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Virus Cannibale


Virus Cannibale

Titre original :Virus : l'inferno dei morti viventi

Titre(s) alternatif(s) :Virus

Réalisateur(s) :Bruno Mattei, sous le pseudo de Vincent Dawn

Année : 1980

Nationalité : Italie

Durée : 1h39

Genre : Terrine forrestière

Acteurs principaux :Margit Evelyn Newton, Franco Garofalo, Selan Karay

Rico
NOTE
4.5/ 5


Ce qu'il y a de bien avec Bruno Mattei c'est qu'on n'est jamais déçu : quelque soit le genre auquel il s'attaque, quelque soit le film qu'il fasse, c'est un nanar. Depuis Ed Wood on n'avait jamais vu un réalisateur rendre aussi systématiquement ridicule tout ce qu'il entreprend. Comme en plus il passe son temps à copier des grosses productions américaines avec des budgets dérisoires (Prédator / Robowar, Les Dents de la mer / Cruel Jaws, Rambo II / Double Target), le résultat est toujours tordant.


On sent tout de suite qu'on va pas être déçu


Après « Les Rats de Manhattan », sous Mad-Max animalier dont je vous ai déjà parlé, il est temps d'aborder une de ses œuvres phares, considérée par beaucoup (dont Mad Movies) comme l'un des films les plus ringards de tous les temps : Virus cannibale.


Surfant sur le succès des films de zombies initiés en 78 par le mythique « Dawn of the Dead » de Georges Romero et repris en Italie par les rois du film de cannibale ultra gore Lucio Fulci et Ruggero Deodato, Bruno Mattei offre à l'amateur de naserie un spectacle de roi.


C'est pas gentil de se moquer...


Le cahier des charges est simple : fournir en 90 minutes un quota minimal de violence, de sexe, de scènes choc et d'exotisme pour un budget équivalent au prix d'une Fiat 500 d'occasion.
Tout commence en Nouvelle Guinée dans une centrale nucléaire pleine de techniciens affairés et de voyant lumineux qui clignotent. Le jargon technique est d'ailleurs édifiant et je me demande si la version française n'en rajoute pas volontairement une louche : « Lancez l'opération Z ( !!??) Il y a des gamma négatifs dans le module Antares... ». Soudain l'accident : un nuage toxique se répand dans une salle. Plus de nouvelles des techniciens qui y travaillent. Les autres vont voir dans de jolies combinaisons N.B.C. L'un d'entre eux est soudain attaqué par un rat (une manie chez Mattei) qui passe sous sa combinaison pour le dévorer (en fait le type agite sa main sous sa combinaison en hurlant). Une deuxième équipe trouve des cadavres déchiquetés et se font attaquer par leurs collègues affublés de maquillage de zombie pas frais, qui les bouffent joyeusement.
Au passage, une constante dans le film : comme il se doit, les zombies (ou mutants, ce n'est pas très clair) sont lents, très lents, très très lents. Heureusement leurs victimes, elles, sont toujours paralysées par la peur. Ce qui permet au mort-vivant de parcourir de longues distances à toute petite vitesse pour venir attaquer des gens qui oublient systématiquement le concept de la fuite. Et mine de rien pour le réalisateur quand on doit tenir 1h20, c'est toujours du métrage de gagné.


Brutalement nous voici à Londres, dans une ambassade prise en otage par des éco-térroristes. Déboulent les héros : un commando d'élite de la police style GIGN, composé de cinq gros lourds rigolards, qui prennent la baraque d'assaut en massacrant joyeusement tous les terroristes. Le chef des écologistes criblé de balles à quand même le temps de lancer un avertissement prophétique : l'homme a été trop loin dans sa folie scientifique, le temps du châtiment approche... une dernière bastos le fait taire.


Fond de teint vert, crayon gras... le budget maquillage a du rester raisonable.


La SWAT team se retrouve ensuite en Papouasie-Nouvelle Guinée, dans une Jeep, pour une mission secrète (ce qui ne les empêche pas de rester tout le film dans leur uniforme bleu de flics de choc) qui doit les conduire vers la centrale nucléaire du début dont on n'a plus de nouvelles. A cela s'ajoute le mystère d'une série de disparitions parmi la population locale. Bigre...


"Ouais, on aimerait reparler un peu du concept de tenue de camouflage..."


Nous sommes donc sensés être dans la jungle et c'est là que le film commence à sérieusement disjoncter. On tente par tous les moyens de nous faire croire que nous sommes dans une forêt équatoriale dense alors que le film est tourné dans un quelconque sous-bois de feuillus italiens. Pour cela Bruno sort son arme imparable : le stock-shot. Des séquences prises dans des documentaires animaliers ou ethnographiques et insérées au petit bonheur la chance dans le récit. Manque de bol, ils ne sont pas de la même qualité ni du même format que le film... Résultat : la lumière change tout d'un coup, l'image devient floue, granuleuse, toute rayée et surtout des bandes noires de format CinémaScope en haut et en bas de l'image disparaissent à chaque fois qu'il les utilise. Comme Bruno a des notions de zoologie limitées on a droit successivement à un toucan (amazonien !), des grues, une gerboise sauteuse (australienne !) un macaque, une chouette, un aigle royal, des éléphants (d'Afrique, ça se voit aux oreilles et en plus filmés dans la savane alors qu'on est censé être dans la jungle), des antilopes (toujours dans la savane), un vautour, des papillons, un héron, des flamants roses , des chauves souris, un dingo ( ???) et un pélican. Ouf !


