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Le Poing vengeur de Bruce

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Le Poing vengeur de Bruce

Titre original :Bruce's Fists of Vengeance

Titre(s) alternatif(s) :La Vengeance du Dragon, La Vengeance du Ninja

Réalisateur(s) :Bill James

Année : 1984

Nationalité : Philippines

Durée : 1h20

Genre : Doubleurs cherchent 1ère expérience

Acteurs principaux :Romano Kristoff, Bruce Le, Jim Gaines, Don Gordon Bell, Ken Watanabe, Jack Lee, Carla Reynolds

John Nada
NOTE
2.75/ 5


Avant d’évoquer le contenu de ce film, j'allume mes warnings à l'attention des enthousiastes vhsvores qui voudraient se lancer dans sa quête : les différentes éditions françaises constituent un mini casse-tête dont mes méninges se remettent à peine et sur lequel la cote de rareté située en fin de chronique se propose d'apporter un modeste éclairage.


Séquence d’intro : Bruce Le exhibe sa plastique nerveuse sur une excellente zique abusivement attribuée à "Totoy Nuke" (il s'agit en fait du morceau "Shanti Dance" du groupe Droids, sorti en 1978 sur leur album Star Peace). Le reste de la BO se permet des emprunts du côté de James Bond (Les Diamants Sont Eternels), La Poursuite impitoyable, L'aventure c'est l'aventure ou encore La canonnière du Yang-Sé de Jerry Goldsmith, qui tourne en boucle durant la majorité du métrage quel que soit le contexte.


Ceci étant dit, parlons maintenant de la bête : tourné à Manille par Bill James Haverly et produit par K. Y. Lim de la firme Kinavesa, Le Poing Vengeur de Bruce réunit du beau monde. Le fringuant Romano Kristoff tout d’abord – grand habitué des productions locales – dans le rôle du méchant Miguel, mais également pas moins de deux clones de Bruce Lee : Jack Lee et surtout Bruce Le qui, bien que seulement crédité en tant que « fight director », demeure le véritable héros du film, Le Poing Vengeur de Bruce s’inscrivant sans complexe dans cette lignée des « sous Bruce Lee », dont il constitue l’un des derniers rejetons.



Bruce Le fait des katas sous l'oeil de Bruce Lee, qui n'a pas l'air de beaucoup apprécier !



Bruce Le & Jack Lee. Le premier a le bon prénom, le second le bon nom de famille mais côté charisme c’est encore un peu juste d’un côté comme de l’autre.


L’histoire présente ainsi les habituelles références fallacieuses au petit dragon : Peter (Bruce Le), maître d’une école de kung fu à Manille, reçoit un coup de fil de Hong Kong de la part de son vieil ami Jack Lee (dans son propre rôle), qui lui annonce son intention de venir participer à un tournoi local. En fait, Jack Lee n’est ni plus ni moins que le frère de Bruce Lee qui, à sa mort, lui a légué son précieux livre de techniques secrètes. Un ouvrage que convoite avidement le fourbe Miguel (Romano Kristoff alias Ron Kristoff), lui aussi maître dans l’art de tatanner la gueule à autrui en hurlant…






Séquence nostalgie : lors de la scène où Jack Lee consulte le livre de techniques secrètes de son défunt « frère » Bruce, le spectateur a droit à une succession de photos du petit dragon façon économiseur d’écran (c’est-à-dire en longs plans fixes) sur fond de musique d’Opération Dragon !



Le figurant le plus drôle du film… (Filipinos Powa !)


Composante nanar n°1 : les doublages. On en parle souvent mais là, la barre est placée particulièrement bas : aucun souci de coordination (laissons ça aux professionnels, voyons), intonation zéro – ce doublage là est à la musicalité de la langue ce que le rap est à la mélodie – blancs en milieu de phrases, hésitations, accentuations aléatoires de « e » muets (ainsi on découvre un peu perplexe que la capitale des Philippines n’est plus « Manille » mais « Manilleuh »)… c’est un véritable festival. Il faudrait interroger des gens du milieu un jour, je ne serais guère étonné d’apprendre qu’à l’époque l’usage était de refiler les films de kung-fu aux petits nouveaux pour qu’ils puissent se faire la main. A ce titre, l’extrait vidéo disponible sur le site depuis déjà un moment illustre parfaitement l’étendue du carnage.


