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Pumping Iron 2

(1ère publication de cette chronique : 2007)
Pumping Iron 2

Titre original :The Comeback

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Geoff Bennett

Année : 1980

Nationalité : Australie

Durée : 1h18 selon IMDB, 45 mn en VF

Genre : Culturisme option philosophie

Acteurs principaux :Arnold Schwarzenegger, Tom Platz, Frank Zane

Kevo42
NOTE
2.5/ 5

Avant-propos


En 1977, le documentaire « Pumping Iron » alias « Arnold le Magnifique » proposait une plongée dans l’univers du culturisme en nous faisant partager la préparation physique et les états d’âme d’une ribambelle de bodybuilders tous plus mal doublés les uns que les autres, parmi lesquels Arnold Schwarzenegger et Lou Ferrigno, en lice pour les titres de Mr. Olympia et de Mr. Universe 1975. En 1980, un autre documentaire, « The Comeback », abusivement sorti en France sous le titre « Pumping Iron 2 », nous faisait vivre le retour de Schwarzie, alors vainqueur à six reprises du titre de Mr. Olympia et briguant une 7ème couronne après 5 ans d’absence dans la compétition. C’est donc de ce second documentaire dont il est ici question, abordé sous l’angle de l’analyse philosophique par Kevo42. Signalons qu'il existe un « Pumping Iron 2 : the Women » aux Etats-Unis, "vraie" suite semble t-il inédite chez nous de « Pumping Iron ».


« Il a le don de se faire aimer. Arnold a la capacité de vous convaincre que c'est bien de voter pour lui. Vous regardez Arnold et vous vous dîtes : « wahou il a l'air de se sentir très bien dans la vie et j'aimerais être comme lui. » Quand il est sur scène avec son sourire, il montre ses muscles et ses biceps, et le tour est joué. Le public est conquis. » Tom Platz
Arnold Schwarzenegger est plus qu’un homme, presqu’un Dieu. Gouverneur de Californie, acteur dans « Commando » ou « Dommage Collatéral », il détient une puissance formidable. Quel est son secret ? Le muscle, utilisé de la façon la plus efficiente qui soit. Car au départ de tout, il y a le bodybuilding. En ces temps de changement politique, il est temps de revenir à des valeurs saines : la conquête, la recherche du succès. « Pumping Iron 2 : le come-back de Schwarzenegger » parle de cela, et constitue à n’en pas douter le film de chevet de Nicolas Sarkozy (ne l’a-t-on pas encore récemment vu entraîner son corps sur l’île de Malte ou discuter du tour de France ?). Mais il ne parle pas que de cela : c’est aussi un film essentiel sur le rapport entre le corps et l’esprit, sur la liberté et sur les goélands. Car si le film se concentre sur Arnold, celui-ci se fait presque voler la vedette par Tom Platz, « Mr incredible legs », aussi surnommé par certains « Mr incredible joues ».


Tom Platz alias The Golden Eagle.


Nous verrons que ce qui place Pumping Iron 2 dans le panthéon de la philosophie occidentale, c’est qu’il arrive à deux conceptions entièrement différentes de la vie en partant de la mêmes prémisse : le body-building comme sport avant tout mental (« le mental dans le muscle », fantastique formule que nous analyserons en détail). Car si Schwarzenegger défend une vision libérale du monde basée sur la séduction et la conquête, Platz se fait lui-même, et conquiert sa liberté, dusse-t-il se donner tout entier, se sacrifier. C’est donc bien une nouvelle Gigantomachie qui se déroule sous nos yeux, entre une conception egocentrée (centrée sur le je) et une conception exocentrée (centrée sur les autres) du bodybuilding. Quelle attitude choisir ? Quelle vie pour être un véritable gagnant ?



Qui a la vie la plus riche ?


On a longtemps considéré en philosophie que le corps était un obstacle : il nous donne de fausses informations, nous empêche de connaître, nous remplit de désirs qui nous pervertissent. Pourtant, ces malentendus peuvent n’être dûs qu’à une mauvaise écoute de notre corps. Car il y a une voie de la sagesse qui passe par le corps. Tom Platz le dit : « je considère le bodybuilding comme une véritable philosophie ». Les fondements en ont été posé par Arnold et Franco Colombo, les héros du premier Pumping Iron : « Ce sont Arnold et Franco qui nous ont montré le chemin » dixit Platz.


