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Donal O'Brien

(1ère publication de cette bio : 2005)

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On peut mesurer la notoriété d’un acteur au fait que plus personne ne fasse de fautes d’orthographe à son nom, si compliqué soit-il : Arnold Schwarzenegger en est un bon exemple. Donal O’Brien illustre le cas opposé, puisque notre homme, malgré une carrière assez bien remplie, a eu le triste privilège de voir les génériques des films où il jouait écorcher régulièrement son nom. On le vit ainsi orthographié «Donald O’Brien», «Donal O’Brian» et «Donald O’Brian». Quatre variantes pour un acteur si méconnu, c’est là le signe d’une relative obscurité, que s’emploient à dissiper certains amoureux du cinéma bis dont notre ami fut un solide pilier.



Le père de Donal O’Brien était un Irlandais expatrié aux Etats-Unis qui servit dans la cavalerie américaine. Revenu au pays, O’Brien père s’installe ensuite en France, où son fils voit le jour, à Pau (Pyrénées-Atlantique), le 15 septembre 1930. Signe annonciateur de sa future carrière en Italie, l’enfance de Donal O’Brien est marquée par l'itinérance, sa famille déménageant à travers la France puis, pour fuir l’avancée des troupes allemandes lors de la débâcle de 1940, retournant en Irlande. Donal grandit à Dublin et s’ennuie dans ses études. A 18 ans, il décide de prendre des cours de théâtre et découvre sa vocation. Il commence à gagner sa vie comme comédien, en intégrant le Dublin Gate Theatre. Mais son père, apprenant que son fils fait le zazou en voulant devenir acteur, lui coupe les vivres pour le ramener à la raison. Donal persiste pourtant et poursuit une discrète carrière de comédien, qui ne progresse pourtant pas assez vite à son goût. Un peu lassé de la vache enragée, Donal O’Brien retrouve la bougeotte et retourne en France, où il travaille un temps dans les bureaux de l’armée américaine. Il reprend ensuite son activité de comédien, en tenant de petits rôles d’Anglais et d’Américains dans des films français. Son robuste physique de sportif lui permet notamment de jouer des personnages de militaires : on le voit ainsi dans « Week-end à Zuydcoote », de Henri Verneuil, ou « La Vie de Château », de Jean-Paul Rappeneau.



Donal dans le cultissime « Keoma » (1976) d'Enzo G. Castellari.



Mais sa carrière ne se décide pas à prendre son envol. C’est alors qu’il va profiter de la mode du western spaghetti, qui vit alors ses plus belles heures en Italie et fournit énormément de travail à des acteurs de type anglo-saxon. Donal O’Brien obtient l’un des rôles principaux de « Saludos, hombre ! », western gentillet de Sergio Sollima, où il joue un chasseur de primes à la poursuite du Mexicain Tomas Milian. La carrière de Donal est enfin lancée, et il va dès lors enchaîner les tournages à un rythme très soutenu. Il ne compte pas parmi les grandes vedettes du genre, mais sa trogne burinée et sa forte présence physique lui permettent de tenir de nombreux seconds rôles, de bon comme de méchant. On le voit ainsi partager la vedette de « Jesse and Lester » avec Richard Harrison, également réalisateur du film. Les deux hommes s’entendront bien et Donal considèrera Harrison comme « l’acteur américain le plus sympa avec lequel j’ai travaillé ! ». Outre ses apparitions à l’écran, Donal gagne également sa vie en participant au doublage en anglais de films italiens, pour les versions destinées à l’export.





Donal aura cependant le désagrément de voir les génériques estropier régulièrement son nom en l’écrivant «Donald», ce qui fait que certains producteurs peu scrupuleux en profiteront pour essayer de ne pas le payer ! Il finira par se résoudre à faire rajouter «Donald» entre parenthèses sur son passeport.



Si Donal tourne beaucoup, il le fait essentiellement dans les westerns spaghetti les plus fauchés et obscurs d’un genre qui compte énormément de déchets : on le voit dans « Si je te rencontre, je te tue », « Winchester, kung-fu et karate » et autres « Justicier de Dieu ». Il tient cependant des rôles dans des films plus prestigieux comme « Les Quatre de l’apocalypse », de Lucio Fulci, et surtout « Kéoma » d’Enzo G. Castellari, où il interprète un personnage d’infâme « coyote à foie jaune » considéré comme son meilleur rôle. Sans être un acteur très subtil, Donal O’Brien a une gueule très cinégénique et un vrai charisme à l’écran, qui lui permettent quelques sympathiques prestations, comme dans « Mannaja, l’homme à la hache », de Sergio Martino.











