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Bruce Lee Vs Gay Power

(1ère publication de cette chronique : 2008)
Bruce Lee Vs Gay Power

Titre original :Kung fu contra as bonecas

Titre(s) alternatif(s) :Kung Fu vs. The Gay Power

Réalisateur(s) :Adriano Stuart

Année : 1975

Nationalité : Brésil

Durée : 1h37

Genre : Film de kung-folle

Acteurs principaux :Adriano Stuart, Mauricio do Valle, Donisio Azevedo

Barracuda
NOTE
3.5/ 5

Ce fillm figure dans notre catégorie Polémique, à la suite de l'intervention de Fuchsia Chlorotique sur notre forum, il est apparu évident que « Bruce Lee Vs. Gay Power » n'était pas un nanar tel qu'on l'entend sur ce site. Barracuda admet volontiers avoir été leurré par la barrière de la langue lors de la rédaction de sa chronique. Nous conservons tout de même son texte pour information et pour situer le contexte de la contre-chronique qui suit.



Je sens que cette chronique là ne va pas être facile.

Dans la masse grouillante des nanars, on identifie plusieurs catégories qui présentent un challenge particulier pour le chroniqueur. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les meilleurs nanars sont ainsi souvent parmi les plus délicats à chroniquer. Rien n'est plus facile en effet que de « vendre » un insipide navet comme un sommet de drôlerie. Le grand nanar au contraire exige qu'on le distingue de la masse et c'est là toute la difficulté de l'exercice. On court le risque de noyer le lecteur sous les superlatifs et la multitude de détails hilarants qu'on tient absolument à faire partager. Les nanars très visuels par exemple, où l'essentiel du ridicule tient aux effets spéciaux ou au jeu des acteurs, constituent un autre défi. Un doublage insensé ou des trucages ringards peuvent suffire à faire le nanar, mais ça ne suffira pas à meubler les 1500 mots règlementaires de la chronique nanarlandaise moyenne.


Bruce Lee et son fantastique t-shirt se préparent à infiltrer le Gay Power.


L'oeuvre qui nous intéresse aujourd'hui fait partie d'un autre genre de films particuliers, plus rares mais pas moins difficiles à chroniquer : ceux dont toute l'essence nanarde peut se résumer en une seule phrase, lorsque c'est le concept même du film qui est d'une débilité à toute épreuve. Le problème dans ce cas, c'est qu'une fois qu'on a couché cette phrase sur le papier, il n'y a pas grand-chose d'autre à ajouter. Alors pensez, quand en plus la phrase en question sert de titre au film…




Le chef des gays n'est autre que John Lennon.


Cet homme meurt sous le coup d'un braquemart enfoncé jusqu'à la garde !


Comment donc vais-je pouvoir m'y prendre pour vous parler de « Bruce Lee Vs. Gay Power », c'est-à-dire « Bruce Lee contre le pouvoir homosexuel » pour les anglophobes les plus irréductibles ? Je pourrais vous dire qu'il s'agit d'un film brésilien de 1975, que le metteur en scène et acteur principal en est un certain Adriano Stuart, futur réalisateur de « Bacalhau » (une parodie des « Dents de la Mer » avec une morue géante) et de « Brazilian Star Wars », mais franchement, qui cela peut-il intéresser au-delà d'un maigre noyau de purs et irréductibles cinéphages ? La seule chose vraiment importante à dire au sujet de ce film, c'est que dedans il y a Bruce Lee qui se bat contre le Gay Power. Sérieusement bien sûr, sinon ce n'est pas drôle. Alors comme tout est dans le titre mais qu'il faut bien remplir cette colonne, ne serait-ce que pour avoir la place de caser quelques images, essayons de prendre tout ça dans l'ordre.


Un film avec des pipes.


