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Christopher Mitchum

(1ère publication de cette bio : 2007)

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Découvrez notre interview exclusive de Chris Mitchum (en VF et en VO).






Le phénomène des « fils de » incapables d’égaler la stature paternelle est bien connu dans tous les domaines et toutes les professions. Rarement aura-t-il cependant été aussi frappant que chez Christopher « Chris » Mitchum, fils de l’écrasante star Robert Mitchum et longtemps condamné à se traîner mollement dans les séries B les plus fumeuses, sous les quolibets de la planète cinéma.





Robert Mitchum avec les petits James et Christopher.



Lorsque Christopher Mitchum naît à Los Angeles, le 16 octobre 1943, la carrière de son père a déjà le vent en poupe et ne va pas tarder à rejoindre l’Olympe des stars. Chris et son grand frère James bénéficient d’une enfance favorisée. Le cadet des Mitchum poursuit des études universitaires en Pennsylvanie, puis en Arizona, mais le virus du cinéma ne tarde pas à le rattraper, alors que son grand frère a déjà commencé depuis quelque temps une carrière de comédien : pour payer ses études, Chris tient quelques emplois de figurants dans des westerns tournés dans les environs de sa fac. Ayant décroché son diplôme, il envisage de devenir être enseignant mais le besoin de nourrir sa famille amène ce jeune papa à continuer de courir les castings; il décroche des rôles dans des séries télévisées et, bien que devenu comédien un peu par hasard, finit par se décider à suivre les traces paternelles. En 1970, Christopher décroche son premier rôle dans une grosse production, en apparaissant dans le western « Chisum », avec John Wayne. Ce dernier prend le jeune Mitchum sous son aile et le recommande à Howard Hawks pour un bout d’essai. Le test de Chris est concluant et aboutit à un rôle relativement important dans «Rio Lobo», que le vétéran hollywoodien tourne avec John Wayne et Jennifer O’Neill. Le film est loin d’égaler les meilleures œuvres de Hawks – qui achève ici sa carrière – mais Christopher Mitchum bénéficie d’une bonne visibilité. Sorte de version rajeunie et blondinette de son illustre paternel, il ne crève pas l’écran mais se montre plutôt sympathique et attachant.





Christopher Mitchum dans « Big Jake ».



Décidément chaperonné par John Wayne, qui l’a à la bonne, Chris joue à nouveau avec la star légendaire dans « Big Jake » (1971). Sa carrière semble se présenter sous les meilleurs auspices. Mais c’est compter sans le contexte politique du début des années 1970. S’il conserve une base de fans loyaux, Wayne est alors la bête noire des contestataires et d’une bonne partie des jeunes générations américaines, pour son activisme très droitier et son soutien sans faille à la guerre du Vietnam. Contrairement à ce que chacun – et notamment Christopher lui-même – aurait pu attendre, l’association avec un vétéran d’Hollywood s’avère un boulet pour un acteur en début de carrière. Chris Mitchum a des difficultés à trouver de bons rôles aux Etats-Unis et se risque entretemps à tenir l’un des rôles principaux dans « H-Bomb », un thriller co-produit par Hong Kong et la Thaïlande. Un directeur de casting américain finira carrément par lui dire qu’il n’embauchera pas quelqu’un ayant travaillé avec John Wayne.





Christopher Mitchum dans « H-Bomb ».







Déçu et quelque peu en colère, Mitchum Junior continue à chercher du travail à l’étranger. Mais il va vite se retrouver dans les griffes du cinéma bis européen, prompt à mettre la main sur tous les acteurs hollywoodiens dans le creux de la vague. On le voit dans plusieurs thrillers et films d’action italiens et espagnols, dont « Le Bal du Vaudou » (Una gota di sangre para morire amando) de Eloy de la Iglesia, sorte de semi-plagiat gothique d’«Orange Mécanique» qui bénéficie d’une réputation sympathique auprès de certains bissophiles mais dont Chris gardera un fort mauvais souvenir du tournage. Il apparaît également dans « La Dynamite est bonne à boire », film franco-espagnol d’Aldo Sambrell, ou le polar « Meurtres au soleil », de Antonio Isasi-Isasmendi.





