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Le glossaire du Pr. Ryback

Y comme …

Fils de...



(mais aussi filles de, frères de, voire cousins de....)

Personne qui se sert du succès d'un parent ou de ses liens familiaux pour percer plus ou moins bien dans le cinéma. Plutôt moins pour ceux qui nous intéressent sur ce site...

C’est bien connu, le cinéma est une grande famille. Limite consanguine.

Les enfants de stars prolifèrent sur les plateaux de cinéma et de télé et nous jurent, la main sur le cœur, que non, franchement, ils n’ont obtenu aucun passe-droit pour figurer dans les films des amis de papa. Ce qui permet aux médias complices de gloser à loisir sur les prestations des Arthur Jugnot, Marilou Berry et autres Laura Smet en parlant d’un éventuel gène du talent, là où finalement, ne s’étale qu’un népotisme sans-gêne.


Anna Bergman, fille d'Ingmar et starlette éphémère du cinéma bis.


Et bien dans le nanar, c’est pareil. La famille, c’est sacré. Favoritisme, copinage et renvois d’ascenseurs abondent : les « fils et filles de » pullulent dans le bis et la série Z. Mais pas forcément pour les mêmes raisons.

Fransined, frère cadet de Fernandel, dans "La Grande Java", de Philippe Clair.

Tout d’abord le cinéma d’exploitation est un petit milieu où le flambeau se passe souvent de père en fils et pas seulement devant la caméra. On a vu ainsi naître de véritables dynasties chez les techniciens et cinéastes. On peut penser aux Cardona, arrivés déjà à la troisième génération de bisseux acharnés. A Lamberto Bava qui pousse l’humilité jusqu’à reprendre John Old, le pseudonyme de son père Mario Bava , en y accolant un attendrissant Jr. A Enzo G. Castellari, succédant à son père Marino Girolami et à son oncle Romolo Guerrieri, puis faisant tourner sa fille Stefania et plaçant son neveu Ennio comme assistant réalisateur… Les exemples seraient sans fin : Cirio H. Santiago fils de producteur, Bruno Mattei fils de monteur, Aaron Norris frère de Chuck, etc…






Aaron Norris, frère de Chuck.

Mais la fibre familiale peut aussi cacher un sens aigu de l’économie. Ainsi, dans le clan Sidaris, grands pourvoyeurs de films d’action en bikini, le père Andy Sidaris est à la réalisation, le fils Christian s’occupe de la seconde équipe ou pilote les hélicoptères nécessaires aux scènes d’action, la fille Alexa met la mains aux costumes (ouais, je sais, pas un gros boulot chez les Sidaris) et maman Arlene gère la partie financière. De même le générique du croquignolet "Devil Story : Il était une fois le diable" révèle que tout un tas de membres de la famille du réalisateur Bernard Launois ont mis la main à la pâte, probablement bénévolement, pour l’aider à finir son film.


Mais un nom connu, c’est aussi un patrimoine sur lequel peuvent capitaliser un certain nombre de petits producteurs fauchés qui recrutèrent gaillardement quelques enfants ou frères de vedettes pour les faire tourner dans leurs zéderie. Il suffit juste de mettre le nom de famille en gros sur la jaquette tout en occultant au maximum le prénom pour appâter le gogo.


Un casting en (plaqué) or.


On note ainsi, dans le domaine de la mise en scène, le cas de W. Lee Wilder, frère aîné de Billy Wilder, qui tenta d'imiter son illustre parent (lequel le méprisait copieusement) en se lançant dans la réalisation, ne parvenant à tourner que des films d'exploitation calamiteux. Au rayon du casting, comme souvent, ce furent les italiens qui poussèrent le procédé à son paroxysme. Ainsi, au début des années 1960, ils débauchèrent le blondinet Sean Flynn, fils d’Errol, pour tourner dans quelques films de cape et d’épée dont un « Le Fils du Capitaine Blood » qui tentait ainsi de se faire passer pour la suite du chef d’œuvre de Michael Curtiz. Athlétique et belle gueule, Sean Flynn fit ainsi quelques films du même tonneau, sans grande conviction, avant de se lancer dans le journalisme photo et de devenir un reporter de guerre réputé. Il disparut en 1970, dans des conditions demeurées mystérieuses, lors d’un reportage sur la guerre du Vietnam.




Autre cas amusant : en 1967, Alberto De Martino, le futur papa de « L’Homme Puma », recruta le jeune frère de Sean Connery, Neil, pour jouer dans une comédie d’espionnage vaguement parodique nommée «Opération Frère Cadet» (ou encore « OK Connery ») sortant en même temps qu'«On ne vit que deux fois» et recrutant quelques habitués des aventures de 007 (Bernard «M» Lee, Lois «Moneypenny» Maxwell etc…). Neil joue un chirurgien esthétique, champion de tir à l’arc, capable de lire sur les lèvres et frère de vous savez quel super-espion (mais chut... pas de nom, copyright oblige), obligé par les services secrets anglais de se faire passer pour son frangin indisponible et d’affronter la sinistre organisation Thanatos. L’ambiance est bon enfant et les clins d’œil abondent; Neil, bien qu’acteur passable, ne manque pas de charisme et traverse le film avec la même nonchalance que Sean quand celui-ci n’en a rien à foutre de ce qu’il joue, (ce qui hélas lui arrive souvent : revoyez "Les Diamants sont éternels" ou "Haute Voltige" pour vous en convaincre). Après cela et un film de science-fiction fauché («Invasion of the Body Snatch… euh… Stealers», mon clavier à fourché) , il retournera à Glasgow se lancer dans le commerce du plâtre (ben oui…) tout s’offrant de temps à autre un second rôle dans des séries télé anglaises.