Arnold montre le chemin.


Quel est ce chemin ? Celui du sport intérieur. On a souvent tendance à envisager le corps comme une machine, un outil au service de l’esprit : ce que les yeux voient sont la matière première qui vise à être corrigée par notre esprit. Nos muscles se développent pour et témoignent de notre travail. Exemple : le paysan qui développe sa masse musculaire en assujettissant la terre par son labeur.
Le corps est le prolongement de l’esprit, ce qui permet de réaliser sa vision. Mais le culturisme, lui, ne met pas le corps au service de l’esprit, mais l’esprit au service du corps. Le culturisme ne sert pas à soulever de lourds poids, comme l’haltérophilie le fait par exemple, mais seulement à donner l’illusion qu’on en serait capable. Ainsi Arnold explique que lorsqu’au cinéma, on soulève un rocher en mousse de cinq kilos, on doit donner l’impression qu’il en pèse mille, pour avoir l’air d’un macho. Le muscle est au service d’un idéal de beauté, qui amène la joie : « C'est vraiment formidable de vivre dans cette expectative de voir ce corps idéal apparaître. C'est je crois ce qu'ils appellent le troisième oeil qui vous permet de visualiser ce que vous voulez devenir. En fait, il existe une nouvelle approche en sport, on l'appelle le sport intérieur. Il y a surtout la sensation d'être beaucoup plus fort que les autres. On se sent meilleur, on pense même qu'on peut tout faire. » (Arnold Schwarzenegger)


Arnold a un troisième oeil qui pousse.


On ne sait pas ce que le troisième œil peut être pour les Indiens ou les Chinois, mais pour les bodybuilders californiens et du monde entier, il est clair que le bodybuilding, c’est « le mental dans le muscle » pour reprendre l’expression capitale de Tom Platz. Mais avant d’explorer cette citation, on peut grossièrement en voir le sens : le culturisme est le fait de tourner son esprit vers son corps, afin que celui-ci se développe pour atteindre sa perfection, c’est-à-dire son achèvement.
Deux illustrations : tout d’abord Arnold :
« Quand je m'entraîne, je fais des choix très précis suivant la partie que je veux développer, vous connaissez la technique. Mais quelque soit la technique, je fais toujours appel à l'auto hypnose. Disons que mon implication psychique est évidente parce que sans ça je n'arriverai jamais à soulever 200 kgs, c'est d'abord très lourd et puis ça peut devenir ennuyeux. Il s'agit donc de s'enthousiasmer par l'intérieur, penser à un prochain résultat, à un muscle donné, à son apparence après l'effort (...) Et ce qui va se passer à tous les coups, c'est qu'il va réagir et se développer. »


Arnold en train de s'enthousiasmer de l'intérieur.


Ensuite Tom Platz : « vous recherchez un idéal, dans le sens que vous moulez votre corps, c'est ça vous développez votre corps. Vous en changez le contour et vos formes et vos muscles, pour qu'ils prennent l'apparence que vous désirez. C'est d'abord une perception abstraite du corps que vous souhaitez obtenir, vous essayez ensuite d'épouser vraiment ces formes. Le mental est très concerné dans le bodybuilding. En fait vous entretenez un sentiment particulier. Vous ressentez comme un besoin, un appel, presque une prière. Vous ressentez le besoin de faire ce que vous faîtes, et vous n'êtes satisfait qu'après l'entraînement. C'est ce que je vis. C'est pour ça que je suis ici aujourd'hui. En réalité, je pense, je crois vraiment bien que le bodybuilding est plus mental que physique. Ca vous préoccupe et c'est d'abord une projection de l'esprit. Ce à quoi tu veux ressembler, ce à quoi tu veux parvenir physiquement par les formes de ton corps. Tu penses souvent à la nécessité de faire des exercices, (...) c'est le mental dans le muscle. »


C'est le mental...

...dans le muscle.


