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Hulk Hogan

(1ère publication de cette bio : 2018)

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Catch et cinéma. Une association forcément fructueuse.

Le catch a toujours été un extraordinaire vivier à talents. Sans remonter à Santo voire même à Lino Ventura, il suffit de penser à Dwayne "The Rock" Johnson, Dave Bautista, Rowdy Roddy Piper dans Invasion Los Angeles ou André The Giant dans Princess Bride. Même John Cena, après ses débuts chaotiques dans The Marine, a su gagner ses galons de gros bras pratiquant l'autodérision.

Alors comment se fait-il que la plus grande icône du wrestling, l'homme qui incarne ce noble art au point de devenir aux yeux du plus grand nombre l'archétype même du catcheur, n'a jamais réussi à passer la rampe hollywoodienne et faire une vraie carrière, alors que son physique hors norme semblait lui ouvrir un boulevard à l’époque des Stallone et autres Schwarzenegger ?

Comment se fait-il que la filmographie du Hulkster ressemble à ce point à un véritable champ de ruines, un catalogue de séries B toutes plus débilissimes les unes que les autres ?


L’ego démesuré du personnage aurait-il aveuglé Hogan au point de l'enfermer dans une caricature de lui-même ?

Pas impossible, car quand on commence à se pencher sur le personnage, derrière l'image de Hulk Hogan, le Real American au physique de viking rigolard, drapé dans la bannière étoilée et ami des enfants, se cache en fait Terry Bollea, personnage beaucoup plus complexe et souvent moins sympathique, catcheur magouilleur et arriviste, empêtré dans des scandales d'anabolisants, de sex tapes et de saillies racistes…

Hulk Hogan : magouilleur, stéroïdé, raciste et ami des tout petits.

Mais commençons par le début. Terry Eugene Bollea est né le 11 août 1953 à Augusta en Georgie, mais sa famille déménage très vite à Tampa, en Floride, où il va passer son enfance. Ses passions de jeunesse sont le sport - il envisagera un temps de faire carrière dans le football américain - et la musique. Il est bassiste dans plusieurs groupes de la région de Tampa avant de former "Ruckus", une petite formation qui tourne en Floride et connaît un beau succès d'estime.




Mais en 1976, son physique de colosse va attirer l'attention de deux catcheurs venus passer la soirée dans un bar où "Ruckus" se produit, Jay et Gerald Brisco, les "Brisco Brothers", un duo qui tourne pas mal dans la région.

Terry est une montagne qui approche les 2 mètres (sa taille exacte sera toujours soumise à exagération, pratique courante dans le catch, et même s'il est annoncé à 2,04 m par ses promoteurs sur le ring, il est plus probable que sa taille réelle tourne autour d'1,95 m). Il pratique le bodybuilding et, ayant découvert le catch à la télévision, cultive déjà sa ressemblance avec la vedette du ring Billy "The Superstar" Graham, à qui il a piqué sa moustache et son bandana pour camoufler une calvitie naissante.


Superstar Billy Graham, l'idole et le modèle de Terry.


Sur les conseils des Brisco, Terry se rend à l'école de catch de la "Championship Wrestling from Florida" de Tampa, tenue par le vétéran Hiro Matsuda, connu pour être très rude avec ses élèves. A tel point que le premier jour d'entraînement, il casse accidentellement la jambe de Terry. Cela ne le décourage pas pour autant puisque, dès qu'il est remis, il revient s'entraîner à la C.W.F., gagnant le respect de ses professeurs et des autres élèves.

Il commence à tourner sur le circuit du Sud des Etats-Unis à la fin des années 1970, sous le masque de Super Destroyer, un alias porté par de nombreux catcheurs successifs, puis en équipe sous le nom de Terry Boulder.




C'est en 1980, alors qu'il fait la promo d'un match à venir sur une chaîne locale de Memphis, qu'il rencontre Lou Ferrigno, interprète à l'époque de L'Incroyable Hulk. Constatant qu'il est plus grand et physiquement plus impressionnant que l'acteur, le présentateur remarque que Terry ferait un très bon géant vert. Le surnom Hulk va dès lors commencer à lui être attribué, et Bollea va vite l'ajouter à son nom de ring. Il négociera quelques années plus tard avec Marvel le droit d’utiliser ce nom de scène de façon définitive.


