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Black Roses

(1ère publication de cette chronique : 2011)
Black Roses

Titre original : Black Roses

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :John Fasano

Année : 1988

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h20

Genre : Culs-terreux et cultes heureux

Acteurs principaux :John Martin, Ken Swofford, Julie Adams, Carla Ferrigno, Sal Viviano

Wallflowers
NOTE
3/ 5


La bande originale du film

 


The Loneliness of the Long Distance Runner.


Haaa, le hard-rock ! Jamais un courant musical n’aura porté autant de fantasmes et de réputations sulfureuses. Parce que le hard-rock, dans l'inconscient collectif, ça n'est pas qu'une musique de sauvages, c'est carrément la musique du Diab', un véritable mal faisant de chaque ampli une boîte de Pandore prête à déverser tous les maux de la Terre : Sex, Drugs & Belzebuth !


Bad Boy Boogie.


"Black Roses" touche du doigt cette peur qu’ont eu bien des parents un dimanche, entre une émission sur le foot et le journal de 13h, en voyant leur rejeton porter des jeans troués et des cheveux plus longs (et bizarrement plus soyeux) que sa soeur. "Black Roses" parle en effet d'un mystérieux groupe de hard-euh rock-euh qui semble animé de sinistres intentions. Qui sont-ils ? Pourquoi viennent-ils jouer dans cette bourgade fleurie et souriante, ressemblant au Sud du Paradis ? Leur musique est-elle bien décente pour de bons adolescents WASP ? Et puis, produire des albums dont les pochettes arborent des têtes de mort ou des fleurs fanées ne cacherait-il pas quelque penchant malsain, un appétit pour la destruction ?


Vincent Pastore... avant de jouer dans la série "The Sopranos"... "You Don't Have to Be Old to Be Wise".


La venue des Black Roses divise l'opinion de ce charmant hameau d’Amérique du Nord. D'un côté, la population bien pensante (composée de gens de plus de 45 ans portant soit des cravates, soit des lunettes à double-foyer) considère d'un œil peu avenant les membres de ce groupe de Hard-FM aux longs cheveux et aux pantalons moulants. De l'autre, les lycéens (dont certains ont le physique d’un expert-comptable en milieu de carrière) qui semblent au contraire surexcités par la venue de types au look rebelle, à même de comprendre et exprimer leur mal être adolescent en musique.


God Bless the Children of the Beast.


Les différences d’opinion se heurtent de plein fouet, tel un marteau scandinave frappant un acier britannique, et on sait bien qu’une telle situation ne peut pas rester ainsi sans exploser un jour au l’autre. Une confrontation violente entre jeunes écervelés de moins de 20 ans et vieux croulants de plus de 50 (personne, à part le héros du film, ne semble représenter la tranche d’âge intermédiaire), attisée par une musique manifestant ostensiblement sa sympathie pour le Diable.


"Am I Evil ?"


De prime abord, les Black Roses n'ont pourtant rien de bien différent des autres troubadours qui vivent de leur art en se produisant de ville en ville. Visages amènes et discours poli sont les maîtres mots lorsque les grandes figures de la ville (c’est-à-dire ceux qui ont un travail dans l’éducation nationale ou exercent une profession libérale) viennent assister au début du premier concert. Les braves seniors y réalisent qu'en fait, ces jeunes gens ne prônent que la liberté d’expression et le renouveau d’une musique qui berce une nouvelle génération portée par d’autres rêves que ceux de leurs parents. Le verdict tombe : les Black Roses sont des gens comme les autres, qui n'ont rien à voir avec cette image de suppôts de l’enfer qu'on se faisait d'eux, ils aiment simplement la musique un peu forte.


Damien en concert... "So Far, So Good... So What!"


Ainsi, la musique ne semble être que le cache-misère d’un problème bien plus grand : celui d’un manque de communication et de considération dans la cellule familiale contemporaine. Bourdieu aurait pu écrire ça mieux que moi...
Raconté comme ça, le film a l’air chiant, hein ? Parfois Bourdieu aussi, vous allez me dire mais ce n’est pas le sujet. Mais la réalité est pourtant toute autre. 


Damien, en répétition (et sans mulette) "Too Good to Be True"


Car "Black Roses" n’est pas un énième film prônant la liberté d’expression d’une catégorie de la population que l’on considère souvent trop bête pour prendre ses décisions sans être influencée par un tiers ou un média. Une liberté d'expression qui passerait par l’acceptation des goûts culturels des uns, aussi subversifs qu’ils puissent paraître pour les autres.