Toujours dans les années 60 on peut citer Mijanou Bardot, la petite sœur de B.B. qui tourna quelques films de pirates ou comédies sexy en Italie ou Grande Bretagne puis, devant l’absence de succès, quitta la scène pour épouser l’acteur Patrick Bauchau. Les italiens récupérèrent également dans quelques péplums, dont des classiques du genre comme "La Guerre de Troie", avec Steve Reeves, le déjanté John Drew Barrymore (fils du légendaire John Barrymore), dont la carrière partait alors en vrille intégrale du fait de l'abus de multiples substances qui le laissèrent stupéfait, et dont on se souvient aujourd'hui principalement du fait de sa fille Drew Barrymore.


Mijanou Bardot en sous-Michèle Mercier et John Drew Barrymore en tête d'affiche de série B.


Dans les années 1970, le cas de Patrick Wayne, fils de John, illustre encore le haut du panier dans le statut d’héritier. Après avoir commencé par des seconds rôles dans les films de son père, ce play-boy insouciant s’illustra après la mort du Duke en jouant les vedettes dans quelques bandes d’aventures très carton-pâte inspirées par Jules Verne ou les Mille et Une Nuit. Devant le peu d’éclat de sa carrière cinématographique, Patrick rentabilisa son image d’héritier oisif en présentant un authentique show télé nanar, le grotesque «Monte-Carlo Show», où en smoking, la coupette de champagne à la main, accompagnée de danseuses et de Ploom, une chenille en peluche, il jouait les «host» pour Cher, Tom Jones ou Charles Aznavour… Le show dura une saison et reste surtout connu pour avoir inspiré un des meilleurs sketch de Benny Hill ! Il continue depuis à faire de modestes apparitions dans de nombreuses séries télé.


Patrick Wayne dans ses oeuvres.


John Ethan Wayne, un autre rejeton du célèbre cow-boy, profita lui aussi de la gloire paternelle jusque dans les années 1980 en se compromettant dans diverses et modestes séries B italiennes. Un troisième fils, Michael Wayne, fut producteur et figurant sur quelques films de son père, puis l'éphémère vedette de deux séries Z d'action réalisées par David A. Prior dans les années 80 : Rapid Fire (1989) et The Lost Platoon (1990).

Michael Wayne brandissant un splendide Laserforce nanar.

Et puis bien sûr il y a les désopilants James et surtout Christopher Mitchum (notre chouchou), fils de Robert, dont les extraordinaires filmographies nanardes passent d’Eurociné aux Philippines en bifurquant par l’Italie. Si Christopher et son regard de Droopy battu a déjà fait les délices de plusieurs de nos chroniques, il ne faudrait pas oublier le grand frère James, plus discret, mais qui cachetonna comme une bête dans des productions aux titres évocateurs tels que « Monster, the legend from the Lake », « Mercenary Fighter » (avec Reb Brown !) ou « Black-Out à New York » d’Eddy Matalon, avant de partir en Italie vendre son patronyme et sa haute taille à Tonino Ricci ou Sergio Martino. L’étude de l’apport de toute la famille Mitchum au monde du nanar s’avérerait sûrement passionnante mais excède l’objet de cette notice. Saviez-vous par exemple que Carrie, la fille de Christopher Mitchum, elle aussi vaguement actrice, a brièvement épousé Casper Van Dien ("Shark Attack" ! "Dracula 3000" ! Ah, et puis "Starship Troopers" aussi) ? Mais bon, c’est pas France-Dimanche ici, non plus…


Jim et Chris: chez les Mitchum, le charisme a sauté une génération


Par contre, quelle filmo !


Vous en voulez d’autres ? La liste est quasiment infinie, citons pour mémoire quelques-uns des plus gratinés. Vous reconnaissez la vedette sur cette affiche ?


Perdu, il s’agit de Frank Stallone, frère de Rocky, qui après avoir décroché quelques apparitions dans les films de son frère ne fit rien qu’à faire son intéressant dans tout un tas de productions fauchées à souhait (dont un post-nuke sur patins à roulette et une comédie musicale écrite par L. Ron Hubbard !). A sa décharge, il semblerait que Frankie se considère d’abord et avant tout comme un musicien et aborde sa carrière ciné avec désinvolture.


On frise l'overdose de talent sur ce coup là...


Et Chad McQueen - qui n’a pas hérité du plus petit atome de charisme de son père Steve - héros bouffi d’une tripotée d’actioners poussifs, devenu ensuite pilote de Nascar ? Et Tahnee Welch, fille de Raquel, qui faute de reconnaissance à Hollywood, oeuvra dans le téléfilm érotique ringard jusqu’en Italie ? Et Mike Norris, qui grappille les miettes de la célébrité par procuration dans les films de papa Chuck ? Et Don Swayze, dont la carrière suivit encore plus rapidement que celle de son frère Patrick, une pente descendante qui l’emmena au 36ème sous-sol de la renommée ? Et Eric Douglas ? David Niven Jr ? Lee Majors II ? Ramon Sheen ?


Et on ne vous parle même pas de nos Joël Cantona, Franck Fernandel, Bibi Naceri, Jacques Préboist ou Arié Elmaleh…

Il ne s’agit là que d’une petite partie de tous ceux dont les carrières n’ont jamais décollé ou qui ont fait les délices des vidéo-clubs en accolant leur noms vendeurs dans des productions miteuses. Evidemment sur la jaquette, il se peut qu’on oublie de mettre le prénom mais bon… c’est pas fait exprès, faut comprendre… avec un tel capital de talents réunis, y avait plus de place sur l’affiche !