Mais la mode du western finit par passer : désormais solidement installé dans le cinéma italien, Donal O’Brien continue de tourner, dans des produits un peu plus hasardeux, donnant souvent dans le cinéma d’exploitation. Il devient ainsi l’un des acteurs les plus récurrents des films de Joe D’Amato, et apparaît ainsi dans « Emanuelle chez les cannibales », « Les Amours interdites d’une religieuse » et « 2020 Texas gladiators ». Présent dans quantité de bis italiens, Donal ne passe à côté d’aucune mode et s’illustre aussi bien dans le post-apocalyptique que dans le gore, jouant notamment dans le fameux « Zombie holocaust », alias « La Terreur des zombies », où il campe un savant fou agité du bistouri.





En 1980, Donal O’Brien va hélas être victime d’un accident aussi stupide que tragique : il fait une chute dans sa salle de bains et se blesse gravement à la tête, restant un temps paralysé d’un côté du corps. Il récupère, mais demeure limité dans ses mouvements, souffrant notamment de claudication. Ses rôles vont désormais être limités, bien que certains soient spécialement adaptés pour justifier son handicap : dans « 2072, les Mercenaires du Futur », on le voit ainsi interpréter un homme couvert de cicatrices et de blessures, se déplaçant avec une canne. Plus tard, Joe D’Amato ira même jusqu’à lui faire tenir un rôle de monstre de Frankenstein (« Ritorno dalla morte – Frankenstein 2000 ») en utilisant sa vraie démarche !





Donal dans « 2072, les Mercenaires du Futur ».



Donal continue de travailler, tournant de manière plus sporadique, en alternant les nanars (« Atomic cyborg ») et les apparitions plus ou moins brèves dans de bons films (« La Secte » de Michele Soavi et… « Le Nom de la rose », de Jean-Jacques Annaud !). Il poursuit ses activités dans le doublage. Mais le déclin du cinéma italien et des problèmes de santé persistants vont le conduire à diminuer encore, puis à cesser ses activités. Donal O’Brien tourne son dernier film en 1994. Il décède à Rome d’un infarctus le 29 novembre 2003.

Le destin n’aura pas permis à Donal O’Brien de marquer les esprits dans suffisamment de grands rôles, mais il demeure une figure inoubliable du cinéma bis et aura figuré dans quelques fleurons du cinéma de genre italien. Le pittoresque de sa carrière lui aura valu de jouer dans quelques solides nanars, ce qui du point de vue de Nanarland, contribue d’autant à son immortalité. So long, Donal !

Lien utile : une interview avec Donal O’Brien, dont sont tirées la plupart des informations de cette bio.
- Nikita -

Films chroniqués

Filmographie

1959 – Les scélérats

1961 – Dynamite Jack

1961 – Saint Tropez blues

1962 – Les Parisiennes

1962 – Le Procès de Jeanne d’Arc

1964 – Le Train

1964 – Week-end à Zuydcoote

1965 – Passeport diplomatique agent K8

1965 – La Métamorphose des cloportes

1966 – La Vie de Château

1966 – Martin soldat

1966 – Grand prix

1966 – L’homme d’interpol

1967 – La Nuit des généraux

1968 – Saludos, hombre

1970 – Si je te rencontre, je te tue

1971 – Il tredicesimo è sempre Giuda

1971 – Les Ames damnées de Rio Chico

1971 – Le Shérif de Rockspring

1972 – Le Colt était son dieu

1972 – Le Justicier de Dieu

1972 – Jesse e Lester, due fratelli in un posto chiamato Trinita

1972 – Sexes invertis

1973 – Sei bounty killers per una strage

1973 – Deux Chinois dans l’Ouest / Winchester Kung fu et karaté

1974 – Le Retour de Buck le loup

1974 – Zanna bianca alla riscossa

1975 – Les Quatre de l’apocalypse

1975 – Giochi erotici di una famiglia perbene

1976 – Kéoma

1977 – Emanuelle chez les cannibales

1977 – Yéti, le géant du vingtième siècle

1977 – Une poignée de salopards

1977 – Mannaja l’homme à la hache

1977 – Kakkientruppen

1978 – Sella d’argento

1978 – Durs à mourir / Hard to kill

1979 – Les Amours interdites d’une religieuse

1980 – Sesso profondo

1980 – The day Christ died

1980 – La Terreur des zombies / Zombie holocaust

1982 – 2020 Texas gladiators

1984 – 2072 les mercenaires du futur

1984 – Panther squad

1986 – Atomic cyborg

1987 – Le Nom de la rose

1988 – La Maison du cauchemar

1990 – L’Epée du Saint-Graal (Ator 3)

1990 – Briganti

1991 – La Secte

1991 – Ritorno dalla morte – Frankenstein 2000

1993 – Storia di una capinera

1994 – Caro dolce amore