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Le glossaire du Pr. Ryback

Y comme …

Technocrate de Washington



Rond-de-cuir huileux, haut-fonctionnaire détestable aux dents rayant le parquet, le technocrate de Washington est l'un des rares exemples d'américains méchants, quoiqu'ayant atteint un poste d'importance non négligeable dans l'administration des Etats-Unis. Qu'il soit chef du FBI, de la CIA, conseiller du président, politicien ou haut gradé de l'armée, le technocrate de Washington est un carriériste acharné doublé d'un lâche dont la veulerie confine souvent à la trahison. Se complaisant avec délice dans le marigot de la politique politicienne, des arrangements d'arrière-cour et des intrigues aussi byzantines que méphistophéliques, le technocrate de Washington n'a de cesse de mettre des bâtons dans les roues du héros au nom de la raison d'Etat, de ses intérêts politiques, voire de son propre compte en banque (dans ce dernier cas, il se rapproche énormément du capitaliste nanar).

Personnage récurrent du film d'action reaganien (mais pas seulement), le technocrate de Washington incarne toute l'inhumanité de l'administration, de la realpolitik et des conflits d'intérêts au plus haut niveau de la bureaucratie face au désintéressement, au sens de l'honneur et à la témérité du héros qui, lui, ne souhaite que rétablir le bien et la justice dans le monde, fût-ce au mépris de toutes les conventions internationales, du respect des procédures judiciaires et des traités diplomatiques.





Le célèbre Littlejohn dans "Braddock, Portés Disparus III"



Associé objectif de tous les nuisibles de la planète, le technocrate de Washington se rend parfois et tardivement compte de sa profonde ignominie, le plus souvent lorsque sa propre famille se retrouve victime de ses magouilles. Dans ce cas, il devient alors l'allié inconditionnel du héros, luttant à ses côtés jusqu'à la mort (qui survient généralement assez vite, le technocrate, biberonné à Harvard et Yale, étant rarement un combattant digne de ce nom).

Bien que ce personnage se raréfie dans la production hollywoodienne de ces dernières années, il apparaît encore semi-régulièrement sous diverses formes (homme en noir, agent de la CIA n'ayant de cesse de dissimuler les complots gouvernementaux ou les magouilles du Président, conseiller en communication visqueux...) dans des films ou des séries TV de bonne facture. ("Des Hommes d'influence", "X-Files"...), voire dans des seconds rôles comiques ("Spin City"...)

Le technocrate de Washington, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'est pas uniquement cantonné sur le sol des Etats-Unis puisqu'aux Philippines, les films de Cirio H. Santiago ou Teddy Page mettant en scène de perfides fonctionnaires "américains" trahissant les héros au nom de la raison d'Etat sont légion. (Voir "Américaniser le produit").

En France, ce type de personnage n'apparaissait la plupart du temps que dans le rôle burlesque du haut-fonctionnaire incompétent et ridicule ("Opération Corned-Beef", "Trafic d'influence"...), mais depuis l'arrivée de la vague Besson sur le cinéma français, on commence à voir sur nos écrans de perfides bureaucrates parisiens (voire bruxellois) dont le passe-temps favori consiste à imaginer des plans diaboliques pour nuire aux braves citoyens. "Banlieue 13" et son Colonel sans scrupules prêt à génocider toute une cité au nom des intérêts de l'Etat semble indiquer que les frenchies n'ont pas fini de bouffer du Machiavel d'opérette en costard-cravate dans les temps à venir...