon courage, et j'ai contacté la production. Mais entre-temps, ils avaient baissé le budget à 500 000 dollars ! J'ai quand même accepté pour un budget de 850 000 dollars. Le tournage était une vraie guérilla et lorsque j'y repense, je ne sais même pas comment nous avons réussi à boucler ce film. Tout ce dont je me souviens, c'est que je n'ai pas beaucoup dormi pendant cette période, et que je n'ai quasiment rien touché pendant l'année et demie nécessaire à la fabrication du film. En plein tournage, je me suis rendu compte que je n'avais plus que 90 dollars sur mon compte en banque (rires). Ce film a pourtant été une super bonne affaire pour les distributeurs : ils se sont fait plusieurs millions de bénéfices, et je n'ai pas reçu un seul penny de leur part. Les distributeurs sont des arnaqueurs. Evitez-les à tout prix ! Moi, j'adore tout le processus de réalisation, SAUF lorsque vous devez composer avec ces trous du cul de distributeurs.

Pour plus d'infos, photos, interviews, anecdotes et analyse sur ce film, vous pouvez lire l'ouvrage de Dom O’Brien "Budget Biomorphs: The Making of The Guyver Films".

- Alcatel -
Moyenne : 2.33 / 5
Alcatel
NOTE
2.5/ 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
B.F./ 5
Rico
NOTE
1.5/ 5
Wallflowers
NOTE
2.5/ 5
John Nada
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Pas de version DVD chez nous, alors que c'est typiquement le genre de produit qui ferait fureur dans les bacs à soldes (de la S-F avec des noms connus). Il faudra se contenter du zone 1 de chez "Warner", plutôt soigné (DTS et sous-titres espagnols) bien que sans bonus. Hélas malgré le marché québécois, pas de V.F. ni même de sous-titres en français.

Dans les années 2020 quelques blu-ray sont sortis pour remettre le film à l'honneur, notamment chez "Arrow Films". En France, "Le Chat qui fume" l'a tiré en édition soignée mais limitée à 1000 exemplaires.

A noter que Steve Wang a donné une suite à ce film en 1994, titrée "The Guyver : Dark Hero".

Jaquettes en plus