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Edwige Fenech

(1ère publication de cette bio : 2005)

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Bon, petit test : qui est l’actrice française la plus populaire chez les Italiens ? Qui a répondu Catherine Deneuve ? Oui et non : les couleurs de notre beau pays ont en fait été longtemps défendues chez nos voisins par… Edwige Fenech, la célèbre « Toubib du régiment » qui fit les joies des soirées nanardes de M6 ! A force de la voir dans des comédies ringardes italiennes, beaucoup ont en effet oublié qu’elle était Française. Et pour cause, car toute sa carrière s’est en effet, à quelques exceptions près, déroulée en Italie ! Actrice cultissime chez nos voisins, il était temps qu’Edwige soit honorée – dans le bon sens du terme – par Nanarland !



Née le 24 décembre 1948 (joli cadeau de Noël !) à Bône, en Algérie, Edwige Sfenek – c’est son nom de baptême – présente une ascendance très bigarrée typique du cosmopolitisme des familles pied-noirs : son père était Anglo-Tchèque et sa mère Italo-Espagnole. Sa famille étant rapatriée en France, Edwige grandit à Nice, où elle dit avoir souffert du racisme anti-pied-noir. Précocement déracinée, elle ne se sentira jamais chez elle en France métropolitaine, signe annonciateur de son futur exil italien… Les charmes de la jeune Edwige lui valent assez rapidement une carrière de reine de beauté. Après être devenue à 16 ans « Miss Mannequin Côte d’Azur », elle obtient le titre de « Lady Europe » et devient mannequin. Le cinéma n’est pas loin, et notre amie débute discrètement en 1966 dans une comédie française, « Toutes folles de lui », où elle joue les utilités.



Les années suivantes lui vaudront une carrière placée d’emblée sous le signe de l’international, bien que circonscrite au bis et surtout à l’érotisme. Une série de films coquins tournés en Allemagne, parfois en co-production avec l’Italie, vaut à Edwige de dévoiler ses charmes latins dans « Les Petites chattes sont toutes gourmandes », « Les Folles nuits de la Bovary » (où Flaubert est mis à rude épreuve) ou « L’Ingénue perverse » (c’est cette fois Maupassant qui morfle).



Parallèlement à sa carrière germanique, Edwige Fenech commence à s’exporter en Italie, a l’instar de nombreuses starlettes européennes. Débutant dans des films d’aventures, elle se fait surtout remarquer dans son deuxième film italien, « Samoa, Fille Sauvage », variation typiquement "bis italien" autour du thème de la reine de la jungle. La tête bien faite et les dents longues, elle ne va pas tarder à se fixer définitivement en Italie, où les opportunités de travail abondent. Edwige mène sa carrière intelligemment et va slalomer entre les genres du cinéma populaire italien, où elle trouve d’emblée sa place, qu'elle assumera sans aucun complexe : celle d’ingrédient érotique !



Actrice limitée sans être nulle, l’ex-Lady Europe a en effet pour atout une exceptionnelle photogénie, des formes épanouies et un grain de peau passant merveilleusement à l’image, qui font de ses prestations souvent très dénudées des modèles d’érotisme sur grand écran. Edwige vit alors avec le producteur Luciano Martino, qui forme un tandem dynamique avec son frère Sergio, réalisateur. Notre amie tourne plusieurs films sous la direction de Sergio Martino, dont le mémorable « L’Alliance invisible », giallo horrifique tout entier dévolu à la gloire de ses rondeurs.





Après plusieurs thrillers (dont « l’Ile de l’épouvante », de Mario Bava), Edwige Fenech va trouver son genre de prédilection, celui qui lui vaudra une gloire durable, essentiellement en Italie : le cinéma transalpin cède en effet de plus en plus aux démons de la luxure et produit, le relâchement progressif de la censure aidant, des comédies égrillardes, ou "sexy-comédies", mêlant comiques lourdauds et starlettes dénudées dans une débauche de grossièreté parfois pénible, mais très prisée par certains esthètes décadents. Edwige Fenech, jamais avare de ses charmes, deviendra tout naturellement la principale vedette de ce genre de films avec, tout au long des années 70, des titres comme « Mademoiselle Cuisses longues », « Ah mon petit puceau ! », « La Prof donne des leçons particulières », « Qui chauffe le lit de ma femme », et enfin le célèbre « La Toubib du régiment ». La pulpeuse Edwige plaît beaucoup aux Italiens par son mélange de vulgarité et de malice et va devenir la reine du nanar comique transalpin, titre qu'elle conserve encore aujourd'hui chez les nostalgiques. Ses indéniables charmes sont cependant exploités de façon si putassière par les réalisateurs que sa présence (ou plutôt l'usage qui est fait de sa présence) ajoute souvent à la nanardise des films d'exploitation dont elle est l'atout séduction.





