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Titanic : Odyssée 2012


Titanic : Odyssée 2012

Titre original :Titanic II

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Shane Van Dyke

Année : 2010

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : « - My heart will… - Come on !  »

Acteurs principaux :Shane Van Dyke, Marie Westbrook, Brooke Burns, Bruce Davison, Michelle Glavan, Carey Van Dyke, D.C. Douglas, Dylan Vox, Wes Van Dyke

Drexl
NOTE
2.5/ 5

Et là, à la limite, on pourrait se contenter de préciser que le studio responsable de ce titre fabuleux n'est autre que The Asylum, mythique spécialiste des copies low cost de blockbusters, et pour les habitués du site, la messe serait dite. Parmi eux, les forçats du concubinage laborieux y verraient sans doute l'occasion de se venger de dizaines de daubes avec Hugh Grant, Meg Ryan, Sandra Bullock et Anne Hathaway, subies en revenant d'une journée de travail harassante au gré de laquelle la psyché nanardeuse exige au bas mot le Steven Seagal hebdomadaire de la TNT. Mais pour ce qui est de la chronique de ce film comme de la démonstration, par son existence-même, de l'inanité absolue du cinéma dit romantique, ce serait tout de même un peu court. Développons, tudieu, développons.

 


Comme souvent chez The Asylum, derrière ce film, il y a un auteur total, réalisateur, scénariste ET acteur principal – on suppute que ce n'est pas tant par respect de l'intégrité du projet, que par une économie de coût salarial non négligeable. L'homme à la base de ce Titanic II (alias Titanic : Odyssée 2012 en France) se nomme Shane Van Dyke, grande gagneuse de The Asylum, multi-récidiviste déjà à l'œuvre derrière les scénarii de Transmorphers, Street Racer, The Day the Earth Stopped ou Paranormal Entity (je vous laisse retrouver les films originaux ayant servi de source d'inspiration, par pur ludisme). Spectaculaire ironie du sort ou coïncidence poussive – laissons les historiens du cinéma en décider – Shane est lui-même, en quelque sorte, une génération de copie délavée (d'aucuns diront peroxydée). Petit-fils du comique has been Dick Van Dyke (dont le plus haut fait d'armes fut le second rôle de Mary Poppins en 1964) et fils de l'acteur never been Barry Van Dyke, Shane met en abyme cet héritage plutôt foireux en se réappropriant des succès qui ne lui appartiennent pas. Narcissisme couplé à une impuissance endémique ? Variante perverse d'un complexe d'Œdipe mal consommé ? Ou simple opportunisme impersonnel ? Les théories ne manqueront pas de s'accumuler autour de ce singulier objet cinématographique.

 


L'action se déroule en 2012, soit 100 ans exactement après le naufrage du RMS Titanic. Le jeune magnat Hayden Walsh (Shane Van Dyke), qui étale son arrogance de nabab en se baladant avec non pas une, non pas deux, encore moins trois mais bien quatre bimbos (il a le bras long), s'est mis en tête de créer une réplique contemporaine du fameux paquebot, et de lancer une croisière inaugurale transatlantique – d'où le titre du film : on ne fait pas référence au film de James Cameron, mais au nom du bateau, OK ? Bon. Comme Walsh l'explique fort bien, nous avons affaire à une version 2.0 du célèbre navire, avec sécurité renforcée, plus de canots, un capitaine sur-compétent qui passe son temps à siroter la même tasse (flanqué d'un personnel de bord en nombre plutôt restreint vu la taille du bastringue), et pas moins de DEUX infirmières, dont Amy Maine, une ex vaporeuse du playboy en chef.

 


Les premières séquences du film le laissent deviner, et la suite ne fera que l'accentuer, l'un des principaux enjeux nanar du film sera la disproportion criarde entre son minimum de prétention spectaculaire (gosh, on est tout de même censés être sur l'un des plus gros bateaux jamais conçus) et l'implacable réalité. Tourné en partie à bord et à proximité du fameux navire / hôtel Queen Mary, le tout complété par des plans de toute grossièreté en CGI et des pièces, escaliers et autres "salles des machines" effroyablement vides dans lesquels s'agitent mollement les trente même figurants (dont un métalleux et un type en sweat à capuche, ce qui a son charme), Titanic II trahit en permanence un budget probablement cent fois moindre que le film de James Cameron (qui avait coûté autour de 200 millions de dollars, rappelons-le).

 


Dans la sous-intrigue majeure, le seul nom à peu près connu du casting, le pauvre Bruce Davison (qui va se révéler être le père d'Amy et donc l'ex futur beau-père d'Hayden, si vous suivez bien), scientifique en hélico de son état, s'en va enquêter au Groenland sur la fonte de la calotte polaire. En effet, un bloc de la taille de l'Ohio s'est détaché il y a peu, et bientôt, c'est peut-être un équivalent du Texas (l'état américain étant la nouvelle échelle de mesure des scientifiques) qui risque de foutre la zone. Le suspense à cet égard est de courte durée : lorsque Bruce Davison, une bimbo (spécialiste de la banquise comme je le suis de l'économie sri-lankaise au 14e siècle) et un troisième larron atterrissent sur place, ce dernier provoque ledit accident en faisant tomber une capsule. Il disparaît dans un plan dont le caractère furtif le rend très drôle, laissant tout juste le temps à la guest-star et sa biatch de monter dans l'hélico en CGI avant que les craquelures en CGI ne les rattrapent. J'allais oublier : au Groenland, nul besoin de bonnet ou de protection pour la tête, votre brushing restera impeccable, se verra même valorisé par une légère brise.

