Recherche...

Rage


Rage

Titre original :Rage - Fuoco incrociato

Titre(s) alternatif(s) :Rush 2, La bête de guerre

Réalisateur(s) :Tonino Ricci

Année : 1984

Nationalité : Italie / Espagne

Durée : 1h31

Genre : La rage du zouk

Acteurs principaux :Conrad Nichols, Werner Pochath, Taida Urruzola, Cris Huerta, Ottaviano Dell'Acqua, Lola Bayo, Ann Karen, Joaquín Parra, Steve Eliot (alias Stelio Candelli)

Wolfwood
NOTE
2.25/ 5


Une affiche de pré-production parue dans Variety.


C'est dingue comment les pires catastrophes inspirent les auteurs de tous poils. Ouragans, tsunamis, concerts de Frédéric François… pas une seule des calamités que nous connaissons n'a échappé aux caméras de réalisateurs dépravés et en manque de sensations fortes. Le pire des fléaux étant sans doute l'explosion d'une bombe nucléaire, on sait déjà que certains cinéastes se sont penchés sur la question.


Du côté de "Rage" alias "Rush 2", rien de bien nouveau sous le soleil. La planète n'est une fois de plus qu'une vaste carrière de graviers suite aux explosions de quelques stock-shots. Sur cette terre désolée, ravagée par des épidémies, un homme tente de survivre : Rage… enfin Rush… à moins que ce ne soit Stryker… Quoiqu'on en sait trop rien, le nom du bonhomme changeant en fonction de la version. En même temps, difficile d'en vouloir à quelqu'un. Par rapport à « Rush », on a le même acteur principal, les mêmes décors, le même réalisateur et on nous dit que ce n'est pas une vraie suite. Dans le doute, on pourrait toujours parler du gars qui zone en marcel dans un paysage dévasté. Cela dit, comme on risque de confondre avec Bruce Willis, on aura qu'à l'appeler Rush comme dans le premier film, même si ce changement de titre opportun n'est là que pour surfer sur le succès, très relatif, du volet initial.


La guerre atomique c'est nul, ne faites pas ça chez vous.


Une autre raison de ne pas souhaiter l'Apocalypse : elle nous fait retourner dans les années 80.


Bref, toujours est il que Rush se fait une nouvelle fois capturer, non pas par un tyran mégalomane comme la première fois mais par des militaires qui lui demandent expressément de les aider à sauver le monde. Car au-delà des brumes radioactives se trouve un outil qui permettrait à l'humanité de reconstruire sa civilisation, à savoir de l'uranium. Idéal pour repartir sur des bases saines après un bon conflit nucléaire. Mais Rush ne se pose pas ce genre de questions. Traîner dans une zone qui ferait passer Tchernobyl pour Disneyland, c'est son dada, et il se laissera convaincre de prendre la route avec trois acolytes. Une aventure qui n'aura rien d'une promenade de santé, puisque outre le danger d'une contamination permanente, notre escadrille devra bien entendu affronter tout un tas d'embûches ainsi qu'une bande de malandrins mis sur la piste du minerai.


La brume radioactive. Pour y survivre, rien de plus simple, il suffit d'enfiler son poncho et un masque à gaz. Après utilisations, n'oubliez pas de les prendre à mains nues pour les jeter à la poubelle, c'est plus prudent.


Epais comme une sardine séchée, le scénario réserve pourtant bien des surprises. Car pour un territoire chaotique, le terrain de jeu de nos ouailles s'avérera fréquenté par une faune pour le moins bigarrée. Morts-vivants, pillards, cow-boys, rien ou presque ne nous sera épargné, la faute à des scénaristes déchaînés qui semblent avoir pris un malin plaisir à balancer dans un mixeur tous les poncifs du genre afin d'en ressortir une tambouille informe, ni faite, ni à faire. A moins qu'ils n'aient cherché qu'à fuir leurs propres influences pour aller vers d'autres catégories, comme le western ou l'horreur, faisant de ce film un post-apo d'échappement. Leurs envies de nous en donner toujours plus se voient aussi dans les incidents que rencontrent nos héros. Besoin de cinq minutes pour gonfler la durée du film ? C'est gratuit, ils nous offrent un tremblement de terre. Enfin, un tremblement de caméra et trois gravillons qui tombent d'une colline, faut pas trop en demander non plus. Plutôt que d'accumuler les références, nos amis auraient mieux fait de soigner leur copie, le film regorgeant d'incohérences. Rush qui pactise avec Slash avant de le trahir, puis tente de fuir ce dernier avant de déclarer vouloir le rejoindre mais ne rien en faire, on a parfois du mal à voir où tout ce beau monde veut en venir. A moins que la faute soit imputable à une VF qui, à force de vouloir rattraper le train en marche, finit par dire tout et son contraire en l'espace de quelques secondes. Comble de maladresse, un personnage sera même purement et simplement rebaptisé du prénom de son acteur.