- Il doit pas y en avoir des masses des films de kung-fu brésiliens quand même.
- Ouais enfin là, c'est plutôt un film de kung-folle...
(dixit Mr Klaus)


- Bruce Lee : aucun doute, nous sommes bien en présence d'un authentique film de Bruceploitation brésilien avec tout ce que cela implique déjà de crétinerie. Que l'acteur principal ne ressemble ni de près ni de loin à Bruce Lee et ne soit même pas asiatique n'a aucune importance, d'autres détails sont là pour nous convaincre que c'est bien le petit dragon qui mène la croisade contre les dépravés sodomites. D'abord, il y a son magnifique t-shirt rose estampillé « kung-fu », dont on serait tenté de penser qu'il n'est qu'un artifice censé permettre à Bruce Lee d'infiltrer le Gay Power. Ensuite il y a la panoplie habituelle des imitateurs de Bruce Lee : les cris stridents, les poses avantageuses prises pendant le combat, les tics et même le nunchaku, manié ici plutôt comme un batteur à œufs qu'autre chose mais nous n'allons pas faire la fine bouche. Enfin, il y a le Maître Shaolin de Bruce Lee qui apparaît à travers quelques flash-backs, ici joué par un Noir affublé de moustache postiche.


Maître Mamadou Tchang, ici lors de la remise à Bruce Lee de son diplôme de kung-fu.


Suivant l'ancienne tradition Shaolin, ceci est censé être une marque de tigre gravée dans la peau au fer rouge, mais apparemment le magasin de faux tatouages n'avait plus que des zèbres en stock.


- Bruce Lee Against : il est donc question d'un affrontement. Et même de plusieurs affrontements, voire d'un enchaînement soutenu de bastons toutes plus ringardes les unes que les autres. Adriano Stuart n'a visiblement jamais pratiqué le moindre art martial et notre Bruce Lee amazonien se bat comme une chaussette. Il faut dire que ses adversaires sont à la hauteur et se font étaler avec une remarquable bonne volonté par quelques molles mandales ou divers coups de pieds maladroits. On note en particulier de la part de Bruce Lee une impressionnante proportion d'attaques dirigées contre les parties sensibles, mais j'imagine que lorsqu'on combat le Gay Power, il vaut mieux attaquer le mâle à sa racine. En fait, on remarque que c'est essentiellement la fiancée / sidekick de Bruce Lee qui fait le plus gros du travail dans presque toute les bastons, au point de se demander si le petit dragon n'aurait pas des fois un gros poil dans la main.



Bruce Lee et sa copine s'attaquent à la racine du mal.


La mythique Troisième Jambe de Bruce Lee n'est bizarrement pas mise à contribution.


- Bruce Lee against Gay Power : le bouquet final. Comment s'assurer à jamais une place sur Nanarland en rajoutant simplement deux mots à la fin du titre de son film (ainsi bien sûr qu'en construisant vraiment toute l'histoire autour d'un postulat aussi débile). Le Gay Power est ici une espèce de gang qui fait régner la proverbiale terreur sur la ville et commet une erreur fatale lorsqu'il s'en prend finalement aux parents de Bruce Lee et les assassine sauvagement. L'aspect gay de l'entreprise reste assez confus, il faut dire que le film n'existe à notre connaissance qu'en portugais non sous-titré. D'un côté on assiste effectivement à des scènes d'orgies (traduisez : huit figurants mâles tout habillés faisant semblant de danser la valse ensemble au milieu d'un champ), de l'autre notre joyeux boys band semble également avoir une prédilection pour la tentative de viol sur jeunes femmes, tentatives interrompues au dernier moment par Bruce Lee cela va sans dire.


Viol de jeunes femmes et bigoudis : la journée ordinaire d'un chef du gay power.


- Tiens ! Y a même un pirate chez les gays.
- Ouais, c'est le capitaine Barbe Rose.
(Barracuda)


A part des costumes folkloriques aux couleurs pastels, une poignée de gags particulièrement pesants et un personnage de travesti très caricatural, la bande que combat Bruce Lee aurait tout aussi bien pu être un gang de motards ou de mafieux indélicats. Seulement voilà, ils n'en sont pas et « Bruce Lee Vs. Gay Power » passe ainsi du statut de film étranger obscur à celui de nanar incontournable. L'attitude de Bruce Lee quant à l'homosexualité est assez floue. D'un côté il combat le Gay Power, responsable de la mort de ses parents. De l'autre il semble lui-même éprouver une certaine attirance pour le sexe fort et c'est non sans surprise qu'après la mort de sa fiancée on le verra finalement se consoler dans les bras du travesti local.


Le travesti maniéré du village, à qui Bruce Lee décide de donner une bonne leçon.