Autant de films qui font bonne figure dans les salles de quartier mais ne marquent ni l’industrie hollywoodienne ni l’histoire du cinéma. Christopher Mitchum se risque même aux Philippines, déjà à l’époque paradis du cinéma d’exploitation plus ou moins cheap, et apparaît dans quelques films destinés à l’export, comme le navet « Master Samurai » (en vidéo « La Rançon du Samouraï »), tourné par Cesar Gallardo pour le producteur Bobby Suarez. Chris voit sa carrière patiner et tire de plus en plus, à l’écran, une gueule de six pieds de long, reprenant la nonchalance de son illustre papa sans posséder son charisme.







Christopher Mitchum retourne ensuite aux Etats-Unis. Tandis que son père assure sa dernière partie de carrière en cachetonnant tranquillement et que son frère connaît lui aussi des difficultés à s’affirmer, le cadet des Mitchum enchaîne les séries B plus ou moins honorables et les productions plus moins improbables : « The One man jury » (un sous-« Inspecteur Harry » avec Jack Palance), « Le Jour de la fin des temps » (un film de science-fiction), « Tusk » d’Alejandro Jodorowsky, des apparitions dans des séries télévisées… De quoi garnir quantitativement un CV mais pas de quoi tutoyer les étoiles. Au milieu des années 1980, c’est carrément la panade : Christopher Mitchum retourne aux Philippines et se commet dans des productions comme « American Commandos » ou « SFX Retaliator ». Ressemblant de plus en plus à la caricature flapie de papa, Chris se voit honni comme l’un des acteurs les plus mous de sa génération par les malheureux ayant commis la folie d’acheter ou de louer les VHS des films où il tire une tête pas possible de Droopy dépressif.





Christopher Mitchum, en compagnie de son père Robert Mitchum et de son fils Bentley Mitchum, également comédien.











A force de toucher le fond, on finit par se mettre à chercher du pétrole et, entre deux passages aux Philippines et en Indonésie, Christopher Mitchum participe à des productions Eurociné comme « L'Ange de la Mort » – où il joue un méchant néo-nazi sbire du Dr Mengele, joué par Howard Vernon – et « Dark Mission, les Fleurs du Mal » de Jesus Franco – où il est un héros d’une apathie invraisemblable. « Les Prédateurs de la Nuit », toujours avec Franco, « After Shock » (un post-apocalyptique pourri mais rigolo, avec un défilé impayable de tronches du cinéma bis), « Biohazard : the alien force »… Dans ses pires productions (« L'Ange de la Mort », notamment), notre ami se montre si inexistant que ses prestations en deviennent d'un comique irrésistible. Brigitte Lahaie, qui le côtoya dans deux films, se souvient de lui en ces termes : "Nous nous sommes tout de suite plus et ce fut très facile de jouer avec lui malgré le barrage de la langue (je ne parle pas très bien l'anglais). Il dégage un certain magnétisme même si ce n'est pas son père. En tout cas, il est simple, ouvert et il est certainement meilleur acteur que bien des acteurs français." En effet, si les premières apparitions de Christopher Mitchum ne laissaient pas présager d'un acteur particulièrement nul, le désintérêt pour ce qu'il jouait a sans doute contribué à fortement dégrader son jeu (bon, c'est une déduction un peu élémentaire, mais à le voir dans certains rôles, on se demande vraiment s'il ne souffrirait pas de carences en vitamines). Toujours est-il qu'un film avec Chris Mitchum à la barre finit par devenir synonyme de nullité hallucinante et de sous-jeu désopilant à force d'absence et de mollesse.



Ca patine sérieusement pour Mitchum Junior, dont la seule apparition dans une grosse production des années 1990 se résume à un petit rôle dans « Tombstone », avec Kurt Russell (un bide). S'étant fâché avec son agent, Chris Mitchum se retrouve de surcroît obligé de gérer sa carrière lui-même, dans un contexte hollywoodien ayant radicalement changé depuis ses débuts. Ne trouvant plus de rôles, il finit en 1999 par se résoudre à une retraite imposée, dont il ne sort qu'en 2006, pour les besoins d'un film réalisé par son fils Bentley Mitchum. Un peu désabusé par le cinéma, il se consacre désormais notamment à l'écriture et ne fait plus que des apparitions ponctuelles plus par amitié qu'autre chose.