A une époque où le cinéma pornographique est encore interdit en Italie, laissant le champ libre au sexe simulé, suggéré, le plus souvent présenté sous le prétexte de l’humour, Edwige Fenech tourne à un rythme impressionnant (quatre, cinq, voire six films par an), remplissant les salles de spectateurs, dont les plus jeunes demeurent encore aujourd’hui émus d’avoir découvert avec elle les choses de la vie. Elle fera notamment forte impression en se montrant totalement nue dans « On a demandé la main de ma sœur », comédie réalisée par Lucio Fulci. Ne se limitant pas totalement à la comédie, elle apparaît à l’occasion dans des films de genres différents, comme le polar « L’Homme aux nerfs d’acier », avec Lee Van Cleef et Jean Rochefort, mais ces titres font figure d’exception au milieu de ses comédies vulgos.









A quelques exceptions près, la filmographie d’Edwige restera en effet cantonnée au registre le plus bas de la comédie transalpine, malgré d’occasionnelles rencontres avec des auteurs d’un niveau supérieur, comme Dino Risi ou Alberto Sordi. La carrière d’Edwige Fenech est presque entièrement italienne, si l’on excepte le film français « Tais-Toi Quand Tu Parles », de Philippe Clair (on reste dans le registre du comique de qualité), où notre amie, actrice française ayant atteint la gloire en Italie, donne la réplique à Aldo Maccione, acteur italien devenu vedette en France ! Magie des rencontres cinématographiques…


Edwige & Aldo.





Avec le tournant des années 80, Edwige, qui en a sous la casquette, voit venir le déclin du cinéma populaire italien et songe à sa reconversion. Le filon de la grosse rigolade égrillarde s’épuise et laisse la place en Italie à des comédies plus fines comme celles de Nanni Moretti ou Maurizio Nichetti. Ralentissant son rythme de tournage, Edwige continue de travailler à la télévision, apparaissant dans des émissions ou tournant des téléfilms. Toujours séduisante, elle va donner un net coup de frein à sa carrière de comédienne, se consacrant désormais à ses activités de... chef d'entreprise ! Même si elle joue encore occasionnellement dans des séries télévisées, notre amie est désormais avant tout productrice !



Femme d’affaire avisée, Edwige Fenech est en effet l’heureuse commanditaire de nombreuses séries télé italiennes à succès, qui font à la fois les belles heures de l’audimat transalpin et sa fortune personnelle. Pilier de la jet-set romaine, ayant vécu en couple durant des années avec l’industriel Luca di Montezemolo, Edwige nous prouve que l’on peut commencer en montrant ses fesses dans des nanars et finir en reine du show-biz, habituée des magazines people. Encore un syndrome de la fuite des cerveaux français à l’étranger !




Edwige en 2004.


La classe !



Sources : Ciné Zine Zone n°94-95, divers articles de presse
Icono : clubdesmonstres.com, freeuniverse.it, giornaledibrescia.it

D'ailleurs, au Québec, il semble que certains vouent un véritable culte à Edwige...
- Nikita -

Films chroniqués

Filmographie

1966 - Toutes folles de lui, de Norbert Carbonnaux

1968 - Les Vierges folichonnes (Die Tolldreisten geschichten nach Honoré de Balzac) de Josef Zachar

1968 - Oui à l’amour non à la guerre (Frau Wirtin hat auch einen grafen) de Franz Antel

1968 - Le Fils de l’aigle noir (Il figlio di aquila nera) de Guido Malatesta

1968 - Samoa fille sauvage (Samoa regina della giungla) de Guido Malatesta

1968 - L’Auberge des plaisirs (Frau Wirtin hat auch eine nichte) de Franz Antel

1968 - Les Petites chattes sont toutes gourmandes (Alle Katzche natschen gern) de Josef Zachar

1968 - L’Ingénue perverse ((Madame und ihre nichte) de Eberhard Schroeder

1969 - Les Folles nuits de la Bovary (Die nackte Bovary) de Hans Schott-Schöbinger

1969 - Der Mann mit dem goldenen pinsel, de Franz Marischka

1969 - Top Sensation, de Ottavio Alessi

1969 - La Dernière balle à pile ou face (Testa o croce) de Piero Pierotti

1969 - L'Ile de l’épouvante / Cinq filles dans une nuit chaude d’été (Cinque bambole per la luna d’agosto), de Mario Bava

1970 - Don Franco e Don Ciccio nell’anno della contestazione, de Marino Girolami

1970 - Le Mans, circuit pour l’enfer (Le Mans, scorciatoia per l’infermo), de Osvaldo Civirani

1970 - Satiricosissimo, de Mariano Laurenti

1970 - Le Désert de feu (Deserto di fuoco) de Renzo Merusi

1972 - Quel gran pezzo dell’Ubalda tutta nuda e tutta calda, de Mariano Laurenti

1972 - Les Rendez-vous de Satan (Perchè quelle strane gocce di sangue sul corpo di Jennifer ?), de Giuliano Carmineo