Des acteurs d’exception relayés par des doubleurs pleins d’avenir… Bouleversant !




Provoqué par un élève de Bruce Le un peu trop fanfaron, Jack Lee lui donne une bonne leçon : il baisse agilement le pantalon de son adversaire dont l’arrière-train est immédiatement percuté par un sac de sable. C’est l’hilarité générale dans la salle d’entraînement, Bruce Le applaudit à tout rompre. Nul doute qu'il s’agit là d’une des précieuses techniques secrètes contenues dans le livre de Bruce Lee !


Composante nanar n°2 : la réalisation – dont j’anticipais certes l’académisme tout juste fonctionnel mais pas le degré d’amateurisme – et, globalement, tout l’aspect « technique » du film : cadrage approximatif, raccords je-m’en-foutistes, montage à l’aveuglette, éclairage fluctuant, emploi du zoom intempestif et au final parfaitement ridicule… une litanie de fautes de débutant qui rapproche plus Le Poing Vengeur de Bruce de la vidéo pédagogique pour apprentis cinéastes que du 7ème Art.




Grosse exclue Nanarland : l’analyse des secrets de réalisation de Bill James ! Ici c’est un splendide zoom, marque du génie du cinéaste, qui est décomposé en quatre plans pour bien décortiquer le mouvement.




Là c’est une dramatique prise de menton filmée sous pas moins de trois angles différents – avant d’être ponctuée par un zoom, cela va de soi – pour permettre au spectateur de mieux appréhender l’action. Les producteurs auraient paraît-il émis quelques réserves concernant cette scène, craignant qu’un traitement aussi résolument moderne du récit ne déroute quelque peu le public mais Bill James, en authentique artiste, a tenu bon et su imposer sa vision de l’œuvre, obtenant un director’s cut gage d’intégrité.


Là encore, l’extrait vidéo illustre bien cet aspect du film : subtile ouverture de la séquence sur un bon gros plan (un joli nunchaku rouge, mais ça pourrait tout aussi bien être un pigeon sur le rebord de la fenêtre ou une tâche de vin sur la moquette) --> zoom arrière --> déroulement de la séquence --> zoom avant et gros plan de clôture (sur les petits yeux plissés de Romano Kristoff en l’occurrence, effet dramatique garanti). C’est bon coco, c’est dans la boîte.



Parallèle tragique : alors que son ami Jack Lee est séquestré par le vil Miguel dans une posture peu confortable, Bruce Le, insouciant, se détend avec sa poule en regardant des combats de coq. Les plus grands dramaturges peuvent aller se rhabiller !


Bien qu’on ne s’ennuie jamais vraiment, à la fois grâce aux défauts évoqués plus haut et aux combats assez honnêtement réglés, le rythme du film demeure néanmoins très… philippin (on navigue péniblement entre la chambre d’hôtel de Jack Lee, le hall dudit hôtel, la salle d’entraînement de Peter / Bruce Le et la baraque de Miguel / Ron Kristoff via des allers-retours incessants des uns et des autres entre ces quatre lieux stratégiques qui rendent bien compte de la maigreur de l’intrigue), quelques touches d’humour elles aussi garanties appellation d’origine contrôlée venant ça et là saupoudrer l’ensemble jusqu’au combat final opposant Romano Kristoff à Bruce Le.


Miguel a assassiné son meilleur ami, tué tous ses élèves et kidnappé sa fiancée. Se retrouvant seul et au chômage technique, Bruce tient désormais un solide alibi pour parodier son modèle et pousser des hurlements suraigus en sautillant d’un pied sur l’autre.







