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Piège à Grande Vitesse

(1ère publication de cette chronique : 2002)
Piège à Grande Vitesse

Titre original :Under Siege 2 : Dark Territory

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Geoff Murphy

Année : 1995

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h39

Genre : Les cuistots sont nos amis

Acteurs principaux :Steven Seagal, Eric Bogosian, Everett McGill, Katherine Heigl, Morris Chestnut, Nick Mancuso

Hobbie
NOTE
2.5/ 5


Il y a longtemps, avant d’être gros et de ne plus s’intéresser qu’à sa carrière de chanteur, Steven Seagal était l’un des rois du film d’action hollywoodien, important l’aïkido au rayon des blockbusters de tatane et popularisant son personnage de samouraï imbattable casseur de membres. L’heure de gloire de Saumon agile étant quelque peu passée, on peut aujourd’hui se pencher avec nostalgie sur les grands moments de sa carrière, et se dire en toute honnêteté que franchement, ces bourrinades qu’on appréciait dans l’inconscience de la jeunesse, c’était pas toujours brillant.


Bonjour les n'enfants, c'est moi Guignol ! Prêts pour une nouvelle aventure ?


Témoin ce « Piège à grande vitesse », seconde et dernière aventure de Casey Ryback, le crack des marines facétieusement reconverti comme cuistot, déjà incarné par Seagal dans « Piège en Haute Mer ». Tel un John McClane aïkidoka, Casey Ryback va à nouveau affronter des terroristes de la pire espèce dans un lieu clos et mouvant, le train remplaçant désormais le bateau, puisqu'ici notre héros est en route pour l’enterrement de son frère, mort dans un accident d’avion (cet élément, pas du tout exploité, étant la justification du voyage en train de Ryback), en compagnie de sa nièce adolescente avec laquelle il tente de renouer des liens familiaux assez distendus. Steven Seagal étant un acteur objectivement limité, la tentative d’étoffer son personnage en lui donnant un côté tendre est assez sympathique sans être tout à fait aboutie, faute d’être vraiment développée.


La mignonne Katherine Heigl (vue plus tard dans « Grey's Anatomy »), qui passe du statut de fille de Gérard Depardieu (dans « My Father the Hero ») à celui de nièce de Steven Seagal.


Les relations maladroites avec sa nièce d’un Ryback plus doué pour casser des bras que pour amadouer une adolescente sont interrompues par l’arrivée d’une bande de chacals puants, qui détournent le train dans le but de récupérer, sur des agents du gouvernement voyageant à bord, les codes permettant de contrôler un satellite super-ultra-sophistiqué comme seul Hollywood peut en produire. Les terroristes, dirigés par le concepteur du satellite qui a décidé de faire chanter l’Etat, demeurent ensuite à bord du train en marche, dont le mouvement continuel les empêche d’être détectés. Tous les passagers sont pris en otage, sauf Casey Ryback, rusé comme la fouine de Basse-Rhénanie (normal, puisque c’est Steven Seagal), qui va leur rentrer dans le lard afin de sauver, d’abord sa nièce, ensuite la Nation, et défendre au passage l'honneur des cuistots aïkidokas.


Travis Dane (Eric Bogosian).


Le méchant surprend les agents de la CIA en plein crac-crac.











Les gros bonnets de Washington sont impuissants, seul un artiste martial à catogan peut sauver le monde.


La suite nous présentera donc les ingrédients classiques de ce genre de gloubiboulga action-techno-thriller ; des fusillades à tout va, des cassages de membres divers, quelques explosions, des méchants sadiques, des ordinateurs où l’on pianote sur le clavier avec la virtuosité d’un Richard Clayderman… A ceci près que tout cela, malgré une efficacité certaine (en gros, on ne s’ennuie pas) est à cent lieues des sommets du genre « action en temps réel » mis à la mode notamment par « Piège de Cristal » (« Die Hard »), de John McTiernan, avec Bruce Willis. Ce « Piège à grande vitesse » découle d’une vraie frénésie de films d’action hollywoodiens dans les années 1990 : selon la légende, le scénario utilisé pour le film serait en effet celui initialement prévu pour « Speed 2 » ; la suite de « Speed » dû donc se rabattre sur le scénario prévu pour le troisième « Die Hard » ; qui à son tour chipa le scénario initial de « L’Arme Fatale 4 » (par contre, on ne sait pas sur quoi se sont rabattus les auteurs de ce dernier film, les mauvaises langues prétendant qu’ils ont tourné sans scénario).






Les méchants sont très méchants.


Cette anecdote hollywoodienne a pour principal intérêt de mettre cet « Under Siege 2 » sur le même rang que les meilleurs films du genre, et de faire en sorte que la différence se voie. Mis en scène de manière fonctionnelle par le Néo-zélandais Geoff Murphy (naguère un metteur en scène en vue avec des films comme « Utu » et « Le Dernier survivant »), « Piège à grande vitesse » souffre principalement, la personnalité de Steven Seagal mise à part, d’un scénario accumulant les détails crétins et les invraisemblances. Tout d’abord, pourquoi les méchants se donnent-ils la peine de prendre un train en otage, avec tous les frais et les problèmes de logistique afférents ? Puisque le but de l’opération était d’extorquer le code aux agents, ils auraient fort bien pu leur tendre un guet-apens hors du train. Certes, le train sert à être tout le temps en mouvement, et donc indétectable : mais un camion aurait tout aussi bien fait l’affaire. Il y aurait eu un peu moins de mercenaires à payer, et on n’aurait pas risqué de se faire remodeler les jointures par Steven « Mad Chiropractor » Seagal (à moins que les agents de la sécurité routière aux Etats-Unis ne pratiquent eux aussi l’aïkido ?).




