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Mike Abbott

(1ère publication de cette bio : 2007)

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Avant toute chose, si vous ne l'avez pas encore lue, nous vous invitons à découvrir l'interview que Mike Abbott nous a cordialement accordée. Il y revient avec simplicité sur son parcours dans le cinéma asiatique, celui d'un gweilo alternant petits rôles dans des productions prestigieuses et premiers rôles dans des productions exécrables...



« Philiiiippe !!!!! Je sais où tu t'câââches ! Viens ici que ch'te bute enculé ! »
« Ta gueeeeuule ! Viens ici sale enculé !!!! »
« Salaud ! »


Ce dialogue mythique tiré de « Hitman le Cobra », magnifié par des doubleurs éructant leurs répliques avec ce merveilleux timbre de voix qui sonne comme un vibrant hommage aux ambiances de marché d'avant-guerre, fait figure de tube incontesté de Nanarland. On y voit un Richard Harrison en fin de carrière, tenue de camouflage sur le dos et mitraillette en plastoc à la main, et un moustachu aux épaules larges et à la bouille foncièrement sympathique, le duo jouant à cache-cache sans grande conviction sur quelque colline de Hong Kong. A l'époque où un Labroche hilare me montrait cet extrait pour la première fois, il y a de ça quelques années, la simple idée de retrouver un jour Richard Harrison et de pouvoir l'interviewer par e-mail m'aurait parue inconcevable. Depuis, Labroche et moi avons mangé des glaces et des pizzas avec Richard (et des spaghetti cuisinées par son épouse Francesca, les meilleures du monde !) et retrouvé le moustachu au front ceint d'un bandeau rouge et noir jurant de venger la mort de son frère Roger : le placide Mike Abbott.







Inutile d'énumérer en détail le parcours de ce Britannique expatrié à Hong Kong, la foultitude de petits boulots dont il a pu vivoter aux quatre coins du globe, comment il s'est retrouvé embauché par hasard pour jouer les ninjas en goguette dans quelques-uns des films les plus abyssalement nuls de l'histoire, ou les figurants dans des productions plus prestigieuses aux côtés d'authentiques stars du cinéma asiatique : tout ceci Mike le raconte dans l'interview qu'il nous a accordée, et le but de cette petite notule biographique n'est pas de paraphraser vainement cet entretien mais d'apporter un éclairage complémentaire.






« The Secret of the Lost Empire » a.k.a. « Hands of Death » a.k.a. « Royal Warriors », le premier des deux films que Mike Abbott a tournés avec Richard Harrison. Une histoire de ninjas pirates à la recherche d'un trésor, tournée comme « Hitman le Cobra » par Godfrey Ho pour Joseph Lai / IFD, et demeurée scandaleusement inédite en France.

Pour aller au plus simple, disons que Mike Abbott constitue l'archétype du « gweilo », ces acteurs occidentaux fréquents dans les productions hongkongaises des années 80. Cantonné à de brèves apparitions dans les films importants (généralement des rôles d'homme de main), Mike n'a pu accéder à des rôles principaux que grâce aux exigences artistiques quasi-nulles de Godfrey Ho, Joseph Lai et des margoulins des firmes IFD / Filkmark, qui avaient coutume d'employer des acteurs blancs non-professionnels, dociles et peu coûteux, pour figurer dans leurs films destinés à être exportés sur le marché occidental.




« Bionic Ninja, die Formel des Todes » alias « Ninja Knight Thunder Fox »

En gros, Mike doit son embauche à deux choses : 1. Il est Blanc 2. Il est costaud, s'étant bâti une solide musculature au fil des métiers manuels qu'il a exercé pendant des années, des mines d'étain de sa Cornouailles natale aux chalutiers de l'Alaska. Un troisième élément viendra jouer en faveur de sa longévité : il a foncièrement bon caractère, comme en témoignent ceux qui l'ont connu, et malgré les longues journées de tournage en pleine chaleur et la paye ridicule que lui allouent les écuries IFD et Filmark (il n'a même pas de contrat !), il ne lui viendrait jamais à l'idée de se plaindre. Certes, Mike n'a rien d'un intellectuel, mais il est assez lucide pour comprendre que si son salaire ne correspond pas aux standards qu'offre l'industrie du cinéma à un acteur principal, c'est aussi parce que lui non plus ne correspond pas vraiment au profil standard d'un comédien, et qu'en cas d'embrouille on aurait tôt fait de le remplacer (« Si un acteur était un emmerdeur, il se faisait virer à la fin du tournage ! »).




« Nom de Code : Ninja »

Ainsi, Mike campera le grand méchant de service dans des « 2 en 1 » pendant 3 ans, à travers au moins 9 films pour IFD et son producteur Joseph Lai, et 1 pour Filmark et son producteur Tomas Tang. Ce seront ses rôles les plus importants, avec ses interprétations de méchant en Indonésie dans des films mettant en vedette Chris Mitchum, le reste de sa « carrière d'acteur » consistant en de nombreux petits rôles dans le cinéma d'action de Hong Kong.








