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Rocky IV


Rocky IV

Titre original : Rocky IV

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Sylvester Stallone

Année : 1985

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Le combat de trop

Acteurs principaux :Dolph Lundgren, Sylvester Stallone, Brigitte Nielsen, Tony Burton, Carl Weathers, Talia Shire, Burt Young, Michael Pataki

Mayonne
NOTE
4/ 5

La série des Rocky est fantastique parce qu'elle exploite toute la palette des films de boxe : du bon avec le premier, du moyen avec le second, du nanar sympathique avec le troisième, du nanar de haute volée avec le quatrième et enfin du gros navet avec le cinq. Comme vous vous en doutez, l'objet de notre étude sera le quatrième volet de cette série.


Sly, fils du peuple...

Surenchère oblige, il fallait dans cet épisode un méchant encore pire que dans les précédents. Or, pour l'Américain moyen, qu'y a t-il de plus méchant qu'un Noir (filon copieusement exploité dans les trois premiers) ? Je vous le donne en mille : un ignoble Russe, communiste de surcroît... Ivan Drago de son petit nom, interprété par le nanaresque Dolph Lundgren.


Attention, communiste méchant

On découvre aussi Brigitte Nielsen, épouse de Drago dans le film et épouse de Sylvester dans la vie au moment du tournage.


Un petit côté "Ilsa, Tigresse du Goulag", non ?

Comme le grizzly de Sibérie doit vraiment faire peur, le scénariste lui fait gâcher une fête digne d'un 4 juillet : James Brown chantant "Livin' in America" tandis qu'Appolo Creed danse devant la bannière étoilée déguisé en Oncle Sam. En effet, lors de cette petite sauterie, l'indestructible russe (avant que Rocky n'entre en jeu) va tuer Appolo... Cette scène permet d'admirer l'unique expression que peut prendre le visage de Stallone, non pas l'intelligence mais la colère. Bien entendu l'Étalon italien ne peut en rester là car c'est l'honneur des Ricains et du monde libre face aux cocos qui est en jeu, alors, tel un chevalier des temps modernes, Rocky décide d'aller affronter le grizzly sur ses propres terres.


Décadante et prétentieuse Amérique ! Le communisme va vous remettre dans le droit chemin !

Comme dans tout Rocky digne de ce nom, il faut une séance d'entraînement où Sylvester fait l'apanage de sa force et comme la surenchère est de mise, il se met à lever des charrettes, à faire des abdos dans le vide et à courir dans l'air frais et pur (et rare) des hautes montagnes - les marches d'un monument ne suffisant plus - en levant les bras et en criant comme à son habitude. Pendant ce temps notre cher Yvan, lui, s'entraîne en intérieur sur du matériel HiTech coûtant aussi cher que toute la flotte russe d'aujourd'hui, se fait plein de piquouzes et gobe de petites pillules tel un Richard Virenque de la grande époque. Entre le boxeur américain élevé au grain qui s'entraîne à l'ancienne dans un cadre bucolique et le boxeur soviétique qui a recours aux machineries électroniques et à la chimie de synthèse, qui va l'emporter ???






Technologie de pointe contre méthode populo à la dure, saine Amérique contre URSS dopée... En fait le vrai défenseur de la classe ouvrière, c'est Sly (SYMBOLE).

C'est dans une arène survoltée où trônent les portraits de Marx et Lenine (pour ceux qui avaient oublié que l'on est dans l'antre du démon) que va se dérouler le fameux combat dont dépend l'avenir du monde. Là encore la magie opère, non seulement comme à son habitude Rocky commence mal, mais grâce à son courage exemplaire il retourne la situation à son avantage, arrivant par la même occasion à mettre le public soviétique de son côté ! Rocky est au sommet de son talent, la série au sommet du nanardisme et cerise sur le gâteau (ou plutôt sur le steak si l'on regarde le visage de Rocky) on a droit à un discours comme seul Stallone sait nous gratifier avec la splendide réplique : "Si moi j'ai changé et que vous avez changé, alors TOUT le monde peut changer !"


Le moment de vérité...

Malheureusement, le changement n'apporte rien de bon car le cinquième opus qui suivra ne mérite même pas qu'on en parle. Alors restons en ici car vraiment, ce Rocky IV occupe une place de choix sur ce site.


America first !