Pause gerboise


La SWAT team va être rejointe par un groupe de journalistes [Français vu les prénoms des protagonistes : Marc, Josette, le top étant atteint lorsque l'on verra la régie en France annoncer le reportage de « Lia Rousseau en territoire Papua ! » (je vous jure c'est même écrit)] menés par une blonde énergique nommée Lia (?) qui enquêtent eux aussi sur les événements.


Margit Evelyn Newton : Les Aventures d’Hercule, The Last Warrior etc... Une petite carrière au service du Z


Le reste du film conte l'avancée vers la centrale du début. La musique au synthé, bien lourde, en fait des tonnes pour maintenir une ambiance glauque. Au fur et à mesure des attaques de zombies, évidemment, le casting se réduit dramatiquement. Quelques exemples de scènes pathétiquement drôles : ils arrivent dans un village missionnaire apparemment déserté par ses habitants. Soudain de temps à autre comme dans un jeu vidéo surgissent les zombies (qui jaillissent de l'eau, passent d'un coup les bras d'une fenêtre) et bouffent la moitié de l'équipe. Alors zou, flingage du mort-vivant à grand renfort de fusil à pompe. Et pan les villageois ! Et pan le missionnaire zombi explosé contre le tableau noir de sa classe. Le pompon revient quand même au gamin qui, après avoir été lui même mordu par un grand Noir, va bouffer son père dans la voiture et être terminé au revolver !


Fait bécot à tonton !


Peu de temps après ils s'approchent d'un (stock-shot de) village papou où, cachés derrière un pauvre buisson, ils assistent à une (stock-shot de) cérémonie funéraire avec des (stockshots de) danses de guerriers bien inquiétantes. Comment faire pour entrer dans le village ? Pas de problème dit la journaliste... qui se déshabille, se met un pagne en feuilles d'arbre et trois peintures de guerre et est aussitôt adoptée par la tribu...


Ca fait déjà marrer les papous, c'est toujours ça !


Pendant ce temps à l'ONU le ton monte... enfin dans un grand amphithéâtre de fac avec dix figurants en tout et pour tout ! Et va s'y que je te passe des vrais images d'émeutes et de bébés qui meurent de faim...
Nos héros arrivent enfin à la centrale nucléaire et là c'est pétage de plomb général. Un des pseudos SWAT se met à jouer à chat avec les zombies, un autre trouve un tutu vert et un haut de forme et se met à chanter « singin'in the rain » avant de se faire chopper à son tour. Des hordes de zombies (rigolards aux troisième rang) maquillés au crayon gras et fond de teint vert attaquent les derniers survivants...


Mais comment ont ils bien pu avoir l'idée de cette scène ?


Autant dire que lorsque le mot fin s'inscrit sur l'écran, on sort groggy d'une telle œuvre. Mattei repousse très loin les frontières du mauvais goût et de la roublardise. Parce qu'en plus il prétend délivrer un message ! L'homme blanc ne cherche qu'à exploiter le tiers monde et ça va forcément lui retomber sur le nez... Ouais, ben l'homme blanc y ferait bien de faire attention de pas tourner n'importe quoi n'importe comment pour gagner vite fait une poignée de lires sinon il va se récolter la couronne de roi du nanar... Sacré Bruno va, allez tiens je vais me revoir Robowar pour la peine...


Quand il n'y a plus de place en enfer, les morts vont tourner dans des films minables...



- Rico -
Moyenne : 4.15 / 5
Rico
NOTE
4.5/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Nikita
NOTE
4.5/ 5
LeRôdeur
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
4/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5
Drexl
NOTE
4.5/ 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
5/ 5
Labroche
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

 

Plus besoin de traquer les mythiques cassettes des "Editions du Tigre Vidéo", ou l'édition DVD de "Mad Movies" du numéro 182 de janvier 2006. "Rimini" nous offre en 2020 la version remasterisée du film dans une superbe combo blu ray-DVD remasterisé On trouve la V.O., la V.F. et  une interview de Denis Didelot, auteur d'une belle biographie du cinéaste. Mais hélas pas d'interview de l'ami Bruno comme on pouvait en trouver dans l'édition américaine d'"Anchor Bay" (la licence semble avoir été rachetée depuis par "Blue Underground"). Un grand manque pour la cinéphilie... 


Le DVD existe sous plusieurs jaquettes notamment en version lenticulaire façon 3D du pauvre. Et puis pour les plus endurcis existe un coffret luxueux chez "Fravidis" avec 4 autres films du même tonneau (plus de détails dans cette cote de rareté )

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