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Samouraïs


Samouraïs

Titre original : Samouraïs

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Giordano Gederlini

Année : 2002

Nationalité : France

Durée : 1h30

Genre : Hong Kong français ?

Acteurs principaux :Yasuaki Kurata, Cyril Mourali, Mai Anh Le, Saïd Serrari

Rico
NOTE
1/ 5


En règle générale, à Nanarland, c’est moi qui me coltine les FFFF (Films Fantastiques Français Foireux) : « Il était une fois le diable », « La Revanche des mortes-vivantes », « Belphegor le Fantôme du Louvre » et autres « Le Lac des Morts-vivants »... Faut dire que malgré les quolibets de mes petits camarades, je suis encore un de ceux qui croient que notre cinéma hexagonal peut comme à Hong Kong, en Espagne ou en Corée nous produire autre chose que des comédies mongoloïdes à la « Gomez et Tavares » ou les sempiternelles chroniques douces-amères, prédigérées façon téléfilm de France 2, sur les problèmes de libido du trentenaire urbain.


Bref, dès qu’il y a un film fantastique français qui sort (ou même catalogué « de genre » - par dépit, je ratisse large), c’est pour ma pomme. Evidemment dans le lot, y a du déchet. Pour un « Pacte des Loups » ou un « Nid de guêpes » combien de « Un Amour de Sorcière » (René « Le Passage » Manzor en free style), de « Vidocq » (le seul film filmé en gros plan dans une louche) ou de « Promenons-nous dans les bois » (le slasher crétin avec Clotilde Coureau. La relève de Sophie Marceau est assurée les gars !). Plus qu’un sacerdoce, la cause du cinéma fantastique français est un fardeau bien lourd à porter.


Le DVD coréen ! A défaut d'avoir un sens artistique, Gederlini a au moins le sens des affaires...


Autant dire que quand Canal Plus a lancé son atelier d’écriture Bee Movies, promettant du petit film de genre solidement burné avec budget serré et liberté de ton laissée à des jeunes loups qui en veulent, j’ai suivi l’affaire avec la bave aux lèvres et la croix du Christ étincelant au fond de mes yeux verts. Enfin on allait voir ce qu’on allait voir ! Un grand coup de pied au cul de la FEMIS et de son cinéma aseptisé pour soirée de l’ambassadeur !! Du cinoche d’exploitation bien jouissif comme on aime !!!
Autant vous dire que quand le premier Bee Movies est sorti, j’étais dès le mercredi soir dans la salle pour assister au renouveau du cinéma tricolore ! Un budget démentiel de 50 millions de francs en coprod' avec le Japon, Philip « Le Pacte des loups » Kwok aux chorégraphies des combats, ça promet forcément... Ce film, c’était « Samouraï » : un truc avec des jeun’s de banlieue qui foutent une rouste à un démon japonais millénaire sur fond de jeux vidéos, de kickboxing et de gros effets spéciaux.
Ouais marrez-vous, je sais, j’aurais du m’apercevoir dès le début que ce truc sentait le faisandé rien qu’en relisant l’argument du film ou en matant son affiche originale...

 


Ouais, ça calme hein ! A tel point que pour la sortie vidéo, les producteurs, pas fous, ont carrément gommé tous les héros français du film pour mettre en avant le côté asiatique du produit et tromper honteusement l’amateur de hong kongueries... Si c’est pas malhonnête quand même.


Enfin bref, j’aurais dû faire comme le public dans la salle : ne pas venir ! (on devait être six à tout casser et pas plus de trois à la fin de la projection). Mais bon, aveuglé par mon espoir de tenir enfin l’équivalent français des bisseries italiennes que j’aime tant, j’y ai été...
Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé d’avoir honte devant un film... Juste parce que ce truc est français et que bon, si des étrangers voient ça, on va passer pour des brêles devant le monde entier. Moi ça me le fait quasiment tout le temps devant les productions Besson (et depuis « Absolument fabuleux » avec Balasko et Baye, j’ai demandé l’asile politique en Corée du Nord). Ben là pareil...
Alors le film : quelque part au Japon médiéval, dans un champ de bambous qui sent bon la banlieue parisienne grossièrement maquillée, une femme poursuivie par des méchants sectateurs met au monde un enfant (déjà vêtu d’un pagne à frange à la naissance) qui se met à grandir à vue d’œil et se transforme en démon avec une araignée (ou un tourteau, les avis divergent) incrustée sur le crâne.


La voie du surimi...


De nos jours, le démon devenu vieux et magnat des jeux vidéos s’apprête à lancer le jeu de baston ultime, un genre de Mortal Kombat avec des graphismes hideux. Il est arrêté par un courageux flic tokyoïte pour je ne sais plus quel prétexte bidon. Lors de son interrogatoire au commissariat, le démon s’évade grâce à ses supers pouvoirs mais a le temps de remarquer que le flic a une fille étudiante en France qui lui fournirait une mère idéale pour une réincarnation...


Effets spéciaux très French Touch...


Jusqu'à présent le film tient encore la route. La scène du commissariat est même plutôt réussie et l’ensemble du casting asiatique très bon...


Yasuaki Kurata, un ilôt de crédibilité dans un océan de nullité


Puis on arrive en France et on découvre les héros... Et là tout part en vrille : il y a Marco, le beau gosse rital modèle 2B3 mais super balèze au kickboxing et son pote Nadir (le bien nommé), l’arabe tchatcheur et magouilleur de service. Tous les deux ne s’expriment qu’en verlan et en pseudo langage des banlieues pendant tout le film (z’y va la meuf comme j’la kiffe trop grave, vous imaginez 1h30 de dialogue comme ça !?!).