GRAND FESTIVAL BRUCE LE !!!!!!


Un affrontement au cours duquel monsieur Le nous sort son grand numéro d’hystérie martiale directement inspiré par qui vous savez. Poussés dans un registre très précis (entre le chat écartelé et le bébé torturé au fer rouge, je dirais), ses hurlements sont, à l’instar des doublages et autres bruitages de coups de latte, visiblement placés sans grand souci de coordination avec les images qui les accompagnent… à moins que Bruce Le soit un merveilleux ventriloque !



Affrontement final entre Bruce Le et Romano Kristoff.



Romano nous fait une démonstration de nunchaku mais Bruce, moyennement impressionné, le nargue en se frottant le nez comme qui vous savez.





Pas de tromperie sur la marchandise : Le Poing Vengeur de Bruce est un bon petit film de kung fu période Bruceploitation. De quoi passer un moment agréable, ni plus ni moins.



Ha!Ha! Quand même, ce coup du pantalon baissé…

- John Nada -

Entretiens

Moyenne : 3.00 / 5
John Nada
NOTE
2.75/ 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.25/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Si vous recherchez ce film (et on vous comprend), sachez que :
--> on le trouve sous le titre Le Poing Vengeur de Bruce chez VideoVista International, les seuls à avoir fait leur boulot correctement : le titre correspond en effet à celui de la sortie en salles françaises, traduction sans bavure du titre international, et l'iconographie correspond au contenu.


--> on le trouve sous le titre La Vengeance du Dragon chez Proserpine, avec une icono qui ne correspond pas.


--> on le trouve sous ce même titre de La Vengeance du Dragon chez l’éditeur Initial (collection Full Contact), avec des illustrations, un résumé et une fiche qui ne correspondent pas, le film créditant un autre clone du petit dragon, Bruce Li. Attention, d'après les témoignages des forumers, c'est la loterie une fois la cassette dans le magnétoscope : en effet, vous avec 2 chances sur 3 de tomber sur "Les 8 guerriers de Shaolin" un kung fu flick sans grand intêret (et en plus ressorti en DVD chez "Bach films", même pas une rareté, la poisse).


--> on le trouve enfin sous le titre La Vengeance du Ninja chez l’éditeur Atlantic Home Video, avec une illustration au dos de la jaquette, un résumé et une fiche technique sommaires mais qui correspondent bien au film qui nous intéresse. Cependant, il semble que sous cet emballage, on puisse parfois tomber sur un tout autre film...


A noter pour les acheteurs éventuels que la pellicule présente les mêmes détériorations dans toutes ces dernières versions, qui ont donc vraisemblablement pour origine la même matrice cradingue (merci au site www.vhs-survivors.com grâce auquel j'ai pu résoudre une partie du problème).
Le film est par ailleurs sorti en DVD Zone 1 chez l'éditeur canadien Legacy Entertainment (vendu environ 10$ US sur un site comme amazon.com). Ce même éditeur le propose également en pack "1 DVD 2 films" ("Martial Arts Marathon Vol.2") accolé avec Blood of the Dragon et en pack "1 DVD 4 films" ("Martial Arts Marathon Vol.1 & 2") avec Blood of the Dragon (Jimmy Wang Yu), Dragon Strikes Back (Chen Lee) et Fists of Bruce Lee (Bruce Li). Pas d'information quant à la qualité mais si elle est correcte, ça peut valoir le coup.



Pour éviter les erreurs, signalons encore le pack "1 DVD 4 films" de chez Video Asia qui, outre Bruce's Fist of Vengeance, comprend Big Boss II (Dragon Lee), Bruce Lee's Deadly Kung Fu (Bruce Li) et le mythique Clones of Bruce Lee (Bruce Le, Dragon Lee, Bruce Lai, Bruce Thai...) mais malheureusement dans une édition épouvantable (image moisie, son inaudible et décalé... visiblement un mauvais transfert effectué à partir d'une antique VHS !).


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