Le choc des titans.


A cette époque, le catch est encore largement régional, chaque promotion s'occupant d'un territoire précis. Les catcheurs avisés savent passer d'une promotion et d'une région à l'autre pour faire grimper leur cote. Commençant à avoir une certaine renommée dans le milieu, Bollea est recruté en 1979 par Vincent McMahon Sr pour devenir l'un des méchants de sa compagnie, la "World Wide Wrestling Federation", l'une des plus importantes du milieu qui opère à cette époque dans la région de New York, et qui deviendra plus tard la W.W.E. sous la houlette de son fils Vincent Kennedy McMahon. Vince Sr veut en faire un Irlandais et le rebaptise Hogan, envisageant même de le teindre en roux, ce que Terry décline, inquiet de ce que des teintures régulières puissent aggraver sa calvitie. En tout cas le personnage de l'Incredible Hulk Hogan est né, et, bénéficiant de sa présence et de son charisme naturel, remporte un rapide succès.


Les McMahon : Vince Sr et Vince Jr.


Son catch, sans être spectaculaire, est efficace et très dans l'esprit de ce qui se fait dans ces années-là : basé sur sa puissance et sa capacité à jouer avec le public. Il connaît son métier, ses routines de prises et les déroule avec un vrai don de showman, ne forçant son talent que pour les très gros matchs. C'est d'ailleurs un reproche qui lui sera souvent fait tout au long de sa carrière, celui d'être finalement un catcheur prudent, pour ne pas dire un peu fainéant, qui se contente de jouer la sécurité sans se fatiguer. Un reproche qu'on pourra aussi lui faire pour sa carrière cinématographique au passage. Pourtant il est capable de mieux : ainsi à plusieurs reprises il part en tournée au Japon où il triomphe sous le nom d'Ishiban (N°1), montrant là davantage ses qualités techniques devant un public plus exigeant sur cet aspect là.



Mais c'est le cinéma qui va vraiment faire de lui la star que l'on connaît. Et d'abord presque par accident. En 1982, impressionné par son physique, Sylvester Stallone veut le faire participer à son Rocky III, pour une scène où le boxeur de Philadelphie doit affronter un catcheur pour un match exhibition de charité. La légende veut que Terry ait cru à une blague en voyant la signature de Sly au bas de la lettre lui demandant sa participation au film, et l'ait d'abord envoyé au panier. Pourtant son rôle de Thunderlips, golgoth grognant et grimaçant, réinterprétation directe du méchant qu'il interprète sur le ring, va être une franche réussite et frapper les esprits.


Par contre un qui n’apprécie pas cette scène, c'est McMahon Sr. Très passéiste sur son sport, qu'il craint de voir ridiculisé au cinéma, il n’avait pas donné son accord à cette apparition et ne digère pas que Hulk passe outre sans le prévenir. Hogan est viré de la W.W.W.F. Mais son succès à l'écran fait qu'il rebondit sans problème dans d’autres compagnies, capitalisant sur le succès du film, passant organiquement du statut de heel (méchant) à celui de babyface acclamé par la foule.

Et déjà l'envie de cinéma commence à le titiller. Il en profite pour apparaître dans un pilote de série télé, Goldie and the Bears, où il joue un footballeur américain aidant une détective. Un rôle qui aurait pu être récurrent si la série avait été reconduite et qui l'aurait probablement éloigné des rings. Ce ne sera pas le cas, d’autant que 1984 est aussi l'année où il va littéralement exploser dans le monde du catch.

Par contre, s'il est parfois crédité en 1983 sur Bimini Bomb, y compris sur Imdb, il semble que cela soit une erreur : en effet pour avoir vu ce film d'aventures sous-marines ultra fauché et soporifique, ce n'est pas lui qui incarne le gros bras nommé Rick.


