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Zardoz

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Zardoz

Titre original : Zardoz

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :John Boorman

Année : 1973

Nationalité : Grande-Bretagne / Etats-Unis

Durée : 1h46

Genre : Fable SF philosophique post-apocalyptique

Acteurs principaux :Sean Connery, Charlotte Rampling, Sara Kestelman

Koko
NOTE
3/ 5


Zardoz : un titre énigmatique pour un film philosophico-sociologico-SF calibré se déroulant entièrement dans un futur post-apocalyptique dont on ne verra que trois ou quatre scènes (le gros de l’action se déroulant dans un Eden paradisiaque).


Non, je vous l'jure, c’est pas un manga japonais adapté à la télé !


Tout commence avec une tête de statue mal incrustée volant sur fond de nuage le tout soutenu par une interprétation énigmatique de la septième symphonie de Beethoven. Un texte précise que l’action se déroule en 2293 mais ne parle ni de guerre nucléaire ni d’épidémie, dommage.


Moi, Zardoz, vous primitifs !


La tête en pierre volante débarque au milieu d’une horde de brutes, dont Sean Connery, alias Z. Vêtu d'un inoubliable slip rouge et de bretelles-cartouchières assorties, celui-ci semble être à la fois le plus beau spécimen moustachu et le chef. Le dieu-statue-effet-spécial-fauché vomit alors des armes en expliquant qu’il faut tuer tout le monde et éviter le pénis (« the gun is good, the penis is evil » en VO). Z tire alors sur la caméra avec une arme dont le calibre ne correspond pas aux cartouches de sa cartouchière-string et l’écran vire au noir (quand on zigouille un caméraman il a quand même le temps de faire un fade-off). A partir de cet instant, le spectateur hypnotisé ira de découverte en découverte, tel le héros Z, à la fois paumé et manipulateur, hagard et dépassé par un script que le scénariste lui-même ne devait pas avoir compris.


J’ai rien pigé au script mais avec mes bretelles rouges j’ai la classe !


Mais mon but n’est pas de vous raconter tout le film par le menu, uniquement de vous donnez une idée de ce qui vous attend pour vous pousser à partir à la découverte de Zardoz avec vos grands yeux profonds et espiègles de nanardeur. Car, comme la matrice, Zardoz est un film qu’il faut explorer soi-même...


Rien que pour voir James Bond sous cet angle, le film vaut le coup !


D’abord tout est au premier degré, depuis l’intrigue qui se veux allégorique jusqu’aux décors en passant par les dialogues où on parle pêle-mêle d’inconscient, de philosophie, du paradoxe de l’immortalité, de l’homme qui a eu tort de vouloir s’élever au-dessus des lois de la nature, de potentiel reproductif et de nécessité de conserver la culture sous forme de statuettes en plâtre dans des sacs de plastique. Dit comme ça ce n’est pas drôle, mais la philosophie pratiquée par des jeunes filles peu vêtues, au regard halluciné, s'exprimant en voix off et agitant frénétiquement les doigts les bras tendus prend tout de suite un autre visage. Mais ce ne serait rien si tout le film n’était pas monté comme un clip psychédélique.


Les moyens de transport aussi sont cocasses.


Ainsi, lors d'une scène, des femmes peu pudiques transmettent toutes les connaissances humaines à Z en l’allongeant sur une table et en le caressant (enfin, c’est dur de voir ce qui se passe exactement). Défile alors une sorte de clip kaléidoscopique à base de stock-shots de plancton et de miroirs multi-facettes. On entend différentes voix réciter des vers dans pas moins de trois langues différentes, on observe des femmes aux décolletés provoquant (une constante) sourire et tournoyer avec de l’écho et, pour montrer qu’il n’y a pas que de l’art mais aussi des sciences, on voit même défiler en surimpression une intégrale simpliste (ben oui, intégrer un polynôme c’est pas difficile). En fait je crois que l’idée du film était de faire quelque chose de si obscur et abscons, mélangeant tellement d’éléments philosophiques atrophiés, de références culturelles rachitiques et de sacs en plastique transparents, qu’un ignare total puisse penser : « ce film est vachement profond, je ne l’apprécie pas parce que je ne suis pas érudit ».


Admirez mon casque et mes bretelles !


Certaines scènes sont des morceaux d’anthologie : voir Sean Connery en string se balader à l’intérieur d’une tête volante remplie de femmes stockées dans des sacs en plastique (une obsession thématique) est quand même quelque chose de fort. De même, j’ai aussi adoré le passage « déchirage de sac poubelle transparent » avec l’assistance médusée par l’exploit. On les sens bien se dire « zut ! ce type est capable de déchirer un blister d’emballage, en pique-nique il doit savoir ouvrir un sachet de chips sans les dents » ou encore « décidément le metteur en scène abuse de léchage de grenouilles hallucinogènes ». Mention spéciale aux élues immortelles, aussi nombreuses que peu vêtues, qui ne savent même pas ce qu’elles veulent et demandent à la fois à Z, la brute bestiale venue du monde extérieur, de les tuer et de les féconder (on se demande dans quel ordre).


