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Entretien avec
Christopher Mitchum

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Christopher Mitchum

Christopher "Chris" Mitchum souffre d'une lourde hérédité : porteur d'un nom de famille écrasant, le fils de Robert Mitchum a subi en outre moult quolibets pour s'être commis dans un certain nombre de nanars insondables. Il a bien voulu revenir pour nous sur une carrière qui avait pourtant bien démarré, avant de prendre sérieusement du plomb dans l'aile. La faute à pas de chance, mais sans doute aussi à un patronyme qui ne pouvait manquer d'attirer la comparaison.

Interview menée par John Nada en mars 2008.


Pour commencer, pouvez-vous nous dire ce qui vous a motivé, votre frère James et vous, à suivre la profession de votre père ? Avez-vous été encouragé à le faire ou était-ce un choix délibéré ?

Je ne peux pas répondre à la place de mon frère. Je sais qu'il a commencé à l'âge de seize ans, parce qu'Elvis Presley n'était pas disponible pour tenir le rôle du frère de mon père dans le film « Thunder Road ». Pour ma part, je ne désirais en rien entrer dans l'industrie du cinéma. Je suis allé à la fac, d'abord à l'Université de Pennsylvanie, puis à l'Université d'Arizona. Je suis diplômé en littérature anglaise ; je voulais écrire et enseigner. Mais la vie a voulu qu'au moment de ma sortie de la fac, j'aie été déjà marié et père de deux enfants. J'avais donc besoin de travailler. Quand j'étais en Arizona, je travaillais souvent à Old Tucson [Nanarland : studio de tournage spécialisé dans les décors de western] comme figurant pour le cinéma et la télévision (13,80$ par jour, plus le déjeuner !). Sam Maners, le directeur de production de la série télé « Dundee and the Culhane », avec John Mills, m'a dit qu'il me procurerait un rôle si jamais je venais à Los Angeles. Nous avons emménagé à Los Angeles et, comme j'avais besoin de boulot, je suis allé voir Sam. J'ai décroché un rôle dans la série, payé 150$ par jour. J'étais ravi, jusqu'à ce que je voie le scénario. Je devais mourir pendant le pré-générique, et en hors-champ ! Je jouais le rôle d'un mort. Mais finalement, j'ai bossé pendant deux jours au lieu d'un. 300$ représentaient une belle somme en 1967. Après ça, je me suis retrouvé à tenir un autre rôle dans « The Danny Thomas Hour », une série de dramatiques télévisées. Sammy Davis Jr tenait le rôle principal. C'était une histoire située pendant la Seconde Guerre mondiale ; je jouais le rôle d'un GI, dans les baraquements, et j'avais deux répliques à échanger avec Bo Hopkins. Je me tenais toujours à l'horizontale, mais ce coup-ci j'étais vivant, et ça ne pouvait donc aller que mieux !

Robert Mitchum avec les petits James et Christopher, en 1946.

Je n'ai plus eu de rôles dans les deux ans qui ont suivi, donc j'ai fait pas mal d'autres choses. En 1969, j'ai décroché un boulot dans un studio comme grouillot ; je faisais surtout un travail de coursier. J'ai travaillé sur la production de pas mal de films, comme premier ou deuxième assistant réalisateur, producteur associé, assistant de production, etc. On a commencé à me proposer de rebosser comme acteur. Ca payait davantage. Mais ce n'est que quand j'ai travaillé avec Howard Hawks que j'ai commencé à vraiment aimer le métier d'acteur. Donc, jouer la comédie n'était pas ma vocation initiale. Je n'ai jamais reçu d'encouragements. En fait, ce n'est que vers 1973 que mon père a reconnu que j'étais bel et bien comédien.

Dans votre enfance, est-ce que vous avez accompagné votre père sur les tournages et grandi dans l'univers du show-biz, ou bien votre père vous « protégeait »-il ?

Oui et non. Je me souviens, dans mon enfance, d'être allé à la RKO et d'avoir joué dans la salle du matériel avec des King Kongs miniatures et des vaisseaux de guerre télécommandés, pendant que mon père « travaillait ». Je n'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais. En fait, je pense que je n'ai pas réalisé avant l'âge de douze ans que mon père était acteur. Donc, oui, je suis allé dans les studios et en été, je l'ai accompagné en Grèce ou en France sur des tournages. Mais pour lui, c'était un boulot. Quand le boulot était terminé, on rentrait à la maison. Donc, non, je n'ai pas grandi dans le « milieu ».


Pouvez-vous nous parler de vos premières expériences au cinéma, comme dans Rio Lobo ? Être le fils de Robert Mitchum vous a-t-il aidé ? Etait-ce un avantage social et professionnel, ou bien étiez-vous considéré comme un pistonné ?