1984 donc, marque un tournant majeur pour le Hulkster. L’année précédente, Vincent Kennedy McMahon a racheté la W.W.W.F. (devenue entre temps World Wrestling Federation) à son père Vince Sr, et il est bien décidé à faire de sa société le leader américain du catch. Pour cela il veut secouer ce milieu sclérosé pour en prendre le contrôle à la hussarde.



Pour faire simple, jusqu'alors, le catch c'est une multitude de petites fédérations qui ont l'exclusivité d'un territoire sur les États-Unis et le Canada. Le tout sous l'autorité de la "National Wrestling Alliance", sorte de Yalta des grands promoteurs de ce sport. Une autorité plutôt âgée, conservatrice et essentiellement concentrée sur l'idée de maintenir le statu quo plutôt que de faire évoluer la discipline. Le coup de génie de McMahon Jr c'est de miser sur la télé et viser une audience nationale, là où la plupart des compagnies se contentent d'une case sur les chaînes locales de leur région.


Pour ce faire, il lui faut un produit vendeur, visant non plus l'amateur de sport de combat mais le grand public friand de grand spectacle, de paillettes et d'histoires à rebondissement. Il lui faut donc des stars immédiatement reconnaissables et le Hulk Hogan de Rocky 3 est parfait pour ce rôle. Il va devenir la tête de gondole de la W.W.F. aux côtés d'autres stars rachetées à prix d'or à d'autres compagnies : André The Giant, Rowdy Roddy Piper ou Jesse "the Body" Ventura entre autres. Même s'ils sont loin d'être manchots sur un ring, c'est moins la technique catchesque qui intéresse ici Vince que leur physique bigger than life et/ou leur capacité à assurer le spectacle dans les promos. Pari risqué qui vaut au jeune McMahon d'être mis au ban de la communauté catchesque par les autres promotions, mais pari réussi car le produit offert marche du feu de Dieu sur le petit écran. Les revenus générés par la publicité et le merchandising permettent non seulement de récupérer la mise, mais de continuer l'expansion et de dominer le business dans les années 1980. Et surtout, pour la W.W.F., de devenir aux yeux du grand public synonyme de catch.


Et le visage de la WWF, donc du catch, c'est Hulk Hogan. Le Hulkster se construit le personnage excessif de All American Hero qui va lui servir d'alter ego. Vêtu de rouge et de jaune, bandana sur le tête pour cacher sa calvitie précoce (un vrai souci à l'époque pour être le poster boy de la compagnie), arrachant son tee shirt en montant sur le ring, le Hulkster fait une entrée tonitruante sur fond de musique rock patriotique. Ses victoires contre l'Iron Sheik et surtout l'invaincu André The Giant font de lui la star incontestée du show jusqu'aux premières années de la décennie 1990. Presque 10 ans où il est quasi systématiquement la vedette et le vainqueur de tous les gros shows. Il est l'idole des enfants et on retrouve son visage sur un merchandising effréné, du tee shirt à la lunchbox en passant même dans les années 2000 par la boisson énergisante.




Hulk peut tout vendre


Il a même droit à son dessin animé, Hulk Hogan Rock'N'Wrestling. Un cartoon au rabais d'une laideur très étudiée, où Hulk et ses copains catcheurs vivent des aventures parfaitement sans intérêt et n'ayant qu’un lointain rapport avec le catch ou le rock'n'roll. Entrecoupées de scénettes live tournées par la WWF, elle durera deux saisons et 26 épisodes et assoie l’aura du catcheur auprès des enfants. Pour l’anecdote, elle est produite par "DIC (Diffusion Information Communication) Entertainment", une société spécialisée dans le dessin animé à faible coût d'origine française, puisqu'elle a été montée au départ par Jean Chalopin et Bruno Bianchi dans les années 1970, avant d’être rachetée dans les années 1980 par des capitaux américains. Elle a a inondé pendant 15 ans les samedis matins avec des productions au rabais animées en Asie, au point d’être surnommée ironiquement Do It Cheap Entertainment par ses concurrents, et sa principale réussite sera le succès surprise de L'Inspecteur Gadget.




