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Double Team

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Double Team

Titre original : Double Team

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Tsui Hark

Année : 1997

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h33

Genre : Triple ânerie

Acteurs principaux :Jean-Claude Van Damme, Dennis Rodman, Mickey Rourke, Natacha Lindinger, Paul Freeman

Nikita
NOTE
2.5/ 5


Cette chronique n’est pas à proprement parler une critique de film, c’est une déclaration d’amour. Sans doute suis-je le seul dans l’univers à me vautrer ainsi dans le stupre d’une telle décadence intellectuelle, mais j’aime, j’adore et vénère « Double Team », le film du début de la fin de Jean-Claude Van Damme, l’œuvre qui fit choir de son piédestal le maître de Hong Kong Tsui Hark. Festival de n’importe quoi à la brillance d’autant plus spectaculaire qu’elle danse en permanence sur du vide, « Double Team », haï par une majorité de cinéphiles, est à réhabiliter d’urgence comme un manifeste de l’action hystéro-décérébrée, du bourrinage décomplexé, de la vandammerie festive. C’est, en tout cas et de très loin, le film que je préfère dans la fantabuleuse filmographie du Jean-Claude.



Jean-Claude Van Damme interprète le rôle de Quinn, un agent au top du maximum de l’élite du contre-terrorisme. Désireux de prendre sa retraite pour profiter de la vie avec sa femme Katherine, Quinn est rappelé pour intercepter le dangereux terroriste Stavros (Mickey Rourke, musclé comme Sylvester Stallone à l’époque de « Rambo 2 » et qui étrenne ici sa nouvelle sale gueule ravagée par la boxe).




Mickey Rourke, bad to the bone.


Mais l’opération tourne mal : voyant que Stavros se trouve en compagnie de son fils et de sa fiancée, Quinn n’ose tirer au moment crucial. Dans la fusillade qui s’ensuit, l’équipe anti-terroriste est décimée et le fils de Stavros est tué. Quinn, tenu pour responsable, est aussitôt condamné par ses supérieurs à la relégation sur une île ultra-secrète en Mer Méditerranée où les super-agents mis au rancard coulent des jours heureux dans un confort royal, mais avec interdiction de sortir. Présumé mort par le monde extérieur, Quinn pourrait se contenter de son sort. Mais, apprenant que Katherine, qui a donné naissance à son fils, est menacée par Stavros (qui tient à tort notre héros pour responsable de la mort de son propre rejeton), Quinn n’écoute que son sang-froid qui ne fait qu’un tour et bondit comme un beau diable hors de l’île, se jouant des systèmes de sécurité les plus sophistiqués pour accourir au secours de sa femme et de son fils. Ca va barder !


Le grand manitou de l’île, interprété par Paul Freeman (le méchant des « Aventuriers de l’arche perdue » et de… « Power Rangers »).


L’île : moi qui croyais que la CIA expédiait au fond d’un lac ses agents ayant failli !






Eye of the tiger… : notre héros s’entraîne pour retrouver la forme.


Une fois le point de départ posé, « Double Team » a pour principale qualité de ne se poser strictement aucune question et de faire le choix de l’action la plus frénétique et la plus pyrotechnique, fracassant tout sur son passage : acteurs, figurants, décors, mobilier, papier peint, monuments historiques, écorce terrestre, tout explose dans tous les sens, sans aucune chance d’échapper à la fureur ambiante. Déplacée à Rome, la baston n’a aucun respect pour la ville éternelle et pulvérise les plus vénérables lieux touristiques dans une orgie de destruction rarement égalée : fusillade sur la Piazza Navona, bagarre et explosions au Colisée (coucou, Bruce Lee), la capitale italienne retrouve son statut de lieu saint du nanar d’action.




 

Voilà c’qu’on en fait, de vos monuments, sales Ritals !


Car si « Double Team » ne s’arrête jamais, il ne se pose jamais non plus de questions sur la cohérence de son scénario, la crédibilité de sa direction d’acteurs, la vraisemblance de ses scènes d’action. Occupé à éblouir le monde par son premier vrai film américain (après le plantage de « The Master »), encombré sur le tournage par un Van Damme en plein pétage de plombs qui prétend lui apprendre à se servir d’une caméra, Tsui Hark n’a guère de contrôle sur le scénario : empêtrée dans la machinerie hollywoodienne, la pyrotechnie de HK tourne à vide et s’approche dangereusement de l’écueil du ridicule.




Les as du déguisement.





Le film a surtout pour atouts nanaresques des personnages oscillant entre le cliché outrancier et la bande dessinée délirante, le pompon étant remporté haut la main par l’autre moitié de la « Double Team », le basketteur Dennis Rodman. Sorte de Huggy les bons tuyaux à la sauce Cyberpunk, le trafiquant d’armes boute-en-train interprété par un Rodman azimuté et cabotin jusqu’au bout des cheveux est l’un des sidekicks les plus « outrageous » jamais vus sur un écran.










