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Tue et Tue Encore

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Tue et Tue Encore

Titre original :Kill and kill again

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Ivan Hall

Année : 1981

Nationalité : Afrique du Sud / Etats-Unis

Durée : 1h40

Genre : Yaya-Yiiiii !

Acteurs principaux :James Ryan, Anneline Kriel, Michael Mayer, Ken Gampu

Nikita
NOTE
3/ 5

Notez la grande modestie de l'accroche exaltant les mérites de James Ryan.


"N°1 aux USA, le nouveau champion des arts martiaux James Ryan a comblé le vide entre Bruce Lee et Chuck Norris !" hurle l’accroche française de l’antique édition VHS. Nous entrons en des lieux où la modestie règne en maître. Bien que la boule de nerfs James Ryan soit effectivement un bel athlète et qu’il semble toucher sa bille en arts martiaux, j’ignore en quelle discipline il est « N°1 aux USA », à moins qu’il ne s’agisse des médailles qu’il a du remporter en championnat de narcissisme. « Tue et tue encore », deuxième (et malheureusement dernière) aventure de l’aventurier-karatéka Steve Chase, déjà incarné par James Ryan dans « Combat Final », est en effet un fier manifeste à la gloire de son interprète principal, plus félin que Bruce Lee, plus beau qu’Errol Flynn et mieux coiffé que le Capitaine Flam. Sorte de publicité ambulante pour du shampooing, James Ryan domine le film de la tête et des épaules, en prenant manifestement très au sérieux son rôle de héros tandis qu’autour de lui tout s’écroule dans une orgie de ridicule.

 


James Ryan, un héros qui le vaut bien.


Kandy, l'héroïne interprétée par Anneline Kriel. Ancienne Miss South Africa et Miss Monde 1974.


Le résumé de la VHS annonce la couleur.


Le film démarre cash par une cérémonie en présence du « meilleur juge et du plus grand expert dans le domaine des arts martiaux » (la moitié des jurés sont des vieillards ventrus) : il s’agit de décerner un « trophée exclusivement accordé pour l’accomplissement de missions difficiles nécessitant une maîtrise à la fois morale et physique », qui va maintenant être décerné « à l’unique personne qui a su le mériter ! ». L’unique personne, c’est bien évidemment Steve Chase/James Ryan (sans doute en récompense de ses exploits dans « Combat Final »), qui perturbe aussitôt la réception en tatanant frénétiquement des malotrus qui avaient manqué de respect à une dame. Dès la première scène, censée démontrer à quel point il est bô et fort, notre James fracasse toutes les limites du n’importe quoi, dans des chorégraphies de combat nullement mises en valeur par une mise en scène moche, et agrémentées du cri qui tue le plus ridicule jamais entendu : « YAA-YA-YIIIIIIIIII ! » Impossible de garder son sérieux devant cette exclamation de singe hurleur hystérique, visiblement rajoutée en post-production (mais pourquoi ?), que James Ryan nous resservira plusieurs fois dans les scènes de combat, parfois déclinée en « YAA-YA-YIIII-YA-YA ! ».

 

James Ryan affronte le champion du méchant.


Ayant corrigé de belle manière les importuns, tout en fracassant le buffet de la cérémonie, notre héros entreprend d’emballer la dame dont il a défendu l’honneur et qui se trouve, ô surprise, avoir une mission pour lui. La jolie blonde Kandy Kane - « vous avez le même nom que le fameux professeur Horatio Kane », remarque finement Steve Chase, qui doit connaître sur le bout des doigts les 15 000 Kane de l’annuaire de Johannesburg – est venue lui demander de retrouver son père, qui est effectivement le célèbre savant. Disparu alors qu’il venait de mettre au point un carburant à base d’extrait de patates, susceptible de faire circuler les voitures sur la lune (sic), le professeur a été enlevé par un riche mégalomane nommé Marduk. Le carburant révolutionnaire s’étant finalement révélé être une drogue anéantissant la volonté, Marduk a pris le pouvoir dans une ville dont il a transformé les habitants en esclaves dociles et apprentis artistes martiaux, prélude à ses plans de conquête du monde.

On voit très bien que la porte, qui vient de se faire défoncée, est fabriquée en carton souple.


Le gouvernement, plutôt que de faire donner la troupe, alors qu’ils connaissent les plans de Marduk, le lieu de son QG et l’état de ses forces (une trentaine de sbires armés de mitraillettes et une centaine d’apprentis karatékas, il n’y a même pas de quoi conquérir le Bantoustan), préfère perdre son temps à faire appel à Steve Chase pour infiltrer la forteresse et retrouver le professeur. A se demander selon quelle logique agissent nos gouvernants.

James Ryan en pleine action.


Notre héros se met donc en quête de vieux amis, pour reconstituer un quartette de fidèles sidekicks qui lui seront fort utiles contre les troupes de Marduk : le Gorille (un grand noir herculéen), Gipsy Billy (un ancien champion du monde de kickboxing), Bobby (un as de la gâchette et du boomerang, sorte de comique de l’équipe) et le Renard (un artiste martial tellement fort qu’il réussit à se déplacer rien qu’en contractant ses plantes de pieds ; Steve met une éternité à le convaincre et pour la peine, c’est lui qui apparaîtra le moins à l’écran durant la mission).

 


Le gorille et Gypsy.