Mattez-moi la laideur de ce truc !


Huk Hogan triomphe et devient le modèle d’une génération. L'homme est aussi un malin, expert dans l'art d'user de son influence pour conserver les spotlights sur lui et empêcher des rivaux potentiels, plus jeunes ou plus doués, de lui piquer son statut de visage de la compagnie, en plombant sciemment leur carrière (coucou Randy Savage ou Bret Hart). Il met des amis qui lui doivent tout et ne risquent pas de lui faire de l'ombre sur le devant de la scène, et veille à ce que, si son personnage perd un combat, ce ne soit jamais clean, à la loyale, mais toujours sur une tricherie quelconque de l'adversaire.

A sa décharge, dans le milieu de requins que sont les coulisses du catch, les places sont chères et les magouilles politiques sont légions. Et Hulk sait tirer les ficelles. C’est pourquoi, aussi incontestablement populaire qu'Hogan soit auprès du public, le reste du vestiaire est plus circonspect à son endroit. Quelques anecdotes situent bien le personnage. Ainsi, lorsque le show n'est pas télévisé, il s'arrange pour passer en début de programme pour être tranquille au plus vite et pouvoir faire la fête le reste de la soirée. Il a aussi l'habitude de prendre ses congés lorsque la saison des grands événements sportifs arrive et que la W.W.F. se retrouve à la télé en concurrence frontale avec des matchs majeurs de football ou de baseball. Ce qui lui permet de brandir ensuite l'audimat en disant "Hey vous voyez brothers, quand je ne suis pas à l'écran, les chiffres d'audience baissent."


Mais quoiqu'on en dise, le Hulkster est un monstre de charisme sur le ring, et même si son catch est peu spectaculaire et lent, il sait jouer avec la foule comme personne. Et puis, lors des gros événements, il sait monter son niveau pour livrer le grand spectacle attendu. On ne devient pas l'incarnation populaire du catch pour rien.

En 1989, voulant capitaliser sur le succès du Hulkster, la W.W.F. finance un film qui doit permettre à la fois de faire franchir un nouveau cap de popularité grand public au catch et de lancer potentiellement une nouvelle carrière pour Hogan. Ce film, c'est Cadence de combat. Budgété à 8 millions de dollars (une somme importante pour l'époque, surtout pour une compagnie indépendante), et accompagné d’une campagne publicitaire dispendieuse, ce film est la transposition outrée du spectacle qu'offre le catch à la télévision. Rip Thomas, le personnage interprété par Hogan, est le clone parfait de celui-ci, à tel point que pour la promo du film il affronte de nouveau Zeus, le méchant du film, au Summerslam de la même année - quand bien même ce dernier est interprété par Tony "Tiny" Lister, un acteur certes physiquement impressionnant mais qui n’a aucune expérience catchesque.


Hélas, sortant la même semaine qu’Indiana Jones et la dernière croisade, le film reçoit un accueil glacial du public et des critiques, qui le jugent infantile et vulgaire. C’est un coup financier très dur pour la W.W.F., qui douche pour des années les ambitions hollywoodiennes de Vince McMahon, même s’il finira à long terme par se rembourser avec la vidéo.

Mais l’envie d’une carrière cinématographique continue à titiller Hulk Hogan, qui sait qu’il approche de la quarantaine - son corps commence à ressentir les séquelles d’un sport physiquement exigeant - et doit songer à diversifier sa carrière. D’autant qu’il est rattrapé au début des années 90 par une enquête fédérale sur l’usage de stéroïdes et d’anabolisants dans le milieu du catch. Gênant pour quelqu’un dont la catchphrase est "To all my little Hulkamaniacs, say your prayers, take your vitamins and you will never go wrong” et qui encourage les enfants à dire non à la drogue… Au début des années 1990, plusieurs catcheurs de renom dont la masse musculaire est vraiment suspecte sont écartés de la fédération et les regards se tournent de plus en plus vers Hogan, qui allège son calendrier catchesque à ce moment. Cela aboutira à son discret départ de la compagnie en 1993 puis en 1994, à un procès spectaculaire où Hulk - qui a négocié son immunité contre son témoignage - admettra finalement avoir pris des produits à titre personnel, mais ne pas avoir été contraint de le faire par McMahon qui sera finalement acquitté lui aussi.