1972 - Quando le donne si chiamavano Madonne, de Aldo Grimaldi

1972 - L’Escalade de l’horreur (Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave), de Sergio Martino

1972 - L’Alliance invisible/ Toutes les couleurs du vice (Tutti i colori del buio), de Sergio Martino

1972 - La Bella Antonia, prima monica e poi dimonia, de Mariano Laurenti

1973 - Fuori uno sotto un’altra , arriva il passatore, de Giuliano Carmineo

1973 - Mademoiselle Cuisses longues (Giovannona Coscialunga disonorata con onore), de Sergio Martino

1973 - La Vedova inconsolabile ringrazia quanti la consolarono, de Mariano Laurenti

1973 - L’Homme aux nerfs d’acier (Dio, sei proprio un padreterno / Il suo nome faceva tremare : Interpol in allarme), de Michele Lupo

1974 - La Belle et le puceau (Innocenza e turbamento), de Massimo Dallamano

1974 - La Signora gioca bene a scopa ?, de Giuliano Carmineo

1975 - Ah mon petit puceau / Ma tante d’Amérique (Grazie nonna), de Marino Girolami

1975 - Un Vice de famille (Il Vizio di famiglia), de Mariano Laurenti

1975 - La Prof donne des leçons particulières (L’Insegnante), de Nando Cicero

1975 - La Femme vierge (La Moglie Vergnie), de Franco Martinelli

1975 - Nuda per l’assassina, de Andrea Bianchi

1975 - Sexycon (40 gradi all’ombra del lenzuolo), de Sergio Martino

1976 - Qui chauffe le lit de ma femme ? (Cattivi pensieri), de Ugo Tognazzi

1976 - La Flic chez les poulets (La Poliziotta fa carriera), de Michele Massimo Tarantini

1976 - La Toubib du régiment (La Dottoressa del distretto militare), de Nando Cicero

1976 - On a demandé la main de ma sœur / Juge ou putain (La Pretora), de Lucio Fulci

1977 - La Toubib aux grandes manœuvres / La toubib et les enfoirés (La Soldatessa alla visita militare), de Nando Cicero

1977 - La Toubib se recycle (Taxi Girl), de Michele Massimo Tarantini

1977 - Lâche-moi les jarretelles (La Vergine, il toro et il capricorno) de Luciano Martino

1977 - La Grande bataille (Il Grande attacco), de Umberto Lenzi

1978 - La Prof et les cancres (L’Insegnante va in colleggio), de Mariano Laurenti

1978 - La Toubib prend du galon (La Soldatessa alle grandi manovre), de Nando Cicero

1978 - La Prof connaît la musique (L’Insegnante viene a casa), de Michele Massimo Tarantini

1978 - Amori miei, de Steno

1979 - Dottor Jekyll e gentile signora, de Steno

1979 - La Patata bollente, de Steno

1979 - La Flic à la police des mœurs (La Poliziotta della squadra del buon costume), de Michele Massimo Tarantini

1979 - Sabato, domenica e venerdi, de Sergio Martino

1979 - Je suis photogénique (Sono fotogenico), de Dino Risi

1980 - Le Larron (Il Ladrone), de Pasquale Festa Campanile

1980 - Il Ficcanaso, de Bruno Corbucci

1980 - Les Zizis baladeurs (La Moglie in vacanza, l’amante in città), de Sergio Martino

1980 - Zucchero, miele e peperoncino, de Sergio Martino

1980 - Io e Caterina, de Alberto Sordi

1981 - Cornetti alla crema, de Sergio Martino

1981 - Asso, de Castellano & Pipolo

1981 - Reste avec nous on s’tire / Le Con et la flic arrivent à New York (La Poliziotta a New York), de Michele Massimo Tarantini

1981 - Tais-toi quand tu parles, de Philippe Clair

1981 - Ricchi, ricchissimi, praticamente in mutande, de Sergio Martino

1982 - Il Paramedico, de Sergio Nasca

1982 - Sballato, gasato, completamente fuso, de Stefano Vanzina (alias Steno)

1984 - Bene, bravi, bis (série TV), de Gino Landi

1984 - Vacanze in America, de Carlo Vanzina

1987 - Nel gorgo del peccato, de Andrea & Antonio Frazzi

1987 - Le Tueur de la pleine lune (Un Delitto poco comune), de Ruggero Deodato

1992 - Delitti privati (série TV), de Sergio Martino

1994 - Il Coraggio di Anna (série TV) de Giorgio Capitano

1995 - Donna (série TV), de Gianfranco Giagni

1995 - Alta società (série TV), de Giorgio Capitano

2000 - Il Fratello minore, de Stefano Gigli

2002 - Le ragioni del cuore (série TV), de Anna Di Francisca, Luca Manfredi & Alberto Simone

2007 - Hostel - chapitre II

2012 - La figlia del capitano (téléfilm), de Giacomo Campiotti