La dynamique du bodybuilding est complexe. C’est un mouvement qui s’auto-nourrit. Car en soi, faire de l’exercice n’est pas une fin. Schwarzenegger dit lui-même que ça peut être très ennuyeux. Mais le corps crie, il hurle : « rends-moi beau ! ». Tom Platz ne parle-t-il pas de prière ? Spinoza disait que l’âme n’est que l’idée du corps. Cela veut dire que l’on ne peut pas séparer âme et corps car ils sont la même chose vus sous deux aspects différents d’une partie de la substance (qui est le grand tout qui comprend Dieu, la nature, et même les 2 en 1 de Godfrey Ho) : celui de la pensée pour l’âme, et celui de l’étendue pour le corps. Corps et âme sont deux expressions d’allure très différente d’un même objet, différente au point que nous croyons qu’ils sont deux entités séparées et radicalement distinctes (Platon, Descartes, etc.) Mais le culturiste ne tombe pas dans ce panneau. Car que veut dire : « le mental dans le muscle », sinon la double implication de l’esprit sur le corps et du corps sur l’esprit. Car, au départ, l’esprit pense au corps, et le force à agir pour qu’il devienne ce qu’il souhaite. Mais ensuite, le corps gagne en autonomie, il réclame et vous ne pouvez pas penser à autre chose, vous gagner en concentration, dans le sens où plus rien d’autre ne vous intéresse :
« La concentration je l'ai apprise surtout en faisant du body-building, elle sert dans tout. Il faut savoir se concentrer sur une chose, et même si, je ne sais pas, une bombe explosait à côté de vous, vous ne devriez pas vous déconcentrer. Vous savez que c'est une bonne chose d'apprendre à se concentrer comme ça. » [il le dit pendant qu'une mouche vole devant son nez] (Arnold Schwarzenegger)
Il y a cette prière du corps : une fois la machine lancée, on ne peut plus s’arrêter, le corps prend son indépendance. L’esprit, qui croyait diriger le corps en devient l’esclave. Même après la défaite dans la compétition de Mr. Olympia, Tom Platz refuse toute idée d’abandon : « Laisser tout tomber, qu'est-ce que ça veut dire ? Quand je suis ici, je me sens bien. C'est chez moi, on veut toujours rentrer chez soi. On peut s'éloigner mais on revient toujours. »
Un petit schéma pour résumer :

esprit --> troisième oeil : voit le corps idéal --> corps --> prière du corps --> esprit


Et on recommence autant de fois qu’on veut. Mais la question est alors : dans quel but ? C’est là que vont s’affirmer les différences entre Schwarzenegger et Tom Platz, où l’on verra pourquoi l’un est devenu gouverneur quand l’autre est devenu docteur en diététique. On va voir que pour Platz, la musculation est une fin en soi. C’est une approche introcentrée. Pour Schwarzie au contraire, le body-building n’est qu’une étape dans sa soif de conquête. Il a une approche exocentrée du culturisme.
Pour Platz comme pour Schwarzenegger, le bodybuilding est une histoire de conquête et de philosophie : « Je crois fermement dans la philosophie occidentale qui consiste à conquérir, à réussir, à être toujours plus haut dans les disciplines qu'on a choisies. » (Arnold), et « J'ai toujours senti le besoin d'un plus. » (Tom Platz). Mais si on verra que la conquête de Schwarzenegger est une suite d’objectifs de plus en plus ambitieux à atteindre, la quête est pour Platz, intérieure. Ce dernier « lit de la philosophie tout les soirs », parce « que c’est intéressant, ça éclaircit l’esprit ». Mais Platz ne suit pas pour autant les chemins tout tracés de la dialectique, mais creuse son propre sillon : « Je considère le culturisme comme une véritable philosophie. » En claquettes sur la plage, répétant et méditant ses poses, il se pose les questions essentielles : "pourquoi j'existe, où vais-je..." Il vise à "s’écarter des banalités quotidiennes".
On pourrait plaquer un schème Heideggerien sur cette réflexion : se détournant de ce que Heidegger appelle le « bavardage », cette langue du commun qui ne permet de parler que du vulgaire, Platz cherche à résoudre les questions aussi essentielles que celles de l’être de l’étant. Bien sûr Heidegger avait posé cette dernière question comme étant la plus essentielle de toute, tout en étant celle qu’on ne peut poser. Le philosophe Allemand avait essayé de contourner cette difficulté par la contrition de la grammaire. Il faut un langage inouï pour dire des choses inouïes. Mais Platz a instinctivement compris que cette tentative ne devait déboucher que sur un échec, et que ce que l’on ne peut exprimer par les mots, on le pourra par le muscle. Tom Platz n’a sans doute en vérité jamais lu Heidegger (mais n’est-ce pas remarquable de dépasser un maître sans le savoir), et se réfère plus volontiers à Jonathan Livingstone le goéland :
« J'ai toujours senti le besoin d'un plus. Je compare ça à la recherche qui anime le goéland. Ce goéland, Jonathan, voulait faire quelque chose de différent, s'écarter des banalités quotidiennes de la vie et ça le poussait très loin. Il n'avait qu'une idée, c'était de faire quelque chose d'exceptionnel, d'artistique. Et pas seulement dans le but de donner libre cours à ses capacités artistiques, mais surtout dans le but d'élargir sa connaissance du monde. Pour moi c'est la même quête qui me pousse vers la culture physique, d'où mon goût si développé pour le sport. »