 


Dans leur course folle, les deux scientifiques réalisent bien vite qu'un tsunami charriant d'énormes blocs de glace se déplace à plus de 800 kilomètres heure sur l'Océan Atlantique (les justifications de ce postulat valent bien évidemment leur pesant). Vous l'aurez compris, la grande innovation est donc que ce n'est plus le paquebot qui fonce sur l'iceberg, mais l'inverse, en quelque sorte. Prévenu, l'USS (ou SS, ça dépend des scènes et peut-être des obédiences politiques des comédiens, allez savoir) Titanic II, sur les ordres foireux d'Hayden puis du capitaine, lance ses machines à toute berzingue, alors que celles-ci n'ont pas été rodées. Fatalement, tout finit par péter et par mettre à mal ce qui faisait la sécurité de ce nouveau plus gros paquebot du monde. En plus, la manœuvre n'a fait que mettre le vaisseau dans l'axe de la vague fatale, qui ne tarde pas à arriver. Et la panique de commencer. Enfin, quand on dit panique, il faut se rappeler du dénuement budgétaire évoqué plus haut, et donc se figurer des plans où trois, quatre figurants courent et où l'un d'eux trébuche, le tout soit dans le même couloir ou le pont du Queen Mary, soit dans des passages vides. Ce qui donne tout de même quelques chutes très cocasses, et d'autres CGI immondes.

 


S'ensuit un festival de choses à ne pas faire pendant un naufrage : le commandement fait évacuer l'équipage sur le pont inférieur alors que la vague arrive, le couple de héros prend l'ascenseur (et y reste logiquement coincé un bon moment), une infirmière, après s'être fait soignée à l'aide d'une carte de crédit et du scotch (je vous laisse le plaisir de découvrir la scène) finit broyée en tentant de sortir dudit ascenseur… Entre deux actions absurdes, Shane Van Dyke désamorce vaillamment tout suspense à l'aide de séquences anti-spectaculaires au possible, qui d'une course au ralenti pour éviter le modeste jet d'eau projeté par un tuyau, qui d'une traversée interminable d'un couloir accroché à un autre tuyau, qui d'une tentative ratée d'ouverture de porte pour secourir un pauvre bougre aux convulsions et à l'étouffement atrocement mal simulés.

 


Que rajouter sans trop vous déflorer l'hallucination légitimement provoquée par un truc nommé Titanic II ? Les dialogues se révèlent être en toute occasion d'une indigence abyssale, alignent les lieux communs, les blagues pas drôles, sans oublier tous les poncifs imaginables liés aux situations de films catastrophe, avec une régularité qui forcerait presque le respect. Si vous avez déjà vu ne serait-ce qu'un film produit par The Asylum, les limites de jeu de l'ensemble du casting ne vous surprendront qu'à moitié. Pour vous convaincre de ces deux données, attendez donc 18 petites minutes et l'intolérable premier dialogue entre Hayden et Amy, tout en « Mais je » / « Mais tu » / « Mais nous », où les deux protagonistes se répètent leur passé respectif à l'attention du spectateur, avec un manque de conviction frôlant l'abstraction pure. Quant à la VF, elle n'apporte qu'une seule mais colossale valeur ajoutée à ce marasme : lors de la toute dernière scène du film, probablement pour que le malheureux qui a eu le mauvais goût de regarder ce machin jusqu'au bout se sente moins floué, on nous balance My heart will go on en amorce du générique de fin. Attention : forcé de faire l'assimilation entre ce qu'il vient de voir et le film de James Cameron, le cerveau fait généralement un saut périlleux arrière.

 


A la vision du lamentable Paranormal Entity et de cette chose, le doute n'est plus permis. Les potentielles velléités auteuristes de Shane Van Dyke sont un mythe, un conte que se racontent les exécutifs hollywoodiens pour arriver à s'endormir. Mais au moins, par rapport à sa daubasse paranormale dont il "respectait" la détestable vocation de home movie pseudo horrifique de son modèle, Shane Van Dyke vise ici plus haut, beaucoup plus haut. Mais avec les moyens de The Asylum, donc avec vraiment peu. Tout à ses aspirations déraisonnées, il se laisse déborder par la tâche et n'hésite notamment pas à frôler l'exercice mégalo dans son interprétation du rôle principal : jouant à fond les beaux gosses, se filmant le visage illuminé par un coucher de soleil, une coupette à la main, les cheveux au vent, pour finalement se sacraliser en gros héros romantique que tout un chacun finira par admirer. Comme Leo. Mais pas vraiment pareil.

 

- Drexl -
Moyenne : 1.75 / 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

"Titanic 2" est sorti en France en DVD et blu-ray chez "Opening", sous le titre "Titanic : Odyssée 2012", avec VF et VO... et zéro bonus.

 


Pour changer de visuel, le blu-ray allemand carrément en 3D. Le même existe chez nous seulement en 2D.