- Et Bruce Lee il est où ? On le voit presque jamais se battre.
- Il est sûrement en train de se faire acculer dans un coin.
(Dao)


D'un point de vue strictement nanar, « Bruce Lee Vs. Gay Power » est un film qui se défend fort honorablement, même s'il ne resterait sans doute pas dans les annales sans son titre et son concept de fou furieux. On ne saurait assez souligner le potentiel surpuissant de ce film pour tous les amateurs de calembours au ras des pâquerettes (ainsi que les légendes de certaines images ont dû vous l'indiquer), faisant d'un visionnage en groupe et si possible légèrement alcoolisé une expérience inoubliable. Les amateurs pourront également compter sur pas mal de bastons réjouissantes d'amateurisme avec un faux Bruce Lee parmi les plus grotesques qui soient (et Dieu sait que la concurrence est pourtant rude), qui ne connaît visiblement des arts martiaux que ce qu'il en a vu dans une poignée de films de kung-fu. Il y a en gros deux figurants qui semblent pratiquer un peu la capoeira, mais ils ne sont guère utilisés dans le film à part pour se faire rapidement étaler par Bruce Lee, et encore, au deuxième plan. La copine de Bruce Lee assure une bonne partie du savatage (avec la même prédilection pour le coup de boule dans les valseuses d'ailleurs), Bruce lui-même ne dédaignant pas savourer une petite mousse en plein pugilat !


Dans cette scène ahurissante, Bruce Lee dévie les balles grâce à son nunchaku, aussi solide que difficile à capser correctement.


Pfff... Des fois, c'est vraiment trop facile. Ils pourraient quand même faire un effort pour offrir un minimum de challenge aux nanardeurs.


On tient là au final un nanar fort plaisant, dont la principale faiblesse reste tout de même la barrière de la langue (pour les non-lusophones), d'autant plus frustrante que le peu que l'on arrive à comprendre de l'histoire laisse penser que celle-ci est tout aussi barrée que le reste. Il convient en effet de préciser que le film ne se prend pas entièrement au sérieux et semble même pencher franchement du côté de la comédie lourdaude le temps de quelques scènes. Un film à découvrir en tous cas, ne serait-ce que pour pouvoir ensuite le replacer comme référence dans les dîners mondains ou quelque débat universitaire de haute volée.


*Légende censurée par la rédaction*

 


Contre-chronique de Fuchsia Chlorotique :


Je ne peux que saluer l'initiative de mettre en avant une vieille bobine qui n'a, à ma connaissance, aucune exposition sur le net français, et je comprends l'enthousiasme de Barracuda à vouloir marquer le coup par l'humour. Cependant, pour exprimer le fond de ma pensée, je pense que le chroniqueur est un peu passé à côté du film et l'a vendu pour ce qu'il n'était pas. Animé des meilleures intentions, je souhaite simplement apporter un autre éclairage sur ce film, celui de quelqu'un qui comprend le portugais...

La structure de cette chronique est originale, et pourtant je crois que c'est de là que vient tout le problème : Barracuda s'est entièrement appuyé sur la traduction anglaise très fantaisiste du titre d'un film dont il ne comprenait pas la langue. En effet, s'il s'avère assurément très alléchant, le titre anglais « Bruce Lee Vs. Gay Power » ne reflète pas le véritable contenu du film, puisqu'il n'y ait pas question de Bruce Lee (plutôt de ses mauvais imitateurs) et qu'on n'y parle jamais d'un quelconque pouvoir homosexuel contre lequel il s'opposerait. Le titre original, « Kung-fu contra as Bonecas », se traduit en fait littéralement par « Kung-fu contre les chochottes ». « Kung-fu » parce que le héros est ici calqué non sur Bruce Lee mais sur le mythique personnage qu'interprétait David Carradine dans la série TV « Kung-fu », et "chochottes" parce qu'il semble que "boneca" (littéralement : "poupée") ait été utilisé dans le répertoire argotique brésilien des années 70 pour signifier "folle" ou plus prosaïquement "homosexuel passif". De toute évidence, le film utilise les "folles" comme ressort comique ; cependant, il ne propose pas un schéma de lutte des gentils hétéros contre des méchants gays et joue au contraire perpétuellement de l'ambiguïté de ses personnages principaux. Une certitude en tout cas : le film ne se prend pas une minute au sérieux !