Tom prend son envol.


Platz assigne deux rôles essentiels au culturisme : l’expression artistique et la connaissance du monde. Les deux sont liés par le qualificatif de « quelque chose d’exceptionnel ». En effet, la plupart d’entre nous cherchons à réaliser ces buts par la création d’objets. Le scientifique va produire des dispositifs expérimentaux qu’il pourra manipuler. L’artiste créera des objets (peinture, sculpture…). Mais le bodybuilder, lui, crée une autre interaction. C’est par le travail sur son corps qu’il atteint au rang d’artiste et de savant. Sa recherche porte sur lui-même. Ce que dit Platz est en un sens gonflé : connaître le monde = connaître son corps. Mais poussons la comparaison avec le goéland : Jonathan, par ses voyages, voit, réfléchit et par là, apprend. Sa vie est son œuvre d’art. Platz, lui, essaie toutes choses sur son corps (notamment, vraisemblablement des anabolisants ou du Jim Beam, comme Schwarzie) : il en fait son objet d’études, et devient ainsi le monde à connaître. C’est là qu’on voit toute l’introspection (étymologiquement : le regard tourné vers l’intérieur), et pour oser le néologisme, l’introcentrisme de Tom Platz : en se concentrant sur lui-même, il devient un monde entier à découvrir. L’individu devient cosmos. Pour parachever cette recherche, il faut se parachever, raison pour laquelle il faut aller au-delà de ce qu’on peut donner : « Je donnerai tout ce que j'ai dans un engagement total pour y parvenir parce que je veux faire ça au mieux de mes capacités. Peut-être au delà, j'espère. Et... c'est de ça qu'il s'agit demain soir sur scène. Le jour J est là et je veux montrer ce que j'ai fait. »


Tom, en pleine introspection.


D’ailleurs, Platz se fiche un peu de ce que les autres peuvent penser de lui, car il n’agit que pour lui-même : « C'est très dur. Ca ne se fait pas comme ça. Vous savez, faut se battre. C'est clair, faut s'engager, mettre tout son corps... et toute sa personnalité dans l'entraînement et ce soir, même si on ne gagne pas, c'est suffisant. Je suis au mieux de ma forme. »


"Du pain, du vin et du fromage, tout de suite !"


Schwarzenegger, lui n’est pas dans cette optique. Il ne fait pas de musculation pour lui mais pour les autres. Le regard de l’autre est une thématique forte puisqu’elle revient par deux fois, de façon apparemment contradictoire :
Premièrement, Arnold se plaint de la première phase de la compétition : « Cette fois-ci je n'étais vraiment pas décontracté. J'ai l'impression d'être une bête rare, peut-être à cause du cinéma. Des gens me regardaient en maillot de bain et ma véritable nature ne me prédispose pas à l'exhibitionnisme. C'est le moins que je puisse dire. Et en fait sur ces planches, c'est vous-même qu'on voit. C'est votre personne qu'on juge. Vous savez que vous allez être comparé à tous ces mecs si différents, et c'est ce que je n'aime plus du tout. »
Deuxièmement Arnold se réjouit du regard du public : « J'ai toujours aimé me montrer à un grand public. C'est un grand plaisir et ça m'électrise de voir que les gens apprécient ce que vous faites. »


Arnold met le paquet pour impressionner les juges.