 

Il faut avouer qu'il se consacre depuis la fin des années 90 à une carrière politique locale en Californie sous la banière conservatrice du parti républicain briguant sans succès à plusieurs reprises un siège au Congrés ou au Sénat de l'Etat pour la région de Santa Barbara. Se reclamant de l'héritage conservateur reagannien, très antilibéral qu'il résume au vocable communiste dans pas mal d'interviews, expliquant au passage que sa carrière hollywoodienne a été freinée à cause de ses engagements politiques, il se rapproche du Tea Party avant de se retirer de la vie politique après son échec aux élections locales en 2014 après une campagne houleuse à l'américaine qui se terminera devant les tribunaux.

 

Avec un soutien de poids lors de sa campagne de 2014.

Handicapé par le poids d’un père trop célèbre, auquel il ressemblait trop pour que la différence de talent ne se voie pas, Christopher Mitchum n’aura jamais réussi à se faire un prénom. Sympathique mais manifestement très démotivé par sa carrière à partir d’un certain stade de déchéance, Chris aura au moins réussi à aligner une filmographie suffisamment bizarre pour attirer notre intérêt et notre bienveillance. S’il apprend qu’il existe, quelque part au monde, des gens assez fous pour regarder un film uniquement parce que Christopher Mitchum joue dedans, peut-être cela lui fera-t-il plaisir ?

- Nikita -

Films chroniqués

Filmographie



Jaquette VHS japonaise d'époque de "The H-Bomb" qui recycle un visuel en fait issu de "Le bal du vaudou / Clockwork Terror"...

2020 - Goy (film en fait tourné en 2006 mais qui ne serait sorti qu'à cette date)

2018 - Judgement (court métrage)

2012 - Santa's Summer House

2009 - The Ritual

2006 - Soul Searchers

1999 - Lycanthrope

1999 - Night of Terror

1998 - Diamondbacks

1998 - Love and War II

1997 - Lethal Seduction

1996 - Jimi

1996 - Fugitive X: Innocent Target

1995 - Lethal Cowboy

1995 - Striking Point

1995 - Biohazard: The Alien Force

1994 - Magic Kid

1994 - Body Count

1993 - Tombstone

1990 - Aftershock



1989 - Real Men Don't Eat Gummi Bears

1988 - Dark Mission, les fleurs du mal (Dark Mission : Operación cocaína)

1988 - Les Prédateurs de la nuit (Faceless)

1988 - American Hunter / Lethal Hunter

1987 - L'Ange de la mort / Commando Mengele (Angel of Death)

1987 - Savage Harbor / Death Feud

1987 - SFX Retaliator / The Heroin Deal

1986 - Final Score

1985 - Palmer, père et fils (Promises to keep)

1985 - American Commandos / Hitman

1985 - The Serpent Warriors

1984 - The Executioner, Part II

1984 - La Forêt explosive (Danger - Keine Zeit zum Sterben / No time to die)

1983 - Commander Firefox

1981 - Ritoru champion

1980 - Le Jour de la fin des temps (The Day Time Ended / Earth's final fury / Vortex)



1980 - Tusk

1980 - Rumeurs de guerre (A Rumor of War)



1980 - Desperate Target / Eyes of the dragon

1978 - The One Man Jury / Dead on Arrival

1978 - Stingray

1977 - Flight to Holocaust

1976 - La Loi de la haine (The Last Hard Men)

1975 - Chinese commandos

1974 - Once

1974 - La dynamite est bonne à boire / Bloody sun

1974 - Master Samouraï / La Rançon du Samouraï (Master Samuraï)

1973 - Ricco / Un Tipo con una faccia strana ti cerca per ucciderti / Cauldron of death / Mean machine

1973 - Le bal du vaudou (Una Gota de sangre para morir amando / Clockwork Terror / Murder in a Blue World / To Love, Perhaps to Die)

1973 - A Time for Love / New Kind of Love

1973 - Asia Cosa Nostra

1972 - Meurtres au soleil (Un Verano para matar)

1971 - Cactus in the Snow / You Can't Have Everything

1971 - Big Jake

1971 - H-Bomb / Great Friday / Operation Alpha

1970 - Rio Lobo

1970 - Bigfoot

1970 - Suppose They Gave a War and Nobody Came?

1970 - Chisum

1969 - Un homme fait la loi (The Good Guys and the Bad Guys)

1969 - Young Billy Young



Ainsi que quelques apparitions dans des séries télé.