Pendant cette période troublée, il se tourne vers le grand et le petit écrans dans l’espoir de relancer sa carrière. Il apparaît brièvement dans son propre rôle dans le deuxième Gremlins, puis retente l’aventure ciné avec Space Commando (Suburban Commando) aux côtés de Shelley Duval et Christopher Lloyd, une comédie pour enfants où il incarne un extraterrestre qui apprend à faire du skate board. L’’année suivante c’est Mr Nounou, une comédie où il joue les gros durs s’occupant de gosses dans une ambiance bon enfant, recyclant à chaque fois son personnage d’Hulk Hogan de façon parodique. Aucun de ces films n’est à proprement parler un succès et, même s’ils n’ont pas coûté cher, ils peinent à rentrer dans leurs frais.






C'est frais, c'est léger et ça fait rire la famille.


En 1993, il est la star et le coproducteur d’une série télé, Caraïbes Offshore alias Thunder in Paradise, où il incarne un ancien navy seal qui mène des missions d’espionnage sur son hors-bord bourré de gadgets. Une série dont il est producteur exécutif et tournée chez lui, en Floride, où il joue une fois de plus les balèzes décontactés dans une ambiance de film d’action tropical à la cool. Rien de bien exaltant au-delà de son concept et du jeu toujours très sûr de lui du Hulkster. Le tout-venant de la production de l’époque, quelque part entre K 2000 et L’Agence Tous Risques, sans le petit plus qui rendrait la série populaire. Le public ne suit pas et la série est menacée de disparition dès la première saison.


Parfois trop de talent... le public n'est pas prêt...


En 1994, il frappe un grand coup en signant pour la "World Championship Wrestling", un nouveau challenger qui vient directement concurrencer une W.W.F. affaiblie par les scandales. Or ça tombe bien, ils enregistrent leurs émissions sur un plateau voisin de celui de la série.

Après dix années de règne sur le monde des rings, et après avoir poussé la plupart des petites fédérations concurrentes à la faillite ou au rachat par sa politique agressive, Vince McMahon, en pleine tourmente avec l’affaire des stéroïdes, doit faire face à l’arrivée sur le marché d’un concurrent de poids, le magnat de l’audiovisuel Ted Turner, créateur entre autre de la chaîne d’information continue C.N.N. ou de Cartoon Network. Basé à Atlanta, il a racheté la "Jim Crockett Promotions", une compagnie de Georgie qui est une des rares survivantes de l’ère des territoires et qui a été l’une des seules capable de concurrencer un peu la W.W.F. à l’échelle nationale. Ted Turner arrive avec de l’argent et des ambitions et applique à peu de choses près la méthode que McMahon a utilisée dix ans plus tôt. Débaucher avec des gros chèques les plus bankable des stars de la concurrence et profiter de la force de frappe de son réseau télé, en mettant de gros moyens en termes de production pour attirer le public. Hulk Hogan débarque à la W.C.W. et, conscient de la nécessité d’opérer un rajeunissement de son personnage, il se réinvente en Hollywood Hulk Hogan, méchant de noir vêtu qui s’empare très vite du championnat du monde avec Scott Hall et Kevin Nash, deux autres transfuges de la W.W.F. très populaires, dans le "New World Order".




Le New World Order qui va révolutionner le catch dans les années 1990... avant de le tuer à force de médiocrité...


Mais s’il rejoint aussi la W.C.W. c’est que celle-ci lui a promis de relancer sa carrière à l’écran et notamment de diffuser sa série Caraïbes Offshore en la repassant sur son réseau T.N.T. et en vidéo, histoire de se refaire. Des épisodes sont remontés en téléfilms voire même en jeux vidéo pour profiter du renouveau du catcheur. C’est aussi la période où il tourne pas mal de Direct to DVD orientés action qui feront les beaux jours des vidéo-clubs, et auront droit à leur promotion dans les émissions de la W.C.W.