On est en effet ici devant une comédie/parodie tout ce qu'il y a de plus volontaire : la place accordée à l'humour visuel est grande, et les dialogues viennent le confirmer, chaque réplique étant prétexte à caser une blague, souvent minable, mais entièrement assumée. Pour accréditer cette idée, il suffit de jeter un oeil à la filmographie du réalisateur et interprète principal Adriano Stuart, spécialisé dans le comique populaire et qui a notamment signé de nombreuses collaborations avec la troupe des Os Trapalhoes (qui, bien que considérés ringards à l'heure actuelle, jouissent d'une incontestable notoriété en tant qu'humoristes dans leur pays). Barracuda mentionne "que l'acteur principal ne ressemble ni de près ni de loin à Bruce Lee et ne soit même pas asiatique n'a aucune importance", alors que c'est au contraire l'un des running-gags du film, parodiant manifestement la série « Kung-fu », où David Carradine est censé venir du céleste empire alors qu'il est aussi chinois que Bruce Lee est ivoirien. C'est justement un Asiatique qui, le premier, lui lancera en le voyant débarquer "Chinetoque !", comme une insulte. Tout le monde l'appellera par la suite "le Chinois" et quand son amie lui demande d'où il vient, il explique qu'il est par ses parents d'origine chinoise, grecque, australienne, etc. Soit dit en passant, il ne s'appelle ni "kung-fu", ni "Bruce Lee", mais "Xangui" (je ne garantis pas la justesse de l'orthographe...).

De même, je me permets de contester "les cris stridents, les poses avantageuses prises pendant le combat, les tics" évoqués par Barracuda, ne me rappelant pour ma part que de cris rauques volontairement exagérés à l'extrême, de poses passablement ridicules et l'absence de ces frottements de nez avec le pouce si chers à Bruce Lee et ses imitateurs. Encore une fois, si le film présente des éléments parodiant la bruceploitation et le film de cangaçeiro, il s'agit avant tout d'une parodie de la serie télévisée américaine « Kung-fu ». Barracuda ne semble avoir fait le lien qu'au niveau de la tenue du héros, mais les références sont nombreuses. "Il y a le Maître Shaolin de Bruce Lee qui apparaît à travers quelques flashbacks, ici joué par un Noir affublé de moustache postiche" : ces flashbacks font directement référence à ceux de David Carradine, alias "petit scarabée" (ici "moustique"), qui dans la série « Kung-fu » se souvient des enseignements de son maître Noir pour prendre la bonne décision dans les moments cruciaux. Ici, notre guignol efféminé est affublé d'un costume de cérémonie de remise de diplôme pour souligner l'aspect parodique, et fait toujours l'exact contraire de ce qu'on lui a enseigné, autre gag récurrent du film. "Suivant l'ancienne tradition Shaolin, ceci est censé être une marque de tigre gravée dans la peau au fer rouge, mais apparemment le magasin de faux tatouages n'avait plus que des zèbres en stock." : là encore c'est une parodie du générique de la série « Kung-fu »... tout comme la quasi intégralité de l'introduction du film en fait.

Par ailleurs, lorsque Barracuda écrit : "Le Gay Power ici, c'est une espèce de gang qui fait régner la proverbiale terreur sur la ville et commet une erreur fatale lorsqu'il s'en prend finalement aux parents de Bruce Lee et les assassine sauvagement. A part des costumes folkloriques aux couleurs pastels, une poignée de gags particulièrement pesants et un personnage de travesti très caricatural, la bande que combat Bruce Lee aurait tout aussi bien pu être un gang de motards ou de mafieux indélicats", j'ai envie de répondre "pas vraiment". En fait, outre le héros de la série TV Kung-fu, « Kung-fu contra as Bonecas » se double également d'une parodie du genre brésilien des films de "Cangaçeiros", sorte d'équivalent local du western. Les Cangaçeiros, qui campent ici les méchants du film, étaient des bandes de paysans devenus hors-la-lois, à mi-chemin entre la milice d'auto-défense et les bandits de grands chemins. Donc là, on a en gros « Kung-fu » qui affronte des Cangaçeiros vaguement gay (seuls 3 d'entre-eux semblent s'adonner à l'homosexualité). Les cangaçeiros portaient des costumes traditionnellement chargés, ornés de rubans et de médailles, mais pas aussi bariolés que dans ce film. Au passage, signalons encore que la figure du cangaçeiro (au costume traditionnellement chargé ), qui culmine dans le « O Cangaçeiro » des années 50 "remaké" dans les années 90, n'est pas étrangère au cinoche européen puisque Tomas Milian interprêta en pleine période "western zapata" un « O'Cangaceiro » qui connut une sortie en France.