Et dire que c’est grâce à ce rôle que Rodman joua dans « Sauvetage Explosif »…


Mais il ne serait rien s’il n’était la béquille d’un héros parfaitement boiteux. Jean-Claude Van Damme a beau, en effet, être en bonne forme physique, le Bruxellois le plus musclé de l’univers du nanar est ici en totale roue libre, interprétant son rôle comme un moniteur d’éducation physique en manque d’injections de testostérone.


Le front bas, le regard éteint, notre JCVD a davantage l’air mauvais du supporter du PSG après une défaite contre l’OM que le charisme d’un super-agent capable de ridiculiser James Bond. Omniprésent à l’écran, le Jean-Claude finit par contaminer tout le film de son absence pathologique de crédibilité, au point que « Double Team » ne ressemble plus qu’à une succession de feux d’artifice se déclenchant de manière anarchique autour d’un beauf cocaïné en phase terminale.


Sans être toujours très crédible, Mickey Rourke domine sans peine ses deux partenaires et parvient à distiller un véritable malaise grâce à son visage étrangement amoché, à mi-chemin entre sa belle gueule de « 9 semaines et ½ » et son maquillage de « Sin City ».






Les scènes finales au Colisée ont en fait été tournées, semble-t-il, aux Arènes d'Arles.


Un héros en pleine panade, un scénario accumulant les rebondissements invraisemblables et la semi-impro portnawak comme on enfile les perles sur un collier, un sidekick battant tous les records, « Double Team » présente tous les ingrédients de la crétinerie de compétition, mais la mise en scène sous acide de Tsui Hark le fait passer dans la dimension des nanars d’élite. Pas ennuyeux une seconde à condition de laisser son cerveau au vestiaire, réalisé avec nervosité (euphémisme) et photographié avec une certaine élégance, « Double Team » allie une compétence technique de pointe à une idiotie frénétique qui porte le nanardeur réceptif au comble du plaisir. A l’humble avis de l’auteur de ces lignes, voilà un film à réhabiliter d’urgence comme l’un des sommets incompris de la carrière de Van Damme et un nouveau titre de gloire pour Tsui Hark, l’homme qui, même quand il est au fond du trou, parvient à tutoyer les sommets.


Sauvés par le placement produit !

 


 La contre-chronique de Mr Klaus


Au risque de me faire lyncher je dois malheureusement avouer que ce film ne m'a nullement paru déplaisant. Même si cela reste subjectif, j'admets néanmoins n'être ni un fan hardcore de Van Damme ni même de Tsui Hark (bien qu'appréciant énormément son travail). Malgré tout, l’aspect too much du film me paraît plus volontaire qu'autre chose et la première incursion du talentueux réalisateur hongkongais à Hollywood reste honorable.


Conscient du manque de liberté que lui imposent les producteurs, le père Tsui nous livre un produit bâtard et intellectuellement limité mais néanmoins inventif et parfaitement délectable. L'idiotie du propos semble en outre parfaitement assumée et le spectacle offert vaut bien d'autres oeuvres mineures de Tsui Hark comme « Mad Mission 3 » par exemple. Mal accueilli à sa sortie (et dénigré par son auteur même), « Double Team » n'en demeure pas moins un film fort estimable, loin d'être exempt de qualités : chaque séquence s'avère en effet parfaitement inattendue (raahhh ce duel dans le Colisée) et la totale absence de complexe des scènes d'action placent le film à la limite de la parodie. N'étant pas spécialement fan de « Piège à Hong Kong » (qui m'avait horriblement déçu), ce film s'apparente comme le sommet de sa carrière à l'étranger (ce qui n'a évidemment rien d'un exploit diront les mauvaises langues).



Le côté exubérant de la chose, renforcé par la présence de l'inénarrable Dennis Rodman (bien plus sympa en sidekick que l'ignoble Rob Schneider) et ses nombreuses trouvailles visuelles, consistent on s'en doute à étouffer son acteur principal sous un amas de scènes d'action toutes plus bordéliques les unes que les autres. Ayant pour fonction première de décrédibiliser Van Damme, le réalisateur hongkongais s'en sort avec les honneurs. C'est pourquoi je m'improvise défenseur de ce film distillant un second degré évident et une ambiance bon enfant propre à tout bon divertissement du samedi soir. Tsui Hark Président ! [Note de Rico : Ouais ! Parfaitement d’accord, ce film est un chef-d’œuvre mésestimé, comme « Hudson Hawk » ou « Commando ». Du fun en barre !]


- Nikita -
Moyenne : 2.42 / 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
MrKlaus
NOTE
BF/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5
Wallflowers
NOTE
1/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
BF/ 5
Jack Tillman
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation
Facilement trouvable en DVD chez "Universal" ainsi que dans tout un tas de packs réunissant des films de Jean-Claude, le film a été depuis un peu oublié chez nous puisque contrairement à l'Allemagne, aux Etats-Unis ou à la Russie, nous ne trouvons nulle part une version française en Blu-ray. Messieurs les éditeurs, un bon geste !