C'est pas faute d'avoir mis le paquet en publicité !


Caraïbes Offshore n’ayant pas marché suffisamment pour être relancé, il tourne deux téléfilms qui doivent de nouveau permettre de créer une série télé à sa gloire. Les guerriers de l'ombre alias Shadow Warriors avec Carl "Appolo Creed" Weather et Shannon Tweed où, perruqué de façon invraisemblable, il incarne de nouveau un navy seal bottant le cul à des terroristes. Là encore un échec et après deux téléfilms, la série annoncée en grande pompe par W.C.W. est annulée.


Alors, profitant du réseau de Ted Turner, Hulk aligne les petits films à sa gloire. Le problème est que la plupart du temps il s’agit de produits paresseux, films d’action standards ou comédies familiales pataudes qui capitalisent sur les gros bras et les mimiques outrées de la star. Hogan ne prend aucun risque, rejoue toujours le même numéro, ne va pas voir de réalisateurs compétents et se contente de séries B interchangeables où il est le seul nom connu sur l’affiche, le tout confiés à des tâcherons qui ont, au mieux, été formés à la télé, et livrent donc un produit calibré et sans âme qui ont la facture d’un épisode de série vieux de dix ans. Tant que ça marche…

Or le hic c’est que ce qui aurait encore pu passer dans les années 1980, ne fonctionne plus dans les années 1990, où les culturistes hyper musclés marquent le pas au box-office, et où le public est devenu plus exigeant en terme de films d’action. Les spectateurs veulent de la nouveauté. Et ni Hogan, ni son entourage ne semblent s’en apercevoir…


C’est d’ailleurs aussi ce qui va arriver à la WCW qui, après avoir initialement éclaté la WWF à l’audimat, s’enfonce de plus en plus dans la médiocrité, alignant les gros noms vieillissants trop payés, trustant le temps d’antenne dans des émissions trop remplies de parlotte et d’histoires déjà vues mille fois, au détriment de jeunes catcheurs excitants, d’idées nouvelles voire même tout simplement de catch. D’autant que l’ambiance et la guerre des egos entre Hulk Hogan, une partie de ses collègues mais aussi avec les managers et créatifs Eric Bishoff et Vince Russo paralysent la société. Nous ne nous étendrons pas ici en détail sur la chute de la W.C.W. qui est légendaire dans l’histoire du catch. Si vous voulez en savoir plus, le livre "The Death of the W.C.W." de Reynolds et Alvarez, hélas jamais traduit en français, revient par le menu sur cette catastrophe industrielle et fourmille d'anecdotes hallucinantes sur les coulisses du catch de cette époque.

Devant la dégringolade des courbes d’audience, et après avoir fait les comptes et s’être aperçu du gouffre financier que cela représentait, Time Warner - avec qui Ted Turner s’est associé et qui dirige désormais les opérations - décide de limiter les frais et de liquider la W.C.W. en 2001. Hogan a déjà claqué la porte l’année d’avant.

Les années 2000 sont compliquées mais encore actives pour un Hogan vieillissant, souffrant de plus en plus de blessures liées à l’usure du catch. Néanmoins, il prête sa voix caractéristique à des dessins animés et reste toujours actif et demandé dans le milieu de la lutte. Il resigne un temps avec la WWF rebaptisée "World Wrestling Entertainment", devenant Hall of Famer en 2005, puis avec la "Total Non Stop Action" dans un rôle de manager.


Mais c’est à la télévision qu’il va obtenir un relatif second souffle, notamment grâce à la télé réalité. En 2005, pour surfer sur le succès de La Famille Osbourne, il embarque sa femme Linda, sa fille Brooke qui se rêve chanteuse, son fils Nick passionné de voitures et quelques amis de la famille dans une émission de télé réalité à succès qui dure 4 saisons jusqu’en 2007, Le monde merveilleux de Hulk Hogan (Hogan Knows Best). Comme de juste dans ce genre de programme, il en rajoute en père ultra protecteur à l’ego surdimensionné dans une famille excentrique. Un spin off de deux saisons mettra en vedette sa fille Brooke, qui en profitera pour faire une petite carrière de chanteuse, catcheuse, actrice dans quelques nanars avec un goût particulier pour les films de requins comme Sand Shark et L'Attaque Du Requin À Deux Têtes qui ne pouvait que me la rendre sympathique.