Mais la contradiction n’est qu’apparente. Contrairement à Platz qui se donne tout entier, Arnold est quelqu’un qui prend. Se montrer en moule-burnes, d’accord, mais n’allez pas le comparer aux autres. Arnold se pose directement face au public et lui dit "aime-moi mais ne me juge pas". Car Arnold est avant tout un conquérant comme on l’a vu plus haut : « Je crois fermement dans la philosophie occidentale qui consiste à conquérir, à réussir, à être toujours plus haut dans les disciplines qu'on a choisies. Parce que pour moi nous sommes sur Terre dans ce but, c'est ça... une vie riche plutôt que de survivre et de laisser passer la vie qui est en fait très courte. » Son motto n’est pas « connais-toi toi-même », mais « plus vite, plus haut, plus fort ». Arnold est différent des spectateurs, qui le cul sur leur chaise, n’auront jamais une vie riche, ne seront jamais admiré, mais resteront toujours de la merde.


Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est le mieux bâti !


Il y a deux citations capitales pour comprendre Arnold. Voici la première :
« Tout le monde aime être désiré et recherché et tout et tout. La plupart on ça de manière très limitée, ils sont aimé par leur famille, par leurs amis, leurs enfants ou leurs frères, leur femme. Certaines personnes en veulent bien plus, et je suis de ceux-là. » Contrairement à Franck Zane et Samir Bannout qui se définissent dans le film comme des « lovers libanais », ce qui en fait des concurrents sérieux, car l’important c’est d’aimer, Schwarzenegger cherche à être aimé et non à aimer. Dans le documentaire diffusé il y a peu sur Arte, Franck Zane dit que si Arnold a fait de la musculation, c’était pour gagner l’appréciation de son père. Celui-ci étant mort durant son adolescence, il n’a pas pu le voir entièrement développé. Privé du regard qu’il recherchait le plus, Arnold serait devenu une machine à séduire qui tournerait dans le vide, et du coup se serait emballé, visant encore et toujours plus de monde à qui plaire. Si cette interprétation psychologique est séduisante, il est clair, d’après les mots d’Arnold lui-même, que l’amour familial ne lui suffit de toute façon pas. Pour gagner toujours plus les faveurs des autres, Arnold ne pouvait voir le bodybuilding que comme un objectif transitoire.
« L'important, c'est de se remettre tout le temps en question. Je crois vraiment qu'il faut savoir préserver ces appétits, j'ai toujours cherché plus, et surtout plus grand, il faut avoir des appétits constants pour de nouvelles victoires. Le but atteint je pense immédiatement au prochain défi, à la prochaine étape, c'est ce que j'appelle sauvegarder ses appétits. »


N'oubliez pas les lovers libanais !