Des Cangaceiros tirés de « Bruce Lee Vs. Gay Power »...


...et de vrais Cangaceiros.


En fait, si "Xangui" en veut à la bande ce n'est pas tant parce qu'ils ont tué ses parents et violé sa soeur que parce qu'ils ont... brûlé son cochonnet ! Le drame causé par la perte de son porcin de compagnie est une fois de plus utilisé comme blague récurrente...

Barracuda écrit encore : "L'attitude de Bruce Lee face à l'homosexualité est assez floue. D'un côté il combat le Gay Power, responsable de la mort de ses parents. De l'autre il semble lui-même éprouver une certaine attirance pour le sexe fort et c'est non sans suprise qu'après la mort de sa fiancée on le verra finalement se consoler dans les bras du travesti local. C'est en fait la copine de Bruce Lee qui fait l'essentiel du savatage (avec la même prédilection pour le coup de boule dans les valseuses d'ailleurs), Bruce lui-même ne servant souvent que de force d'appoint."

Là aussi, c'est on ne peut plus voulu : le héros passe son temps à se faire traiter de "tapette", que ce soit par les gamins qui lui lancent des pierres ou sa copine, lasse de le voir négliger ses avances. Tout le monde se bat archi-mal parce qu'il n'est pas question de se prendre au sérieux, le héros et sa "copine" donnant des coups dans les roupettes par dérision.

Pour faciliter le visionnage aux spectateurs qui ne comprennent pas le portugais, voici un résumé de l'histoire : un "pro" du kung-fu errant aux origines diverses et variées, très efféminé et s'exprimant comme un mioche de 5 ans, rentre dans son village. En chemin, il défend une donzelle d'une horde de hors-la-loi qui lui apprend que sa famille et surtout son petit cochon ont été victimes des mêmes bandits. Ces cangaçeiros, dirigés par l'ambigu Capitaine, lui-même à la solde du Colonel (grand propriétaire foncier), font régner la terreur dans le patelin en attendant l'arrivée hypothétique de la cavalerie. Le héros les retrouve dans la maison close tenue par la mère de sa nouvelle amie pour leur coller une raclée mais le Capitaine lui échappe. Après quelques péripéties, incluant son arrestation pour vagabondage et la trahison du Colonel par son bras droit pour prendre de force la main de sa jolie fille (jolie mais très stupide, elle finit au bordel pour respecter les dernières volontés de son cher papa...), notre parodie de Petit Scarabée finira par rosser les méchants pour s'en retourner solitaire sur les routes. Fin.

Voilà donc un film qui ne se prend pas un seul instant au sérieux, même pas un tout petit peu, et remplit parfaitement son rôle de divertissement populaire. « Kung-fu contra as Bonecas » joue sur le registre de la comédie parodique bien épaisse, du cinéma à la fois lourdingue et fauché mais aussi plein d'inventivité et d'irrévérence décomplexée (dans le flot d'ineptie facile, on retiendra tout de même quelques pointes d'humour décalé plutôt bien vues, comme ce flashback où le héros danse enlacé avec son maître sur Falso Brilhante d'Elis Regina). Bref, s'il est on ne peut plus louable de déterrer des films exotiques et peu accessibles, il l'est beaucoup moins de leur contruire une réputation trompeuse à partir de quelques malentendus. Vous me répondrez peut-être que si je comprenais le turc, les prestations de Cüneyt Arkin n'auraient pas la même saveur... et vous n'auriez pas forcément tort, mais dans le cas présent, j'ai comme l'impression que Barracuda n'a pas tant ri aux dépens du film, comme il le croyait, qu'aux blagues voulues par ses concepteurs.

- Barracuda -
Moyenne : 3.00 / 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

Le film se trouve en ligne sur le site américain spécialisé www.superstrangevideo.com, probablement sous la forme d'un DVD semi-bootleg au prix tout de même très élevé de 20$.