Mike en kidnappeur d'enfant dans « Fatal Termination », un sympathique « girls with guns » de 1990 avec Simon Yam et Moon Lee en vedettes. Sans doute Mike a t-il obtenu le rôle grâce à Phillip Ko, producteur exécutif et interprète du méchant, qui a réalisé plusieurs films pour IFD dans lesquels apparaissait Mike.






Un petit rôle de brute épaisse dans « Casino Raiders », réalisé en 1989 par Wong Jing et Jimmy Heung.






Mike joue les sbires mutiques dans « Nicky Larson », avec entre autres Jackie Chan, Richard Norton et Gary Daniels (aux côtés de Mike sur la première image).






Mike tombe la chemise devant les rombières de Hong Kong dans « Hong Kong Gigolo », de David Lam (1990).

Si Mike n'est pas le plus mauvais des gweilos (ayons une pensée émue pour Jim Norris, l'époustouflant rouquin de « L'Exécuteur Défie l'Empire du Kung-Fu »), il n'en reste pas moins un des ninjas les moins crédibles du monde. Concédons malgré tout qu'une fois engoncé dans une tunique colorée, la moustache dépassant de la cagoule ou le regard surmonté d'un bandeau estampillé « NINJA », aucun acteur, professionnel ou non, ne saurait échapper au ridicule. En tout cas ce ne sont pas les Richard Harrison, Bruce Baron, Stuart Smith, Pierre Tremblay, Bruce Stallion, Alphonse Beni et consorts qui oseraient dire le contraire.




Mike Abbott, le ninja le moins ninja du monde.

Le parcours du grand Mike, acteur de cinéma distrait et petite star du nanar presque malgré lui, n'a certes rien de bouleversant. Les rôles qu'il a tenus, et les souvenirs qu'il en a conservés et qu'il a bien voulu prendre le temps de partager avec nous, font malgré tout partie de cette « petite histoire du cinéma » à laquelle nous sommes attachés. Loin des tapis rouges, des robes à paillettes, des soirées cocktails et des flashs qui crépitent, Mike a mené sa barque tant bien que mal. Et si aucune cérémonie ne viendra lui décerner de statuette pour récompenser l'ensemble de sa carrière, il continuera à occuper sur Nanarland cette place particulière qui lui vaut d'être aujourd'hui célébré par des milliers d'internautes ravis. Salauds !


Hier mineur ou marin-pêcheur, Mike est aujourd'hui prof de fitness, photographe, guide touristique et animateur pour enfants. Apparemment le succès de « Hitman le Cobra » sur Nanarland ne lui est pas encore monté à la tête.


Mike dans un show pour enfants diffusé sur une chaîne de télé cantonaise, à la fin des années 90.



Des DVD-R de films avec Mike vendus sur www.trash-online.com

Bonus : dans la mesure où ils ne sont trouvables que dans d'indigentes éditions DVD allemandes (qui sont en fait de mauvaises copies de VHS), nous proposons ici un bref descriptif de quelques "2 en 1" avec Mike Abbott, tous produits par le couple Joseph Lai / Betty Chan pour IFD.

« Aerolite Force 3 - Highsky Mission » (1988), réalisé par Phillip Ko.

Le film a pour cadre la Deuxième Guerre mondiale aux Philippines. Les gweilos - dont Mike Abbott, pour une fois du côté des gentils - jouent les soldats américains affrontant l'armée japonaise. Comme dans « Hitman le Cobra », on a donc le mélange d'un vieux film de guerre vraisemblablement philippin (où des combattants Philippins affrontent les Japs) avec les scènes tournées par Ko à Hong Kong entre "Américains" (gweilos) et "Japonais" (acteurs chinois locaux, dont le réalisateur Phillip Ko lui même) qui se traduisent par des affrontements à 5 contre 5 dans les bois d'une amusante nullité.



« War City 1 - Die to Win » alias « War City Platoon » (1988), réalisé par Phillip Ko.



« War City 2 - Red Heat Conspiracy » (1988), réalisé par Phillip Ko.

Dans ces deux films, polars urbains mous de la rotule narrant la classique confrontation entre super flics et milieu de la pègre, Mike campe le méchant boss et n'apparaît quasiment que derrière son bureau, montrant à ses sbires des photos des acteurs présents dans l'autre partie du métrage, passant des coups de téléphone… bref, le taf habituel d'un gweilo de chez IFD.

A noter que la présence d'acteurs asiatiques dans la partie « occidentale » du métrage rend la nature bicéphale de ces films moins flagrante pour le spectateur non averti. Pas grand-chose à rajouter si ce n'est pour insister sur la prodigieuse nullité de ces films.