Non pas du tout. "Black Roses", c’est simplement un film sur des jeunes tellement DÉBILES qu'ils ne comprennent pas, malgré les avertissements des adultes plein de bon sens que les groupes de hard-rock sont composés de dangereux malades mentaux qui ne désirent rien d'autre qu'inviter le Diable sur Terre, tuer des gens et violer des femmes. Dans l'ordre qu'ils préfèrent choisir.


Oui, vous avez bien lu. C'est ça le message du film.


Et pourquoi ils ne comprennent pas ça les jeunes ? Pourquoi ils ne voient rien venir ? PARCE QUE LES JEUNES SONT DES CONS ! Voilà, c’est dit. A vous les ados, on n'arrête pas de dire que la musique violente engendre la violence et que les paroles agressives engendrent l’agressivité. C’est un cycle, tel le septième fils d’un septième fils enfanté pour foutre le merdier sur Terre en chantant à tue-tête que seuls les bons meurent jeunes.
Nom d’une pipe, c’est pourtant pas faute de vous avoir prévenu. C’est comme les fringues : la mode c’est une aussi une affaire d'adultes, pas de lycéens trop benêts pour ne pas piger qu’un jean troué, il faut le jeter. Le costume avec des ronds de cuir aux coudes, ça sera toujours plus cool que la veste cloutée. Le serre-tête sera toujours hype : le bandana non. Et les mocassins à gland, ça ouvrira bien plus grand les portes de l’avenir que des bottes en cuir avec des anneaux en métal. En vu que vous n’écoutez jamais les gens qui vont à l’église, votre punition sera divine : celui qui a pêché par le culte, périra par le culte. CQFD. Adultes : 1 Ados débiles : 0




Sabbra Cadabra !


Comment donc ce groupe de hard se débrouille t-il pour répandre le mal sur cette ville qui ne demande qu'à rouiller en paix ? On ne le saura jamais. Car par la grâce d’un scénario dont les idées semblent avoir été écrites par un adepte du travail à moitié fait, on assistera à une succession de situations définitives dont l’expression « what the fuck » caractérise à elle seul leur existence.




Childhood's End...


Tout ce que je suis capable de vous dire c’est que les membres du groupe Black Roses possèdent la capacité d’apparaître, pendant leurs concerts, avec le look des musiciens de Michael Bolton lorsqu’il y a des adultes dans la salle, puis de se transformer soudain en groupe vaguement SM dès que les grabataires de plus de 35 ans ont tourné le dos.


Leather Rebel.


L’idée est simple. Grâce à leur musique, ils influencent de façon maléfique les jeunes et simplets. Ces mêmes adolescents qui se sentent enfermés dans une prison sociale évidente qui n’a pourtant jamais été réglée par une éducation digne de ce nom (c’est bien connu, un ado c’est comme un lion blanc bouffi d’orgueil : c’est vindicatif et bruyant mais une bonne branlée par son père et tout rentre dans l’ordre). Black Roses, mené par son charismatique leader Damien (ahahahaha), leur ordonne alors de laisser libre cours à leurs plus bas instincts, mettant la ville à feu et à sang.

IRRESPECT, CRISSAGE DE PNEUS, CIGARETTES ET BAS-RÉSILLE... LA JEUNESSE EST FOUTUE !!


Mais c’était compter sans notre héros, celui qui nous sauvera de ces maléfiques troubadours et de ces crétins de jeunes, j'ai nommé Monsieur Moorhouse ! Monsieur Moorhouse, lui au-moins, porte la moustache bien taillée et la chemise à carreaux bien repassée. Des signes extérieurs de normalité si rassurants en ces périodes troubles. Monsieur Moorhouse n’est jamais dupe et contrairement à certains, il n’est pas influençable comme du papier calque. De par sa culture à la fois littéraire et musicale, il sera apte à livrer bataille contre ce groupe qui incite les jeunes cons à se fringuer comme l’as de pique.


Master of Puppets.


Et c'est pas un groupe de rock venu faire le numéro de la Bête devant une salle remplie de chevelus portant des bracelets cloutés qui va faire peur à Monsieur Moorhouse ! Non Mâdame, Monsieur Moorhouse, notre héros, exerce le noble métier de professeur de littérature et il écoute Mozart pour se détendre le soir... Alors pas étonnant qu'il arrive à venir à bout de 4 démons-ménestrels en leur lattant les couilles (qu'ils n'ont pas dans le film) ou en les frappant avec leur pédale de batterie comme à la fin du film.




Zero the Hero.