Dans mon enfance, être « le fils de Robert Mitchum », c'était une plaie. A l'école primaire, les grands venaient me passer à tabac. Dans ma jeunesse, je ne pouvais jamais savoir si les gens m'appréciaient uniquement parce que j'étais le fils de mon père. Quand j'ai commencé à travailler dans le cinéma, le directeur de casting Ed Foley m'a dit qu'il ne m'embaucherait jamais parce qu'il était contre le « népotisme ». Quand on m'a envoyé sur la côte Est faire un bout d'essai pour « Le Souffle de la guerre » [Nanarland : mini-série télévisée, gros succès de 1983, avec Robert Mitchum et Ali McGraw], le réalisateur Dan Curtis s'est assuré que je venais maquillé. Je suis arrivé au studio, et on m'a dit que je ne devais pas porter de maquillage, parce qu'ils voulaient voir à quoi je ressemblais vraiment. Alors que j'allais sur le plateau, j'ai aperçu Jan-Michael Vincent, un ami de Dan, qui en sortait tout maquillé. C'est lui qui a décroché le rôle [Nanarland : celui du fils du personnage joué par Robert Mitchum dans la série]. Le fait que mon père tienne la vedette de la série ne m'a pas aidé. Il ne m'a jamais « pistonné », et je pense que tout le monde sait ça dans le métier. Et pourtant, bien qu'ayant trente ans de carrière derrière moi et que mon père soit mort depuis plus de dix ans, on parle toujours de moi comme « le fils de Robert Mitchum ». Sur les plateaux, on m'a toujours considéré comme une personne à part entière.

Sur Rio Lobo ? Jouer avec John Wayne, être dirigé par Howard Hawks, dans les dernières années de l'ère des grands studios... A votre avis, comment c'était ?


Au début des années 1970, vous êtes allé travailler en Europe (Italie, Espagne, France...) et avez joué dans de nombreuses séries B, réalisées par des cinéastes comme Tulio Demichelli ou Aldo Sambrell. Qu'est-ce qui a motivé ce changement dans votre carrière ? Etiez-vous conscient que cela pouvait avoir un impact négatif sur votre image ?

Bien sûr que ça a eu un impact négatif sur mon image. Après avoir tourné « Big Jake » avec John Wayne, j'ai remporté pas mal de prix : celui du meilleur espoir, la médaille d'or Photoplay du meilleur nouveau venu, etc. Alors que je faisais la promo de « Big Jake », on m'a proposé de tourner un film en Espagne avec Olivia Hussey, Karl Malden et une super distribution internationale. J'étais la vedette, donc j'ai accepté. Quand je suis revenu, je n'ai pas eu d'audition pendant onze mois. Finalement, j'ai décroché une audition pour « Steelyard Blues ». Le directeur de casting m'a regardé et il m'a dit : « Oh, vous êtes le fameux Chris Mitchum. Désolé, je ne peux pas vous recevoir ». « Pourquoi ? » « Parce que vous avez joué avec John Wayne ». Duke [Nanarland : surnom de John Wayne] était alors très actif dans son soutien à nos troupes au Viêt-nam. A Hollywood, on considérait qu'il « soutenait la guerre », ce qui n'était pas le cas. Qu'importe, quiconque avait joué avec lui se faisait blacklister. « Ils » ne voulaient pas risquer d'avoir une autre vedette qui aurait tenu un discours politique dissonant. Donc, j'étais grillé dans certains cercles. On m'a proposé un autre boulot en Espagne : quand je suis allé là-bas, mon premier film, « Meurtres au soleil », avait marché du tonnerre. Il a joué pendant un an au cinéma Gran Via. J'étais une grosse vedette là-bas et dès que je suis revenu, on m'a proposé un autre film. J'avais une famille à nourrir, c'était en Europe qu'il y avait du boulot ; donc, bien sûr, je suis allé en Espagne. Evidemment, une fois que vous devenez un « acteur qui tourne à l'étranger », vous devenez un acteur de « série B » et vous sortez du circuit.


Comment vous êtes-vous retrouvé à tourner aux Philippines et en Indonésie ? Quelles étaient les conditions de tournage là-bas ?

Quand [le général] Franco était vivant, l'Espagne avait une super industrie du cinéma, avec de nombreux débouchés internationaux. Dès qu'il est mort, à peu près un mois après mon retour aux Etats-Unis, l'industrie du cinéma espagnol s'est cassée la figure. Ils ne voulaient plus tourner que du porno ou des films antifranquistes. Mes films espagnols et européens m'avaient valu de devenir une vedette en Asie. J'ai commencé à recevoir des offres venant de ce côté du monde. Mon premier film là-bas était « H-Bomb », tourné en Thaïlande, sur lequel j'ai retrouvé Olivia Hussey (« Meurtres au soleil », le plus gros succès du cinéma espagnol de l'époque, avait marché du tonnerre en Asie). Après que j'ai fait mon premier film en Asie, d'autres boîtes de production ont commencé à m'appeler.