Ne manquait plus que les dinosaures nazis…


Quand je vous dis qu'il est peuplé ce désert : il n'y a même pas assez de rochers pour cacher tous les participants à cette embuscade.


Parlons-en du casting. Pour jouer notre justicier, pas de surprise, on retrouve Luigi Mezzanotte, alias Bruno Minniti, plus connu sous le nom de Conrad Nichols. Prêt à tout pour son quart d'heure de gloire, Conrad est de tous les combats, mais ne se voit trop aidé par un jeu intériorisé lui donnant parfois l'air absent, ni même par son physique. Eternellement bien coiffé et propre, on se demandera souvent si cette incarnation d'une pub pour gels douches aux faux airs d'Erik Estrada est bien l'homme de la situation. Dans l'esprit des créateurs du film, les choses sont cependant claires, et pour bien montrer qui est le patron, ses compagnons d'infortune seront mis en retrait à des degrés divers. Il y a d'abord Mary, une séduisante militaire dont la présence au sein de l'équipe n'a pour but que de se faire attaquer par tous les vilains qui rôdent à chaque coin de dune. L'occasion pour Rush de molester le ramassis de saligots qui font rien qu'à l'embêter. Et c'est heureux, la pauvre arrivant à avoir peur de zombies mal maquillés alors qu'elle tient une mitraillette dans les mains. Une couardise un peu troublante, lorsqu'on la voit assommer elle aussi son quota de voyous sans rechigner en début de film.


Conrad Nichols, mercenaire ultra bright.


Mary (Taida Urruzola), faire-valoir du héros, en tenues plus ou moins réglementaires.


Tonino Ricci cadre toujours bien ses actrices (cette capture d'écran vous est offerte par le comité de soutien au retour de Nikita).

Le chef du commando est un peu plus utile. Yeux injectés de sang, mâchoire serrée, Werner Pochath se montre généreux dans le registre du soldat viril et décidé à en découdre. Une détermination dont il se servira pour apprendre la vie à un paquet de hors-la-loi. Pourtant, il lui arrivera aussi d'être un dangereux flemmard, par exemple lorsque la demoiselle du groupe manquera de se faire violer pendant que notre blondinet admire le spectacle. A partir de là, il n'en fichera plus une, au point qu'on se demande si Werner ne s'est pas froissé un muscle en soulevant son thermos durant la pause déjeuner, l'empêchant de se dépenser sur les scènes suivantes.


Werner, sauveur du monde à temps partiel.


Mais la vraie star du commando, c'est surtout Omar, spécialiste en électronique, joué par un vieux grognard du Bis européen, Cris Huerta. Elancé comme un Michel Polnareff sur le retour, on est déjà surpris de le voir emballer une demoiselle dans un repaire de brigands. Mais le mieux, c'est encore de le regarder prendre part à l'action. De là, si le regarder mettre une trempe à quelques jeunots mieux gaulés que lui est déjà tordant, la scène où notre barbu bedonnant viendra dézinguer du sbire à la chaîne en se prenant à lui seul pour les sept mercenaires, suffit amplement à effacer les quelques traces de crédibilité qui pouvaient encore traîner de ci de là du côté de notre escadrille de choc.


Omar : le physique de Carlos (le chanteur, pas le terroriste) associé aux méthodes de Carlos (le terroriste, pas le chanteur).


Pour jouer le méchant, il faudra compter sur le redoutable Slash interprété par un Steve Eliot (prononcez Stelio Candelli), qui semble s'ennuyer ferme. Certes, par moment, le professionnalisme reprend le dessus, nous garantissant quelques crises d'hystérie et sourires démoniaques, mais entre faire le beau auprès d'amazones soumises ou manger une pomme d'un air qui en dit long, il a bien du mal à arriver à la cheville de l'immense Gordon Mitchell, grand adversaire du premier opus, et de son impayable imitation de Jean-Marie Bigard. Difficile de lui en tenir rigueur ceci dit, car il faut bien avouer que son personnage ne sert strictement à rien, si ce n'est lancer quelques subalternes aux trousses de nos héros. Pour le reste, c'est le néant le plus abyssal.


