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Picasso Trigger


Picasso Trigger

Titre original : Picasso Trigger

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Andy Sidaris

Année : 1988

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h34

Genre : Art et des seins

Acteurs principaux :Rodrigo Obregon, Hope Marie Carlton, Steve Bond, Dona Speir, John Aprea, Roberta Vasquez

Wolfwood
NOTE
3.5/ 5

Partir à la recherche du sympathiquement mauvais peut parfois s'apparenter à une vraie aventure. Des ruelles mal famées de Hong Kong en passant par les trocantes de Bolbiquette, le vrai nanar a peu de chances de se retrouver sous le sabot d'un cheval, obligeant les explorateurs du Septième Art à prendre le large. Se lançant à corps perdu sur les mers croupies de l'inconnu cinématographique, le corsaire de la déviance affronte bravement les tempêtes navetonneuses à la recherche de la perle rare.


Même surpris par le souffle rafraîchissant d'un bon film méconnu, le découvreur devra faire preuve d’une belle combativité pour ne pas sombrer dans les gouffres du désespoir, et continuer à croire en l’existence de nouveaux trésors oubliés en des terres reculées. Fort heureusement, dans cet océan de déception se dressent malgré tout quelques phares. Scintillant au loin à travers les brumes épaisses de la médiocrité, ces lanternes surgissant des flots se dressent fièrement pour mener le marin égaré dans des ports toujours hospitaliers, espérant qu'entre la taverne du bon Mattei ou la gargote de maître Ho, le pêcheur de l'absurde trouvera quelque réconfort avant de se lancer à nouveau vers de folles prospections.
Dans l'auberge des Sidaris, il y fait bon vivre. Les bagarres y sont nombreuses et quand ce n'est pas le regretté paternel qui tient la boutique, c'est le fiston qui sort de l'ombre pour rassasier le voyageur affamé de son lot de bastons délirantes et de fusillades grandguignolesques, où des sirènes n'ayant pas froid aux yeux exhibent leurs généreux attributs mammaires pour notre plus grand bonheur.
Avec « Picasso Trigger », c'est capitaine Andy qui s'occupe en personne de tenir la barre du projet. Laissant à son rejeton la direction du second équipage, nos moussaillons de l'irrationnel prennent alors d'abordage la série B avec un scénario aussi dispensable qu'interchangeable, bien que ce dernier s'avère, pour le coup, beaucoup plus embrouillé qu'à l'accoutumée.

Tout d'abord, pourquoi appeler ce film « Picasso Trigger » ? En référence à un illustre peintre ? Ou plutôt au nom d'un poisson des mers hawaïennes ? Un peu des deux en fait, puisqu'il y a bien une histoire de tableau avec un poiscaille dans tout ça, mais plus sobrement il s'agit avant tout du nom de code de Alejandro Philippe Salazar, un gangster philanthrope qui profite de son voyage à Paris pour faire don d'une toile à un musée afin, sans doute, de se racheter une conduite auprès de l'opinion publique. Hélas pour lui, il sera abattu peu de temps après. Néanmoins, cette disparition s'annonce comme une bonne nouvelle pour Travis, un agent du gouvernement dont les hommes sont chargés de surveiller les activités du réseau de Salazar. Mais ceux-ci se feront bien vite assassiner à leur tour. Travis n'a alors d'autre choix que de former une nouvelle unité pour connaître le fin mot de toute cette histoire.


Le musée est peut-être contemporain mais l'enseigne, elle, baigne dans le surréalisme.

Alejandro Salazar, le Bernard Tapie de la Côte Ouest.

La crème des agents gouvernementaux.


A vue de nez, le script ressemble à s'y méprendre à d'autres productions du bon Andy et ne paraît pas donner dans la complexité. Pourtant, tout ceci va très vite s'avérer beaucoup plus sophistiqué qu'il n'y paraît, surtout quant on prête une attention particulière aux motivations de tous ces protagonistes. Attardons-nous par exemple un instant sur le cas du brave Ortiz. Associé de Salazar avec qui il souhaite venger la mort de son frère, tué par des agents fédéraux, Ortiz finira logiquement par tuer son allié qui aurait pu lui permettre d'atteindre son objectif, pour ensuite se désintéresser de sa petite vendetta, préférant prendre le contrôle du cartel de Picasso Trigger. Les espions ont eux aussi des objectifs assez vagues puisque si dans un premier temps leur mission et de démanteler l'organisation, ils préféreront par la suite gagner du temps sur d'éventuels procès en expédiant ad patres les différents ennemis traînant sur leur route, et cela sans même chercher à savoir qui tire les ficelles. Et encore je vous fais grâce de quelques traîtrises et d'un rebondissement final qui, même s'il tente d'éclairer nos lanternes, finit surtout par jeter un épais brouillard sur les intérêts profonds des différents intervenants du récit.