La suite va être hélas beaucoup plus pénible. En 2007, sa femme Linda demande le divorce suite aux nombreuses infidélités de Terry. Un divorce médiatique, du fait de la télé réalité, qui va lui coûter très cher et l’obliger à retourner sur les rings. Suivent deux affaires bien glauques dans les années 2010 sur lesquelles nous ne nous étendrons pas mais qui viennent ternir l’image du Hulkster. Tout d’abord en 2012, le tabloïd en ligne "Gawker" publie une sex tape datant de 2006 où la star a une relation avec la femme d’un de ses amis, l’animateur radio trash spécialisé en catch, Bubba The Love Sponge. Un film pris par ce dernier et qui ressort opportunément quand le sulfureux animateur radio a besoin d’argent. S’ensuit un procès retentissant intenté par Hogan contre "Gawker" où il reçoit plusieurs millions de dollars de dédommagement. Mais sur cet enregistrement il y a aussi des diatribes racistes extrêmement violentes contre un rappeur, petit ami de l’époque de sa fille Brooke, où le N. word est utilisé sans retenue. Le choc est énorme et, après avoir été mis un temps au ban de la communauté catchesque et médiatique, Hogan va devoir présenter des excuses publiques et faire acte de contrition pour tenter de regagner son statut d’icône du catch et de la pop culture.

Alors oui, au moment où nous écrivons ces lignes en 2018, le Hulkster a 65 ans et n’est plus que le pâle reflet de la star qu’il a été. Néanmoins il est toujours là, actif et immédiatement reconnaissable. Soyons honnêtes, malgré les années et les avanies, il n’en reste pas moins une formidable figure populaire qui incarne plus qu’aucun autre le catch aux yeux du grand public.

Et l’une des carrières cinématographiques les plus fantastiquement foirée…

- Rico -

Films chroniqués

Filmographie

2016 - Robot chicken (Série télé - voix) 

2011-2015 - China Il (Série télé - voix)

2011 - Gnomeo et juliette (Gnomeo et Juliet – voix)

2009 - Little Hercules in 3D

2005 - Le monde merveilleux de Hulk Hogan (Hogan knows best – Télé réalité)

1999 - les Muppets dans l’espace (Muppets in Space)

1999 - Les guerriers de l’ombre 2 (The Shadow Warriors 2 : Assault on Death Moutain/ Hunt for the Death Merchant)

1998 - Les trois ninjas se déchainent (3 Ninjas: High Noon at Mega Mountain)

1998 - Le trésor de McCinsey (Mc Cinsey Island)

1987 - Force Spéciale / Froid comme l’enfer (The Ultimate Weapon)

1997 - Les guerriers de l’ombre (The Shadow Warriors : Assault on Devil's Island)

1996 - Agent zero zero (Spy Hard)

1996 - Agent double (The Secret Agent Club)

1996 - Santa with Muscles



1994 - Caraïbes Offshore (Thunder in paradise, série télé)

1993 - Mr Nounou (Mister Nanny)

1991 - Space Commando / Commando Suprême (Québec) (Suburban Commando)

1990 - Gremlins 2 (Gremlins 2: The New Batch)

1989 - Cadence de combat (No Holds Barred)

1994 - Hulk Hogan’s Rock’N'Wrestling (dessin animé)

1984 - Goldie and the Bears (pilote de série télé)

1982 - Rocky 3

Et beaucoup d’apparitions dans des séries télévisées, de L’Agence Tous Risques à Walker Texas Ranger en passant par Alerte à Malibu.


La version québécoise de "Space Commando" ("Suburban Commando" en VO).