Pour être un tantinet impartial, "Black Roses" peut être considéré comme un bon film musical si l'on y regarde de plus près, au vue d'une bande-son conviant des groupes de métal de qualité, du genre de Bang Tango, Lizzy Borden ou Hallows Eve par exemple. L'illustre Carmine Appice joue même le rôle du batteur du groupe, crédité en tant que Vinny Appache.


Mais pour le reste, faudra être vraiment d'humeur chatoyante pour considérer que c'est un bon film d'horreur... Avec son message, distillé avec la grâce et la légèreté d'une foule de hardos bourrés à la bière (en gros : l'innocence n'est pas une excuse, les adolescents sont cons comme des tables et ne savent jamais quand ils sont manipulés, tandis que les adultes- qui sont avant tout des "parents" qui "travaillent" et qui ont fait des "études" - ont finalement toujours raison) "Black Roses" voulait sans doute réussir là où l'éducation a échoué... Mais on se marre bien plus qu'on ne réfléchi. Rassurez-vous donc, si vous êtes parents et que vous avez lu la chronique en trouvant certaines références musicales c'est que vos enfants ne seront sûrement pas élevés par des idiots... et ça, ce n'est pas le cas des protagonistes du film.


Et la morale musicale dans tout ça ? Boarf, si vous voulez mon avis, Diable ou pas, quand on est ado, on écoute souvent la même musique : celle qui fait chier nos parents, c'est tout. Et c'est pareil pour les films.


Rock Invasion !

 


 

PETIT ADDENDUM DU RÔDEUR :


Scandale ! Paul Phenomenon et Ron Mazza sont des acteurs qui jouent en play back dans le film. Ils ne sont visiblement pas musiciens. En réalité, la musique jouée par Black Roses est interprétée par un "super groupe" de requins de studio :
- Mark Free (chanteur du groupe King Kobra)
- Carmine Appice (Batteur du groupe King Kobra)
- Chuck Wright (Bassiste des groupes Quiet Riot et Giuffria)
- Mick Sweda (Guitariste des groupes King Kobra et Bullet Boys)
- Alex Masi (Guitariste du groupe Masi)
Je ne sais pas qui tient le clavier, en revanche. Ce sont des gens assez connus dans le milieu :
- Carmine Appice est l'un des batteurs les plus célèbres de l'univers metal.
- Chuck Wright est le bassiste de Quiet Riot, groupe extrêmement connu de l'époque dont les albums se vendaient par millions. Il a également joué avec Gregg Giuffria, un groupe populaire de hard FM, et plus tard avec House of Lords, un groupe de hard mélodique / AOR assez raffiné qui a marqué son temps. Il a ensuite participé à quantité d'autres formations en tant que musicien de studio.


- Mick Sweda s'est fait connaître dans King Kobra et surtout un peu plus tard, en 1988, avec le groupe Bullet Boys, qui était un clone du groupe Van Halen.
- Alex Masi est un gratteux italo-américain, genre "guitar hero démonstratif" qui avait son propre groupe, Masi, relativement connu, puis a sorti des disques de guitare instrumentale.

- Wallflowers -
Moyenne : 3.27 / 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
Labroche
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
3.75/ 5
Drexl
NOTE
3.5/ 5
Zord
NOTE
3.5/ 5
Barracuda
NOTE
2/ 5
Peter Wonkley
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
Mayonne
NOTE
4/ 5
Hermanniwy
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation


Le DVD de "Black Roses" existe en zone 1 chez "Synapse Films", dans une édition assez propre mais hélas uniquement en anglais. On a droit à quelques bonus comme une promo d'époque au marché du film de Cannes, un commentaire audio de l'équipe (réputé redoutablement inintéressant d'après les sites spécialisés anglophones) et l'audition de l'acteur incarnant Damien.


Les Allemands de "NSM Records" ont sorti le film sous le titre "Freak Show" en août 2012 en DVD et même... Blu-ray ! Avec une édition collector 3 disques comprenant le Blu-ray le DVD et le CD des chansons du groupe ! Hélas il n'y a rien en français et les bonus de l'édition américaine sont passés à la trappe.

Pour profiter de la VF d'époque, il va falloir retrouver la cassette (fort laide au demeurant) de l'éditeur CBS-Fox, ou bien guetter une hypothétique rediffusion sur les chaînes du câble ou de la TNT.

Ah, et puis s'il vous plaît, ne le confondez pas avec "The Black Rose" ("La Rose Noire") d'Henry Hathaway, film d'aventure tourné en 1950, parce qu'à moins qu'Orson Welles se soit mis en douce au heavy metal, vous allez encore passer pour une brêle lors de votre prochain dîner en ville.