Ensuite, le détail des méchancetés commises par les méchants : le satellite-arme absolue, conçu pour frapper n’importe où, est capable aussi bien de raser une usine en Chine que de détruire un avion en vol, ou de provoquer des secousses sismiques… non-terrestres (gné ?). Parmi les plans du méchant en chef figure également la destruction du Pentagone, sous lequel on apprend que se trouverait un réacteur nucléaire secret (ce que peut bien foutre un réacteur nucléaire sous le quartier général des forces armées, quasiment en zone urbaine, pas loin de Washington et donc d’une bonne partie de lieux officiels « clés » du pays, ça on se pose encore la question).


Quant à Steven lui-même, s’il n’a pas encore l’embonpoint qui lui vaudra plus tard le surnom de « Senseï Bibendum », il nous offre un véritable festival : notre héros fait honneur à sa réputation, commençant par zigouiller au couteau un pauvre méchant affublé d'un œil de verre et de la moustache de Groucho Marx, puis par cavaler sur le toit du train censé foncer à travers les Rocheuses, tout en gardant la veste parfaitement droite et les cheveux toujours bien raides - signalons au passage que son impeccable costard noir n’aura pas un pli de tout le film – il va se faire (beaucoup) tirer dessus, se faire rater (c’est marrant cette propension des méchants de cinéma à tirer avec des balles obstinément récalcitrantes à atteindre les héros), s’accrocher sous le train malgré une blessure au bras (mais, nous dira t-il plus tard, ça, c’est même pas une blessure !). Jamais mis sérieusement en difficulté, malgré cette égratignure dans le gras du bras, et un coup de tatane reçu lors de la baston finale, Seagal est très loin du héros « surhumain-mais-humain » tel que pouvait l’incarner Bruce Willis : s’il est convaincant en machine de guerre et assez impressionnant dans les scènes de baston proprement dites, le bellâtre à catogan demeure d’un charisme d’armoire normande, qui empêche quelque peu de s’intéresser vraiment à son cas. Seule l’introduction de sa nièce vient adoucir un peu (mais pas trop) son personnage, en donnant un côté « sentimental » à sa mission. Les amateurs d’action au premier degré devraient cependant être satisfaits, car notre héros nous offre un nombre relativement conséquent de démontage de bras, déboîtage de vertèbres et autres pliages de jointures, d’une méchanceté rarement égalée depuis Bruce Lee : les sbires des méchants sont vraiment à la fête !




Démontage de bras, concassage de reins, écrasement de pomme d'Adam, bite dans l'tupperware : c'est le massage thérapeutique du Docteur Steven.


Côté bad guys, on n’est pas trop mal lotis : Eric Bogosian, bon acteur de théâtre et de télévision, a l’air de beaucoup s’amuser à cabotiner dans son rôle de savant fou, bien que son personnage, qui semble parfois sorti d’un dessin animé, soit un peu trop caricatural pour être inquiétant ; il est secondé assez efficacement, dans le rôle du chef sadique des mercenaires, par Everett McGill (« La Guerre du feu », « Twin Peaks », « Le Sous-sol de la peur »), dont la tronche de Carrare rivalise parfois de monolithisme avec celle de Seagal : mais comme McGill est meilleur comédien, on voit quand même la différence.




Everett McGill Vs. Steven.


La distribution est d’ailleurs d’assez bonne qualité, avec pas mal de gueules de bons acteurs hollywoodiens, comme Kurtwood Smith en général, Nick Mancuso en agent de la CIA ou Peter Greene en sbire vicelard ; la vraie faute de goût tient à l’introduction d’un personnage de bagagiste noir, qui va servir de sidekick comique à Steven Seagal et mettre à rude épreuve les nerfs du spectateur. L’acteur, Morris Chestnut, fait ce qu’il peut, mais il ne peut justement rien devant un rôle de "Noir rigolo" particulièrement crispant à force de poncifs.


Même Steven semble avoir eu envie de le flinguer sur le tournage.


Alors, nanar ou pas ? Considérons qu’en tant que film d’action, « Piège à Grande Vitesse » est suffisamment mouvementé pour satisfaire l’amateur d’action premier degré, mais les invraisemblances à la pelle, le jeu d’acteur de Steven Seagal et une scène finale hilarante (avec incrustation exceptionnellement pourrie) totalement en décalage avec un film techniquement bien fichu, nanardisent irrévocablement une entreprise déjà fort mal embarquée par un scénario qui sort peu ou pas des sentiers battus, mais bien poilant si on choisit de le suivre au second degré ! Si vous voulez voir une bonne grosse bourrinade sans nuances mais conçue de manière carrée et efficace, avec un Seagal pas encore ridicule, vous avez des chances d’être content ; si vous voulez rire d’un scénario idiot et bourré de clichés, idem. Décidément, les gros blockbusters sont vraiment conçus pour plaire à tout le monde.


Et n'oubliez pas de pratiquer votre aïkido, les enfants !

- Hobbie -
Moyenne : 2.41 / 5
Hobbie
NOTE
2.5/ 5
Nikita
NOTE
1.75/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5
Drexl
NOTE
3.5/ 5
Barracuda
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Grosse production hollywoodienne oblige, le film est disponible en DVD chez Warner Home Video, avec VO, VF, sous-titrage multiple, et tout le toutim. On peut le trouver avec une facilité déconcertante. Si vous êtes vraiment, mais alors vraiment raide dingue du beau Steven, vous pouvez même vous offrir le double coffret grand luxe « Piège en Haute Mer / Piège à Grande Vitesse ». Pour 47 €, c’est une arna... une affaire !