Face au scénario, Dona Speir en conjectures.

Ortiz, interprété par l'inévitable Rodrigo Obregon, aussi connu sous le pseudo de l'empaffé dans « Piège Mortel à Hawaï ».


Parlons un peu de notre fine escadrille à présent, et de Travis en premier lieu. Joué par Steve Bond (ça ne s'invente pas), notre espion est l'incarnation même du beau gosse qui, armé d'un sourire à faire craquer toutes les demoiselles qu'il croise, ne ratera jamais une occasion de sortir son quinze centimètres. Je veux bien sûr parler de son flingue, on a beau être chez Sidaris, il y a des limites. Pour autant, on ne peut pas dire que ses aptitudes de fin tireur soient la chose la plus développée chez lui. Pas fichu de viser correctement et tout juste capable d'abattre un seul ennemi durant toute la durée du film, Travis fait plutôt figure de boulet de service ne devant son salut qu'à l'aide de ses petits camarades, et on a peine à croire qu'une andouille pareille puisse servir de chef à ce commando d'élite. Un atout qu'il mettra pourtant à profit lors de la distribution des missions, le beau brun envoyant ses différents acolytes au casse-pipe pendant que lui montera la garde dans la demeure abandonnée du grand méchant. Le fait qu'il s'avère en plus un croisement improbable entre deux autres acteurs doués pour leurs immenses talents scéniques aura tôt fait d'achever le peu de crédibilité de ce personnage.


Travis Abilene : 50% Hasselhoff, 50% Dudikoff, 100% winner.


Pour le suppléer, il aura heureusement à son service une ribambelle d'espions. Bien évidemment, il y a l'habituel lot de jolies filles qui n'en finiront pas de faire des folies de leurs corps, mais pouvait-on s'attendre à autre chose avec un casting qui regroupe la fine fleur des playmates des années 80 ? D'aucun prétendrons sans doute que leurs premières qualités résident plutôt dans leurs jolies poitrines, et ma foi, ils n'auraient pas totalement tort, les naïades présentes dans ce film ne brillant pas toujours par leur intelligence. Pour en témoigner, on notera notamment ce passage où deux d'entre elles, après être passées à une ficelle de string d'une mort certaine, admirerons leur bateau flambé dans une explosion en déclamant leur désarroi avec autant de conviction que si elles venaient de se casser un ongle. Mais en même temps, pourquoi se faire du soucis quant on bénéficie d'une résistance à faire pâlir John Rambo ? C'est simple, on peut leur tirer une balle en pleine tête, ou décharger une rafale de fusil à pompe dans la poitrine, rien ne semble pouvoir venir à bout de ces charmantes créatures, qui se relèveront à chaque fois comme si de rien n'était. On pourrait bien évidemment supposer que leurs sous-tifs sont en kevlar mais comme elles passent une bonne partie du métrage à moitié à poil, cette explication ne tient pas vraiment la route, laissant le spectateur face à une énigme qui n'aura pas fini de le faire cogiter longtemps après la vision du film.


Pas ce soir, j'ai la migraine.

Mesdemoiselles, contre l'insécurité galopante, n'hésitez plus…

…mettez un fusil à lunette dans votre sac.


A cette troupe déjà bien garnie, il faut également ajouter deux malabars à l'utilité diamétralement opposée. Alors que l'un se contera simplement de tordre le coup à un adversaire déjà passablement groggy (sans doute était-il victime d'une okeefite aiguë), l'autre déploiera des trésors d'ingéniosité pour venir à bout de quelques ennemis pour le moins retors. Chargé d'arrêter, ou d'éliminer on ne sait pas trop bien, les complices de Ortiz, notre ami et sa coéquipière se retrouverons au cœur d'une escarmouche grimpant au sommet de l'aberration filmique. Définitivement plus parlant que des mots, je ne peux que vous inviter à visionner cette scène témoignant d'une prédisposition certaine d'Andy à repousser les limites déjà bien lointaines de la baston déjantée, et nous gratifiant au passage d'un faux raccord assez remarquable dans tous les sens du terme. Si vous en voulez plus, vous pouvez également savourer ici la suite de cette scène, allant encore plus loin dans le n'importe quoi joyeusement décomplexé. Toujours dans le domaine de l'action, les explosions seront aussi souvent le théâtre de dérapages incontrôlés, notamment par leur côté quasi-systématique, rare étant les scènes où au moins un des éléments du décor ne finira pas par disparaître en fumée. Une caractéristique qui marquera le funeste destin de quelques mannequins en mousse, périssant dans les flammes d'un bûcher improvisé pour rejoindre leurs ancêtres au paradis du polyuréthane.


Un Billy Blanks de la coopérative, un Matt Hannon de la supérette… ah ça, Andy sait s'entourer.