Concernant l'idéologie

Sur le plan de l'idéologie, si Rocky 4 n'a pas la portée quasi-propagandiste des productions Cannon de l'époque (celles portées à bout de bras par le barbu Chuck Norris), il demeure un pur film reaganien. Le côté va-t'en guerre, Stallone le réserve pour Rambo 2 et 3 : la saga des Rocky tournant autour de l'univers de la boxe, il s'agit avant tout ici d'exalter les saines valeurs du sport et du pugilat d'homme à homme dont Rocky, symbole du sportif simple, honnête et travailleur, sortira vainqueur. Le nationalisme caricatural du film est indéniable, même si certains voient dans le discours naïf de Rocky en fin de match une tentative maladroite mais réelle d'atténuer le clivage USA/URSS. On pourrait aussi déceler dans cette séquence le désir de Sylvester Stallone de se donner le beau rôle, Rocky incarnant alors le héros vainqueur qui, au lieu d'enfoncer son adversaire, sait se montrer noble et vertueux et lui tendre la main pour fraterniser, se montrant au final une deuxième fois supérieur à lui.

Reste que, derrière son manichéisme plus ou moins primaire selon les interprétations, Rocky IV incarne avant tout le cinéma populaire sacrifié sur l'autel du vendage de soupe. Dans Rocky III, la chanson "Eye of the tiger" du goupe Survivor s'était révélée être un immense succès en 45 T qui avait rapporté une substantielle quantité de brouzoufs à la production. Du coup, celle-ci en remettra une triple couche dans le 4è opus en incluant 3 chansons tubesques ("Burning hearts" par Survivor, "Living in america" par James Brown et "Feel the Heat" par Jean de Beauvoir) qui furent chacune l'objet d'un matraquage intensif sur toutes les TV et les radios. D'une part les gens qui voyaient le film achetaient les disques, d'autre part les clips servaient de promotion au film beaucoup plus efficacement qu'une bande annonce qui n'a pas une durée de vie aussi longue qu'un clip. De la pure grosse ficelle de cinéma mercatique sans une once de subtilité. En s'autorisant un raccourci aussi subjectif qu'audacieux, on peut donc considérer que ce n'est pas tant le contenu thématique du film que cet aspect mercantile qui fait de Rocky IV un symbole célébrant la victoire triomphante du modèle capitaliste américain...



Symboles insolents de réussite matérialiste à la sauce yankee : Rocky a sa villa, sa limo et, pour parfaire son bonheur consumériste, un robot domestique qui parle. Heureusement, il retrouvera vite le sens des vraies valeurs en soulevant des charettes dans la neige... MERCI DE NOUS AVOIR OUVERT LES YEUX SLY !

A propos de la réalisation

En terme de réalisation, Rocky IV est un très mauvais film et Stallone un bien piètre cinéaste. Le fait qu'il se livre à de la charcuterie au niveau du montage obéit autant au principe, général à l'époque, de la multiplication des plans par simple effet de mode sous l'impulsion du clip et de la pub, qu'elle ne trahit son incompétence dans la mise en scène (les combats finals de Rocky II et IV comptant à mon avis parmi les plus nazes jamais réalisés dans l'histoire du cinéma de fight à gros budget, surtout celui du II d'ailleurs). Ces effets de montage rapide sont assez caractéristiques du gros cinéma de tâcheron de base. C'est un moyen de "donner du rythme" à peu de frais quand on n'est incapable de faire autre chose et/ou que les acteurs sont à la ramasse (il suffit de voir les films récents de Steven Seagal qui, depuis qu'il a trop saucé la mie, fait découper ses scènes de combat en plans de 1/2 seconde pour faire croire aux gens qu'il est super rapide ! C'est un peu comme l'imparfait du subjonctif dans les romans Harlequin : un gimmick facile qui abuse le gogo à bon compte).


Les figurines plus vraies que nature tirées du film, prises en photo par le forumer LIDL qui tient un blog très détaillé sur ce genre de goodies.

- Mayonne -
Moyenne : 2.43 / 5
Mayonne
NOTE
4/ 5
Labroche
NOTE
3/ 5
LeRôdeur
NOTE
1/ 5
John Nada
NOTE
2.75/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
1.5/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
Drexl
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5
Hermanniwy
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Si vous ne vous êtes pas déjà précipité sur le coffret spécial anthologie contenant les six films de la série, vous pourrez toujours vous contenter du DVD ou du Blu-ray "MGM" du 4ème opus. Un DVD sans fioriture d'ailleurs, en dehors d'un vaste choix de langues, comme c'est l'usage pour la firme au lion quand elle fourgue la collection Cannon. Franchement pour un film pareil, on aurait été en droit d'espérer mieux.