Le mal n'a qu'à bien se tenir...


Le pire dans le film c’est le Nadir en question, sorte de Jamel en pas drôle (déjà que l’original... mais bon je ne vais pas critiquer l’acteur le mieux payé du cinéma français, puisque tout le monde nous répète que c’est un génie. D’ailleur Gederlini a filmé à plusieurs reprises les sketchs de Jamel pour Canal). Comment dire... une sorte de Jar Jar Binx en vrai. Qu’on a envie de fracasser à coup de manche de pioche au bout de trois minutes;


Saïd Serrari... seuls Eric et Ramzy ont reussi à l'éclipser en jouant plus mal dans "Les Daltons"


Le film véhicule d’ailleurs tout un tas de clichetons limites à la Besson (on y revient toujours). L’Arabe est lâche et magouilleur, les Noirs de la cité trafiquent mais sont au fond de bons gros gars un peu simples, les Asiatiques (gentiment surnommés les Pokemons pendant tout le film) sont fanatiques et méchants ou bien rigides et tragiques façon samouraïs déchus. Le Blanc est lui intelligent, loyal, sportif et emballe la gonzesse, clamant au passage bien fort qu’il est Italien (comment y s’appelle déjà le réalisateur ? Ah oui Giordano Gederlini...).



De jolis combats ambiance boîte de nuit de sous-préfecture...


Comme il se doit, le Marco en question drague la fille du flic japonais et se retrouve au milieu de la guéguerre entre celui-ci et le démon et ses méchants sbires fanatiques qui cherchent aussi une mystérieuse puce liée au jeu vidéo de leur boss.
Le problème c’est qu’on passe continuellement de scènes de combats plutôt bien foutues à des phases de comédies à la Fred et Omar (d’ailleurs il est là lui aussi, en petit caïd au gros rire, le temps de se faire exploser par un karateka alors qu’il téléphone sur son portable. Gag : le portable reste en l’air quelques secondes à la Will Coyote avant de retomber...).


De l'humour subtilement référentiel et pas du tout pretentieux : continue de rêver la bouche ouverte, Giordano...


Le summum du n’importe quoi est atteint dans l’affrontement final sur le toit d’une HLM entre le Démon et Marco cybernétiquement relié au jeu vidéo (et joué sur sa Playstation par son petit frère de 10 ans). Si je vous dit que le méchant est vaincu par un coup de basket mal attachée qui part du pied de son propriétaire lors d’un high kick très approximatif, ça vous donne une idée du niveau de l’ensemble... (à moins que ce soit un hommage à « Harley Davidson et l’Homme aux Santiags » mais j’en doute)
Bref, un énorme ratage et avec le recul un nanar totalement halluciné.

Bon c’est pas grave me dis-je pour me rassurer en quittant le cinéma, c’est juste le premier Bee Movies, ils cherchent leurs marques, c’est normal, la suite va être mieux, forcément !
Le mois suivant, ils nous sortaient Bloody Mallory...
Alors comme Caine dans la série Kung Fu je repris mon chemin. Un jour, je le trouverai ce film fantastique français formidable qui prouvera au monde que le ciné franchouille peut faire peur et rêver...
Allez, 1/5 pour deux combats potables et c'est bien payé.


La seule chose à sauver du film : quelques combats impressionnants (avec la participation de Pascal Gentil, qui depuis a préféré s'exiler dans la 1ère Compagnie)



- Rico -
Moyenne : 2.08 / 5
Rico
NOTE
1/ 5
John Nada
NOTE
0.5/ 5
Nikita
NOTE
2/ 5
Drexl
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
Barracuda
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Mine de rien, ils ont bien réussi à le vendre leur bouzin, puisqu'au hasard du net, on peut trouver des DVD américains, japonais, polonais, allemands ou coréens du film (visuels éparpillés dans la chronique). Evidemment à chaque fois, l'aspect franchouillard a soigneusement été gommé pour ne mettre en avant que l'aspect asiatique du projet. Même en France, au vu du vautrage au box office, le film la joue profil bas et se contente de quelques bonus classiques (clip promo, making of bidon) sur son DVD de chez "Fox Pathé Europa" (Luc ? t'as encore quelque chose à voir là dedans ?).


Quand à Giordano Gederlini ? Pendant longtemps, plus de nouvelles... Et puis à partir de 2017, il revient au scénario de plusieurs productions dont les Misérables de Ladji Ly.. Il doit retourner dérrière la caméra en 2021 pour "Entre la vie et la mort" tourné en Belgique... Tant mieux pour lui D'autant qu'on ne peut décemment pas jeter la pierre que sur Giordano car le scénario porte aussi la signature de Matt Alexander, pseudonyme de deux tâcherons assez redoutables (Mathieu Le Naour et Alexandre Coquelle) qui nous ont pondu les scripts de "Double Zero", "Le Boulet", "Les Daltons", "Blueberry" ou encore "Gomez et Tavares". Ils ont aussi travaillé sur le troisième volet des "Rivières Pourpres" pour Florent Emilio Siri qui heureusement ne s'est pas fait. Mon Dieu...


Détail cocasse : sur cette cassette tchèque, Giordano Gederlini se retrouve féminisé en Giordana...

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