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Star Odyssey

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Star Odyssey

Titre original :Sette Uomini d'oro nello spazio

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Alfonso Brescia

Année : 1979

Nationalité : Italie

Durée : 1h28 en VF (1h43 en VA)

Genre : L'attaque des clones de Mireille Darc

Acteurs principaux :Marisa Longo, Yanti Sommer, Gianni Garko, Nino Castelnuovo, Chris Avram, Ennio Balbo, Roberto Dell'Acqua, Pino Ferrara

Rico
NOTE
3.5/ 5


Aux confins des frontières de l’espace et du temps, très au-delà des limites du bon goût, de la décence et des lois sur le copyright, dérive la galaxie du cinéma bis italien. Et là bas, dans le coin le plus obscur et le plus reculé de cette nébuleuse, dérive très lentement le système solaire Alfonso Brescia. Un coin étrange et inquiétant où naviguent des planètes mystérieuses constituées de polars mollassons et de films d’aventure cacochymes... Un coin justement oublié et éloigné de tous les grands secteurs commerciaux connus où ne s’aventurent plus guère que quelques explorateurs inconscients ou pervers...

 


La VHS danoise


C’est là que se détachent cinq planètes jumelles très étranges, véritables défis à toutes les lois de l’astrophysique et de la cinéphilie connue. La pentalogie spatiale d’Al Bradley : cinq films improbables qui tentent de nous refaire Star Wars avec les moyens d’un club théâtre d’une MJC de sous préfecture. Une collection aux titres ronflants : « La Bataille des Etoiles », « La Guerre des Robots » ou encore « Star Odyssey » - ceux-là sont sortis chez nous -, auxquels il faut ajouter « Anno zero - guerra nello spazio » et « La Bestia nello spazio » qui, semble t-il, ne se sont prudemment pas aventurés jusqu’à nos contrées. Tous ces films sont officiellement sortis entre 77 et 79 mais il y a fort à parier qu’ils ont en fait été tournés à la suite ou en même temps, tant on retrouve les mêmes acteurs, les mêmes décors ou les mêmes costumes éparpillés et repris de l’un à l’autre. Bien entendu, le succès de Star Wars, en 1977, n’a rien eu à voir avec cette soudaine passion des Italiens pour le space opéra…

 


Pitié ! Sortez-moi de là !!!


« Star Odyssey », officiellement le dernier film de cette série, nous décrit vaille que vaille l’invasion de la Terre par une armée de cyborgs en combinaison papier alu, coiffés d’improbables perruques blondes carrées à la Mireille Darc.

 


Inqualifiable !


Leur chef est un grand gaillard télépathe fort laid qui donne l’impression de s’être coincé la tête dans un gaufrier. Cela étant, il a des droits, puisqu’il a acheté la Terre à la grande vente aux enchères de planètes d’Aldebarand (écrit ainsi dans le prologue) où sont réunis quelques-uns des extraterrestres les plus authentiquement craignos de l’histoire du maquillage. Dernier détail cocasse, même si on est à l’autre bout de l’univers, les transactions se font en bons vieux dollars. Sont forts, ces Américains ! [NdlR : dans la version anglaise, ce sont des "crédits".]


Des maquillages de très haut niveau : galerie d'extraterrestres


Un vilain méchant venant peut-être de la galaxie du gaufrier ?

Le chef méchant du vilain méchant, sorte de Pinhead-like qui ne vaudrait pas un clou.



Un habitant de la planète Vagina 69 ?

C’est confirmé, Legolas et Gimli ont eu un fils.


Nanti de son acte de propriété en bonne et due forme, notre alien télépathe s’en va faire son marché d’esclaves sur notre belle planète, rasant au passage toutes les défenses de la Terre. Ne vous enthousiasmez pas trop d’ailleurs, parce que côté effets spéciaux, Alfonso nous la joue profil bas. S’il sort bien quelques maquettes évoluant maladroitement sur un fond étoilé, il se garde bien de trop nous les montrer vu la piètre qualité du résultat. Alors, à la roublarde, les attaques extraterrestres sont parfois simulées avec des stock-shots de bombardements de la Seconde Guerre mondiale, projetées dans un beau noir et blanc granuleux ! Faut pas manquer d’air… Plus douteux, les scènes censées évoquer les captures d‘esclaves nous montrent quelques plans d’Africains affamés à l’air abattu. Délicat…


En face, notre monde est représenté par un groupe de héros bien ringards menés par un sage télépathe à la tête surdimensionnée. Outre l’indispensable potiche et les deux scientifiques de service, dont une bougresse (Marisa Longo !) en combinaison de cuir moulante pour faire ses recherches, on y trouve deux héros moustachus : un courageux jeune officier vague sosie d’Errol Flynn, insupportable de prétention, et un aventurier au regard hypnotique pas-très-honnête-mais-finalement-héroïque-quand-même™ (Gianni Garko !). Ajoutez à cela un acrobate qui ne peut pas faire trois pas sans faire une pirouette et deux robots en fer blanc dépressifs qui ne rêvent que de mourir d’amour.

 


La fine équipe au complet.

 

 

 


Tiens, parlons-en, des robots. Censés jouer les intermèdes comiques, ils deviennent rapidement insupportables à force de maniérisme et de voix sursaturées. Ne pouvant connaître l’amour du fait de leur nature cybernétique, les deux tourtereaux en fer blanc ne cessent de se lamenter et de tenter de se suicider (se ratant à chaque fois, bien entendu). Plus rigolo est le robot domestique du sage télépathe, cousin dégénéré de D2R2 et sorte de poubelle à roulette d’où sort parfois la main d’un accessoiriste revêtue d'un gant métallisé pour faire office de bras mécanique.