Mais la force brute ne fait pas tout. Tout athlètes qu'ils sont, nos héros doivent aussi faire preuve de ruses de sioux pour parvenir à leurs fins, notamment en se servant de gadgets pour le moins fantasques. On avait déjà évoqué les véhicules télécommandés dans d'autres œuvres du maître, ici, il faudra y ajouter le boomerang explosif et la béquille lance-roquettes, concoctés par un ersatz de Q un tantinet libidineux, visiblement plus intéressé par se taper son assistante que de fabriquer des accessoires moins ridicules. Evidemment, on n'oubliera pas non plus d'évoquer la dernière mamelle de la panoplie du parfait petit espion, à savoir un sens très poussé du déguisement, indispensable pour une mission d'infiltration réussie. Et là encore, le délire créatif du père Andy va atteindre un niveau rarement atteint sur l'échelle de l'absurde avec, en outre, des employés du téléphone parmi les moins crédibles de toute l'histoire du Septième Art. Signalons au passage que ce manque de discrétion ne concerne pas seulement les gentils mais aussi les différentes crapules du récit dont la présence dans les scènes de filatures ne s'avère vraiment, mais alors vraiment, pas du tout tape-à-l'œil.


Des individus patibulaires se cachent dans ces photos. Sauras-tu les trouver ?

Pour échanger des documents top secret, rien de tel qu'un restaurant bondé. Notez au passade le dossier déjà très discret.

Non mais franchement, et pourquoi pas un plâtre pour ranger les munitions, pendant qu'on y est ?

…oh puis rien, laissez tomber.


Pour le reste, Andy s'appuie sur l'ingrédient récurrent de son œuvre, à savoir des plans dénudés sur ses charmantes actrices. Concernant ces derniers, on peut déclarer sans crainte qu'ils donnent une fois encore dans la plus pure gratuité. En effet, voir les comédiennes sous la douche ou en train de se changer n'a rien de surprenant en soit, mais regarder une espionne se dessaper après s'être vue proposer un cocktail, c'est autrement plus suspect. Quitte à rester en dessous de la ceinture, on notera également le gros boulot des dialoguistes français (même s’il y a fort à parier qu'il en soit de même dans la version originale), dont la tâche principale a consisté à placer un sous-entendu salace dans une bonne partie des répliques. Et cela bien sûr quand ces dernières ne sont pas mises en relief par des doubleurs inspirés, simplement incapables de déclamer la phrase la plus banale sans y ajouter une tonalité érotique. Tout ça pour dire que James Bond n'a rien inventé : les espions c'est tous des chauds du cul.



100% approuvé par Travis Abilène.


Bien que prenant son temps pour véritablement démarrer, « Picasso Trigger » se savoure avec un amusement constant, l'exotisme des décors et le charme de l'Andy’s touch prenant le relais avec de vrais instants de nanardise pure. Riche en morceaux de bravoure grandguignolesques, il constitue un divertissement très plaisant, certains allant même jusqu'à le mettre au même niveau qu'un « Piège Mortel à Hawaï », sûrement à cause d'un final très relevé alignant twists abracadabrantesques, révélations tordues ainsi que l'une des morts les plus grotesques qu'il m’ait été donné de voir sur un écran. Gageons que même pour les moins enthousiastes, il demeurera une pièce de choix. Alors, si vous êtes amateurs d'action débridée et de beautés fatales, n'hésitez pas : que vous soyez un vieux loup de mer ou un marin d'eau douce, hissez la grand voile et partez à l'aventure vers les contrées sauvages de Sidaris Beach. Soyez en sûrs, vous le ne regretterez pas.


On a même droit à un caméo à la Hitchcock. Bravo, monsieur Andy.


Remerciements à a-andré et Kobal.


Bonus : Ah, on me souffle dans l'oreillette que cette chronique n'a pas du tout respecté son quota "plans nichons". Vite, réparons cet oubli proprement inadmissible :




Ouf, l'honneur est sauf.



- Wolfwood -
Moyenne : 3.63 / 5
Wolfwood
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
4.25/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
3.25/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Oh joie et allégresse ! Voilà un Sidaris qui a eu l'honneur d'une distribution hexagonale. Saluons l'effort de Map d'avoir su nous faire profiter de la plastique de nos charmantes espionnes. Certes, le DVD n'est pas non plus trouvable dans toutes les crémeries, mais guettez bien les bacs à soldes de vos hypermarchés ou les étagères de votre Cash Converter préféré, il n'attend peut-être que vous pour être découvert.


Pour nos amis anglophones, rappelons qu'aux Etats-Unis, des coffrets retraçant toute l'œuvre d'Andy et de son fiston sont toujours disponibles à raison de trois films par boîte, celui qui nous intéresse ici étant trouvable avec « Guns » et « Dallas Connection ». Mais là bien entendu, c'est du zone 1 et en VO.