Bobby.


On rassurera les amateurs de politiquement correct qui s’offusqueraient que le principal personnage noir dans un film sud-africain s’appelle « le gorille », en leur précisant que ce costaud de service (joué par Ken Gampu, l’un des premiers acteurs noirs d’Afrique du Sud à avoir une certaine notoriété en apparaissant dans des films américains) n’est pas franchement désavantagé. Certes, il est particulièrement crétin, mais pas beaucoup plus que les trois ahuris qui accompagnent le héros ; le Renard gagne la palme du ridicule en multipliant les aphorismes sur un ton « Maître en arts martiaux » et Bobby se montre assez irritant en rigolo pas drôle, au point que le Gorille apparaît au final comme le plus sympathique.


Marduk et sa barbe tout à fait crédible.



Minerva, tout droit sortie d’un clip New Wave des années 1980.


Si nos héros ne sont pas finauds, rien ne pouvait nous préparer au niveau de grotesque des méchants, et plus précisément au couple infernal formé par Marduk et son âme damnée Minerva, tout droit sortis d’un vieux dessin animé Hanna-Barbera. Affublé de postiches qui auraient déjà fait sourciller au temps du cinéma muet (on s’attend en permanence à ce qu’un autre acteur vienne lui arracher sa barbe), Marduk s’affirme hautement comme l’un des dictateurs nanars les moins convaincants de toute l’histoire des mauvaises imitations de méchants de James Bond : s’il évite le cabotinage souvent de mise avec ce genre de personnage, le comédien tombe dans l’excès inverse en jouant avec une nonchalance plus propre à quelqu’un qui ambitionnerait de gagner le tournoi de bridge de l’amicale de Nogent-sur-Marne qu’à un futur conquérant du monde. Il faut dire que la VF ne l’aide pas en lui infligeant un doublage complètement léthargique, donnant l’impression que Marduk va s’endormir en pleine tirade sur ses plans diaboliques. Minerva, sorte de fausse lesbienne teinte en rose bonbon, forme avec Marduk un couple comique (volontaire) assez distrayant, qui donne l’impression salutaire que le film ne se prend pas au sérieux : on en douterait parfois, à voir James Ryan, héros sans peur, sans reproches et sans crédibilité, se pavaner en affirmant que « les arts martiaux sont technique et élégance », multiplier les sauts périlleux aussi spectaculaires que totalement inutiles et séduire Kandy Kane en lui léchant l’épaule.


L'armée de karatékas de Marduk.


A voir ce film, on comprend pourquoi le cinéma d’arts martiaux a fini par lasser le public dans les années 1980 : combats mal réglés (à la notable exception du final, où les vrais champions présents au casting peuvent enfin s’exprimer, dans l’espace d’une arène), mal photographiés, remplis de galipettes inutiles, gâchés par des glapissements à se rouler par terre (c’est une redite, mais on ne dira jamais assez combien le « YAAAA-YA-YIIII ! » de James Ryan est indescriptible), c’est un vrai festival d’action aussi merdique que nerveuse qui nous est donné à voir. De quoi vous faire comprendre pourquoi les films « de karaté » sont décidément une affaire trop sérieuse pour être laissée à des tâcherons.


Le salut crypto-mongolo-fasciste des hommes de Marduk.


Pure série B comme on pouvait en apprécier dans les cinémas de quartier à la « grande époque » de leur déclin, « Tue et tue encore » est un film très bon enfant malgré son titre qui tente de nous faire croire à un spectacle d’une rare violence ; marqué de gags pas finauds mais réjouissants tant ils s’intègrent bien à la bêtise ambiante, c’est un spectacle gentiment rythmé et pas déplaisant pour deux sous, porté avant tout par les poses ahurissantes d’un héros à l’égotisme psychopathe.


Le professeur Kane, le roi de l’essence de pommes de terre.


Star incomprise du film d’action, James Ryan ne transforma pas l’essai et se concentra sur ses activités de professeur de comédie ; il est également l’auteur d’un livre sur l’art d’écrire un scénario, dont on espère qu’il ne l’a pas rédigé en se basant sur ses films de baston. On peut également l’apprécier en traître grimaçant dans le merveilleux « Space Mutiny », signe que les ex-héros nanars se reconvertissent très bien en méchants de la même couleur.


Steve Chase, le Renard et Kandy, fiers d’avoir sauvé la patrie.



- Nikita -
Moyenne : 3.66 / 5
Nikita
NOTE
3/ 5
Mayonne
NOTE
4.5/ 5
Labroche
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
4/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
4/ 5
John Nada
NOTE
3.25/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Un petit DVD américain est d'abord sorti à la fin des années 90, édité par "Nutech Digital Inc". Une édition simple, avec juste le film en anglais et au format 4/3.

 


Et puis en 2012, toujours aux Etats-Unis, "Scorpion Entertainment" a sorti une édition plus complète, célébrant les 30 ans d'existence du film, en DVD et Blu Ray. Cette édition propose le film au format 16/9, remastérisé, avec des bonus comme la musique du film, la bande-annonce d'époque, une interview audio de James Ryan et une interview filmée du scénariste. Par contre c'est du zone 1/A en anglais seulement.

 


Pour la savoureuse VF, il faudra comme souvent tâcher de dégotter la VHS française de chez "Delta Vidéo".

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