Cette phrase est la clé de la pensée d’Arnold. Une pensée libérale, véritable achèvement de la pensée positive et de la pensée par objectifs. Dans le documentaire d’Arte, son ex de l’époque nous explique que tous les ans, Arnold se fixait cinq énormes objectifs, qu’il réalisait à chaque fois. Après avoir gagné 6 fois Mr. Olympia, Arnold avait fait le tour du culturisme, milieu de plus dont la majorité des gens se fout éperdument. Il fallait donc passer au cinéma, qui lui a apporté encore plus d’argent (Schwarzie était déjà millionnaire avant de faire du cinéma grâce à l’immobilier, la vente de produits de musculation et des investissements boursiers) et surtout une célébrité incroyable. Il s’est à présent lancé dans la politique avec le succès que l’on connaît, et s’il réussit un jour à se présenter aux présidentielles américaines, qui sait s’il ne pourrait pas devenir l’homme le plus puissant du monde ! On voit d’ailleurs actuellement que l’action de Schwarzie sur l’écologie va dans ce sens : devenir un modèle pour le monde, c’est montrer comment moi, Schwarzenegger, qui ai une vie riche, vais vous montrer comment on vit en respectant la Terre. Et sauver la Terre, n'est-ce pas le plus noble et le plus grand des objectifs ?
Ainsi, alors que Tom Platz creuse inlassablement son sillon, qui est son corps, jusqu’à la folie (qui a vu ses jambes à la grande époque savent de quoi je parle) et adopte ainsi une pensée verticale, Arnold Schwarzenegger, lui, a une pensée qui voit de plus en plus gros, une pensée horizontale.
Résumons ce que nous avons atteint au terme de cette étude concernant le court mais fascinant « Pumping Iron 2 ». Le bodybuilding est ce mouvement réciproque entre le corps et l’esprit, qui fait de l’édification du corps le sommet de la vie bonne. Mais ce corps idéal peut être l’objet de pensées radicalement différentes. Pour Tom Platz, c’est l’objet de toute une vie, une quête métaphysique où l’on se prive de tout, sauf « [de] pain, [de] vin et [de] fromage » pour atteindre la sagesse du goéland. Arnold rejette cette philosophie du corps, qui échoue par trop de sérieux (Platz ne gagnera jamais Mr. Olympia, son meilleur rang sera troisième) :
« La plupart des gens sont trop absorbés par ce qu'ils font, ils n'arrivent plus à se voir objectivement, moi je prends souvent du recul, et je ris de moi-même parce que c'est évident, on ne peut pas prendre au sérieux tous ces trucs, je veux dire, c'est quelque chose, je crois que nous pouvons faire... Certaines choses pour continuer notre route et nous motiver par des petits objectifs, nous offrir des petites victoires comme ça. » (Arnold Schwarzenegger).
Mr Olympia n’est « qu’un petit objectif, une petite victoire » dont il faut savoir se satisfaire, tout en admettant que c’est « rigolo d’être le gars le mieux bâti du monde, très rigolo ». La séduction s’exerce sur des publics de plus en plus grands, construisant ainsi un destin planétaire.
En conclusion, quand Tom Platz choisit Ride Like The Wind de Christopher Cross (“ It’s the night. My body’s weak. I’m on the run. No time to sleep. I’ve got to ride, ride like the wind, to be free again ”) chanson invitant au dépassement de soi, pour la compétition, Schwarzie préfère le thème plus conquérant de Conan. Que demander de plus pour les distinguer ?
Maintenant, à vous de choisir la voie que voudrez suivre, mais une chose est sûre, si vous voulez du changement et sortir du quotidien, une seule direction : la salle de muscu.


Un petit rappel pour la route.



- Kevo42 -
Moyenne : 3.50 / 5
Kevo42
NOTE
2.5/ 5
John Nada
NOTE
3.75/ 5
Kobal
NOTE
3.25/ 5
Drexl
NOTE
4.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
« Pumping Iron 2 » a fait l’objet d’une rarissime édition VHS sortie à l'époque chez Proserpine, et que le pseudo éditeur Prism s’est contenté de repiquer en DVD pour la proposer à très bas prix dans les grandes surfaces. Comme à leur habitude, les pirates de Prism proposent donc une vilaine édition baveuse au format 4/3, avec une bande-son soit disant "dolby digital" (et en fait repiquée sur la VHS de Proserpine en mono avec un max de souffle) et une jaquette nous montrant Arnold période « Commando ». D'après l'IMDB, « The Comeback » dure 78 mn, alors que l'édition DVD de Prism ne fait que 45 mn. Que sont devenues ces 33 mn manquantes ? Figuraient-elles seulement sur l'édition VHS de chez Proserpine ? Pour l'heure, nous ne pouvons que nous perdre en conjectures.



Signalons qu'il existe un DVD « Pumping Iron 2 : the Women » aux Etats-Unis, "vraie" suite semble t-il inédite chez nous de « Pumping Iron », et que « The Comeback » semble lui être dispo en DVD en Australie chez "VEI".