Slash s'en balance et profite de la vie.


Bof, ça ou « Hercule »…


La réalisation a évidemment sa part de responsabilité dans ce micmac, en se vautrant volontiers dans les mêmes travers que le premier Rush. Voulant nous servir un substitut de Mad Max, Tonino Ricci (planqué sous son éternel pseudo d'Anthony Richmond) se retrouve vite coincé quand les bruitages et chorégraphies le propulsent dans un sous Terence Hill et Bud Spencer. Les différentes escarmouches ont déjà beau être mises en scène avec les coudes, repassant à l'envi la même mort de figurant et alignant les faux raccords, ce qui laisse sur le séant, ce sont les erreurs de continuités, Tonino n'ayant aucun complexe à filmer des plans dans une clairière verdoyante, quand bien même la planète est censée ne plus avoir vu un brin d'herbe depuis belle lurette. Plus déroutant encore, le choix des musiques pour filmer certaines castagnes. Si Ricci cherchait à tout prix à se tirer une balle dans le pied, il ne s'y serait pas pris autrement et voir notre héros coller des mandales sur une bande son qui ne dénoterait pas dans un vieux jeu télé, ça se pose là dans le registre « comment flinguer la crédibilité d'une séquence par la faute d'un seul détail ».


Chez les sbires, mourir avec classe et dignité ça tient de la vocation.


Tonino, qu'est-ce que t'as encore foutu ?


Un ton en dessous de son prédécesseur, cette pseudo suite se laisse tout de même suivre avec un certain plaisir pour peu qu'on ne le compare pas avec son pseudo aîné. Toutefois, ceux qui ont déjà goûté et apprécié les premiers exploits de Conrad Nichols peuvent se réjouir, car la bêtise du film se révèle suffisamment substantielle pour peindre quelques sourires sur nos visages. Pas de quoi déclencher un nouveau cataclysme cinématographique mais un peu de légèreté dans le Chaos, c'est toujours appréciable.

- Wolfwood -
Moyenne : 2.55 / 5
Wolfwood
NOTE
2.25/ 5
John Nada
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Kobal
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Rage est sorti sous plusieurs titres. « La bête de guerre » tout d'abord chez ces margoulins d'Initial. Du travail de pro comme toujours, puisque si la jaquette nous présente le résumé et les photos de « Rush », c'est bien ce Rage, alias Rush 2 que vous aurez entre les pattes.



Initial encore, via une de ses sous-marques (Imperial), a également sorti ce film sous le titre de Rush 2.



Autre édition, autre délire avec cette version de chez Metropole (toujours une sous-marque d'Initial, décidément) qui, si elle nous présente elle aussi le métrage comme étant Rush 2 avec une jaquette très proche de la version Imperial, a cela de cocasse qu'elle propose une version tronçonnée de quelques scènes et qui bascule sans prévenir en allemand au bout d'un quart d'heure ! Ça peut avoir son charme mais la surprise passée, on déchante un peu.


Les mutations post-nucléaires ont aussi touché l'orthographe de cette jaquette, un second « P » poussant au mot Apocalypse.



A noter chez Empire Vision (sous-marque d'Initial toujours) un Rush 3 tout aussi fantaisiste que Rush 2, à nouveau estampillé de cette accroche prometteuse ("le retour du héros"), et qui contient semble t-il Afghanistan Connection (il en reprend d'ailleurs la jaquette), autre film de Tonino Ricci avec Conrad Nichols en vedette.



Prenez garde aussi à cette nouvelle escroquerie de chez Prism qui cache non pas Rush II mais Cobra Fire, un polar relativement ennuyeux.



Enfin chez Jet Vidéo, on trouve le film sous le vrain bon titre de Rage, avec les bons crédits et en VF jusqu'à la fin. Ouf, on y arrive !


Existe en noir...


...et en blanc



On note aussi que des DVD plus ou moins officiels traînent par ci par là dans le monde, mais aucun sous-titres français à dénombrer.


Une VHS italienne qui se négocie jusqu'à 70 € sur le net. Fichtre, c'est pas donné !