 



Les robots gentils. Leur look est un savant mélange par anticipation des Télétubbies et d’Howard the duck. Ils passent leur temps à discuter entre eux de choses intelligentes. Ce qui veut dire : « Je ne te pardonnerai jamais ton aventure avec cette machine à cirer les chaussures ! »


Soit dit en passant, le film possède peu de stars reconnaissables, à part Gianni Garko, dont la carrière post-western a franchement flanché et qui joue les Han Solo du pauvre, et la toujours belle Marisa (alias Malisa) Longo. On remarque bien la présence assez désolante de Nino Castelnuovo, partenaire de Catherine Deneuve dans « Les Parapluies de Cherbourg ». Néanmoins, le casting est assez plaisant par sa volonté d'en faire des tonnes, comme si le public ne devait être constitué que d'enfants venus voir Guignol.


Evidemment, l'intégralité du film pue la misère et l’opportunisme. Les effets spéciaux, mêmes nuls, coûtent quand même fort cher, du coup les péripéties se déroulent surtout sur Terre (dans une villa, une casse auto et une forêt très italienne) nos héros dérouillant à tour de bras du cyborg à perruque, à coup de glaives lasers (comme les épées lasers, mais en plus large et bruitées par un affreux chuintement au synthé). Prêt à tout pour emporter l’adhésion du public, Alfonso se lâche parfois dans le « tout fou » en convoquant hippies de l’espace, bagarres à grosses baffes, robots en latex et blagues lourdingues.

 


Dans l’espace... personne ne vous entend planer meeeeec...


Je vous épargnerai les détails du reste de l’intrigue, qui s'avère inutilement embrouillée histoire de tenir la durée réglementaire, soit 1h30 environ. Des personnages apparaissent au détour d’une scène sans la moindre justification scénaristique ; d’ailleurs la version française que j’ai pu voir semble avoir été joyeusement tronçonnée au passage : il n’y a pas de véritable générique de début, juste quelques cartons censés nous résumer l'histoire, la musique de fin démarrant alors que tout n’est pas résolu et que les protagonistes continuent à discuter à l‘écran.


La conception de la science-fiction par Brescia, c‘est quand même essentiellement bavardages interminables, action molle et décors psychédéliques. « Star Odyssey » fait plutôt partie du haut de gamme dans la série des kitscheries spatiales du bonhomme et, malgré quelques temps morts, se révèle tenir la durée, ce qui est loin d’être toujours le cas avec les films du monsieur. L’ambiance a un côté un peu vieillot, très Flash Gordon ou Buck Rogers dans l’esthétique, avec ses uniformes en velours et ses héros à fines moustaches récitant des tirades définitives, le menton haut et les mains sur les hanches. A noter, au chapitre des références, que le titre original italien (« Sette uomini d'oro nello spazio », soit littéralement « Sept hommes en or dans l'espace ») est un emprunt à « Sept hommes en or », film de hold-up qui compte parmi les gros succès italiens des sixties. Aucun rapport, évidemment, sinon que les héros sont sept !

 


Si toi aussi tu aimes le velours bleu et les fines moustaches, rejoins le corps de défense de l'espace !

"Te retourne pas Tinky-Winky, y a l’autre qui recommence ses conneries"


Le doublage en rajoute même un peu sur le côté grandiloquent de l’ensemble, comme s'il n’était pas dupe du côté ringard du projet. Notre collaborateur Water G. Alton soutient que le film est volontairement nanar. Je pense personnellement que non. Même si Brescia a surtout à l’esprit les recettes au box office de « La Guerre des Etoiles », il tente de faire ce qu’il croit être un bon film de SF et puise dans ses souvenirs d’enfance dans les années 30 et 40. C’est-à-dire l'époque bien kitsch des pulps, avec héros grandiloquents et extraterrestres farfelus. Mixé avec le manque criant de budget du film, le résultat final vire instantanément au risible.

 


Pour l’instant le film le plus nanardesquement digeste de l’œuvre spatiale de Brescia, alors comme dirais Walter, si vous le voyez passer… allez-y !

 

 



Additif de Walter G. Alton :
Dans la série "rien ne se perd...", ces deux extraterrestres ont fait carrière :


Ce sont les têtes des fantômes qui harcèlent Thor dans une caverne au début du film éponyme de Tonino Ricci :



- Rico -
Moyenne : 3.30 / 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
Nikita
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5
John Nada
NOTE
3.25/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Un film que l’on ne retrouve en DVD  que sur une compil zone 1 du nom de « Space Odyssey » éditée par "Brentwood" et sur laquelle on retrouve « La Bataille des Etoiles », « La Guerre des Robots » et divers autres films du même tonneau comme « Abraxas ». D’après les descriptions, il s’agit de la version internationale du film, passablement charcutée, qui a servi de base à la version vidéo française.

D'autres DVD sont sortis depuis, mais restent visiblement des éditions américaines assez bas de gamme, généralement épuisées comme celle de "VCI Mod" uniquement zone 1 qui bien qu'en en anglais reprend l'affiche allemande sans rien traduire.

 

On trouvera parfois d'occasion à des prix prohibitifs des éditions assez cheap en duo avec "Prisonner of the Lost Universe" ou avec "War of the Robots" de Brescia dans des éditions qui sont surtout des DVD-R à peine améliorés.


En France on essaiera plutôt de mettre la main sur l’une des deux VHS sorties dans les années 80 chez "Marc Moran" (peut-être de meilleure qualité) ou "CK Vidéo" (la mienne, avec l’image hideuse, la version française retouchée au sécateur et, inexplicablement, la tête de Yul Brynner avec les yeux passés à la gouache).

 



un petit jeu de look-a-like : 

 






Un Bonus de Walter G. Alton