Bonus

En réponse à un internaute de passage sur notre forum (madd, que devient donc cette analyse sociologique que tu nous promettais ?) qui s’insurgeait contre la présence de Rocky 4 sur Nanarland avec des arguments il est vrai indiscutables (« Sur imdb, après 25 000 votes, il est noté 5,5 sur 10 et sur allo ciné, il est noté 3 sur 4 après 85 votes. Peut-on affirmer avec autorité qu'un film est un nanar envers et contre la majorité des spectateurs ??? »), le forumeur Nébal s’est fendu d’une analyse derrière laquelle nous ne pouvions que nous ranger…




Ayé, je viens de voir Rocky IV. Et je me vois dans l'obligation de te donner raison, madd. J'ai honte de mon comportement antérieur, de la mesquinerie avec laquelle j'ai abordé le visionnage de ce film. Et je reconnais que tu as raison.

Non, Rocky IV n'est pas un nanar.

Et non, ce n'est pas davantage un navet (il serait appréciable que les parvenus pseudo-cinéphiliques qui encombrent ce site cessent de jouer sur les mots, par ailleurs).

Rocky IV est bel et bien un chef-d'oeuvre du 7ème art, un des plus beaux films de Sylvester Stallone, qui fait de lui l'égal des plus grands, que ce soit en tant qu'acteur ou en tant que réalisateur. Les références à Welles, à Hitchcock, à Capra, étaient particulièrement bien vues. Mais l'on aurait pu en citer bien d'autres.

L'intelligence du propos m'a sidéré. Comment ai-je pu adhérer un seul instant à la thèse faisant de ce film une boursouflure "reaganienne" ? On est pourtant bien au-delà, ici, des contingences matérielles et des dilemmes politiques de bas étage. L'affrontement entre Rocky Balboa et Ivan Drago, bien loin de symboliser de manière poussive l'affrontement idéologique entre capitalisme et communisme (quoi qu'en disent les crypto-gauchistes aigris qui pullulent sur ce site subversif), atteint, grâce à la maestria visuelle et scénaristique de "l'Etalon italien", une portée eschatologique qui n'est pas sans évoquer, en plus subtil, certains films de Stanley Kubrick ou d'Akira Kurosawa. Le triomphe de Rocky sur Drago, c'est le triomphe du bien contre le mal, certes, mais aussi de l'homme simple et vrai sur la machine froide et austère (apologie du "cinéma sincérité" contre les produits mercantiles hollywoodiens), de la grandeur sur la bassesse ; cette idée est renforcée encore par la profonde atmosphère biblique qui parcourt le film en son entier : le chétif Rocky contre le colosse Drago, c'est David contre Goliath ; et s'étonnera-t-on que le combat final ait lieu un 25 décembre, en contemplant la figure christique de Stallone, dont le corps criblé de stigmates proclame à la face des matérialistes impies : "Voici, je vous présente le Fils de l'Homme" ? Jusqu'à l'émouvant discours final du boxeur crucifié (les premiers instants du combat) puis ressuscité (on le voit d'ailleurs porté en croix quand il sort du ring) : le onzième commandement, aimez-vous les uns les autres, est ici magnifié par un texte subtil et vrai, touchant et profond ; les mots simples d'un homme qui connaît la vérité pour avoir osé la regarder en face.

Intelligence du propos, donc ; mais aussi pertinence de la réalisation, qui sert au mieux, et même enrichit, les fantastiques performances de ces acteurs d'exception que sont Dolph Lundgren, Brigitte Nielson, et surtout, bien sûr, Stallone lui-même. Le montage, vif et acéré, reprend et développe les plus grandes trouvailles du genre depuis Eisenstein et Hitchcock, et les parachève jusqu'à atteindre ce qui ce fait de mieux en ce moment (l’admirable Michael Bay, par exemple). On appréciera notamment la multiplicité des techniques, tels que split-screen (on ne manquera pas de penser à De Palma), fondus (Welles, Coppola, Scorsese) ou ces faux raccords godardiens en diable, qui, bien loin de n'être qu'une gratuité clipesque, introduisent le spectacle au coeur même du spectacle : brio de l'ironie filmique, splendide mise en abyme ; Stallone se fait ici incontestablement le maître de la parabase, reléguant dans les bas fonds de l'industrie cinématographique les Cronenberg, Lynch et autres Wilder que l'on cite hélas trop souvent à cet égard.

La splendide bande sonore, enfin, achève de conférer à ce film le cachet du chef-d'oeuvre. Le légitime succès populaire de ce monument du cinéma, les véritables plébiscites qu'il a soulevés sur les plus respectables et les plus prestigieuses institutions cinéphiliques de la communauté internationale (IMDB, Allociné, Amazon...) ne font qu'enfoncer encore un plus le clou. Il est dès lors totalement illégitime de concevoir ne serait-ce que la plus petite critique à l'égard de Rocky IV : le peuple s'est prononcé... Ainsi que mon coiffeur, René, grand amateur de cinéma, et qui me confiait ce matin même, avec sa verve juste et profonde : "D'abord, Rocky, tous ceusses qui z'aiment pas, c'est que des pédés."