Master Samouraï alias La Rançon du Samouraï (1974), film d'action philippin sans action réalisé par César et Jun Gallardo, et produit par Bobby A. Suarez (patron de BAS Films).

Des anecdotes sur le film « SFX Retaliator » (1987) avec Linda Blair et Gordon Mitchell ?

Linda Blair ? Je crois que je suis amoureux d'elle. C'est une femme formidable. Gordon Mitchell ? C'est marrant, avant d'être acteur, c'était le prof de gym de mon frère. J'aimais bien Gordon, et nous sommes restés en contact jusqu'à sa mort. Pour d'autres anecdotes... il vous faudra lire mon livre de souvenirs !

Chris Mitchum et Linda Blair.

Votre frère James a aussi fait des films en Italie et aux Philippines : qui a montré la voie à l'autre ?

Dans notre famille, les acteurs parcouraient des chemins comparables, mais nous avons chacun tracé notre propre voie.

Quels souvenirs gardez-vous de Jesus Franco et de ses méthodes de travail ? Il semble que « Les Prédateurs de la Nuit » ait été en partie réalisé par sa femme Lina Romay. Est-ce vrai ? Avez-vous des commentaires à faire sur « Dark Mission, les Fleurs du Mal », par Franco ? Des souvenirs sur Brigitte Lahaie, Telly Savalas, Helmut Berger, Richard Harrison ?

Ah, oui. Pour ça aussi, il vous faudra attendre mon livre.

Vous avez joué dans « L'Ange de la Mort », alias « Commando Mengele », réalisé par Andrea Bianchi. Il semble que le film ait inclus pas mal de métrage du film « El Hombre que mató a Mengele », réalisé par Jesus Franco sur le même sujet, avec aussi Howard Vernon. En avez-vous entendu parler ? Avez-vous travaillé avec Franco sur ce film ? Quelle opinion aviez-vous de la compagnie de production Eurociné et de son patron, Marius Lesoeur ?

J'ai une anecdote marrante sur ce film. Quand Daniel Lesoeur m'a appelé pour faire ce film, j'avais une hernie discale. En fait, j'ai été opéré après le tournage. J'avais mal en permanence et je pouvais à peine marcher, mais j'avais besoin de bosser, alors j'ai pris le rôle. Je suis arrivé en marchant avec ma canne (et en prenant des pilules) et j'ai rencontré Daniel. Je lui ai dit que j'imaginais mon personnage comme un vétéran du Vietnam, revenu de là-bas à demi paralysé par ses blessures, et qui du coup détestait tellement les communistes qu'il s'était mis au service de Mengele. Daniel qui, Dieu merci, ne comprenait pas grand-chose aux acteurs, a dit « très bien ». Donc, nous sommes allés voir Andrea et je lui ai raconté la même histoire. Imaginez la vedette expliquant au réalisateur comment il veut jouer son rôle, pendant que le producteur hoche la tête. Andrea a dit « Très bien ». Donc, j'ai joué avec ma canne, et j'en avais vraiment besoin. Quand nous avons tourné la première scène de baston, Andrea voulait que je fasse des high-kicks. On tournait depuis à peu près deux semaines. J'ai dit : « Andrea, mon personnage est handicapé » ; il est devenu tout pâle. Comme je suis ceinture noire en Kenpo, j'avais imaginé une chorégraphie avec ma canne, et on a tourné comme ça. J'ai entendu dire qu'Andrea faisait aussi des pornos sous le nom de Drew White, mais je ne suis pas allé vérifier. Jess ? Je ne l'avais pas encore rencontré à l'époque mais c'était un bon pote de Daniel et, bien sûr, Howard jouait dedans. J'ai adoré travaillé avec Daniel. C'était une entreprise très « familiale ». J'ai rencontré Marius, mais je ne peux pas vraiment dire que je l'ai connu.

Avez-vous jamais estimé qu'on vous embauchait surtout pour avoir votre nom de famille au générique ou en tête d'affiche ? Comment ressentiez-vous cela ?

Dès mes débuts, j'ai vite compris qu'aux auditions il me fallait être dix fois meilleur que n'importe qui, pour qu'au cas où le film fasse un bide, on ne puisse pas accuser la personne qui m'avait embauché de m'avoir pris uniquement à cause de mon nom. Personne ne va miser des millions de dollars uniquement sur un nom de famille ; il faut faire ses preuves. Idem quand je travaillais en Europe et en Asie. J'étais connu pour moi-même. En fait, mon père m'a raconté que, quand il était au Japon pour tourner « Yakuza », une jeune femme est venue le voir et lui a demandé :
« Vous être Robert Mitchum ? »
« Oui »
« Père de Chris Mitchum ? »
« Oui »
« Vous pourriez m'avoir son autographe ? »
Il adorait raconter cette histoire. Plus tard, quand ma carrière a décliné et que mon père était toujours au top, je suis sûr que mon nom de famille a contribué à me faire travailler. C'est toujours ça de gagné pour bosser.