« Ninja Knight 1 - Thunder Fox », sorti en Allemagne sous le titre « Bionic Ninja, die Formel des Todes » (1988), et réalisé par Godfrey Ho.

De loin le meilleur de ce que ces DVD allemands ont à offrir : toujours pas de ninja à l'horizon malgré ce que promet le titre, mais un Mike Abbott se livrant à un furieux numéro de cabotinage, grimaçant derrière son bureau de gros bonnet de la pègre ou écarquillant les yeux de surprise sous son sobre bandeau jaune.

Pour les amateurs, ces éditions DVD allemandes crapoteuses proposent également un « American Eagle » (Phillip Ko) et un « Crackdown Mission » (Godfrey Ho), des « 2 en 1 » d'IFD mais sans Mike Abbott. 

- John Nada -

Films chroniqués

Filmographie

La filmographie de Mike Abbott n'est pas la moins ardue à dresser. Après avoir en partie complété celle que propose l'IMDB à partir de recherches et des informations contenues dans l'interview, nous avons bloqué sur certains nœuds. Les titres que nous donne Mike sont en effet ceux d'affiches d'époque et de matériel publicitaire, et faire le lien entre ces titres, ceux des éditions VHS françaises, anglo-américaines voire espagnoles et surtout ceux des éditeurs DVD allemands (qui proposent des « 2 en 1 » avec Mike Abbott qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde – ils ont dû être les seuls à acheter cette partie là du catalogue IFD !) est un authentique travail de chercheur agrégé en nanarologie. Ainsi, à titre d'exemple, Mike est la vedette d'un « Bionic Ninja » en DVD allemand, « 2 en 1 » de Godfrey Ho sans ninja produit par Joseph Lai / IFD, et n'apparaît pas dans un « Bionic Ninja » en VHS française, « 2 en 1 » avec ninjas produit par Tomas Tang / Filmark et attribué à "Tim Ashby" (en fait « Ninja Assassins »)… L'année de réalisation peut très sensiblement varier selon les sources, et il est possible que certains films figurent deux fois dans cette filmo sous des titres différents. Il est malgré tout avéré, au vu de nos recherches et de celles de notre correspondant espagnol Jesus Manuel Perez Molina, que Mike a tourné (ou en tout cas s'est retrouvé) dans bien plus que les 9 films qu'il se souvient avoir fait pour IFD…

1999 - Purple Storm

1998 - Enter the Eagles / And Now You're Dead

1993 - Niki Larson / City Hunter

1990 - Fatal Termination


1990 - The Big Score

1990 - Hong Kong Gigolo

1990 - Princess Madam / Under Police Protection (de Godfrey Ho)

1990 - Thunder Kids Golden Adventure / Thunder Ninja Kids in the Golden Adventure (de Godfrey Ho sous le pseudo de Charles Lee)


1989 - The Iron Butterfly (TV)

1989 - Angel Enforcers

1989 - Casino Raiders

1988 - Official Exterminator 4: Goddess Mission

1988 - Official Exterminator 3: Joy for living dead / Ninja Knight 4: Joy for living dead

1988 - Official Exterminator 2: Heaven's Hell / Ninja Knight 3: Heaven's Hell

1988 - Official Exterminator: Kill For Love / Ninja Knight 2: Brothers of Blood / Ninja Killer

1988 - Ninja Knight: Brothers of Blood / Platoon the Warriors

1988 - Aerolite Force 3: Highsky Mission / American Force 3: Highsky Mission / Highsky Mission, Helden der Hölle

1988 - War City 6: L.A. Connection

1988 - War City 3: The Extreme Project

1988 - War City 2: Red Heat Conspiracy

1988 - War City 1: Die to Win / War City Platoon, Justiz des Todes

1988 - The Ninja Empire / Ninja Thunderbolt II: Thunder Fox

1988 - Rage of a Ninja

1988 - Advent Commando 7: Guns to Heaven

1988 - Advent Commando 4: Kill Butterfly Kill

1988 - Advent Commando: Angel's Blood Mission

1988 - Forceful Impact

1988 - American Hunter / Lethal Hunter


1988 - Empire on Fire / Permainan Dibalik Tirai

1987 - Final Score

1987 - Le Syndicat du crime 2 (A Better Tomorrow 2)

1987 - Nom de code : Ninja (Death Code: Ninja)

1987 - Ninja Knight: Thunder Fox / Bionic Ninja, die Formel des Todes

1986 - Hitman le Cobra / Le Terroriste (Hitman the Cobra)

1986 - Hands of Death / The Secret of the Lost Empire / Royal Warriors / Ninja Operation 7: Royal Warriors

1986 - Les Nouveaux Conquérants (The Spear of Destiny / Future Hunters)