Ce Z est vachement intéressant scientifiquement. Il a des poils sur le torse...

Une dernière recommandation avant de visualiser le chef-d’œuvre (car vous allez forcément le voir, n’est-ce pas ?) : n’oubliez pas de bien observer les décors dignes d’une boutique de chiromancienne retapée par une midinette amatrice de reproductions en balsa de statues grecques. C’est tellement cheap et hétéroclite qu’on peut supposer que TOUT le stock de l’accessoiriste y est passé. Allez, un bon 3/5 car Sean Connery est tout simplement grandiose en moustachu velu.


 

La contre-chronique de Barracuda :

 


"Dis donc Lolotte, t'as pas vu le costumier, j'aurais deux mots à lui dire...
- Non, je crois qu'il est toujours en fuite"


La première fois que j'ai vu Zardoz lors d'une diffusion sur le câble, je me suis dit "voilà un gros nanar". La deuxième fois, j'ai commencé à me poser des questions : certes il y a Sean Connery en string dans une tête sculptée géante qui vole, mais n'y a-t-il pas tout de même quelque chose de plus consistant derrière ? Après le troisième visionnage, je me suis dit "P'tain... c'est pas si mal en fait". Sans non plus exagérer en y voyant un chef-d'oeuvre, Zardoz ne mérite pas le qualificatif de nanar selon moi. Pour commencer, il est techniquement impeccable et même plus que ça. Nous avons affaire à un réalisateur, à des acteurs et à une équipe technique parfaitement qualifiés avec en particulier une maîtrise de l'éclairage et de la prise de vue supérieure à la moyenne ; sur ce plan le film est inattaquable (sauf pour l'effet spécial de la tête volante, mais nous sommes en 1973). Mais alors pourquoi Sean Connery en string-cuissardes ? Cela tient au thème même du film qui traite de l'absurdité d'une vie qui n'aurait pas de fin. Le film joue sur les deux sens du mot "fin" qui désigne un arrêt, mais aussi un but. L'immortalité est donc une vie sans but et sans signification, ce qui est la définition même de l'absurde. Au cinéma, la forme et le fond sont indissociables et mon opinion est donc que l'esthétique complètement barrée de Zardoz sert en fait à porter le propos du film en créant une atmosphère d'absurdité omniprésente qui soutient et renforce les thèmes du scénario.


Mon Dieu, des hippies !!


Un pur ovni comme en ont beaucoup produit les années 70, et qu'il s'agit donc aussi de replacer dans son contexte : celui d'une époque où les sociétés occidentales basculent dans l'ère post-moderne en s'interrogeant plus que jamais sur leur devenir (craintes écologiques, remise en cause du consumérisme etc.). Le problème de Zardoz, c'est que Boorman tente d'y coller pêle-mêle plusieurs niveaux d'interprétation confus et parfois contradictoires, ce qui donne un scénario qui a tendance à partir dans tous les sens sans qu'on comprenne trop ce qui se passe. Par ailleurs, toute la réflexion métaphysique présente dans Zardoz se double d'un hommage appuyé à la virilité de Sean Connery. Bien sûr ce n'est qu'une théorie personnelle, mais j'ai la conviction qu'aucun autre acteur n'aurait eu droit au même traitement : Sean Connery en string-cuissardes-moustache-torse velu brandissant un gros revolver, Sean Connery possédant sauvagement une jeune femme prisonnière d'un filet, Sean Connery tirant une charrette tel un mulet, Sean Connery fécondant sans relâche toutes les femmes du Vortex à la suite et surtout Sean Connery dont le simple contact fait renaître le désir chez les "apathiques" (façon détournée de suggérer qu'il ferait bander un mort).


"Je veux me flinguer pour avoir tourné là dedans...
- Non, moi d'abord !"

En résumé, Zardoz n'est certes pas un très bon film. A force de trop en vouloir et de tenter d'aborder trop de thèmes en même temps, le film se perd et devient confus, illisible. Toutefois, il serait injuste de le qualifier de nanar car je suis convaincu que le kitsch incroyable des décors, des costumes et de certaines séquences est, sinon volontaire, du moins assumé. Zardoz est drôle mais comme peuvent l'être, toutes proportions gardées, les pièces du théâtre de l'absurde.


- Koko -
Moyenne : 3.33 / 5
Koko
NOTE
3/ 5
Nikita
NOTE
B.F./ 5
Kobal
NOTE
B.F./ 5
Barracuda
NOTE
B.F./ 5
Zord
NOTE
2/ 5
John Nada
NOTE
B.F./ 5
Rico
NOTE
BF/ 5
Peter Wonkley
NOTE
5/ 5
Jack Tillman
NOTE
B.F./ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

 

 

Il a mis du temps avant d'être réédité en blu-ray chez nous mais "Movinside" nous a offert une belle édition précédée d'une introduction de Jean Baptiste Thoret. Il remplace le DVD de "Fox Pathé Europa" a franchi le pas qui lui proposait un commentaire audio de John Boorman. Reste à savoir s'il explique vraiment ce qu'il a voulu faire dans ce film ?


L'affiche allemande.

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