Dans les années 1990, vous avez tenu de nombreux rôles secondaires, comme dans « Tombstone », et vous avez fait moins de films. Avez-vous délibérément pris du champ par rapport au métier d'acteur ?

Hé non. Je me suis fâché avec mon agent et je l'ai viré, sans réaliser à quel point le métier avait changé. Aujourd'hui, avec les figurants qui ont tous leur carte au syndicat des acteurs, les cachets qui ont diminué pour tout le monde sauf pour les grandes vedettes, c'est devenu tellement difficile pour les petites agences de trouver suffisamment de boulot à leurs clients que celles-ci ne prennent plus de nouveaux acteurs... sauf ceux qui bossent déjà régulièrement. Les grosses agences travaillent pour elles-mêmes, pas pour leurs clients. Je préfère une approche plus personnelle. En bref, je n'ai plus d'agent depuis quatorze ans. Et donc, c'est plus dur pour trouver du boulot.


Votre fils Bentley est aussi comédien. Avez-vous soutenu son choix de carrière ? Vous avez joué ensemble dans un film, « Soul Searchers », qu'il a réalisé. Pourriez-vous nous en parler ?

Je lui ai dit que si c'était sa vocation, je le soutenais. J'aurais préféré qu'il continue ses études et qu'il fasse une école de cinéma, ça lui aurait ouvert davantage de portes. Sa carrière a démarré quand il a fait, avec mon père et moi, le téléfilm de CBS « Palmer père et fils ». « Soul Searchers » est un petit film d'horreur qu'il a écrit, réalisé et produit au Texas. Il a eu des gens de talent qui sont venus bosser pour lui. Le film a été monté et là, il en est au stade de la distribution.

Robert, Christopher et Bentley : trois générations de Mitchum.

Quels sont vos autres projets ? Vous occupez-vous uniquement de votre carrière d'acteur ou avez-vous d'autres activités ? Participez-vous à la gestion des droits des films de votre père ?

Si j'avais un agent, j'aimerais jouer davantage. On verra bien. En ce moment, je m'occupe surtout d'écriture. J'ai écrit neuf scénarios qui ont tous été tournés à l'étranger. Je travaille sur un western, je m'occupe de vendre deux scénarios que j'ai terminés, je travaille aussi sur deux livres pour enfants pour lesquels je cherche un éditeur, et j'écris un roman policier. Il n'y a pas grand-chose à faire concernant les droits des films de mon père, à part toucher les chèques quand ils arrivent.


Durant votre carrière, vous avez travaillé dans le monde entier, aux Etats-Unis, en Europe (France, Espagne, Italie, Allemagne...) et en Asie (Hong Kong, Philippines, Indonésie, Japon...) avec les plus grandes stars, mais aussi parfois dans de très mauvais films. Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre carrière, en tant qu'expérience professionnelle et surtout humaine ?

J'étais aux Philippines, et je tournais « Le Commando du Triangle d'Or » avec John Phillip Law. Je me plaignais de ne plus avoir de boulot avec les majors hollywoodiennes. « Tu tournes combien de films par an, Mitch ? » m'a demandé JP. « Trois. » « Tu gagnes ta vie ? » « Oui, et assez bien », j'ai répondu. « Mitch, tu sais combien d'acteurs syndiqués seraient prêts à tuer pour faire ce que tu fais ? », m'a demandé JP. Je savais. Je savais que j'avais pas mal de boulot, et que ce que je touchais me plaçait parmi les 2% d'acteurs qui gagnent le mieux leur vie à Hollywood. Donc, j'ai arrêté de me plaindre.


J'ai travaillé dans quatorze pays différents et j'ai joué avec les plus grandes vedettes mondiales. J'ai bien gagné ma vie. J'ai fait de mon mieux avec ce qu'on me donnait à faire, j'ai tâché de respecter mes valeurs en gardant mes vêtements à l'écran et en évitant les dialogues vulgaires. Je voulais que mes enfants puissent regarder mes films. J'ai rencontré des gens merveilleux, des personnages merveilleux et j'ai voyagé dans des endroits merveilleux... tout en étant payé pour faire ça ! Comme on dit, la vie s'écoule pendant qu'on essaie de la planifier. C'est ce qui m'est arrivé, mais j'ai toujours cherché à faire de mon mieux. Des regrets ? Bien sûr, j'aurais préféré que ma carrière hollywoodienne continue, mais je ne suis pas encore mort. Pour le moment, ma vie a été un chouette voyage... et ça va faire un sacré livre de souvenirs !

- Interview menée par John Nada -